Visite du ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire Charles Goerens en Namibie

Du 12 au 15 janvier 2004, le ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, Charles Goerens a effectué une visite en Namibie, pays cible de la coopération luxembourgeoise. Le ministre Goerens a été accompagné de deux membres de la Chambre des députés, Paul Helminger et Ben Fayot, président et vice-président de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense.

La visite comprenait un volet d’entrevues bilatérales avec des représentants politiques namibiens ainsi qu’un déplacement « sur le terrain » au Nord de la Namibie dans la région du Kavango, où la coopération luxembourgeoise a prioritairement concentré ses actions.

Entrevues bilatérales

Le 12 janvier 2004, Charles Goerens et la délégation luxembourgeoise ont été accueillis à Windhoek, capitale de la Namibie, par Joel Kaapanda, ministre namibien du Gouvernement régional et local et du Logement.

Par la suite ils ont eu dans la capitale namibienne des entrevues bilatérales avec divers ministères namibiens, notamment le ministère de l’Agriculture, des Eaux et du Développement rural, le ministère du Gouvernement régional et local et du Logement, le ministère de la Santé et des Services sociaux ainsi que le ministère de l’Education. A l’ordre du jour figuraient des discussions relatives à la mise en œuvre et à l’évaluation des différents projets de coopération au développement soutenus par le gouvernement luxembourgeois.

Le 13 janvier 2004 Charles Goerens et Immanuel Ngatjizeko, directeur général de la Commission nationale de planification - instance de coordination dépendant directement du Président namibien Sam Nujoma - ont signé un second accord de coopération bilatérale entre la République de Namibie et le Grand-Duché du Luxembourg – le premier datant de 1995.

En marge de cette cérémonie de signature, Immanuel Ngatjizeko a remercié le gouvernement luxembourgeois pour le soutien et l’aide accordée par le Luxembourg à son pays. "La signature de ce deuxième accord de coopération témoigne des bonnes relations bilatérales et de la volonté de continuer cette coopération fructueuse", a-t-il souligné.

Les premières relations bilatérales entre la Namibie et le Grand-Duché de Luxembourg remontent, en effet, à 1993. En 1995, le pays a obtenu le statut de pays cible de la coopération luxembourgeoise et le 15 novembre 1995, un premier accord général de coopération avait été signé entre les deux pays.

Bien que la Namibie présente aujourd’hui un produit intérieur brut par habitant en croissance continue depuis 2001, relativement élevé pour un pays en développement (7.120 US dollar/an), les richesses sont très inégalement redistribuées dans le pays. L’analyse de l’indice de développement humain (124e/175 en 2003) montre qu’après une croissance continue depuis 1996, celui-ci a brutalement régressé depuis 2000. L’espérance de vie à la naissance est passée de 58,8 ans en 1995 à 44,7 en 2002. La cause principale réside dans les ravages du SIDA dont 22,50% de la population entre 15 et 49 ans sont atteints.

D’une approche-projets vers une approche plus stratégique basée sur le principe d’un co-financement renforcé

L’enveloppe budgétaire allouée par la coopération luxembourgeoise à la Namibie a évolué de 2,9 millions d’euros en 1997 à 4,3 millions d’euros en 2003. Une telle augmentation de l’aide financière va cependant de pair avec un accroissement parallèle de la qualité des programmes financés, notamment par l’intermédiaire d’une présence accrue de représentants de la coopération luxembourgeoise, voire de Lux-Development, sur le terrain, et d’un suivi régulier des projets. Enfin le gouvernement luxembourgeois a procédé en 2003 à une évaluation de tout le programme namibien.

La Namibie ayant connu une bonne croissance économique ces dernières années, le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire luxembourgeois a proposé aux autorités namibiennes de passer d’une approche ciblée sur divers projets à une approche plus stratégique, basée sur l’introduction progressive du principe d’un co-financement renforcé des actions de la coopération luxembourgeoise dans la région. Concrètement, cette nouvelle approche consistera en la réduction progressive de l’apport financier luxembourgeois qui sera contrebalancée par un apport parallèle accrû de la Namibie.

"Il s’agit là d’une voie intelligente pour responsabiliser davantage le gouvernement namibien et pour l’aider ainsi à redistribuer de façon plus équitable les ressources dont dispose la Namibie; une telle approche permettra à la Namibie de réduire sa dépendance de l’aide étrangère et de s’appuyer davantage sur ses propres capacités et ressources, qui sont très grandes", a expliqué Charles Goerens dans ce contexte.

La région du Kavango, une des régions les plus pauvres de la Namibie, cible de l’aide luxembourgeoise

Le choix de la concentration géographique des actions de l’aide luxembourgeoise dans la région du Kavango se justifie par le fait que cette région figure parmi les plus pauvres de Namibie. La pauvreté s’y reflète tant au niveau de l’espérance de vie, du taux d’alphabétisation des adultes que du revenu par habitant.

Les 13 et 14 janvier 2004 Charles Goerens et sa délégation se sont ainsi déplacés dans la région du Kavango et plus spécifiquement dans la ville de Rundu et dans ses alentours pour mener des entretiens avec les autorités locales et pour visiter une série de projets financés par le gouvernement luxembourgeois. "Le déplacement sur le terrain nous permet d’analyser les résultats intermédiaires concrets de la coopération luxembourgeoise et d’identifier d’autres besoins", a précisé le ministre Goerens.

La délégation luxembourgeoise a été accueillie à Rundu par le gouverneur de la région. Après une cérémonie officielle en présence du Vice-ministre de l'Agriculture Paul Smit, des autorités locales et de l’évêque de la région, les représentants du Luxembourg ont pu se rendre compte du progrès réalisé sur le terrain.

Le développement urbain, la santé, l’éducation et l’agriculture: les secteurs prioritaires de la coopération luxembourgeoise

Les projets que le gouvernement luxembourgeois soutient au Nord de la Namibie se concentrent prioritairement sur les secteurs du développement urbain, de la santé, de l’éducation et de l’agriculture.

Le Luxembourg est un des seuls bailleurs qui soutient des projets dans le secteur du développement urbain, ont précisé les interlocuteurs namibiens qui apprécient tout particulièrement que la coopération dans ce domaine appuie la politique de décentralisation et permet le renforcement des capacités au niveau des autorités locales.

Plus particulièrement les projets dans ce domaine assistent la municipalité de Rundu dans la création d’une structure locale adéquate pour la bonne gestion du développement de la ville de Rundu. Concrètement, ils comprennent la production de plans de développement stratégiques, la bonne gestion, la formation et l’équipement des ressources humaines de la municipalité de Rundu ainsi que de certains projets pilotes comme la fourniture d’eau et d’électricité, la construction de routes dans une communauté résidentielle informelle, la création d’une zone de recréation ainsi que la création d’une unité de pompiers, d’une gare routière et d’un atelier de maintenance communal.

Dans le cadre de son appui au développement urbain de Rundu, le Luxembourg soutient actuellement une initiative importante qui a pour ambition d’assurer un assainissement et une meilleure gestion de l’eau. La délégation luxembourgeoise a pu se rendre compte sur place des premiers résultats engendrés par la coopération luxembourgeoise dans ce domaine, qui - comme l’affirment les autorités locales - se feraient déjà ressentir après un an grâce aux réparations des fuites dans le réseau hydraulique, aux coupures des connexions illégales, la mise en place de compteurs prépayés et un meilleur suivi de la facturation d’eau. Ainsi le projet aurait déjà permis de réduire les pertes mensuelles d’eau de 16%. Dans ce cadre le ministre Goerens a pu visiter sur place un point d’eau équipé par un de ces compteurs prépayés qui permet de rationaliser l’eau.

La délégation luxembourgeoise a par ailleurs visité les marchés ouverts de Rundu, gérés par la municipalité, objet d’une intervention débutée en 1995 et qui a visé l'établissement d'un marché couvert afin d'organiser et de faciliter des opérations de marché pour les petits marchands. Ce projet a comporté la construction d’un toit métallique pour héberger le marché, des travaux d'infrastructures au niveau de l’eau et de l’électricité ainsi qu’une formation de base en gestion. La coopération luxembourgeoise a été étendue par la suite à deux petits marchés informels qui se sont créés dans les nouveaux quartiers de la ville.  Au-delà de services divers comme des salons de coiffure, de couture ou de téléphonie, ce marché héberge des points de vente de produits d’alimentation de textiles. Depuis la création de ces marchés, la concentration de ces services a favorisé considérablement l’augmentation des conditions hygiéniques et a stimulé l’esprit d’entreprise de la population locale qui engendre aussi une création non négligeable d’emplois.

La santé étant un autre secteur clef ciblé par la coopération, la délégation luxembourgeoise a visité l’hôpital de Nyangana, l’un des deux hôpitaux du district du Kavango, soutenu par le gouvernement luxembourgeois. Dans ce domaine la coopération luxembourgeoise vise à améliorer les infrastructures de santé primaire dans la région du Kavango et cela grâce à la rénovation, l’agrandissement et l’équipement de cliniques, l’organisation de petites cliniques mobiles pour atteindre les villages lointains, enfin par la formation à la gestion et à la maintenance.

L’hôpital visité par Charles Goerens et sa délégation a ainsi pu bénéficier, grâce à la contribution luxembourgeoise, d’une rénovation, de l’amélioration de sa technologie selon les standards de l’OMS et d’une promotion des services sanitaires. Un programme de sensibilisation à la problématique du SIDA dans toute la région du Kavango a également été compris dans le cadre de ce projet.

En effet, le SIDA est un des problèmes les plus sérieux auxquels se trouve confrontée la Namibie : faute d’accès au traitement, la population locale est, en effet, réticente à la participation aux tests de dépistage, ce qui contribue inévitablement à l’expansion de ce fléau. La gravité du problème a trouvé sa triste illustration dans le fait que les responsables de l’hôpital ont dû déplorer le matin-même de la visite de la délégation luxembourgeoise le décès de trois patients, atteints du virus du SIDA.

Dans le contexte de la lutte contre le SIDA, le ministre Goerens a informé ses interlocuteurs namibiens sur le projet en cours au Rwanda et qui comporte la coopération entre hôpitaux du Luxembourg et ceux de ce pays dans le cadre de l’initiative ESTHER auquel participe le gouvernement luxembourgeois. Il leur a offert un partage d’expérience dans ce domaine du traitement des malades du SIDA.

Pour ce qui est du domaine de l’éducation, la délégation luxembourgeoise a pu visiter une des écoles construites grâce à la contribution luxembourgeoise. Le soutien de la coopération luxembourgeoise au secteur de l'éducation a débuté déjà en 1996 avec un projet qui assistait techniquement et financièrement le ministère namibien de l’Education de Base et de la Culture dans la construction et la fourniture de 25 écoles primaires au Kavango. Par la suite ce projet a été étendu au-delà de la simple construction à la formation continue de 100 enseignants et 50 directeurs, le tout au bénéfice de 5000 élèves dans le Kavango et le Caprivi.

Finalement, en compagnie du Vice-ministre de l’Agriculture de la Namibie, Charles Goerens et sa délégation ont visité l’institut de Développement Agricole de Mashare, situé à 50 km de Rundu. Le développement de cet institut s’inscrit dans la politique agricole pour le Nord de la Namibie, le "Plan Vert", mis en place par le gouvernement namibien qui vise à réduire la dépendance de la Namibie de l’importation de l’Afrique du Sud de produits alimentaires et notamment de légumes.  Le concept cherche à identifier et à transformer les terres communales arables et irrigables des régions du Nord en petites fermes commerciales. L’exploitation de ces fermes est ensuite offerte aux paysans démunis du Nord. L’institut de Mashare dispense des formations pratiques aux jeunes agriculteurs et permet d’expérimenter diverses techniques d’irrigation.

Le ministre Goerens s’est montré très favorable à ce projet étant donné qu’il offre aux petits fermiers locaux, qui sont souvent de très jeunes gens, une perspective d’avenir et de ressources financières dans le secteur de l’agriculture dont peuvent profiter des familles entières.

La visite du ministre Goerens et de sa délégation en Namibie a finalement pris fin avec une entrevue qui a eu lieu à l’Aéroport de Windhoek entre le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire luxembourgeois et le ministre namibien des Affaires étrangères Hipido Hamutenya.

(communiqué par le Service Information et Presse)

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