Visite de S.A.R. la Grande-Duchesse et des ministres Luc Frieden et Jean-Louis Schiltz au Sénégal

En amont de la Semaine de la microfinance et dans le cadre des activités de microfinance du gouvernement luxembourgeois, S.A.R. la Grande-Duchesse, le ministre du Trésor et du Budget, Luc Frieden, et le ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, Jean-Louis Schiltz, ont effectué une visite de travail au Sénégal du 3 au 6 novembre 2008.

Lancement du programme de promotion des secteurs financiers inclusifs en zone UEMOA

Le 4 novembre, la délégation luxembourgeoise a assisté au lancement du programme de promotion des secteurs financiers inclusifs en zone UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), qui a eu lieu à la BCEAO (Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest).

Au nom des huit pays de l’UEMOA, le gouverneur de la BCEAO, Philippe-Henri Dacoury-Tabley, a remercié le gouvernement luxembourgeois pour son soutien et son engagement sans faille dans le domaine de la microfinance. Il a précisé que l’accès au financement constituait un vrai remède contre la pauvreté et l’exclusion sociale et que les résultats obtenus dans ce domaine en zone UEMOA étaient remarquables.

L’objectif du programme de promotion vise à conforter le secteur de la microfinance en zone UEMOA, qui a connu une forte expansion entre 1993 - date d’adoption du cadre juridique - et 2006. Le nouveau cadre réglementaire adaptera et renforcera, d’une part, la supervision de la microfinance en zone UEMOA et, d’autre part, les systèmes d’information de gestion, permettant ainsi un accès large et sécurisé aux services financiers.

Dans son discours, le ministre Luc Frieden a souligné que le Grand-Duché de Luxembourg continuerait, même en ce moment difficile de crise financière, à croire profondément au secteur de la microfinance et à la coopération régionale qui sont à la base d’une certaine stabilité économique, politique et sociale.

Grâce au soutien de S.A.R. la Grande-Duchesse, le Luxembourg, centre d’excellence dans le domaine de la microfinance, souhaite partager le savoir-faire de sa place financière avec ses partenaires, a indiqué le ministre luxembourgeois. Luc Frieden a ajouté qu’une nouvelle étape s’annonçait dans ce domaine, étant donné que le secteur bancaire s’intéresse de plus en plus à la microfinance et ceci sous forme d’un vrai partenariat entre le secteur privé et le secteur public.

Dans ce contexte, le ministre du Trésor et du Budget a en outre souligné que le Luxembourg domiciliait la majorité des fonds d’investissement en microfinance et disposait depuis 2006 d’une propre agence qui certifie ces fonds en leur octroyant un label de qualité.

À l’issue de cette cérémonie, la délégation luxembourgeoise a rencontré des bénéficiaires de projets de microfinance en milieu urbain et rural:

Réseau des caisses d’épargne et de crédit des femmes de Dakar (RECEC)

Le Réseau des caisses d’épargne et de crédit des femmes de Dakar (RECEC) permet un accès aux services de microfinance pour les plus vulnérables.

Fondée en 1987, la première Caisse d’épargne et de crédit des femmes voit le jour dans le quartier de Grand Yoff, avec l’appui de l’organisation non gouvernementale ENDA-GRAF. Son but est de faciliter l’insertion économique des femmes. Progressivement, d’autres quartiers se dotent à leur tour de telles caisses destinées aux femmes. En 2002, le RECEC a été mis en place vu que l’augmentation du nombre de caisses rendait nécessaire la création d’une instance de coordination. En juin 2003, le réseau comptait 28.000 membres, principalement féminins.

Partenariat pour la mobilisation de l’épargne et du crédit au Sénégal (Pamecas)

Le réseau Pamecas (Partenariat pour la mobilisation de l’épargne et du crédit auSénégal) est engagé dans la diversification de l’offre de produits financiers en partenariat avec l’ONG luxembourgeoise Appui au développement autonome (ADA).

Le RECEC a développé un produit de microassurance. Ce produit, le régime de prévoyance crédit, consiste à offrir un produit de prévoyance sur le risque de décès des emprunteurs des institutions de microfinance en offrant une double protection: extinction de la dette en cas de décès de l’emprunteur, forfait de 100.000 CFA à la famille à titre de soutien.

MicroCred

Créée le 3 janvier 2007, MicroCred Sénégal a initié ses opérations au cours du dernier trimestre 2007. Sa mission est d’offrir des services financiers adaptés aux besoins des petites et moyennes entreprises sénégalaises exclues du système bancaire traditionnel. Grâce à une approche adaptée à chacun, MicroCred Sénégal aide les commerçants, les artisans et les prestataires de services à développer leur entreprise en finançant leurs activités génératrices de revenus. L’idée est de contribuer ainsi au développement économique local.

Dans ce cadre, la délégation luxembourgeoise a visité le restaurant de Mme Maïmouna Kébé, bénéficiaire de MicroCred Sénégal et propriétaire d’un restaurant à bon marché.

Audience privée auprès du Président du Sénégal

Dans la soirée du 4 novembre, S.A.R. la Grande-Duchesse a été reçue en audience privée par Abdoulaye Wade, Président de la République du Sénégal, en présence de Viviane Wade, première dame, au palais de la République.

Université Cheikh Anta Diop

Le 5 novembre, la délégation luxembourgeoise a été reçue à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, où le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Jean-Louis Schiltz, a prononcé un discours sur les relations entre les pays du Sud et les pays du Nord.

Le discours visionnaire de Jean-Louis Schiltz, "Faut-il repenser les relations Nord-Sud?", était axé sur quatre messages clés. Premièrement, l'aide au développement ne doit pas être marginalisée dans les budgets des pays du Nord, a insisté le ministre. L'UE, leader mondial de la coopération avec quatre pays membres à consacrer plus de 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement - dont le Luxembourg -, prendra ses responsabilités en matière de solidarité internationale, a signalé le ministre. La coopération, a-t-il tenu à préciser, n'est en effet pas un acte de charité institutionnelle, mais un acte politique primordial qui doit se refléter dans les budgets nationaux.

Jean-Louis Schiltz a en outre plaidé pour un redoublement des efforts du Nord face à la crise de la pauvreté, qui est une crise permanente, car le fait de relâcher les efforts nous coûtera cher d’ici 15 à 20 ans, et ce non seulement en termes de ressources financières, mais également en termes de ressources humaines. Ce n'est qu'en partenariat avec les compétences des pays du Sud que la communauté internationale peut faire face à ce défi substantiel, a dit le ministre.

Le deuxième message clé a été celui du développement du commerce international. Selon le ministre Schiltz, le grand défi sera celui d'y associer les pays du Sud. Concernant le secteur de l'agriculture, Jean-Louis Schiltz a estimé qu'un investissement ainsi qu'une réorganisation étaient indispensables pour faire face à la crise alimentaire, et ce aussi bien dans les pays du Sud que dans les pays du Nord. L'élimination des subventions à l'exportation doit enfin être appliquée et le principe de la souveraineté alimentaire reconnu au niveau international, a-t-il souligné.

La gouvernance a été le troisième thème abordé par le ministre luxembourgeois. Les modèles de la bonne gouvernance ne peuvent pas être exportés un à un vers le Sud, bien au contraire, les traditions et la diversité culturelle sont autant de critères à prendre en considération dans les dialogues politiques Nord-Sud, a-t-il précisé.

En dernier lieu, le ministre a lancé un nouvel élément dans cette discussion Nord-Sud, à savoir celui de l'environnement et du changement climatique. La nécessité de préserver notre planète est un sujet qui ne devrait plus être absent des réflexions sur les relations Nord-Sud, a conclu le ministre devant un public composé d'autorités sénégalaises, de professeurs et d'étudiants.

"Casa des tout-petits"

Sur invitation personnelle du président de la République sénégalaise, S.A.R. la Grande-Duchesse, en présence d’Awa Ndaye, ministre sénégalaise chargée de la microfinance, a visité dans la matinée du 5 novembre "la casa des tout-petits". Cette structure de prise en charge des enfants de 0 à 6 ans constitue une initiative du président étant donné que la prise en charge de la petite enfance est devenue une priorité nationale depuis l'an 2000. Ce programme ambitieux permet d'assurer aux enfants issus de milieux défavorisés l'accès à des services de prise en charge et d'éducation.

Lycée de Thiès

La microfinance comme facteur d'insertion des jeunes a été au centre de la visite que la délégation a effectué au lycée d'enseignement technique et de Formation professionnelle de Thiès.

La coopération entre le Sénégal et le Luxembourg a fait depuis 2000 de l'éducation et de la formation ses priorités. Cette nouvelle orientation de la coopération a coïncidé avec la mise en œuvre d'une nouvelle politique sénégalaise pour le secteur de l'enseignement technique et de la formation professionnelle. L'objectif de la coopération luxembourgeoise est d’améliorer la formation professionnelle et technique des jeunes et de faciliter leur insertion dans le tissu économique local et sous-régional. Le lycée de Thiès est un bel exemple de coopération sous-régionale, a souligné Jean-Louis Schiltz lors de son allocution. Il a ajouté que le gouvernement luxembourgeois continuera à soutenir les différentes démarches du lycée. En effet, l'objectif du lycée est d'aller au-delà de la formation et d'utiliser la microfinance comme facteur d'insertion des jeunes diplômés par la création de micro-entreprises.

Au courant de l’après-midi du 5 novembre, la délégation luxembourgeoise a visité les champs de Mme Tiné Ndoye, productrice de légumes et fruits bio à Bayakh. Cette visite s’inscrivait dans le cadre du programme FAIR (Fonds d’appui aux initiatives rurales) de la Fédération des ONG sénégalaises (FONGS) qui est une réponse concrète et novatrice aux problèmes d’accès au financement rural au Sénégal. Il s’agit d’un fonds de refinancement des mutuelles à destination de crédits d’investissement à moyen terme dans des secteurs d’activités allant de l’élevage à l’agriculture en passant par la pêche.

Grâce à ce programme, qui est soutenu par SOS Faim, Mme Tiné Ndoye, qui cultivait auparavant moins d’un hectare, dispose aujourd’hui de trois hectares réparties sur différentes localités. Ainsi, elle a pu accroître sa production et par conséquent son chiffre d’affaires. Elle est devenue aujourd’hui une conseillère au sein de la communauté rurale et aide les femmes à progresser dans leur métier d’agricultrice et de prendre davantage part à la gestion de leur environnement.

Dernière mise à jour