Dan Kersch au sujet de ses nouvelles fonctions en tant que ministre

Le Quotidien: Quand on lit le programme gouvernemental, on a l'impression que tout est urgent en ce qui concerne le ministère de l'intérieur.

Dan Kersch: Il faut savoir qu'il y a quand même une certaine attente de la part des bourgmestres car je suis connu comme un homme de terrain. Beaucoup de bourgmestres m'ont déjà contacté par rapport au programme de la coalition et il est clair que je vais continuer dans la direction que j'avais toujours défendue. En tant que président du Syvicol, j'avais toujours pris l'autonomie communale très au sérieux.

Le Quotidien: Vous allez rendre aux élus le pou. voir qui leur avait été subtilisé?

Dan Kersch: On ne leur avait pas vraiment subtilisé ce pouvoir mais avec le système actuel de la tutelle administrative, le ministère a exercé un certain contrôle d'opportunité. Ce que je compte faire, c'est un contrôle de la légalité exclusivement, et encourager les communes à prendre les décisions qui s'imposent sur leur territoire, leur donner, en tout cas, les moyens de prendre ces décisions. Le ministère de l'Intérieur, jusqu'à présent, s'est beaucoup trop mêlé de la gestion journalière des communes, il voulait vraiment exercer le pouvoir. Ce que je veux, c'est réduire ce pouvoir au seul contrôle de légalité. Il y a déjà des discussions qui ont été entamées entre le Syvicol et le ministère pour limiter l'approbation dans le domaine financier et celui de l'aménagement communal. C'est une idée que je veux poursuivre et réaliser très rapidement. Aucune décision ne doit enfreindre l'intérêt général qui, lui, doit prévaloir. Il est clair que c'est sur ce terrain-là que je veux intervenir.

Le Quotidien: Votre expérience au Syvicol va beaucoup vous servir dans votre nouvelle fonction...

Dan Kersch: Bien sûr! Je sais ce que c'est d'être freiné dans l'enthousiasme de mener un projet communal parce que le ministère a tout fait pour nous freiner. Mon prédécesseur a travaillé sur une ancienne législation et il faut juste avoir le courage de la changer et c'est ce que je vais faire. Il faut élargir le domaine d'intervention des communes comme par exemple dans le domaine de la production d'énergie. Il y a une bonne entente avec le Syvicol et c'est très important pour moi.

Le Quotidien: Pourquoi intégrer les commissariats de district dans le ministère de l'intérieur?

Dan Kersch: C'est important car ils ont un certain savoir-faire accumulé au cours des dernières décennies et il faut mettre les commissariats de district au service des communes en tant que partenaires et pas en tant que chefs.

Le Quotidien: Financement, fusion et sanction, comment est-ce que cela fonctionne?

Dan Kersch: Les fusions ne seront pas imposées par le gouvernement c'est, effectivement, inscrit clairement dans le programme. Les fusions se feront par le biais d'un référendum. Quant à la réforme des finances communales, on ne compte pas abolir d'impôt commercial et il y aura une discussion sur le fonds communal de dotation financière. Il y a un chapitre dans le programme, que l'on trouve dans le volet logement, et qui indique que l'on va responsabiliser les communes par rapport à la réalisation de logements sociaux. Toute commune qui décide de ne pas créer un certain nombre de logements sociaux sera pénalisée financièrement par le fonds de dotation qui ne leur versera pas la totalité des sommes auxquelles ces communes pourraient prétendre.

Le Quotidien: Comme on évoque le logement, certains regrettent que vous nayez pas eu dans vos attributions le ministère du Logement combiné avec l'intérieur. Cela a-t-il fait l'objet de discussions dans les négociations de la coalition?

Dan Kersch: Oui, c'est une idée qui a été étudiée. Mais nous l'avons abandonnée parce qu'une autre priorité du gouvernement c'est la réforme et la simplification administrative, un thème qui me préoccupe beaucoup et je suis vraiment content d'avoir ce ressort, parce que je crois qu'on peut faire bouger beaucoup de choses. Le ministère de l'Intérieur, avec celui dé la Fonction publique et de la Réforme administrative, c'est la chance de pouvoir travailler dans la même direction. Ce sont peut-être des ressorts différents mais il y a un certain nombre de parallélismes à respecter.

Le Quotidien: Concernant la réforme administrative, où étaient les freins?

Dan Kersch: Il y a une cellule de trois personnes qui travaillait au ministère d'Etat et une autre au ministère de la Réforme administrative et on a déjà tout dit avec ce simple constat! On va réunir le tout dans un seul ministère sous la direction d'une seule personne pour faire avancer les choses.

Le Quotidien: Les choses peuvent-elles être accélérées maintenant?

Dan Kersch: On peut avancer vite sur certains points. Mais je crois qu'il faut aussi prendre le temps nécessaire pour bien mener cette réforme. Faire des projets pour faire des projets ce n'est pas mon genre, il faut que cela rapporte quelque chose. J'ai discuté déjà avec un des responsables de la cellule de la Réforme administrative et j'ai lancé une idée qui va se concrétiser rapidement, celle de créer un guichet où les citoyens et les fonctionnaires peuvent faire des propositions pour avancer dans cette réforme. Si l'on veut mettre en place une telle cellule, il faut qu'elle soit bien organisée. Cela ne rapporte rien de faire une conférence de presse pour dire qu'une telle cellule existe et ne plus s'en préoccuper par la suite. Surtout, il faut que les gens qui formulent ces propositions soient pris au sérieux. Ils auront un accusé de réception, seront informés des suites que l'on a données à leur idée, si elle a été intégrée dans notre concept et si ce n'est pas le cas, leur expliquer pourquoi pour ne pas décourager les gens. Quand on formule trois fois une proposition et qu'elle ne connaît aucune suite, on n'en fait plus, c'est sûr. Je crois donc qu'il faut prendre ce guichet très au sérieux. C'est aussi une manière d'encourager les fonctionnaires, au niveau communal comme au niveau de l'Etat. Il s'agit avant tout de développer une mentalité qui tend à vouloir aider le changement et l'accompagner.

Le Quotidien: Le non-respect des délais sera donc sanctionné?

Dan Kersch: Cela n'apporte rien d'inscrire des délais dans les lois s'il n'y pas de sanction. C'est une question de mentalité, il faut responsabiliser les gens dans les administrations et leur prouver qu'on les prend au sérieux. C'est ça le changement de mentalité.

Le Quotidien: On connaît le temps qu'ont pris les autorisations pour transformer l'ancien site militaire WSA en site pour la logistique, près de 7 ans. Plus jamais ça?

Dan Kersch: Non, plus jamais ça. On a également dit pendant ces négociations que si le gouvernement avait de grands projets d'importance nationale, on les discutera en équipe au gouvernement et on va les analyser ensemble pour prendre les décisions qui s'imposent.

Le Quotidien: Un autre projet qui traîne, c'est la réforme des services de secours...

Dan Kersch: Oui. Mais un gros travail a été fait. On va dans la direction d'un établissement public qui réunira sapeurspompiers et protection civile. Là encore, il ne s'agit pas seulement de créer une structure et dicter des nouvelles lois et règlements, il s'agit de développer une culture de collaboration. Il faut aller dans une direction de professionnalisation et reconnaître le rôle du bénévolat à sa juste valeur. Ce n'est pas seulement une question d'argent, je crois qu'il faut trouver des moyens alternatifs pour reconnaître le rôle indispensable du bénévolat. Je pense que je vais avoir de bonnes discussions avec les responsables des sapeurspompiers et de la protection civile.

Le Quotidien: Vous allez donc vous attaquer à plusieurs gros chantiers. Avez-vous un ordre de priorité?

Dan Kersch: Tout projet commence avec les hommes et les femmes qui veulent les réaliser. Donc mon premier chantier sera de bien connaître les collaborateurs des deux ministères, de développer un climat de confiance et de respect mutuel, c'est ma priorité absolue car c'est la clé de la réussite. Sur le olan Dolitiaue. la priorité sera l'autonomie communale pour ce qui est du ministère de l'Intérieur et pour la Fonction publique ce sera la réalisation de l'accord salarial et du travail par objectif. Et pour la simplification administrative, enfin, elle nécessite une approche globale. Je ne veux aucunement occuper une position de chef mais faire ce travail en équipe, sinon on échouera.

Le Quotidien: Avez-vous revendiqué votre participation à ce nouveau gouvernement?

Dan Kersch: Non, je n'étais pas en position de revendiquer quoi que ce soit en tant que 5e élu sur la liste de la circonscription Sud. L'opportunité s'est présentée quand Alex Bodry a annoncé qu'il préférait occuper le poste de chef de la fraction parlementaire et que Mars Di Bartolomeo voulait faire autre chose après avoir passé 9 ans au gouvernement. J'ai eu alors une discussion avec notre chef de file Etiennê Schneider, nous avons analysé ce qui était possible pour moi et il est clair que je ne voulais pas être ministre pour être ministre mais parce que je veux vraiment réaliser des choses. Je crois pouvoir dire que j'ai une certaine expérience pour le poste que j'occupe actuellement.

Le Quotidien: Avez-vous émis un certain scepticisme quant à une coalition avec les libéraux alors que vous représentez l'aile gauche du LSAP?

Dan Kersch: Sincèrement et je l'avais dit avant les élections, je crois que je suis le politicien socialiste qui a clairement énoncé sa préférence pour une coalition bleue-verte-rouge plutôt qu'une coalition avec les chrétienssociaux. Si on regarde le programme électoral du DP, il était plus proche du nôtre, socialement parlant, que celui du CSV.

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