ENDA Santé Sénégal et la Croix-Rouge luxembourgeoise récompensés par le 1er "Red Ribbon Award"

Lors du XVIe Congrès mondial sur le sida, qui s’est tenu du 13 au 18 août 2006 à Toronto au Canada, Onusida et le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) ont décerné les "Red Ribbon Awards" aux 25 meilleurs projets de lutte contre le sida.

Parmi les lauréats figurait le projet réalisé par ENDA Santé en collaboration avec la Croix-Rouge luxembourgeoise et avec le soutien de la Coopération luxembourgeoise.

Dans ce contexte, le ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, Jean-Louis Schiltz, a donné le 29 août 2006 une conférence de presse au cours de laquelle le programme lauréat a été présenté par Daouda Diouf, coordinateur de l’ONG sénégalaise ENDA Santé, et par Henri Goedertz de la Croix-Rouge luxembourgeoise.

En guise d’introduction, Jean-Louis Schiltz a commencé par faire un état des lieux de la lutte contre le VIH/sida, qui est encore loin d’être gagnée:

En 2005, le nombre de personnes vivant avec le VIH a probablement franchi le cap des 40 millions. L’Afrique sub-saharienne reste la région la plus touchée et compte pour quelque 64% des nouvelles infections.

Il est reconnu que les efforts de la lutte contre le VIH/sida doivent se concentrer sur la prévention de la propagation du virus d’une part et l’accès à un traitement de qualité et abordable pour tous d’autre part, en évitant toutefois l’écueil de la médicalisation à outrance.

Comme l’a fait remarquer Jean-Louis Schiltz, l’autre grand défi est celui de l’harmonisation et de la coordination. Des initiatives comme celle d’Onusida sur les "3 Ones" ont commencé à porter leurs fruits.

Le ministre a ensuite rappelé que le pourcentage de l’aide au développement luxembourgeoise allouée à la lutte contre le VIH/sida n’a cessé d’augmenter depuis, allant surtout à Onusida, au Fonds global, à l’OMS et au projet ESTHER au Rwanda.

Le ministre a également tenu à rendre hommage aux médecins et aux volontaires luxembourgeois qui se rendent dans les pays en développement. Ils témoignent ainsi de la volonté, également exprimée au niveau de l’Union européenne, de s’opposer à la fuite des cerveaux et de la remplacer par une politique de transfert, voire de circulation des compétences. En restant dans cette logique de transfert des connaissances, le ministre a lancé un appel pour encourager les étudiants luxembourgeois à effectuer des stages dans les pays en développement.

Enfin, en signalant que dans le domaine du sida les bonnes nouvelles étaient assez rares pour être dûment célébrées, Jean-Louis Schiltz a félicité les représentants de l’ONG ENDA Santé et de la Croix-Rouge luxembourgeoise pour la récompense décernée à Toronto à leur projet conjoint, qu’il leur a laissé le soin de présenter en détail.

Daouda Diouf, coordinateur de l’ONG sénégalaise ENDA Santé, a tout d’abord fourni quelques explications sur la conférence de Toronto et sur le premier "Red Ribbon Award". Cette récompense, initiative conjointe des programmes Communauté et Leadership du Congrès international sur le sida et organisé par le PNUD en partenariat avec Onusida, doit permettre de faire connaître et de répliquer les meilleures expériences et est appelée à devenir un véhicule d’accès à la parole pour les communautés des pays en développement.

Parmi les 517 candidatures déposées, 25 finalistes ont été retenus par le Comité de révision technique, dont le projet d’ENDA Santé en collaboration avec la Croix-Rouge luxembourgeoise, qui concourait dans la catégorie "Combattre toutes formes de stigmatisation et de discrimination liées au VIH/sida au sein de la Communauté".

Comme l’a expliqué Daouda Diouf, le projet n’a cessé d’évoluer pour répondre davantage aux besoins des groupes cibles, les bénéficiaires du projet étant en majorité les travailleuses du sexe clandestines, les homosexuels, ainsi que leurs proches et les jeunes. Le projet vise ainsi une meilleure prise en charge médicale et un accompagnement psychosocial et économique des prostituées clandestines des banlieues populaires de Dakar, de Mbour et de Ziguinchor, une réduction des risques de propagation du VIH et un renforcement des associations et des réseaux d’organisations communautaires pour amplifier l’impact de la prévention du VIH, pour réduire la vulnérabilité des femmes et créer un environnement moins stigmatisant pour les personnes infectées ou affectées.

Se basant sur les bons résultats du projet, ENDA Santé a souhaité les répliquer dans d’autres pays, notamment en Mauritanie et au Tchad. L’ONG accueille chaque année plusieurs étudiants et stagiaires de l’hémisphère nord, dont des Luxembourgeois, soucieux de profiter de l’expérience et du savoir-faire des 27 collaborateurs du projet.

Henri Goedertz de la Croix-Rouge luxembourgeoise a lui aussi accentué l’importance de l’échange de bonnes pratiques. Ainsi, il a cité l’exemple de la cartographie mise au point au Sénégal pour localiser les personnes qui pourraient bénéficier du projet, à savoir les prostituées clandestines, par le biais d’enquêtes réalisées auprès des médecins, clients, souteneurs etc., une méthodologie qui pourrait également trouver une application au Luxembourg.

Ceci démontre que la coopération n’est pas à sens unique, mais qu’elle s’effectue aussi bien dans le sens Nord Sud que Sud Nord.

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