François Biltgen à la 97e Conférence internationale du travail à Genève

Du 10 au 13 juin 2008, François Biltgen, ministre du Travail et de l’Emploi, a participé à la 97 e Conférence internationale du travail de l’Organisation internationale du travail (OIT) à Genève.

Chaque année, au mois de juin, la Conférence internationale du travail (CIT) réunit les États membres de l'OIT à Genève (Suisse). Les États membres sont traditionnellement représentés par une délégation tripartite composée de délégués gouvernementaux, ainsi que de délégués employeurs et de délégués travailleurs, désignés en accord avec les organisations nationales d’employeurs et de travailleurs les plus représentatifs. Souvent comparée à un parlement international du travail, la conférence a notamment comme fonctions d’élaborer et d’adopter des normes internationales du travail, sous forme de conventions et de recommandations, de suivre l’application des conventions et recommandations au niveau national ou encore d’examiner les rapports des gouvernements des États membres sur la manière dont ils remplissent leurs obligations liées aux conventions ratifiées. La conférence est également un forum où sont débattus librement les problèmes sociaux et du travail qui intéressent le monde entier. Les délégués examinent l’évolution sociale dans le monde, mais le thème central est le rapport présenté chaque année par le directeur général du Bureau international du travail (BIT).

Le 10 juin, le ministre du Travail et de l’Emploi a pris la parole devant l’assemblée plénière de la conférence. Le ministre a d’abord rappelé que le gouvernement luxembourgeois appuyait fortement l’action du directeur général, Juan Somavia, qu’il a félicité pour ses visions et ses efforts pour les intégrer dans le fonctionnement quotidien de l’OIT. Dans ce contexte, il a aussi annoncé que le gouvernement luxembourgeois appuiera la candidature de Juan Somavia pour un troisième mandat.

François Biltgen a également manifesté sa satisfaction quant aux résultats de la visite officielle de Juan Somavia à Luxembourg en octobre 2007. À cette occasion, le gouvernement, le Parlement et les partenaires sociaux avaient pu débattre de l’agenda de l’OIT pour le travail décent, et avaient réussi à dégager un large consensus. Le Luxembourg signera un accord cadre de coopération avec l’OIT qui concernera tant la collaboration financière et technique que la coopération au niveau politique. Et c’est sur la même toile de fond que le ministre a rappelé que le Luxembourg s’est engagé pour une contribution budgétaire volontaire aux activités du BIT.

Le ministre a ensuite exprimé son consentement à l’acceptation croissante de la nécessité du travail décent par tous les acteurs de la globalisation et à l’intégration de plus en plus concrète de ce concept dans les politiques horizontales. François Biltgen a tout particulièrement mis l’accent sur l’importance de l’Agenda pour un travail décent, par le biais duquel il sera possible d’appréhender de manière horizontale et intégrée les problèmes découlant de la mondialisation. D’après le ministre, la "Déclaration de l’OIT sur la justice sociale - pour une mondialisation juste", portant notamment sur le renforcement des capacités de l’OIT, permettra de définitivement cimenter cette évolution. Mais, bien au-delà, le travail décent a selon le ministre les potentialités pour devenir un levier indispensable pour le progrès social, environnemental, voire économique. Ainsi, il s’agira de profiter du momentum pour consolider la démarche de politique volontariste combinant croissance, protection sociale et équité, puisque, d’après François Biltgen, la solidarité découle de l’action conjointe et volontaire de la politique et du marché.

Le ministre a en outre mentionné son inquiétude vis-à-vis de la financiarisation croissante des relations économiques internationales, un élément qui d’après lui demande une action particulière de l’OIT en concertation avec d’autres organisations internationales, parce que le développement plus ou moins incontrôlé du secteur financier et des décisions plus ou moins incontrôlables en la matière risquent de déstabiliser à la longue le monde du travail. Le ministre a par conséquent lancé un appel au directeur général d’envisager des stratégies permettant de contrecarrer les effets incontrôlés des décisions du secteur financier et de définir cette problématique en tant que sujet de prédilection pour les CIT des prochaines années, car l’économie réelle devra reprendre le dessus et endiguer tous effets de spéculation.

Dans son allocution, François Biltgen a aussi tenu à évoquer le problème de la crise alimentaire mondiale, étant donné que la spéculation fait exploser les prix et empêche de larges parts de la population mondiale de se procurer les biens de première nécessité. C’est pour cette raison qu’il faudra instaurer une concertation et une coordination internationale pour contrecarrer cette évolution déplorable et, selon le ministre, l’imbrication de l’OIT dans ce processus devrait être primordiale.

C’est pourquoi, François Biltgen a insisté sur la nécessité de doter l’OIT de moyens et de procédures appropriées afin de lui donner la capacité nécessaire pour jouer le rôle d’acteur clé dans le cadre de la gouvernance de la globalisation. En effet, selon le ministre, la dotation de l’organisation des moyens budgétaires, ordinaires tant que volontaires, nécessaires demandés par le renforcement de ses capacités est essentielle.

D’après le ministre, il faudra adapter le fonctionnement interne de l’OIT et du BIT tout en réfléchissant sur le mode de gouvernance internationale, sur une meilleure coordination des politiques économiques, sur la coopération permanente, si possible institutionnelle, des organisations internationales, permettant une interconnexion permanente des objectifs de tous les acteurs. Dans le même ordre d’idées, il sera primordial d’instaurer des procédures de suivi, voire de surveillance, notamment sous la forme de peer reviews volontaires, taillées sur mesure sur les différents États membres, et dont les conditions et modalités seraient à arrêter de manière consensuelle avec chaque État. Finalement, le ministre a assuré son soutien à la proposition des révisions cycliques par la CIT.

Le ministre François Biltgen a tenu à invoquer les bénéfices de l’interrelation des objectifs stratégiques de l’OIT - emploi, protection sociale, dialogue social et intégration des droits fondamentaux en tant que droits de l’Homme - et ce notamment dans le cas du Myanmar. En effet, c’est l’OIT qui a, la première, décelé des problèmes structurels dans ce pays, en partant de la surveillance de l’application des normes internationales du travail, notamment en matière de travail forcé. Dans ce même contexte, le ministre a souligné la solidarité du gouvernement et du peuple luxembourgeois avec le peuple du Myanmar, terriblement mis à l’épreuve par la catastrophe naturelle qui vient de s’abattre sur lui, et il a réitéré sa volonté de soutenir les efforts de l’OIT dans le cadre de la coopération avec les autorités birmanaises pour éradiquer le travail forcé.

Entrevue bilatérale avec le directeur général du BIT

Le 12 juin 2008, le ministre du Travail et de l’Emploi a eu le privilège d’avoir une entrevue bilatérale avec Juan Somavia, directeur général du BIT, afin de discuter des relations bilatérales qu’entretient cette organisation avec le Luxembourg.

D’emblée, François Biltgen a manifesté sa satisfaction quant aux résultats de la visite officielle de Juan Somavia à Luxembourg en octobre 2007 et a réitéré le plein soutien du gouvernement luxembourgeois en citant la mise en œuvre des décisions prises lors de cette visite, notamment la ratification récente de 18 conventions et l’adoption de la réforme de l’Inspection du travail et des mines.

À l’occasion de cette visite, le gouvernement, le Parlement et les partenaires sociaux avaient également pu débattre de l’agenda de l’OIT pour le travail décent, et avaient réussi à dégager un large consensus. De plus, cet événement avait contribué à une plus grande connaissance des actions du BIT par les citoyens luxembourgeois et à accroître l’intérêt que ceux-ci portent à cette organisation, souvent encore méconnue par le grand public.

Lors de cette visite, le gouvernement avait annoncé son intention de signer un accord-cadre avec le BIT dans le domaine de la coopération au développement qui concernera tant la collaboration financière et technique que la coopération au niveau politique. C’est sur la même toile de fond que le ministre a rappelé que le Luxembourg s’était engagé pour une contribution budgétaire volontaire aux activités du BIT.

François Biltgen a aussi rappelé que son collègue Jean-Louis Schiltz, en charge de la coopération luxembourgeoise, soutenait des projets et programmes du BIT dans plusieurs pays partenaires, projets qui s’inscrivent dans les programmes indicatifs de coopération (PIC) avec ces pays (p.ex.: Sénégal, Mali, Laos, Vietnam).

Le directeur général s’est montré reconnaissant du fait que depuis 2006, la coopération luxembourgeoise verse également une contribution thématique annuelle (ligne budgétaire 35 030) au programme Formation communautaire pour un travail décent (FCTD) du BIT, contribution qui a augmenté de 47% par rapport à l’année 2007. Il s’agit d’un programme de promotion de l’auto emploi et d’activités génératrices de revenus par la formation du BIT. Ainsi la contribution pour l'année 2008 s’élève à 980.000 euros, par rapport à 490.000 euros en 2007. Enfin, il est proposé que ce montant s’élève à 1 million d’euros pour l’année 2009. De manière générale, en 2006, la coopération luxembourgeoise a contribué aux activités du BIT à hauteur de 1.362.844 euros et en 2007 à hauteur de 2.016.760 euros. D’après François Biltgen, la dotation de l’organisation des moyens budgétaires, ordinaires tant que volontaires, demandés par le renforcement de ses capacités est essentielle.

Par ailleurs, le ministre a réitéré le fort appui du gouvernement luxembourgeois de l’action du directeur général qu’il a félicité pour ses visions et ses efforts pour intégrer celles-ci dans le fonctionnement quotidien de l’OIT. Il a exprimé son contentement de pouvoir annoncer que le gouvernement luxembourgeois appuiera la candidature de Juan Somavia pour un troisième mandat. François Biltgen ayant été le premier orateur de l’Europe occidentale qui avait soutenu dans le segment de haut niveau la candidature de Juan Somavia, ce dernier s’est montré particulièrement reconnaissant. En effet, grâce à ce message fort, au timing parfait, le Luxembourg aurait ouvert la porte à d’autres réactions positives européennes.

Finalement, le directeur général a rappelé tout l’intérêt du BIT de voir le Premier ministre luxembourgeois participer à la conférence régionale de Lisbonne les 10 et 11 février 2009. Juan Somavia a également étendu cette invitation à un segment de haut niveau spécial qui sera organisé à l’occasion du 90e anniversaire de l’OIT.

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