"Un vent de fraîcheur"

Interview de Sam Tanson dans Tageblatt

Interview: Tageblatt (Jeff Schinker)

Tageblatt: Madame Tanson, quand l'annonce - ou plutôt la confirmation - de votre nouvelle fonction en tant que ministre de la Culture fut tombée, on sentit une sorte de soulagement teinté de joie traverser le milieu culturel luxembourgeois. Comment se sent-on face à un tel horizon d'attente?

Sam Tanson: J'ai l'impression d'avoir une énorme responsabilité. J'ai reçu beaucoup de messages positifs pour cette nomination. Mais je suis très consciente du fait que ça met une certaine pression, que je considère comme positive. Ça me réjouit évidemment et me motive à accomplir du bon travail — ce que j'ai évidemment prévu de faire.

Tageblatt: Comme vous allez être en charge conjointement de la culture et du logement, n'avez-vous pas peur de négliger l'une des charges en faveur de l'autre? Comment faire pour distribuer équitablement vos compétences sans crouler sous le travail?

Sam Tanson: Je suis très consciente du fait qu'il y'a beaucoup de travail qui m'attend. C'est un défi rien que d'un point de vue géographique puisque le ministère de la Culture est sis au centre-ville alors que celui du Logement se trouve au Kirchberg. Il me faudra une certaine discipline pour aboutir à une distribution équitable. Personnellement, il s'agit d'un mélange parfait. La culture est quelque chose qui me tient vraiment à coeur, où j'ai mes aises, alors que le logement constitue un défi politique considérable. D'un point de vue logistique, il s'agit d'un challenge. Mais je ne suis pas la seule à être dans cette situation du double mandat.

Tageblatt: Le plan de développement mis sur pied par Jo Kox veut instaurer un Luxembourg Arts Council, dont un des rôles serait de créer un bureau d'export pour tous les domaines culturels. Un tel pas vous parait-il nécessaire?

Sam Tanson: Notre accord de coalition implique d'abord d'analyser la situation. On veut créer un instrument. Mais on ne détermine pas encore à ce stade dans quelle direction cela va aller: est-ce que cet instrument assurera seulement la promotion ou se chargera-t-il aussi de la politique de subventionnement? Est-ce qu'un guichet unique sera intégré? Il n'est pas encore défini exactement de quelle manière le Luxembourg Arts Council (ou le Luxembourg For Culture, même le nom n'est pas encore déterminé) sera créé. Mais on se basera évidemment sur l'excellent travail qui a été fourni.

Tageblatt: Les différents secteurs garderont-ils leur autonomie? Ou faut-il viser une plus grande homogénéisation ?

Sam Tanson: Quand on regarde le succès de music:LX, il me paraît important d'offrir un tel encadrement pour les autres secteurs. Il est important d'avoir du support pour la promotion et l'on peut construire quelque chose à partir des expériences de ce bureau d'export, qui a fait ses preuves. Il faut toutefois savoir que chaque secteur fonctionne différemment et qu'on ne peut bien sûr pas utiliser le carnet d'adresses relatif au monde musical pour promouvoir les arts plastiques. Mais l'on peut échanger les procédés, voir ce qui a fonctionné, ce qui n'a pas fonctionné, regrouper des choses afin d'économiser des frais (et efforts) administratifs et créer un l'interlocuteur unique de référence pour de telles questions. Ça n'implique pas de vouloir tout homogénéiser.

Le tout doit obéir, comme Bob Krieps l'a dit lors de la conférence de presse, à une approche bottom-up, et non pas à une logique du top-down, une décision imposée d'en haut. Si l'on prend par exemple le secteur de la littérature, on a la présence à Francfort qui est à l'ordre du jour — il s'agit là d'une parmi une série d'actions individuelles qu'il faut cependant coordonner et pour lesquelles on peut néanmoins s'inspirer des autres secteurs pour voir quels résultats ont été obtenus.

Tageblatt: Vous avez regretté le nombre faible de femmes présentes aujourd'hui...

Sam Tanson: Dans l'accord de coalition, dans le volet „égalité des chances", nous voulons observer la répartition des rôles dans l'ensemble des secteurs — y inclus le secteur culturel. J'ai été assez étonnée de voir que, parmi la trentaine de personnes présentes aujourd'hui, j'ai été une des seules femmes. Surtout eu égard au fait qu'il y a quand même, parmi les artistes présentés, pas mal de musiciennes. En l'occurrence, il paraît dommage que la constellation de music:LX présente sur scène ait été exclusivement masculine.

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