Allocution de Lydia Mutsch lors de la 36e Journée d'étude de l'association des infirmières et infirmiers en rééducation et réadaptation

La ministre de la Santé, Lydia Mutsch, a prononcé une allocution à l'occasion de la 36e Journée d'étude de l'association des infirmières et infirmiers en rééducation et réadaptation, en date du 20 septembre 2018.

©MSAN
Lydia Mutsch lors de son discours

 

"Madame la Présidente de l’AIRR, (Catherine CADU)

Monsieur le directeur-général de la Croix-Rouge, (Michel Simonis)

Mesdames et Messieurs,

Je suis particulièrement heureuse d’être parmi vous aujourd’hui pour cette 36e Journée d’études organisée par l’association des infirmiers et infirmières en rééducation et réadaptation, qui se tient cette année sur le sol luxembourgeois.

Je suis d’autant plus heureuse que le secteur de la rééducation et de la réadaptation a récemment fait l’objet dans notre pays d’une attention toute particulière dans le cadre de l’élaboration de notre nouvelle loi hospitalière.

En effet, la Loi du 8 mars 2018 relative aux établissements hospitaliers et à la planification hospitalière, prévoit une adaptation très significative des structures de moyen séjour au Luxembourg afin de mieux répondre aux besoins de notre population : alors que la capacité d’accueil actuelle en rééducation fonctionnelle et gériatrique et en convalescence est de 292 lits, cette capacité pourra être portée à 470 lits au cours des prochaines années !

Cette adaptation fera passer le nombre de lits dédiés à la rééducation et à la convalescence de 0,49 lits par 1000 habitants à 0,80 lits par 1000 habitants au Luxembourg.

Si l’on peut se réjouir de cette évolution, il me parait néanmoins capital d’insister sur l’importance de munir ces nouvelles capacités d’accueil des compétences requises, et d’en prévoir l’organisation et le fonctionnement, en collaboration avec l’ensemble des acteurs et prestataires de soins.

C’est pourquoi la nouvelle loi hospitalière prévoit aussi les définitions des services hospitaliers, y compris pour les services assurant des missions de rééducation et de réadaptation.

Si vous m’en accordez le temps, permettez-moi de vous en fournir certains détails: 

  1. Le service national de rééducation fonctionnelle s’adresse aux patients qui présentent un déficit par exemple au niveau neurologique ou musculo-squelettique, à la suite d’une maladie ou d’un accident. La capacité d’accueil de ce service pourra être augmentée dans les prochaines années.
  2. Les services de rééducation gériatrique s’adressent à la personne âgée et fragile, tenant compte de ses spécificités médicales, cognitives, psychiques, sociales, nutritionnelles et culturelles. Leur capacité d’accueil pourra également être augmentée dans les prochaines années.
  3. Le service national de réhabilitation physique, nouvellement créé à Colpach, s’adresse à la personne présentant un état général affaibli suite à une pathologie médicale ou chirurgicale aiguë, ou suite à une aggravation récente d’une affection chronique.
  4. Le service national de réhabilitation post-oncologique, lui aussi nouvellement créé à Colpach, s’adresse à la personne présentant un déficit fonctionnel à la suite d’une affection oncologique.

Tous ces services ont pour mission d’assurer la récupération optimale des performances fonctionnelles, de la meilleure autonomie et qualité de vie de la personne soignée et travaillent en vue du retour ou maintien dans le milieu de vie du patient à la suite d’un événement de santé. Ils doivent établir des liens fonctionnels avec le secteur hospitalier des soins aigus ainsi qu’avec le secteur extrahospitalier, le cas échéant sous forme de conventions.

Les compétences requises au sein de ces services vont de la kinésithérapie, l’orthophonie, l’ergothérapie, au soutien psychologique, à l’assistance sociale et au soutien diététique, afin d’offrir une approche multidisciplinaire incluant les aspects somatiques, psychologiques et sociaux. 

La loi précise en outre que pour chaque patient, doivent être réalisés un bilan interdisciplinaire d’admission, un programme individualisé de rééducation précisant les objectifs et la durée prévisible du projet thérapeutique, ainsi qu’une réévaluation hebdomadaire interdisciplinaire.

Comme vous l’avez tous compris, ces dispositions applicables aux services hospitaliers offrent à l’infirmier en rééducation-réadaptation un cadre privilégié pour l’exercice de ses compétences.

Grâce à sa formation en soins généraux, avec les spécificités liées à la réadaptation et au handicap, qui nécessitent aussi bien des compétences techniques, que relationnelles et éducatives, il pourra contribuer à donner vie aux projets des établissements. 

En effet, l’infirmer de rééducation-réadaptation tient compte, dans sa prise en charge individuelle ou en groupe, du degré de dépendance des patients et de la multiplicité des intervenants. Il agit ainsi à plusieurs niveaux:

  • au niveau de l’éducation du patient, comme la sensibilisation du patient aux changements survenus dans son schéma corporel suite à un accident ou une maladie, ou l’apprentissage des gestes favorisant l’autonomie du patient;
  • au niveau relationnel, par une écoute du patient et de sa famille, confrontés au processus de réadaptation;
  • au niveau préventif, afin d’éviter d’éventuelles complications dues à la maladie / à l’accident ou à ses séquelles, ou dues à des pathologies associées;
  • au niveau de la gestion des informations, en recueillant les observations et les informations concernant l’état du patient et ses capacités fonctionnelles, qu’il partage avec lui, ses proches et l’équipe pluri-professionnelle.

Mais le rôle et la plus-value de l’infirmer en rééducation-réadaptation ne se cantonne pas au secteur hospitalier. Je ne suis pas en mesure de m’exprimer sur l’exercice de ses compétences au sein des réseaux de soins, des structures de long séjour ou du secteur du handicap, qui ne relèvent pas de mon autorité.

Par contre, j’aimerais aborder brièvement le sujet des réseaux de compétence, institués par l’article 28 de la même loi hospitalière du 8 mars 2018, et qui (je cite) "peuvent inclure des prestataires extrahospitaliers, institutionnels et individuels".

Il est pour moi capital que les acteurs extrahospitaliers s’inscrivent dans la mise en œuvre des réseaux de compétence, afin de créer de véritables parcours cliniques interdisciplinaires, décloisonnés pour les patients. Je vois avec plaisir que le programme de cette journée prévoit une intervention portant sur le Parkinson, une autre sur la cancérologie. Selon la liste des réseaux de compétence prévus par la loi, la plupart de ces réseaux de compétence pourraient bénéficier de l’inclusion d’infirmiers en rééducation-réadaptation.

Pour conclure, et comme vous venez de l’entendre, notre système de santé offre de belles opportunités d’exercice et de leadership pour des infirmiers disposant de compétences spécifiques en rééducation-rééducation.

Il me reste à remercier les orateurs issus des milieux professionnels luxembourgeois, suisses, français et belges, qui nous apportent leurs réflexions et expériences enrichissantes, et à féliciter sincèrement toutes les personnes qui ont contribué à l’organisation et à la réalisation de cette 36e Journée d’étude de l’association des infirmiers et infirmières en rééducation et en réadaptation, qui se déroule en réalité sur 2 journées...

Merci de votre attention, profitez bien de l’hospitalité luxembourgeoise et bon travail à tous !"

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