Mme Hennicot-Schoepges au forum UE - Conférence Islamique "Civilisation et Harmonie la dimension politique"

Mme Erna Hennicot-Schoepges, ministre de la Culture, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, a participé les 12 et 13 février au forum: "Civilisation et Harmonie; la dimension politique", organisé à Istanbul à l'initiative du gouvernement de la Turquie et sous les auspices de l'Union européenne et de la Conférence Islamique.

Une cinquantaine de pays, membres de l'union européenne, des pays candidats et de l'OCI y ont assisté ainsi que le Conseil de l'Europe, l'OSCE et la Ligue Arabe. Des experts, des intellectuels et des journalistes ont également pris part à ce symposium aux cotés des responsables politiques et animent certaines des tables rondes.

Ce symposium intitulé "Harmonie et Civilisation" visait à renforcer les liens déjà existants entre les deux Organisations qui ont, par ailleurs, des échanges de vues réguliers, notamment au niveau des hauts fonctionnaires.

Prenant la parole au forum, Mme Erna Hennicot-Schoepges a insisté sur l'importance de la libre expression des diversités culturelles dans le respect et la cohésion de normes, de droits et de devoirs reconnus par toutes et tous. Concernant ces normes, elle a plaidé pour faire du catalogue des droits de l'homme la base de toute discussion visant une meilleure compréhension entre les différentes cultures qui forment la civilisation humaine.

Suite aux événements tragiques du 11 septembre dernier et dans le contexte d'un prétendu conflit entre civilisations, le Forum devait servir de plate-forme pour un échange de vues à haut niveau, incluant tant les responsables politiques des pays européens et des pays candidats à l'adhésion que l'ensemble des pays islamiques regroupés au sein de la Conférence des Etats islamiques.

Mme Hennicot a, dans la suite de son intervention, plaidé pour faire du droit à être différent le centre des débats et des réflexions. "Quand on parle de l'autre, il faut aussi parler des préjugés véhiculés parfois depuis des siècles, du développement d'un imaginaire qui ne correspond que rarement à la réalité. (?) Le problème finalement n'est pas l'autre, mais l'acceptation de l'autre, le manque de tolérance. Cela signifie pour toutes et tous le droit de prendre la parole, de s'articuler, le droit d'être reconnu comme un partenaire équivalent. Pour accepter l'autre, il faut le comprendre. Pour le comprendre, il faut étudier son histoire, ses idées, sa culture," a-t-elle poursuivi.

Sans vouloir proposer de définition précise du concept de civilisation, elle a préconisé de la lier à la notion de progrès, un peuple civilisé étant un peuple qui a avancé et ?uvre à avancer dans les domaines politiques, économiques, sociaux et culturels par rapport à un stade antérieur. En incluant ainsi le concept d'évolution dans le processus de civilisations, l'échange entre cultures, le dialogue et les contacts prennent une importance capitale.

"Les civilisations forment rarement des espaces cloisonnés, fermés; des relations entre elles existent heureusement dans la plupart des cas. Il ne faut pas oublier non plus les zones frontières entre les civilisations, zones dont mon pays fait partie et qui peuvent être des laboratoires d'idées et de pratiques tirant profit des influences multiples et servant ainsi de modèle à ce qui se passera un jour à une échelle plus grande."

L'expression culturelle ayant été pendant longtemps liée à la sphère religieuse, Mme Hennicot a posé la question de savoir si la perte de l'influence religieuse et la baisse de la pratique religieuse ne peuvent pas entraîner une certaine perte des traditions culturelles. Elle a proposé dans ce contexte la poursuite du dialogue interreligieux, qui garde toute son importance en ce début de siècle. Ce dialogue devra inclure non seulement les représentants officiels des cultes mais également tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté pour mieux faire apparaître aussi bien ce qui différencie nos sociétés que ce qu'elles ont en partage.

Dans ce cadre, elle a plaidé pour qu'un rôle accru soit accordé aux femmes dans le dialogue interreligieux, car elles restent trop souvent absentes dans ces enceintes, la plupart des spécialistes et des membres du culte étant des hommes.

Information transmise par le ministère de la Culture

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