Le ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, Charles Goerens, au Forum international de Stockholm

Charles Goerens, ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, a représenté le grand-duché de Luxembourg au Forum International de Stockholm sur le combat de l'intolérance qui s'est tenu les 29 et 30 janvier 2001.

Charles Goerens était accompagné par François Bremer, ambassadeur du Luxembourg en Suède et les Professeurs Paul Dostert et Marc Schoentgen.

Après le thème de l'holocauste de l'an 2000, le combat contre l'intolérance, la xénophobie et le racisme figurait cette année-ci au centre de la conférence internationale qui rassemblait des représentants du monde politique et académique de plus de 45 pays ainsi que des représentants d'organisations internationales, tous déterminés à mener un débat scientifique et politique autour du phénomène du racisme.

L'objectif déclaré de la conférence étant de pourvoir les démocraties de plus amples moyens de prévention de la xénophobie, du racisme, de l'antisémitisme et d'autres manifestations extrêmes présentes dans nos sociétés, la conférence prévoyait, au-delà des sessions plénières, quatre groupes de travail parallèles bien orientés:

  • celui de l'éducation (Comment l'enseignement du passé peut-il contribuer à la prévention de l'intolérance future?),
  • celui de la législation (L'enrayement par la loi des phénomènes racistes, du négationnisme et du révisionnisme ainsi que les capacités de contrôle de l'intolérance sur Internet),
  • celui des stratégies au niveau des communautés locales (Quelles stratégies de prévention du racisme existe-t-il au niveau local?) ainsi que
  • celui des médias (L'impact des médias, comment les médias documentent-ils le racisme?).

Les divers ateliers qui réunissaient des représentants du monde politique, académique et scientifique ainsi que des représentants d'organisations internationales et non-gouvernementales ont engendré des échanges très fructueux à la fois aux niveaux national, régional et international.

Le ministre Goerens, pour sa part, a participé activement à deux de ces quatre groupes de travail, celui de la législation et celui de l'éducation. En ce qui concerne les moyens de prévention du racisme et de l'extrémisme de droite au niveau de la législation, le ministre est d'avis que la seule interdiction des partis d'extrême-droite ne suffit pas pour enrayer le phénomène de l'intolérance. "Le racisme connaît beaucoup de facettes, il ne s'articule pas seulement autour d'un seul parti" a-t-il déclaré.

Il voit surtout l'éducation des jeunes sollicitée dans la question de la prévention : les cours d'histoire, de religion, de morale laïque ou encore l'instruction civique devront continuer à sensibiliser les jeunes gens aux dangers de l'intolérance. Dans ce contexte, le ministre Goerens a souligné qu'avec l'invention des nouvelles technologies de communication, surtout l'Internet, la propagande et la diffusion d'idées racistes ou d'extrême droite est devenue d'autant plus facile et risque de toucher tout d'abord surtout les plus jeunes de nos sociétés.

De façon générale, Charles Goerens s'est montré très satisfait du forum. Aussi a-t-il tenu à remercier personnellement le Premier ministre, M. Persson, pour cette excellente initiative du gouvernement suédois et l'engagement actif et sincère du Premier ministre suédois.

En effet, les Suédois surprenaient l'audience à l'ouverture du forum par la diffusion en séance plénière d'un film franc, saillant et troublant documentant l'envergure et le radicalisme des activités de l'extrême-droite et des néo-nazis au sein de la société suédoise.

Par la suite, dans son discours d'ouverture, le Premier ministre Persson n'a pas non plus hésité à pointer du doigt cette "triste réalité suédoise", tout en précisant qu'il ne s'agit là pas d'un phénomène propre à la Suède seule, mais d'un phénomène qui, sous des formes plus ou moins prononcées relevant toutes de l'intolérance, est répandu dans bien d'autres pays, la plupart représentés à la Conférence. Contrer ces phénomènes, développer des stratégies et des instruments efficaces pour les endiguer figuraient ainsi au centre des débats.

Dans une perspective tournée vers l'avenir, liée au respect des droits de l'homme et à la prévention du racisme, le forum international a par ailleurs donné la parole à des personnalités aussi célèbres que Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU et Mary Robinson, haut commissaire aux Droits de l'Homme de l'ONU.

Charles Goerens a eu l'opportunité d'avoir une entrevue intéressante avec Kofi Annan et Mary Robinson en marge de la conférence. Ils y ont discuté de la politique d'aide au développement en général et plus spécifiquement des résultats du Colloque international à Dakar "Démocratie, Droits de l'Homme et Développement" qui eut lieu à Dakar les 23 et 24 janvier 2001 à l'initiative du Luxembourg et auquel Mary Robinson avait également participé.

Sur invitation du ministre Goerens eut également lieu un petit-déjeuner-débat entre Beate Winkler, directrice de l'Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes (EUMC) implanté à Vienne et des membres de la délégation luxembourgeoise.

Les interlocuteurs y ont pu aborder, à l'écart de la conférence, divers sujets notamment celui de l'ampleur du phénomène du racisme au niveau européen ainsi que l'importance de la société civile et des organisations non-gouvernementales dans le combat de l'intolérance.

La situation actuelle en Autriche a été un autre thème de débat. Dans ce contexte Charles Goerens a également fait référence à la situation luxembourgeoise. Selon lui, si l'on peut se fier aux chiffres avancés par les statistiques, entre 2 et 3% de la population luxembourgeoise seraient enclins au racisme. Bien conscient qu'un "seul raciste au sein d'une société en est déjà un de trop", Charles Goerens s'est toutefois montré rassuré quant à la société luxembourgeoise qu'il voit parée contre le racisme ouvert: la bonne situation économique et sociale, l'expérience historique ainsi que la traditionnelle ouverture du Luxembourg vers l'étranger sont autant de facteurs qui y permettent de contrer l'éclosion du racisme actif et violent.

La Conférence internationale s'est finalement achevée dans l'après-midi du 30 janvier 2001 par l'adoption d'une déclaration commune finale dont le texte pourra être consulté sur le site Internet du Forum International de Stockholm.

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