Journée Mondiale contre le SIDA 2002

Le 1er décembre 2002 est commémoré la Journée mondiale de lutte contre le sida. Cette journée constitue le point culminant de la campagne mondiale contre le sida pour les années 2002 et 2003, proclamée par le programme ONUSIDA, programme commun des Nations unies sur le HIV/SIDA. La campagne est centrée sur l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination, les obstacles majeurs dans la lutte contre le sida. "Vivez et laissez vivre!" s’intitule le slogan de la campagne. La Journée de lutte contre le sida est célébrée partout dans le monde, afin de souligner les progrès réalisés dans le combat contre l’épidémie et les défis qui restent.

A l’occasion de la journée mondiale du SIDA, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a souligné la nécessité du maintien de l’attention publique, tant celle du gouvernement que celle de l’opinion publique par rapport à la maladie du SIDA.

Le ministre de la Santé Carlo Wagner, pour sa part, a adressé un message au public en relation avec la commémoration de la journée mondiale contre le SIDA, dans lequel le ministre a mis l’accent sur le thème choisi de cette année: stigmatisation et discrimination- vivez et laissez vivre:

"Ce dimanche 1er décembre 2002, nous commémorerons la Journée Mondiale contre le Sida, proclamée par le programme ONUSIDA, programme commun des Nations unies sur le HIV/SIDA.

Le thème choisi cette année sera: "Stigmatisation et discrimination: Vivez et laissez vivre!"

La stigmatisation consiste en un processus de dévaluation d’une personne humaine. En ce qui concerne les personnes infectées par le HIV/Sida, elle renforce les idées négatives déjà existantes: on dit que les personnes séropositives "méritent" ce qui leur arrive: Leurs "méfaits" sont liés à une sexualité toujours tabouisée, ou a des activités illégales et désapprouvées par la société, telles que par exemple l’injection de drogues illicites.

Les hommes infectés sont ainsi "labellisés" comme "homosexuels", "bisexuels" ou "clients de prostitués"; les femmes sont jugées comme étant de "mœurs légères" ou comme "prostituées". La stigmatisation associée au HIV/Sida renforce les inégalités existantes entre les sexes, les inégalités sociales ou ethniques, les inégalités liées au statut socio-professionnel, et celles liées à la sexualité, telles que l’homosexualité, la transsexualité et la prostitution.

Cette forme de stigmatisation peut entraîner des dépressions, le repli sur soi, un sentiment d’inutilité, de perte d’estime et de désespoir chez les personnes atteintes. Elle les réduit au silence, les affaiblit et les isole.

Or, ce sont le silence, l’exclusion et l’isolement qui limitent la réussite de nos efforts de prévention efficaces et la fourniture de soins adéquats.

La discrimination quant à elle, est la conséquence logique de la stigmatisation.

Elles se produit lorsqu’on traite les personnes infectées de manière inégale parce qu’elles sont considérées appartenir à un groupe particulier. La discrimination se produit par exemple lorsque du personnel hospitalier ou pénitentiaire refuse des soins à une personne vivant avec le HIV/Sida; lorsque des employeurs mettent fin au contrat d’un employé en raison de sa sérologie HIV positive; lorsqu’une famille ou une communauté rejette ou isole ceux dont ils pensent ou savent qu’ils vivent avec le HIV/Sida; lorsque des autorités publiques interdisent à des personnes vivant avec le HIV/Sida de se marier et de fonder une famille, lorsqu’elles les expulsent ou leur refusent le droit d’entrée dans leur pays en les contraignant à subir un test HIV préalable.

Comme le droit d’être à l’abri d’une discrimination est un droit humain fondamental, nous pouvons dire que la discrimination constitue une violation manifeste des droits de la personne humaine.

Rappelons que les droits de l’homme interdisent "la discrimination fondée sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, l’opinion politique, l’origine nationale ou sociale, la propriété, la naissance, ou tout autre statut". La commission des droits de  l’homme des Nations unies a confirmé que la discrimination fondée sur une séropositivité au HIV (réelle ou présumée) est prohibée par les normes existantes relatives aux droits de l’homme.

Les Etats sont donc responsables non seulement des violations directes et indirectes de ces droits, mais ils ont aussi l’obligation de respecter et de protéger les droits des personnes humaines.

Les personnes qui se livrent à la discrimination sont en conséquence responsables devant la loi, et une réparation peut être exigée le cas échéant.

Au Luxembourg nous enregistrons actuellement une stagnation, voire une baisse des cas de Sida déclarés et du nombre de morts du Sida. Ceci est imputable en grande partie aux nouveaux traitements disponibles, qui n’ont cependant pas la faculté de guérir la maladie.

Les nouvelles infections par contre (séroconversions) continuent leur tendance vers la hausse, ce qui prouve que non seulement le Sida et ses modes de transmission restent un sujet tabou ou partiellement ignoré, mais que les méthodes de protection et de prévention préconisées (utilisation systématique du préservatif lors de rapports sexuels en dehors d’une relation basée sur la fidélité entre conjoints non infectés) ne sont pas suffisamment respectées.

Les rapports hétérosexuels sont devenus actuellement le principal mode de contamination au Luxembourg, suivis par les rapports homosexuels, et par la consommation de drogues illicites par voie intraveineuse.

Les stratégies à développer pour contrer efficacement les phénomènes de stigmatisation et de discrimination, qui poussent les personnes séropositives à se replier sur elles, à pratiquer le déni, à ne pas profiter des tests de dépistage offerts, ni des structures d’aide, de prise-en-charge et de soins existantes, devront être les suivantes:

  • L’information et la sensibilisation des communautés, des responsables politiques, des familles, des personnes.

  • La responsabilisation des personnes infectées et affectées par le HIV/Sida.

  • La mobilisation communautaire.

  • Des actions pour s’attaquer aux inégalités sociales, aux préjugés, aux stéréotypes sexospécifiques, la création d’un contexte politique le plus équitable possible.

  • La promotion de l’éducation et des compétences essentielles pour organiser l’aide et le soutien aux personnes infectés.

  • L’optimisation des filières de soins et de prise en charge, y compris le conseil et le test volontaire anonyme.

  • La protection juridique des personnes vivant avec le HIV et le Sida, ainsi que le soutien aux services juridiques qui s’attaquent aux cas de discrimination et aux violations des droits de l’homme.

  • Le soutien et la formation des membres d’associations d’aide aux personnes vivant avec le HIV/Sida.

  • La fixation de normes de protection des droits de l’homme sur le lieu de travail : une politique relative au HIV/Sida sur le lieu de travail est un instrument puissant permettant de combattre la discrimination et d’encourager la solidarité par l’éducation et la sensibilisation.

  • La mise-en-place et le respect de codes d’éthique et de conduite professionnelle dans les services de soins de santé, leur application au HIV/Sida, et leur intégration dans les programmes de formation professionnelle.

  • L’encouragement à une formation pratique liée au HIV à l’intention de tous les agents de santé, afin d’améliorer la compréhension et l’écoute confidentielle, et de réduire les angoisses inutiles, par la mise-en-place et l’observation de précautions d’hygiène universelles.

  • L’assurance du meilleur accès possible aux médicaments disponibles.

Je fais donc un appel à nous tous, pour remplacer la honte par la solidarité et la peur par l’espoir: ce sont les seuls moyens pour avancer ensemble et marquer des points dans notre combat commun contre le Sida."

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