Intervention de Lydie Polfer au Sommet UE-Balkans

Monsieur le Président

Permettez-moi tout d’abord de dire combien je me réjouis que ce Sommet ait lieu à Zagreb. La Croatie nous démontre en effet depuis un an que l’ouverture sur les valeurs qui ont fondé l’Europe intégrée et les retrouvailles avec les autres pays européens sont bien la voie qui permettra aux peuples de la région de retrouver la paix, la stabilité et la prospérité.

Le Sommet de Zagreb a rendu possible la rencontre des dirigeants des pays de la région avec les quinze Etats membres de l’Union européenne. Il s’agit d’un événement important dans l’histoire des Balkans, puisque pour la première fois depuis longtemps, tous les pays de la région sont rassemblés, et participent à une ambition commune.

L’objectif que nous nous donnons est certes ambitieux : les pays issus de l’ancienne Yougoslavie et l’Albanie sont invités à rejoindre le nouvel ensemble européen qui est en train de se constituer. Ils sont appelés à œuvrer, ensemble avec l’Union européenne, à une Europe pacifique, à une Europe démocratique, à une Europe respectueuse des droits et des aspirations de ses peuples.

Lors d’une visite que j’ai effectuée cet été dans la région, j’ai pu constater l’importance que les responsables politiques attachaient à l’ancrage de leurs pays à l’Union européenne. L’Union représente pour eux une perspective de paix retrouvée et de prospérité. La perspective qu’ouvre l’Union européenne constitue ainsi un moteur du processus de réformes dans les Balkans.

En s’engageant dans ce processus, les pays de la région ont choisi d’entreprendre des réformes politiques et démocratiques profondes, de se doter d’institutions démocratiques fortes, de respecter les droits de l’homme ainsi que leurs obligations internationales, et de coopérer avec le Tribunal pénal international.

L’Union européenne est disposée à accompagner les pays de la région sur la voie dans laquelle ils se sont engagés ; il appartiendra cependant en premier lieu à ces pays d’assumer avec courage et persévérance la responsabilité de créer chez eux les conditions qui rendront possible leur rapprochement avec l’Union européenne. Il s’agit en fait d’un engagement réciproque.

L’Union européenne offre aux pays des Balkans un cadre permettant un rapprochement progressif avec le processus d’intégration européenne. Les pays concernés s’engagent à démontrer leur volonté et leur capacité de mener à bien les réformes annoncées.

Dans le cadre du processus de stabilisation et d’association qu’elle propose, l’Union européenne examinera la situation de chaque pays de façon individuelle.

Monsieur le Président,

La rencontre d’aujourd’hui à un objectif concret : définir les conditions du processus de retrouvailles avec l’Union européenne, et mettre sur pied les instruments qui permettront aux pays de la région de réaliser leur ambition.

Leur objectif est d’adhérer à terme à l’Union européenne ; pour y parvenir, des efforts considérables devront être faits de part et d’autre.

Il s’agira tout d’abord que chacun des pays concernés accepte pour soi-même les contraintes de la démocratie. Désormais, les conditions en sont réunies dans l’ensemble de la région.

En second lieu, il sera indispensable, et cela aussi est désormais possible, de mettre en place une coopération régionale dans le sud-est de l’Europe. En développant les relations de bon voisinage, en favorisant le libre échange des personnes, des biens et des services, en commerçant entre eux et en facilitant la circulation de l’information, les pays de la région se prépareront pour leurs relations futures avec l’Union européenne. Pour qu’une association étroite avec l’Union puisse fonctionner de façon efficace, elle devra nécessairement aller de pair avec une intégration entre les pays de la région.

Monsieur le Président,

A l’origine, ce Sommet devait donner un message d’encouragement et d’espoir aux forces démocratiques de la Serbie. Nous nous trouvons à présent dans la situation heureuse d’avoir été dépassés par les événements.

Aujourd’hui, nous accueillons parmi nous les dirigeants d’une République fédérale de Yougoslavie nouvelle, qui aspire à rejoindre en tant que partenaire constructif le reste de l’Europe, dont elle partage désormais les valeurs. Cette nouvelle donne a ouvert les conditions d’une redéfinition, sur une base plus équitable, des relations de la Serbie et du Monténégro au sein de la Fédération. Nous n’oublions pas que les autorités de Podgorica se sont engagées depuis longtemps dans la voie de la démocratie et des réformes, donnant une impulsion essentielle au processus d’ouverture qui s’est développé par la suite.

Aujourd’hui, un premier accord de stabilisation et d’association sera paraphé avec l’ARYM, et des négociations s’engagent avec la Croatie. Ce sont là des avancées concrètes, qui illustrent le bien fondé des choix effectués par les deux pays, et qui montrent la voie à l’ensemble de la région. L’Albanie et la Bosnie-Herzégovine ont pour leur part entrepris des réformes courageuses, qui méritent un soutien actif. La poursuite de leurs efforts ouvrira la voie vers la conclusion d’accords de stabilisation et d’association avec l’Union européenne.

A Zagreb, nous tournons une page dans notre longue histoire commune. Au-delà des souvenirs, bons et moins bons, nous réalisons aujourd’hui que nous sommes appelés à vivre ensemble et que notre destinée commune se situe dans l’Europe élargie que nous construisons dans la responsabilité partagée.

Dernière mise à jour