Présentation du rapport 2004 de l'UNFPA sur l'état de la population dans le monde

Le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Jean-Louis Schiltz, a présenté le 15 septembre 2004 conjointement avec Alain Sibenaler, chargé de la mobilisation des ressources au siège du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), le rapport 2004 sur l’état de la population dans le monde.

Le Grand-Duché de Luxembourg apporte un soutien important à l’UNFPA, notamment à travers la réalisation d’un certain nombre de projets. Il fait aussi partie du comité d’administration et compte parmi les principaux contributeurs financiers (2-2,5 millions d’euros par an).

Le rapport de cette année, intitulé Le consensus du Caire, dix ans après: la population, la santé en matière de reproduction et l’effort mondial pour éliminer la pauvreté, passe en revue les succès obtenus et les obstacles rencontrés par les pays dans l’application du programme d’action adopté à la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) tenue au Caire en 1994.

Jean_Louis Schiltz et Alain Sibenaler

Les progrès réalisés

Comme le montre le rapport, les pays ont fait des progrès réels dans l’exécution du plan d’action mondial adopté à la Conférence internationale sur la pauvreté et le développement (CIPD) en 1994.

De nombreux pays ont, en effet, intégré les problèmes de population dans leurs stratégies de développement et de réduction de la pauvreté. Beaucoup ont promulgué des lois et adopté des politiques de nature à protéger les droits des femmes et des jeunes filles. De nombreux pays ont par ailleurs commencé à intégrer les services de santé en matière de reproduction dans les soins de santé primaires, à améliorer les installations et la formation ainsi qu'à élargir l’accès à ces services.

Une large majorité de pays signataires ont amplifié les efforts de lutte contre le VIH/sida par la prévention, le traitement, les soins et le soutien aux malades.

D’une manière plus générale, la Conférence du Caire a permis d’intégrer dans le débat public certains sujets délicats relatifs à l’élimination de la pauvreté, à l’affranchissement de la femme ou à la santé en matière de reproduction.

Les défis à relever

Malgré ces succès prometteurs, le rapport 2004 sur l’état de la population dans le monde n’est pas sans rappeler les nombreux problèmes et défis qui subsistent et auxquels il s’agit de faire face dans les prochaines années.

  • Population et pauvreté

    La lutte contre la pauvreté était l’une des priorités de la Conférence internationale sur la population et le développement. Aujourd’hui encore, dix ans après, quelque 2,8 milliards de personnes – deux sur cinq – luttent pour survivre avec moins de deux dollars par jour. La pauvreté se perpétue et elle est exacerbée par la mauvaise santé, l’inégalité entre les sexes et une croissance démographique rapide.

  • Protection de l’environnement

    Les schémas de consommation et de production non viables à long terme, auxquels s’ajoute la croissance démographique rapide, prélèvent leur tribut sur l’environnement. Plus de personnes utilisent davantage de ressources avec plus d’intensité et laissent sur la planète une "empreinte" plus grande que jamais auparavant. Les populations pauvres en croissance rapide n’ont souvent pas d’autre choix que celui d’exploiter leur environnement local pour satisfaire à leurs besoins de subsistance en alimentation et en combustibles.

  • Prévention du VIH/sida

    Un des défis majeurs de notre société demeure le combat contre le fléau du sida.  En l’espace d’un peu plus de deux décennies, la pandémie du VIH/sida a coûté 20 millions de vies humaines et infecté 38 millions de personnes, et de plus en plus de femmes et de jeunes en sont les victimes.

    Le rapport souligne que pour endiguer l’avance du virus du sida, il est indispensable que les pays appliquent avec conséquence des stratégies de prévention du VIH. L’information et les services de santé en matière de reproduction et de sexualité offrent un point d’accès essentiel à la prévention en:

    · dispensant une éducation relative aux risques afin d’influer sur le comportement sexuel;
    · permettant de déceler et gérer les infections sexuellement transmissibles;
    · encourageant l’utilisation correcte et régulière des préservatifs masculins et féminins;
    · aidant à prévenir la transmission mère-enfant.

    Selon l’UNFPA, le fait de mettre en relation les activités de prévention et les services de dépistages du VIH et d’accompagnement psychologique avec les services existants de santé en matière de reproduction permet d’atteindre un plus grand nombre de personnes, de réduire l’opprobre lié au VIH et d’économiser des fonds.

  • Santé en matière de reproduction et planification familiale

    Les lacunes des soins de santé en matière de reproduction et de sexualité sont responsables d’un cinquième de la morbidité et de la mortalité chez les femmes en âge de procréer.

    D’après le rapport de l’UNFPA, quelque 201 millions de femmes, surtout dans les pays les plus pauvres, ont encore un besoin non satisfait en matière de contraception efficace; satisfaire ce besoin coûterait environ 3,9 milliards de dollars par an. Ceci permettrait de prévenir 23 millions de naissances non planifiées, 22 millions d’avortements provoqués, 142.000 décès liés à la grossesse (dont 53.000 résultant d’avortements pratiqués dans des conditions dangereuses) et 1,4 millions de décès infantiles.

    D’importants progrès ont été effectués pour atteindre l’objectif de l’accès universel aux services de santé en matière de reproduction d’ici 2015. Cependant, le soutien des donateurs à l’approvisionnement en produits relatifs à la santé en matière de reproduction a baissé au cours des dix dernières années, d’où un écart croissant entre les besoins et les fournitures.

  • Santé maternelle

    À ce jour, les complications obstétricales demeurent la cause majeure de décès pour les femmes en âge de procréer dans les pays en développement. En Afrique occidentale, une femme sur 12 risque de mourir durant la grossesse ou l’accouchement, contre une sur 4.000 dans les régions développées.

    Pour réduire le nombre de décès, le rapport de l’UNFPA rappelle la nécessité d’élargir l’accès à une assistance qualifiée lors de l’accouchement, de délivrer des soins obstétricaux d’urgence aux femmes qui souffrent de complications lors de la grossesse, et de mettre en place des systèmes d’aiguillage et de transport pour qu’elles puissent recevoir rapidement les soins nécessaires.

Les mesures prioritaires

En conclusion, le rapport de l’état de la population mondiale 2004 annonce les mesures prioritaires pour les 10 prochaines années:

  • mieux intégrer les problèmes de population à la planification familiale;

  • élargir les programmes de manière à satisfaire les besoins des groupes de population les plus pauvres;

  • renforcer la planification urbaine de manière à fournir des services dans les communautés marginales;

  • investir dans le développement rural;

  • réformer les lois et politiques pour mettre fin à la discrimination contre les femmes;

  • faire de la participation de la société civile un aspect habituel des pratiques institutionnelles;

  • renforcer sensiblement la prestation de services complets dans le domaine de la planification familiale et de la santé en matière de reproduction;

  • amplifier et encourager les interventions dans le domaine de la maternité sans risques;

  • relier de manière plus efficace les interventions visant le VIH/sida aux autres composants de la santé en matière de reproduction;

  • développer les efforts pour atteindre tous les adolescents qui ont besoin d’information et de services, notamment les adolescents mariés ou non scolarisés.

Lors de la conférence de presse, Alain Sibenaler a finalement rappelé qu’un des plus grands obstacles auquel doit faire face l’UNFPA est le financement des différents projets. Le rapport constate qu'en 2002, les pays industrialisés n’ont tenu que la moitié de leur engagement. À la Conférence du Caire en 1994, les efforts financiers à fournir par les pays avaient été exactement chiffrés: un budget de 18 milliards de dollars par an y avait été prévu, dont un tiers en provenance des pays industrialisés.

Dix ans après la Conférence internationale sur la population et le développement, le rapport sur l'état de la population mondiale 2004 montre l'importance de mener à terme l'agenda du Caire qui s'achèvera en 2015. La réussite de l'application du programme d'action est indispensable à la réalisation des objectifs de l'UNFPA et constitue une étape importante vers un meilleur avenir pour tous.

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