Journée de commémoration nationale – proclamation du gouvernement

Même au moment où les derniers témoins de la Deuxième Guerre mondiale nous disent "adieu" peu à peu, même 75 ans après la libération du Luxembourg du joug nazi en septembre 1944, la Journée de Commémoration nationale du 10 octobre conserve toute sa portée symbolique. Depuis 1946 en effet, les Luxembourgeois se souviennent à cette date précise de la tyrannie nazie de 1940 à 1945. Ils continuent à honorer la mémoire de toutes les victimes qui se sont dressées contre l'oppression et qui ont payé de leur vie leur engagement pour la liberté et l'indépendance de la patrie.

©SIP / Charles Caratini
(de g. à dr.) Albert Aflalo, président du Consistoire israélite, Xavier Bettel, Premier ministre, ministre d'État, Fernand Etgen, président de la Chambre des députés, Serge Wilmes, premier échevin de la Ville de Luxembourg et François Bausch, Vice-premier ministre, ministre de la Défense

 

Une nation sans souvenir historique est engagée sur un mauvais chemin vers l'avenir. Il nous incombe de garder vivante auprès des jeunes générations la mémoire du 10 octobre 1941, quand le Gauleiter nazi a essayé par le biais d'une "Personenstandsaufnahme" d’extorquer aux Luxembourgeois l'aveu écrit qu'ils étaient allemands. Que ce simulacre de recensement ait été annulé quand les nazis durent se rendre compte que plus de 90 % avaient répondu "Luxembourgeois" fut interprété comme un premier succès important de la Résistance. C'est la raison pour laquelle une place capitale revient à cette date symbolique dans la mémoire collective de notre pays.

En ce jour, nous exprimons notre engagement pour la démocratie et les droits de l'homme. Nous remercions les femmes et les hommes courageux d'antan de nous avoir démontré par leur exemple vivant l'importance de garantir la liberté à toute personne humaine. L'engagement des résistants, des réfractaires et de tous ceux qui – comme feu le Grand-Duc Jean – ont combattu dans les armées alliées, ne sera pas oublié, de même que l'immense calvaire des compatriotes et fugitifs juifs persécutés. Nous avons également une pensée émue pour les milliers de jeunes femmes et d'hommes qui furent forcés dans le "Reichsarbeitsdienst", le "Kriegshilfsdienst" et dans l'uniforme tant haï de la Wehrmacht. Et nous songeons avec respect et gratitude aux nombreuses familles à travers le pays, qui offrirent aux réfractaires et déserteurs une cache dans leurs caves, greniers et autres granges en dépit de l'épée de Damoclès permanente d'être arrêtés, internés dans un camp de concentration ou déportés à l'est.

Il y a 75 ans, le 9 et le 10 septembre 1944 une joie indescriptible s'est manifestée au moment de la libération par les troupes américaines. Or l'exemple du massacre des SS à Dudelange, le 2 septembre, démontre aussi à quels dangers potentiels la population civile était exposée alors. Et n'oublions jamais que les villes et villages à l'est du pays, le long de la frontière avec l'Allemagne, ne furent définitivement libérés qu'en février 1945. Quand l'offensive des Ardennes de l'hiver 1944-1945 fut repoussée par les troupes alliées, un tiers du pays n'était que ruines ; des centaines de Luxembourgeois avaient perdu leurs êtres les plus chers et il fallait enterrer des milliers de soldats morts.

Que le souvenir de ces temps sombres et de ces événements dramatiques continue à nous fortifier dans notre engagement pour une société libre dans une Europe solidaire.

 

Les membres du Gouvernement

 

Xavier BETTEL, Étienne SCHNEIDER, François BAUSCH, Jean ASSELBORN, Romain SCHNEIDER, Pierre GRAMEGNA, Dan KERSCH, Claude MEISCH, Corinne CAHEN, Carole DIESCHBOURG, Marc HANSEN, Claude TURMES, Paulette LENERT, Sam TANSON, Taina BOFFERDING, Lex DELLES, Henri KOX

 

Communiqué par le ministère d'État

Dernière mise à jour