Etude STATEC - CEPS: Les dépenses des salariés frontaliers au Luxembourg

Le 19 décembre 2002, le STATEC et le CEPS/Instead ont présenté les résultats de l’enquête sur "Les dépenses des salariés transfrontaliers au Luxembourg" lors d’une conférence de presse. Robert Weides, directeur du STATEC, et Pierre Hausmann, directeur du CEPS/Instead, accompagnés par leurs équipes, ont conjointement présenté leurs conclusions. En l’occurrence, les deux instituts ont parfaitement collaboré pour mener à bien ce projet commun.

Robert Weides a tout d’abord expliqué les origines de cette enquête. L’initiative repose sur des besoins macroéconomiques, notamment la nécessité de mieux définir certains agrégats comme la consommation des non résidents au Luxembourg, a-t-il déclaré. "Ce flux de consommation est vraiment important pour notre économie, car il représente un grand facteur de production", a ajouté le directeur du STATEC. Les salariés transfrontaliers, responsables d’une part croissante du développement de l’économie luxembourgeoise, ont justement poussé le STATEC et le CEPS/Instead à essayer de cerner certains aspects de cette population et bien sûr l’impact socio-économique qui en résulte.

Pierre Hausmann a enchaîné avec quelques détails concernant l’enquête elle-même. Elle a été réalisée en juin 2002 auprès de 12 000 personnes, qui ont été sélectionnées par l’Inspection Générale de la Sécurité Sociale (IGSS) sur base de critères scientifiques. "4.547 questionnaires nous ont été renvoyés, ce qui correspond à un taux de participation de 38 %, taux assez exceptionnel car deux fois plus élevé que pour des enquêtes normales", a déclaré le directeur du CEPS/Instead. Cette enquête était facultative et a remporté un grand succès d’après lui grâce à la participation des frontaliers, auxquels de nombreux remerciements ont été attribués.

Par la suite, Guy Schuller, responsable des statistiques des relations économiques extérieures au STATEC, a commenté certains résultats importants concernant la population échantillon. "Les frontaliers n’étaient que 18.000 en 1985 et représentent plus de 105.000 personnes de nos jours (38% de l’emploi salarié luxembourgeois). Du côté des nouveaux emplois créés depuis 1995 et jusqu’en 2001, soit 64 000, 68% ont été attribués à des frontaliers", a déclaré Guy Schuller. Il a également analysé la provenance des différents frontaliers avec les résultats suivants: 53% sont Français, 27% sont Belges et 20% sont Allemands. "La dépense totale des frontaliers au Luxembourg équivaut à 786 millions d’euros par an, ce qui fait 35 euros par jour et par frontalier. Lorsqu’on regarde la rémunération brute des frontaliers par an (3,6 milliards d’euros), la dépense totale sur le territoire luxembourgeois représente environ 1/5 de ce montant, ce qui n’est pas négligeable", a-t-il ajouté. L’étude fait ressortir que 7% de la consommation privée totale au Luxembourg provient des frontaliers.

Pour l’enquête, 18 types de produits ont été sélectionnés, mais trois grandes catégories ont été gardées. La première catégorie est composée des produits d’accises (carburant, alcool, tabac) et représente 30% de la dépense totale des frontaliers. La deuxième catégorie, les achats de véhicule, représente quant à elle 13% des dépenses. La dernière comprend les autres produits (biens de consommation durable et biens de consommation courante) et correspond à 57%. "Le carburant et les dépenses courantes (restaurant et courses) se sont surtout distinguées par rapport aux autres produits", a-t-il conclu.

Finalement Mireille Zanardelli, chercheur au CEPS/Instead, a procédé à une approche micro (individuelle) de l’enquête pour en faire ressortir les effets de comportement et de structure. Les dépenses totales moyennes par nationalité ainsi que les dépenses moyennes par catégories et nationalité ont pu être commentées et comparées. Pour conclure et expliquer les comportements des frontaliers, les caractéristiques classiques comme le niveau de revenu, le sexe, l’âge ou la situation familiale n’expliquent que très peu ces comportements, a-t-elle ajouté. "Des variables plus "originales" comme par exemple le nombre de kilomètres qui séparent le domicile du lieu de travail, le fait de faire le trajet domicile-travail en voiture, ou bien le fait que le ménage soit composé d’un ou de deux frontaliers, ont permis de mieux expliquer certains comportements", a conclu Mireille Zanardelli.

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