Résumé de la déclaration sur la politique de coopération au développement 2012

Le 11 octobre 2012, la ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, Marie-Josée Jacobs, a présenté la déclaration sur la politique de coopération et de l'action humanitaire 2012 à la Chambre des députés.

Marie-Josée Jacobs a d’abord mis en évidence l’importance de la politique en matière de coopération en soulignant "qu’elle est le signe d’une solidarité avec ceux qui vivent dans des conditions moins favorables que nous et qui ne peuvent pas toujours influer sur leur propre sort". La politique en matière de coopération au développement "est non seulement le reflet d’un Luxembourg qui est prêt à assumer ses responsabilités sur le plan international", mais également "d’une action qui est dans notre propre intérêt afin d’éviter que les inégalités dans le monde ne se creusent".

En ces temps de crise - époque souvent marquée par le repli sur soi-même, sur la sphère nationale - il est indispensable, selon Marie-Josée Jacobs, "de ne pas emprunter ce chemin et de fournir la preuve qu’une telle attitude ne correspond pas à notre vision d’une vie commune au sein de la communauté internationale".

"L’année 2012 est une année spéciale pour la coopération", a expliqué la ministre, en rappelant deux événements majeurs qui ont posé les bases de la coopération au développement luxembourgeoise. "Il y a 30 ans, la première loi qui a posé le cadre de la politique coopération au développement luxembourgeoise a été votée", a précisé Marie-Josée Jacobs. Et d’ajouter qu’en 2012, cette loi a été adaptée et modernisée "afin de faire en sorte que l’aide humanitaire puisse revêtir le rôle qui revient à ce volet important de la coopération". Dans ce contexte, elle a également souligné le rôle important qui incombe à la cohérence des politiques gouvernementales rappelant, entre autres, que "la cohérence fera partie intégrante du rapport annuel" et sera au centre des travaux du nouveau comité interministériel qui se réunira pour la première fois en octobre avec le cercle des ONGs.

Le second événement évoqué par Marie-Josée Jacobs concerne l’annonce de l’ancien Premier ministre Jacques Santer en 1992 de porter l’aide publique au développement à 0,7% du RNB à l’horizon 2000. "Cet objectif a été atteint et poursuivi au fil des années", a noté la ministre, avant d’ajouter que «le gouvernement s’est engagé à porter le taux à 1% pour la période 2009-2014". Même si l’aide publique au développement s’est élevée en 2011 à seulement 0,97% du RNB, la réduction "ne constitue en aucun cas un changement de nos priorités", a tenu à préciser Marie-Josée Jacobs. Tout en rappelant que le Luxembourg figure en troisième position (derrière la Norvège et la Suède) des pays ayant consenti le plus grand effort en matière d’aide publique au développement (APD), Marie-Josée Jacobs a regretté que l’aide consentie à l’échelle européenne ait baissé à 0,42% du RNB malgré l’engagement souscrit en 2005 sous Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE de consacrer 0,7% à l’APD.

Abordant ensuite les coopérations au développement bilatérales, Marie-Josée Jacobs s’est tout d’abord focalisé sur l’évolution de la situation politique dans 4 pays partenaires du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Sénégal) qui partagent actuellement le même sort et notamment des excès climatiques, des famines, l’insécurité et des instabilités politiques.

En ce qui concerne le Mali, la ministre a expliqué que le gouvernement luxembourgeois a suspendu l’aide au développement et a tenté d’identifier des projets au sud du pays qui n’ont pas de lien direct avec les autorités gouvernementales et dont la réalisation partielle est possible.

Au Niger, elle a annoncé la poursuite des contributions luxembourgeoises au Fonds pour la prévention et la gestion de famines, un dispositif qui est unique dans l’Afrique de l’Ouest et qui sert à regrouper les deniers des bailleurs afin de constituer des stocks et d’aider les populations en détresse. La ministre a également cité la participation d’un policier luxembourgeois à la mission EUCAP Sahel dont l’objectif est d’aider les autorités locales dans la lutte contre la criminalité organisée.

Quant au Burkina Faso, Marie-Josée Jacobs a expliqué que le gouvernement luxembourgeois avait constaté un retard dans la mise en œuvre du programme indicatif de coopération (PIC) 2008-2012 dû "à des changements de procédures et à des faiblesses de l’administration burkinabé", mais qu’il avait néanmoins été décidé de prolonger le PIC jusqu’à l’horizon 2015 et d’augmenter l’enveloppe budgétaire destinée à l’éducation de base et le développement des télécommunications.

"La situation se présente sous un autre jour au Sénégal", a constaté Marie-Josée Jacobs, avant de poursuivre que la réorganisation des ministères à la suite des élections a conduit le gouvernement luxembourgeois à "reformuler le PIC de la 3e génération" sur base d’une implication plus grande du partenaire au niveau de la formulation et de la mise en œuvre des programmes.

Pour ce qui est de la coopération bilatérale avec le Cap-Vert, autre pays cible de la coopération luxembourgeoise en Afrique, Marie-Josée Jacobs a expliqué que le PIC de la 3e génération, mis en œuvre depuis 2011, est ciblé sur la qualification professionnelle des populations. Elle a aussi noté que le Luxembourg est chef de file des bailleurs au Cap-Vert dans le secteur éducation, formation professionnelle et emploi.

Il en est de même pour le Laos, où le Luxembourg compte également parmi les plus importants bailleurs de fonds. Le PIC 2011-2015 y est focalisé sur le secteur social avec un accent particulier sur la gouvernance.

Au Vietnam, la mise en œuvre du troisième et dernier PIC (jusqu’en 2015) est en cours. Il porte sur la lutte contre la pauvreté et sur la formation professionnelle dans le secteur financier.

En Amérique centrale, au Nicaragua, le PIC de la 3e génération court jusqu’en 2014 avec une focalisation sur le secteur du tourisme. Au Salvador, les efforts, via le nouveau PIC, se concentrent sur l’alimentation d’un fonds pour des programmes à destination des communautés locales.

Les Territoires palestiniens, qui disposent d’un statut semblable aux pays cibles au niveau de la coopération luxembourgeoise, bénéficient depuis 2007 d’une aide annuelle à hauteur de € 7 millions avec une coopération étroite avec l’UNRWA.

Concernant l’aide humanitaire, la ministre a indiqué qu’elle représentait près de 15% de la coopération au développement en 2011. Les efforts se sont concentrés sur la région du Sahel, le Sud-Soudan, le Congo ou encore sur la corne de l’Afrique.

Marie-Josée Jacobs a ensuite attiré l’attention sur le succès rencontré par emergency.lu, une plateforme de télécommunications globale intégrée, conçue pour aider la communauté humanitaire et les équipes de protection civile sur le terrain à (r)établir les services de télécommunications pour assurer une communication et une coordination efficaces aux équipes de secours. "Le projet est en train de s’établir dans le domaine humanitaire comme un outil extrêmement utile", s’est-elle félicitée, avant d’expliquer que le dispositif fonctionnait dans les régions les plus reculées du monde (par exemple au Sud-Soudan et au Mali). Elle a également annoncé des déploiements au Népal et, sur demande de l’UNHCR, en Amérique du Sud, et a rapporté que l’agence de crise caraïbe et l’Union africaine avaient manifesté leur intérêt pour le dispositif.

La déclaration sur la politique de coopération et de l'action humanitaire 2012 était également l’occasion pour Marie-Josée Jacobs de relever le travail important réalisé par les ONG. "20% de l’aide au développement au Luxembourg est géré par des ONG", a-t-elle fait valoir avant d’ajouter que ces organisations, "qui restent un pilier de notre coopération" peuvent, de par leur statut, mener des opérations qui ne peuvent pas être assurés par des autorités gouvernementales.

Marie-Josée Jacobs a par ailleurs mis en évidence l’importance de la qualité, de l’efficacité et de l’évaluation dans le domaine de la coopération et a notamment cité le cinquième examen par les pairs - un exercice auquel la coopération luxembourgeoise se soumet depuis son adhésion au comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE en 1992 - et le quatrième forum à haut niveau sur l’efficacité de l’aide qui s’est à Busan, en Corée du Sud. Elle est également revenue sur le rapport très positif de la Cour des comptes sur la gestion financière de l’agence d’exécution Lux-Development.

Dans le contexte de l’efficacité de l’aide, la ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire a aussi estimé que la politique du Luxembourg en matière de coopération a connu de profondes mutations au cours des 7 dernières années, "en évoluant d’une approche ciblée sur des projets vers une approche sectorielle et programmatique avec l’avènement des PIC de la 3e génération".

À la fin de son discours, Marie-Josée Jacobs a parlé des objectifs du millénaire pour le développement, dont le but est de réduire la pauvreté de moitié jusqu’en 2015. Concernant les discussions pour la période après 2015, elle a insisté sur le fait qu’il faut "éviter de délayer nos objectifs globaux". Elle a conclu en disant qu’ "il ne faut pas non plus dépenser les mêmes deniers deux ou trois fois".

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