Jean-Claude Juncker au Conseil européen à Bruxelles

Le Premier ministre Jean-Claude Juncker a participé au Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement, qui s'est tenu les 1er et 2 mars 2012 à Bruxelles.

Lors de sa réunion, le Conseil européen a réélu Herman Van Rompuy à sa présidence. Sur proposition du Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker, Herman Van Rompuy a en outre été nommé président des sommets de la zone euro.

Lors de sa conférence de presse à l'issue du Conseil européen, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a estimé que "ce fût un Conseil européen qui, de par le contenu et le contexte, était moins dramatique que ce que nous avons connu ces derniers deux ans". Néanmoins, "nous n'avons pas pu éviter d'aborder le sujet de la situation financière en Grèce", a-t-il ajouté. "J'ai fait hier un rapport au Conseil européen sur les travaux de l'Eurogroupe des dernières semaines, celui-ci s'est réuni 6 fois depuis le début de l'année, dont deux fois par conférence téléphonique."

Et d'expliquer: "Nous avons constaté hier, au sein de l'Eurogroupe, que la Grèce a rempli les conditions qui lui avaient été posées. Donc, nous avons donné un feu vert de principe au lancement du deuxième programme d'aide à la Grèce. La décision formelle et définitive dépendra toutefois des résultats de l'opération de la participation du secteur privé à la restructuration de la dette grecque. Ces résultats sont attendus pour le 9 mars. Aussi ai-je convoqué une conférence téléphonique de l'Eurogroupe pour cette date. J'ai bon espoir qu'un minimun de 66% des créanciers privés participeront à cette opération."

En ce qui concerne le Méchanisme européen de stabilité (MES), Jean-Claude Juncker a annoncé que "la décision a été prise que les fonds du MES seront versés en deux tranches au courant de l'année 2012, et non en cinq tranches comme cela avait été prévu précédemment."

Répondant à la question d'un journaliste au sujet de la capacité de feu du méchanisme de stabilité, le Premier ministre Juncker a expliqué que "l'Eurogroupe a reçu le mandat de se pencher sur une augmentation de la capacité de feu, il n'y aura donc pas de sommet de la zone euro à ce sujet. Une décision devra être prise au courant du mois de mars. Personnellement, je suis d'avis qu'il faudrait transférer les fonds restants du FESF vers le MES, pour arriver à un total d'à peu près 750 milliards d'euros. Une grande majorité d'États membres semblent pencher en faveur de cette solution, même si tous ne sont pas encore prêts à aller dans cette direction."

Politique économique

Pour ce qui est du volet économique du Conseil européen, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a estimé devant la presse que "nous avons procédé lors de ce Conseil européen à un rééquilibrage des politiques. Il faut toujours insister sur la consolidation des finances publiques, qui reste indispensable; toutefois, les sujets de la croissance et de l'emploi reviennent dans le focus de l'importance." "Je me félicite de ce que la tonalité de la discussion ait changé, en faveur de la croissance et de l'emploi, qui sont tout aussi importants que la consolidation budgétaire, même si celle-ci doit absolument être maintenue", a souligné le Premier ministre.

Jean-Claude Juncker a poursuivi en expliquant: "Nous avons insisté sur l'achèvement du marché intérieur, en particulier pour ce qui est du marché unique numérique. Le secteur du commerce électronique notamment peut constituer un fort potentiel de croissance pour le Luxembourg."

Dans le cadre du semestre européen, le Conseil européen a discuté de la mise en oeuvre de la stratégie économqiue de l'UE. Cette stratégie vise à la fois à poursuivre l'assainissement budgétaire et à prendre des mesures déterminées pour stimuler la croissance et l'emploi. Les mesures prises pour stabiliser la situation dans la zone euro sont en train de porter leurs fruits.

Les chefs d'État et de gouvernement ont rappelé que la stratégie Europe 2020 - et les cinq objectifs fixés pour 2020, à savoir l'emploi, l'innovation et la recherche et développement, le changement climatique et l'énergie, l'éducation, l'inclusion sociale et la réduction de la pauvreté - est la stratégie de croissance de l'Europe et sa réponse globale aux défis qu'elle doit relever. Toutefois, le Conseil européen a constaté que les efforts restent à ce jour insuffisants, et qu'il est urgent de se concerntrer sur la mise en oeuvre de réformes, avec une attention particulière sur les mesures ayant un effet à court terme sur la croissance.

En ce qui concerne les actions à l'échelle nationale, le Conseil européen a examiné les premières conclusions et les meilleures pratiques pour la mise en oeuvre des recommandations par pays pour 2011 et des engagement pris en application du pacte pour l'euro plus.

La Commission européenne a constaté que malgré des mesures importantes qui ont été prises par les États membres, les réformes dans certains domaines ont pris du retard et il y a des disparités dans la mise en oeuvre. De plus, la Commission a relevé certains problèmes et facteurs de risque qui pourraient résulter des déséquilibres macroéconomiques dans certains États membres.

Afin de retrouver des taux de croissance et d'emploi plus élevés, il est essentiel d'assainir les finances publiques. Le Conseil européen a précisé que tous les États membres devraient continuer à respecter les règles du Pacte de stabilité et de croissance. La politique fiscale peut contribuer à l'assainissement budgétaire et à la croissance. Par ailleurs, des mesures résolues sont nécessaires pour atteindre un taux d'emploi de 75% d'ici 2020.

Pour ce qui est des actions à l'échelle de l'Union européenne, le Conseil européen a, lors de ses réunions d'octobre et décembre 2011, fixé un cadre clair pour une série de propositions favorisant la croissance, notamment en ce qui concerne le marché unique, le marché unique numérique, la réduction de la charge réglementaire globale, et la levée des barrières commerciales. Il convient de poursuivre les travaux à tous les niveaux pour faire avancer cet ensemble de mesures.

Dans ce contexte, les chefs d'État et de gouvernement ont souligné qu'il est important de mener rapidement à bien la réforme de la réglementation du secteur financier, notamment en ce qui concerne les exigences de fonds propres des banques, et l'objectif d'un corpus réglementaire unique. Les modifications apportées au règlement sur les agences de notation de crédit devraient être adopées dès que possible. Tout en relevant l'importance de rétablir la confiance des investisseurs dans le secteur bancaire de l'UE et d'assurer le flux du crédit vers l'économie réelle, le Conseil européen souhaite un renforcement des fonds propres des banques ainsi que l'adoption de mesures destinées à favoriser l'accès des banques au financement.

Lors de sa déclaration à la presse, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a mis en garde que "il ne faudrait pas faire l'erreur que sous prétexte de vouloir abolir des barrières administratives, nous procéderions à une dérégulation sans bornes, et que notamment en ce qui concerne la régulation des marchés financiers, nous opterions pour une régulation à minima". Il a insisté qu' "il faut absolument arriver à une régulation strict des marchés financiers, afin de prévenir de nouvelles crises financières à l'avenir. Je sais pourtant que tous ne partagent pas cet avis, mais ceci est la position du gouvernement luxembourgeois."

Sommets internationaux

Lors de sa réunion, le Conseil européen a fixé les priorités de l'UE pour la prochaine réunion du G20, ainsi que pour la Conférence des Nations unies sur le développement durable Rio+20, en insistant plus particulièrement sur les mesures et les réformes favorisant la croissance.

Serbie

Le Conseil européen a octroyé à la Serbie le statut de pays candidat à l'adhésion à l'Union européenne.

Espace Schengen

Le Conseil européen a reporté au mois de septembre 2012 la décision sur une entrée de la Roumanie et de la Bulgarie à l'espace Schengen.

Politique étrangère

Un an après le début du printemps arabe, le Conseil européen s'est penché sur les tendances qui se font jour et sur les enseignements à tirer de l'évolution de la situation dans la région. Il a procédé à une évaluation de la manière dont le soutien de l'UE a été mis en oeuvre à ce jour. L'UE encourage et soutient la transformation démocratique dans son voisinage méridional et plus largement au Proche-Orient et dans la région du Golfe.

Le Conseil européen reste gravement préoccupé par la situation en Syrie. Conformément à la résolution du 1er mars du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies, il exhorte les autorités syriennes à cesser immédiatement le recours massif à la violence et les violations des droits de l'homme à l'encontre de la population civile. Ceux qui en sont responsables auront à répondre de leurs actes. De nouvelles mesures restrictives ciblées contre le régime seront préparées. Les chefs d'État et de gouvernement demandent au président Assad de quitter le pouvoir pour permettre une transition pacifique dans l'intérêt de son pays.

Par ailleurs, les chefs d'État et de gouvernement ont discuté de la situation en Somalie et en Biélorussie, et se sont félicités des progrès accomplis par le Partenariat oriental en matière d'approfondissement de l'association politique et de l'intégration économique avec l'UE.

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