Le ministre de l'Environnement Charles Goerens et le secrétaire d'Etat Eugène Berger présentent l'étude SERI sur les aspects écologiques et l'évolution démographique

Le ministère de l'Environnement a ordonné en décembre 2001 une étude au Sustainable Europe Research Institute (SERI) pour examiner les conséquences d'une augmentation sensible de la population à l'horizon 2050 sur l'environnement.



Le ministre de l'Environnement Charles Goerens et le secrétaire d'Etat à l'Environnement Eugène Berger lors de la conférence de presse

Dans les débats relatifs à l'immigration au Luxembourg et à "l'Etat des 700.000 habitants", on peut relever comme un des éléments principaux la peur des Luxembourgeois qu'une augmentation importante de l'utilisation des ressources naturelles puisse avoir des conséquences négatives sur leur qualité de vie. L'étude en question doit contribuer à rendre ces débats plus neutres et partant, plus objectifs.

Des prévisions théoriques pour quatre thèmes environnementaux ont été établies:

  1. les besoins énergétiques;
  2. le transport;
  3. l'utilisation des sols;
  4. les déchets.

D'après l'étude de SERI, la croissance démographique pronostiquée ne contribuera pas nécessairement à une utilisation accrue des ressources et à une détérioration de l'environnement et, par conséquent, à un amoindrissement massif de la qualité de vie au Luxembourg.

Il n'existe pas de relation linéaire entre l'évolution démographique d'un côté et l'utilisation des ressources et de l'environnement de l'autre. D'autres facteurs, comme le modèle de développement économique et le progrès technologique, ont un rôle bien plus important et peuvent soit contrebalancer ou aggraver la pression démographique sur l'environnement conformément à la formule:

I = P x A x T
I (Impact, impact environnemental)
P (Population)
A (Affluence, niveau de vie)
T (Technology, technologie)

La modélisation théorique aboutit dans les quatre domaines examinés à des évolutions divergentes.

Energie: Grâce au progrès technologique caractérisé par une bonne intensité énergétique dans la dernière décennie, les besoins en énergie naturelle pourraient se situer en 2050 à un niveau en-dessous de celui des années quatre-vingt-dix, et ceci en dépit d'une population de 700.000 habitants et d'une forte croissance économique.

Transport: La pollution de l'environnement causée par le transport résulte d'une modification du comportement des consommateurs due à un niveau de prospérité croissant, la forte croissance des frontaliers et la croissance économique et démographique. L'évolution technologique n'a pas été à même de contrecarrer l'impact du transport sur l'environnement. Or, pour le futur, il s'avère indispensable de découpler la croissance du transport de la croissance économique, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle où le volume du transport augmente plus rapidement que la croissance économique. Globalement, on peut dire que dans le domaine du trafic routier il y a urgence d'agir et ceci indépendamment de l'évolution de la population.

L'utilisation des sols: L'augmentation de l'occupation des sols par l'urbanisation et le transport s'explique davantage par la croissance économique que par l'évolution démographique. Une extrapolation des tendances actuelles (démographique, économique, technologique) pourrait, en théorie, mener à une occupation du sol sur 80% du territoire national disponible. Face à ce constat, il sera indispensable d'augmenter la productivité de la surface du sol moyennant une politique d'aménagement du territoire durable qui mise sur une densification de l'urbanisation.

Les déchets: Le facteur décisif se situe également plus au niveau des habitudes de consommation des ménages qu'au niveau de la croissance démographique. A défaut du changement de ces habitudes et malgré un fort taux de recyclage, les quantités de déchets vont croître sensiblement.

Selon les auteurs de l'étude, les effets conjugués entre croissance économique, évolution démographique et habitudes des consommateurs ne sont pas conformes aux principes du développement durable. C'est avant tout l'utilisation peu productive des ressources naturelles qui met en danger la qualité de vie au Luxembourg. La croissance économique d'un côté et l'utilisation de l'environnement de l'autre doivent être découplées par des innovations technologiques à haute efficience écologique ainsi que par l'intégration de la durabilité dans les politiques sectorielles.

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