Sondage postréférendum au Luxembourg: la poursuite de la construction européenne a motivé le "oui"

Le "oui" au référendum sur la Constitution européenne au Luxembourg, qui s’est déroulé le 10 juillet 2005, a trouvé sa principale motivation dans le caractère primordial de la poursuite de la construction européenne, mais aussi dans l’un des éléments fondamentaux du rêve européen, à savoir la paix en Europe. C’étaient les arguments primordiaux pour respectivement 39% et 28% des citoyens.

Le "non" a été alimenté surtout par des craintes concernant l’évolution sociale: les conséquences négatives sur la situation de l’emploi, le risque de délocalisation des entreprises luxembourgeoises, la perte d’emplois, l’impact de la directive sur la libre circulation des services (37%), mais aussi une détérioration de la situation économique au Luxembourg et la hausse du chômage (23%) ainsi que le déficit de l’UE en matière sociale (22%).

Telles sont les principales conclusions du sondage Eurobaromètre que la Commission européenne a mené au Luxembourg pendant la semaine du 11 au 18 juillet suivant le référendum et qui a été publié le 3 août 2005.

La place du Luxembourg au sein de l’UE et les références à la Constitution comme cadre juridique et réglementaire ont été des arguments supplémentaires pour justifier le "oui". Dans l’enquête, les sondés ont cité entre autres:

  • le renforcement du rôle de Luxembourg au sein de l’UE (23%),
  • les effets bénéfiques de la Constitution sur les générations futures (18%),
  • le renforcement de la situation économique et sociale au Luxembourg (16%),
  • les premiers pas vers une Europe sociale (16%),
  • l’attitude favorable à la construction européenne (15%),
  • le renforcement de l’identité européenne (14%),
  • l’amélioration du fonctionnement des institutions européennes (14%),
  • le renforcement de la démocratie en Europe (11%),
  • une meilleure gestion de l’intégration des nouveaux États membres dans l’UE (11%).

Au-delà des considérations sociales, les partisans du "non" ont cité, par ordre décroissant, entre autres les arguments suivants:

  • le projet va trop loin/trop vite (20%),
  • la candidature de la Turquie (17%),
  • la complexité du texte (17%),
  • le manque d’information (17%),
  • le rejet d’un nouvel élargissement (13%),
  • le caractère trop libéral de la Constitution sur le plan économique (11%),
  • l’excès de technocratie et de réglementation (10%).

À la question de savoir quel était l’élément clé pour déterminer le vote, globalement, la majorité des partisans du "oui" (49%), tout comme en France et aux Pays-Bas, a mis en avant l’aspect européen, alors que les tenants du "non" ont relativement plus privilégié leur opinion sur la Constitution (35%) et sur la situation économique et sociale du pays (30%). Les Luxembourgeois opposés à la Constitution l’ont rejetée en tant que telle dans une proportion plus importante (35%) que les défenseurs du "non" en France (20%) et aux Pays-Bas (21%).

La démission potentielle du Premier ministre n’a joué aucun rôle significatif d’après l’aveu des sondés. Parmi les "oui", 9% ont déclaré qu’ils ne voulaient pas que le Premier ministre démissionne. Dans le camp adverse, 5% ont déclaré avoir voulu sa démission.

En termes de proximité partisane, le "oui" a été soutenu principalement par les sympathisants de deux partis, à savoir du Parti chrétien-social (79%) et du Parti démocratique (55%). Si les sympathisants du Parti ouvrier socialiste luxembourgeois étaient divisés au sujet de la Constitution, le "non" s’est imposé au sein de l’Aktiounskomitee fir Demokratie a Rentegerechtegkeet (77%) et parmi les adhérents de Déi Lenk (86%); mais le "non" a rencontré également une adhésion non négligeable parmi les sympathisants du Parti démocratique (42%), de Déi Greng (49%) et du Parti ouvrier socialiste luxembourgeois (49%) déjà cité.

L’analyse par groupes socioprofessionnels révèle des résultats contrastés: si le "oui" s’est imposé parmi les indépendants (69%), les personnes sans activité professionnelle (63%) et les employés (51%), les partisans du "non" se sont recrutés principalement parmi les ouvriers (67%); l’opposition au traité a été le choix d’une proportion importante d’employés (46%).

L’analyse sociodémographique montre que les votants des deux camps ont un profil bien défini. Ainsi, le "oui" a prédominé de façon plus claire parmi les femmes (60%), à partir de la tranche d’âge 40-54 (52%) et plus spécialement parmi les personnes dépassant 55 ans (72%), tandis que la grande majorité des plus jeunes (18-24 ans; 62%) a pris parti pour le "non".

Les votes en faveur du "oui" ont augmenté avec le niveau d’éducation, atteignant 60% parmi ceux qui ont étudié au-delà de 21 ans.

Une large majorité des répondants, à savoir 62%, c’est-à-dire un taux supérieur au résultat obtenu par le "oui", s’est déclarée satisfaite de la victoire du "oui". Le taux de satisfaction est naturellement très élevé (94%) parmi les partisans du "oui"; 21% des citoyens qui ont exprimé leur opposition à la Constitution se sont dits satisfaits de la victoire du "oui".

Le peuple luxembourgeois ne semble pas remettre en cause ni l’appartenance du pays à l’UE, ni la légitimité des instances européennes. En effet, plus de neuf répondants sur dix ont estimé que l’appartenance du Luxembourg à l’Union européenne est une bonne chose. Cet avantage a été reconnu non seulement par l’ensemble des partisans du "oui", mais également, dans une large mesure, par les partisans du "non" (80%). L’unanimité (97%) a régné parmi les sympathisants du PCS; avec 35%, le mécontentement a été le plus élevé parmi les sympathisants de l’ADR.

En outre, presque deux tiers des répondants ont déclaré que la Constitution européenne est indispensable à la poursuite de la construction européenne, avec un taux de 87% parmi les "oui" et de 36% parmi les "non".

En revanche, les Luxembourgeois s’avèrent nettement plus divisés à l’égard des institutions européennes: si elles évoquent une bonne image pour 49% des personnes interviewées, une proportion similaire en a une image négative (45%). Le contexte du référendum et la campagne pour le "non" ont probablement influencé la perception de l’image des institutions européennes mesurée lors de cette enquête postréférendum. Même si les indicateurs avaient diminué par rapport aux sondages précédents, le Luxembourg figurait, lors de l’Eurobaromètre du printemps 2005, parmi les États les plus positifs, avec une image positive de l’UE de 58%, une confiance dans l’UE de 54% et un taux de confiance envers le Parlement européen et la Commission européenne de respectivement 67% et 61%.

Des doutes subsistent sur le maintien de l’Europe sociale: 44% des répondants estiment que l’issue positive du référendum est une garantie pour le maintien de l’Europe sociale, 48% sont d’un avis opposé.

Deux tiers des citoyens considèrent que la victoire du "oui" va garantir les intérêts du Luxembourg dans l’UE, un peu plus de la moitié (52%) estime qu’elle constitue un bon signe pour le rôle du Luxembourg au sein de l’Union. 62% sont convaincus que le résultat permettra de renforcer le camp du "oui" dans les autres pays qui doivent encore ratifier la Constitution.

(source: Représentation de la Commission européenne au Luxembourg)

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