Femmes, chefs d´entreprises: comment participer à un réseau d´échanges ?

Dans le cadre du Forum Femmes et Entreprises qui a eu lieu le 31 mars à la Chambre des métiers, Marie-Josée Jacobs, ministre de la Promotion féminine, a participé à la conférence-débat sur le thème "Comment participer à un réseau d’échange d’expérience".

 Au Luxembourg, il n’existe actuellement pas de réseau pour les femmes chefs d’entreprises. Si l’on considère le nombre de participantes à la conférence-débat, on peut en conclure qu’ il existe un intérêt certain à participer à un tel réseau. Rappelons qu’au Luxembourg, les femmes représentent 16% des chefs de petites entreprises et 11% des chefs de grandes entreprises.

La participation à la table ronde, animée par Corinne Cahen, était internationale avec Martine Marandel Joly, Présidente de l’Association des Femmes Chefs d’entreprises de France, Christine Bereziat du Centre de Ressources pour l’Entrepreneuriat Féminin de Montpellier et Marianne Karlberg, Project manager de l’agence suèdoise Nutek.

Créée en 1945, l’association française des femmes chefs d’entreprises est présente dans trente-cinq pays répartis sur les cinq continents. En France, l’association compte quarante délégations avec 2000 femmes chefs d’entreprises, qui s’engagent également dans les instances patronales et syndicales. Selon Madame Joly, ces mandats tenus par des femmes facilitent à d’autres femmes l’accès à des postes à responsabilité.

En France, 30 % des créations d’entreprises sont réalisées par des femmes, contre 52% aux Etats-Unis. Plus les entreprises augmentent en effectifs, moins il y a de femmes à la direction. Au niveau des grandes entreprises avec plus de 500 personnes, seulement 6.8% sont dirigées par une femme.  Pour la majorité des cas, les entreprises créées sont du type unipersonnelle, ce que reflète le paysage économique général, non seulement en France, mais également dans tous les pays de l’Union Européenne. En Suède, selon Marianne Karlberg de Nutek, 28% des personnes sur le marché de l’emploi sont occupées dans des entreprises de moins de neuf employés.

La femme chef d’entreprise étant toujours le pilier du noyau familial, selon Madame Joly, il est d’autant plus important de créer et d’organiser des relais efficaces comme, par exemple, les aides à domicile.

Si l’on veut créer une entreprise, il est également important de pouvoir profiter de contacts et d’échanges. Dans son expérience sur le terrain, le centre de ressources de Montpellier a fréquemment des difficultés à se constituer en réseaux économiques, souvent par manque de disponibilité. Héritage du partage traditionnel des rôles, les femmes semblent également avoir une toute autre relation avec le pouvoir que les hommes et éprouvent souvent des difficultés à s’imposer comme chefs dans une entreprise.

L’utilisation des nouvelles technologies constitue également un frein à beaucoup de femmes, surtout  au-delà d’un certain âge. Afin de surmonter ces difficultés, le Centre leur offre des formations collectives, ainsi qu’un accompagnement à moyen et long terme.

Dans les pays européens en général, les banques prêtent moins facilement aux créatrices d’entreprises qu’aux Etats-Unis. En effet, la société américaine cultive beaucoup plus l’esprit d’initiative et la culture d’entreprendre. Face à une attitude plus conservatrice des banques en Europe, les femmes se voient refuser plus souvent un prêt financier pour des projets de petite envergure. Une action du C.R.E.F. consiste justement à créer des liens de d’information et de sensibilisation avec des banques pour éliminer ce genre de frein. Dans ce travail de prospection, les actions de communication sont essentielles au niveau de la presse ou des salons et foires.

D’autre part, les femmes américaines mettent plus en avant leur carrière que les femmes en Europe qui, elles, tentent plus de concilier vie professionnelle et vie familiale. Selon Martine Joly, le fait d’être diplômée ne suffit pas, encore faut-il être visionnaire et volontaire pour réaliser son projet. D’une manière générale, il y a plus de cas d’abandon chez les femmes que chez les hommes en France, mais il n’existe aucune analyse fine sur les raisons ayant entraîné ces échecs.

L’agence Nutek en Suède tente, par des actions de sensibilisation de rendre visible les créations d’entreprise par les femmes. En Suède, il y a cent mille femmes chefs d’entreprise, ce qui constitue 25% de l’ensemble des créations d’entreprise et ces chiffres sont en augmentation constante. Ainsi, en dix ans, le nombre de création d’entreprises par des femmes a triplé.

L’approche suédoise est intéressante dans le sens où elle renseigne sur les similarités entre création d’entreprise faite par des hommes et des femmes plutôt que de soulever les différences. Cette approche permet de trouver plus facilement des consensus et des synergies d’actions pouvant profiter tant aux hommes qu’aux femmes.

(communiqué par le ministère de la Promotion féminine)

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