Le Premier ministre Jean-Claude Juncker et le ministre du Trésor et du Budget Luc Frieden présentent le projet de budget 2003 à la Chambre des députés

Suite à la présentation du projet de budget 2003 à la Chambre des députés par le rapporteur de la Commission du Budget et des Finances Emile Calmes (DP), le 4 décembre 2002, le Premier ministre Jean-Claude Juncker et le ministre du Trésor et du Budget Luc Frieden ont donné des explications supplémentaires devant l’assemblée plénière du parlement, le 5 décembre 2002.

Le Premier ministre a d’abord dressé le bilan de l’évolution conjoncturelle des années 2001 et 2002 pour laquelle les prévisions internationales et nationales se sont révélées nettement plus optimistes que la réalité. La relance de la conjoncture européenne annoncée pour le deuxième semestre 2002 n’a pas eu lieu, les bourses n’ont jamais réussi à se redresser de manière significative au cours de l’année 2002 et la plus grande économie européenne, l’Allemagne, traverse actuellement des difficultés considérables avec toutes les conséquences que ce ralentissement puisse avoir pour l’évolution conjoncturelle en Europe en général.

Tous ces éléments réunis font que le Luxembourg n’a pas pu échapper à un ralentissement de sa croissance économique, notamment au niveau du secteur financier. Cela implique des diminutions considérables au niveau des recettes provenant des taxes dépendantes de la conjoncture, tels la taxe d’abonnement et le droit d’enregistrement, de la TVA et enfin de l’impôt sur le revenu.

Or, pour le projet de budget 2003, le Luxembourg peut avoir recours aux effets amortisseurs au niveau des dépenses que lui procurent les réserves budgétaires et les réserves des fonds spéciaux d’investissement, prudemment constituées au fil des années fastes, surtout en 1999 et 2000, et en dépit de critiques de toutes parts.

"La maison ne brûle pas", a dit le Premier ministre, "et comme il n’y a pas le feu, nous pouvons nous permettre de garder la tête froide".

La situation actuelle confirme également que les réformes fiscales de 2001 et 2002 au niveau des personnes physiques et de 2002 au niveau des entreprises ont été salutaires. La demande intérieure a connu une stabilité considérable en dépit du ralentissement de la croissance économique.

Même si la situation est loin d’être dramatique, le gouvernement respectera une discipline stricte au niveau des dépenses courantes de l’Etat comme c’est d’ailleurs le cas depuis plus d’une décennie, les dépenses de personnel ayant été réduites de 24% du budget en 1990 à 19% en 2003.

Le contraire est vrai pour les dépenses d’investissement que le gouvernement entend faire évoluer de manière significative afin de donner une réponse conjoncturelle adéquate à la situation conjoncturelle actuelle. La hausse des dépenses d’investissement en 2003 est de 31% par rapport au budget 2002.

La maîtrise des dépenses ne se fera pas non au dépens du volet social, a confirmé Jean-Claude Juncker. Le gouvernement augmentera comme prévu le salaire social minimum de 3,5% au 1er janvier 2003, tout comme les pensions et rentes et le revenu minimum garanti. L’indexation automatique des salaires ne sera pas remis en question non plus.

Le chef du gouvernement a en outre lancé un appel aux députés de réfléchir une nouvelle fois si les décisions prises par la table ronde pensions étaient justes et viables. L’hypothèse de base que la croissance économique moyenne devrait être de 4% jusqu’en 2050 afin de garantir le système actuel de rentes et pensions n’étant plus garantie, il ne serait que sage de commencer une telle réflexion.

Pour ce qui est de l’évolution future de l’économie luxembourgeoise, le Premier ministre a annoncé une poursuite, voire une intensification, des efforts de diversification des activités économiques tant au niveau du développement d’activités existantes qu’au niveau de l’implantation de nouvelles activités, tel le commerce électronique.

"Le Luxembourg", a dit le Premier ministre, "ne s’est jamais caché quand il s’agissait de relever des défis. Aujourd’hui nous sommes confrontés à un tel défi et avec le bon sens qui caractérise les Luxembourgeois, je suis confiant que nous saurons relever ce nouvel défi".

Pour le ministre du Trésor et du Budget Luc Frieden, le budget 2003 s’inscrit dans la logique de la tradition budgétaire luxembourgeoise. Cette tradition repose sur trois piliers: des finances publiques saines, l’encouragement de la croissance et de l’emploi ainsi que la solidarité et le service public.

Le ministre Luc Frieden a rappelé aux députés que les orientations budgétaires du gouvernement ne connaîtront pas de modifications immédiates mais s’inscrivent dans la programmation budgétaire pluriannuelle du gouvernement. Dès lors, les priorités de la politique gouvernementale ne souffriront aucun changement en 2003, même si le gouvernement estime qu’un contrôle minutieux des dépenses courantes en 2003 s’impose.

En guise de conclusion, Luc Frieden a qualifié le projet de budget 2003, d’un budget de "l’optimisme prudent". De l’optimisme parce que les prévisions conjoncturelles prédisent une relance économique pour le deuxième semestre 2003 et de la prudence afin de prévenir des dérapages difficilement réparables à l’avenir.

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