Le ministre du Travail et de l´Emploi François Biltgen à la 91e Conférence internationale du travail à Genève

Monsieur François Biltgen, ministre du Travail et de l’Emploi, s’est adressé aux délégués gouvernementaux, employeurs et salariés réunis à la Conférence annuelle du travail de l’Organisation internationale du travail au Palais des Nations à Genève.

En dehors de la délégation luxembourgeoise tripartite traditionnelle, conduite respectivement par Madame Viviane Goergen et Monsieur René Pizzaferri pour les salariés, Madame Christiane Bertrand-Schaul et Monsieur Romain Schmit pour les employeurs et Messieurs Jean Zahlen et Paul Weber pour le gouvernement, Monsieur Biltgen avait invité comme conseiller particulier Monsieur Marcel Glesener, président de la Commission du Travail et de l’Emploi de la Chambre des députés.

Le ministre luxembourgeois a apporté l’appui fort du gouvernement à l’action du Bureau international du travail (BIT) visant à encadrer la globalisation économique d’une "globalisation sociale" parallèle, action pour laquelle le mandat confié à l’OIT dans le système international, notamment onusien, mais aussi au-delà, devient de plus en plus général et soutenu par les Nations.

Commentant les deux rapports du directeur général, Monsieur Juan Somavia, portant sur l’élimination de la pauvreté d’une part, et l’élimination de toutes formes de discrimination au travail (rapport se basant sur le suivi de la Déclaration de l’OIT sur les droits fondamentaux des travailleurs) d’autre part, l’intervention remarquée de Monsieur Biltgen a marqué, entre autres, les accents suivants:

Dans le cadre de la lutte contre la globalisation de la pauvreté, qui frappe les pays en voie de développement, mais, de plus en plus, les pays développés, le ministre a notamment signalé les efforts luxembourgeois d’élever son budget "aide au développement" à 1% du PIB en 2005, et insisté sur les actions soutenant les efforts des pays concernés d’assurer eux-mêmes leur développement.

Après avoir plaidé en faveur du tripartisme comme forme la plus efficace de dialogue sociale dans le cadre de la création d’emplois, le travail étant la voie la plus sure de se sortir de la pauvreté, mais aussi de garantir des emplois de qualité, Monsieur Biltgen a fortement appelé la communauté internationale à aller de l’avant dans une approche intégrée, voire institutionnalisée, sous la conduite de l’OIT, en vue de la globalisation sociale devant nécessairement doubler la mondialisation de l’économie. Il a demandé que les travaux de la Commission mondiale pour la dimension sociale de la mondialisation, fonctionnant à l’OIT avec la présence notamment de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), avancent de manière décisive, et débouchent sur une forme plus institutionnalisée. Par ailleurs, le ministre du Travail et de l’Emploi a soutenu inconditionnellement les tentatives de mettre en place un "memorandum of understanding" entre l’OIT et l’OCDE, organisation internationale qui se voit encore trop souvent comme institution purement économique , mais qui a manifestement des responsabilités sociales. Ce serait un pas important dans la reconnaissance universelle de la nécessité d’accompagner socialement, voire d’instituer une gouvernance socio-économique au niveau universel.

Dans le cadre de ses commentaires sur le rapport du directeur général sur l’égalité au travail, Monsieur le ministre a d’abord demandé que l’inégalité de rémunération entre hommes et femmes fasse l’objet des analyses explicatives manquantes et qu’on débouche ensuite sur une parfaite égalité de rémunération objective de rémunération entre les sexes. Il a salué les conclusions du rapport que les salaires minima ne devraient pas résulter simplement des forces du marché, mais de politiques volontaristes, d’autant plus que le rapport n’a pas pu faire état d’incidences négatives des salaires sociaux minimaux là où ils existent.

Le ministre a aussi apporté son soutien à l’appel du directeur général d’introduire une véritable culture de la sécurité dans les entreprises, symbolisée désormais par une journée mondiale ad hoc, le 28 avril de chaque année.

Le ministre a terminé par faire part d’une de ses préoccupations majeures relativement aux formes dites atypiques du travail. Il a notamment reconnu les potentialités créatrices d’emplois inhérentes à ses formes de travail, dont le télétravail, mais a insisté sur la nécessité d’un encadrement juridique fort de ces formes de travail, afin d’arriver au but recherché désormais au niveau de la communauté internationale, à savoir de ne pas créer des emplois à n’importe quel prix ou sacrifice, mais à créer des emplois de qualité.

Dans ce contexte, Monsieur Biltgen a fortement stigmatisé la pratique de plus en plus répandue des "faux indépendants", soutenue même par des gouvernements, afin de faire échapper ces travailleurs des règles protectrices du droit du travail. Il a ainsi souhaité une action normative de l’OIT dans ce domaine, comme d’ailleurs dans le domaine du télétravail. Le ministre luxembourgeois a d’ailleurs exprimé son intention de combattre aussi nationalement la pratique des faux indépendants, sans même attendre des instruments internationaux.

Comme toutes les années, Monsieur le directeur général du BIT Juan Somavia a reçu en entretien particulier le ministre Biltgen, en tant que représentant d’un Gouvernement qui apporte son soutien politique et financier à l’action de l’OIT et l’appuie dans son rôle de conscience sociale du développement économique global. Lors de cet entretien, Monsieur Somavia a salué les visions politiques non limitées au court terme, notamment dans le cadre précité, de Monsieur le Premier ministre Juncker. Dans ce contexte aussi, Monsieur le ministre Biltgen n’a pas rejeté l’idée d’un événement commun OIT-Luxembourg lors de la présidence luxembourgeoise de l’Union européenne en 2005. De manière générale, Monsieur Biltgen a plaidé pour des efforts visant à mieux faire connaître l’OIT et ses activités dans les divers pays et les différents cercles de personnes concernées.

La présence du ministre à Genève a pris fin par le dîner traditionnel offert aux membres de la délégation luxembourgeoise ainsi qu’aux Luxembourgeois présents à Genève et ayant ou ayant eu un lien avec le BIT, ceci en présence du représentant permanent du Luxembourg à Genève, Monsieur l’ambassadeur Alphonse Berns.

(communiqué par le ministère du Travail et de l'Emploi)

Dernière mise à jour