Jean-Claude Juncker, Premier ministre, au colloque "L'Europe en marche vers son unité"

Le 27 mai 2002, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a participé au colloque "L'Europe en marche vers son unité", organisé par l'Association Internationale des Anciens des Communautés européennes. M. Juncker y a notamment prononcé un discours intitulé "L'Europe d'hier et de demain".


"Je ne veux pas que le débat sur l'avenir de l'Europe ne soit qu'un seul débat sur la réforme des institutions de l'Union européenne"

Dans son discours, le Premier ministre a passé en revue les efforts d'unification européenne à partir des années 1920 jusqu'à nos jours. Parmi tous les projets de coopération intergouvernementale de l'Après-guerre, la mise en place du Benelux fut le projet le plus ambitieux selon Jean-Claude Juncker, qui a rappelé que de nos jours encore, le Benelux est considéré comme le premier porteur de l'idée unificatrice européenne.

"Si l'Union européenne se prépare actuellement à l'élargissement, c'est que les histoires européennes sont en train de se réconcilier", a constaté le Premier ministre. Or, la question qui se pose est celle de savoir comment former de cet ensemble peu homogène d'États membres actuels et futurs une unité. Au regret de Jean-Claude Juncker, la Convention sur l'avenir de l'Europe, qui essaie actuellement de trouver des solutions à une Europe élargie, se penche exclusivement sur l'aspect institutionnel. "Je ne veux pas que le débat sur l'avenir de l'Europe ne soit qu'un seul débat sur la réforme des institutions de l'Union européenne. Il importe de donner un nouveau contenu à l'Europe!", a déclaré Jean-Claude Juncker.

À cette fin, l'Europe doit développer une vraie politique étrangère et de sécurité commune (PESC) dans les années à venir, tandis que le projet d'une vraie politique d'immigration et d'asile devrait se réaliser dans l'immédiat. Aussi le Premier ministre a-t-il plaidé en faveur de l'application de la méthode communautaire dans ces domaines. Comme il l'a déjà fait par le passé, M. Juncker a également rappelé l'importance d'une politique de coordination des politiques économiques plus musclée, ainsi que la mise en place d'un impôt européen.


Jean-Claude Juncker lors de son discours

En ce qui concerne l'équilibre institutionnel au sein de l'Union européenne, actuellement en discussion à la Convention sur l'avenir de l'Europe, Jean-Claude Juncker a annoncé: "Je m'insurgerai toujours contre ceux qui démoliront le rôle central de la Commission européenne!". Faisant allusion aux récentes propositions avancées par la Commission européenne dans le cadre de la Convention sur l'avenir de l'Europe, M. Juncker a soutenu l'idée d'intégrer le poste de Haut Représentant pour la politique étrangère, exercé actuellement par Javier Solana, à la Commission européenne, tout en professant toutefois l'importance de parler de prime abord du contenu au lieu de l'institutionnel. Plaidant pour un renforcement des pouvoirs du Parlement européen, Jean-Claude Juncker a également relevé la nécessité de trouver une place pour les parlements nationaux dans le cadre institutionnel de l'UE car "les nations ne sont pas une invention de l'histoire, elles ne sont pas faites pour disparaître".

Selon le Premier ministre, tout effort d'intégration européenne plus poussée doit également aller de paire avec l'établissement de relations plus soutenues avec les pays tiers du continent européen. Il s'agit notamment de trouver un nouveau partenariat avec la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie, mais aussi la Moldavie et les Balkans.

Jean-Claude Juncker a terminé son discours sur une note anxieuse: "Ma plus grande angoisse est que l'Europe s'élargisse sans s'approfondir et qu'en 2030 nos enfants ne savent plus rien des précurseurs de l'Union européenne".

Ont également participé au colloque l'historien Gilbert Trausch, qui a prononcé un discours sur "La CECA, matrice des institutions européennes et de l'Union européenne", Paul Helminger, député-maire et représentant de la Chambre des députés à la Convention sur l'avenir de l'Europe, Yves Mersch, président de la Banque centrale du Luxembourg et Robert Goebbels, député européen.

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