Entrevue entre le Premier ministre Jean-Claude Juncker et la commissaire Michaele Schreyer

Mercredi 13 octobre 2004, le Premier ministre et ministre des Finances, Jean-Claude Juncker, aura à Bruxelles un échange de vues avec la Commissaire européenne en charge du budget, Michaele Schreyer, sur des questions d'actualité européenne en vue de la Présidence luxembourgeoise du Conseil de l'Union européenne.

Europe: Leaping forward!

En soirée, Jean-Claude Juncker a été le principal orateur d’une manifestation placée sous le thème de l’avenir de l’Europe et organisée par Bertelsmann Stiftung et Bertelsmann AG. Cette manifestation se voulait un forum de réflexion sur l’avenir de l’Europe.

Devant une audience composée de membres du Parlement européen, de membres de la Commission européenne et des ambassadeurs des 25 États membres de l'Union européenne, le Premier ministre a tenu un discours intitulé Europe: Leaping forward! ("Europe: un bond en avant!").

Dans son allocution, Jean-Claude Juncker a plaidé pour une attitude plus positive des Européens par rapport à l’Europe. Il s’est dit en effet "surpris de l’ambiance pessimiste" qui règnerait en Europe et qui contrasterait avec l’atmosphère en dehors de l’Europe qui l’a frappé notamment lors de ses déplacements récents aux États-Unis et au Vietnam: "Les Américains ont l’impression que la route qu’ils ont empruntée est la bonne. Les Vietnamiens sont convaincus qu’ils sont en train de faire ce qu’il faut faire. Et les uns et les autres sont plus ou moins heureux. Par contre, les Européens doutent, les Européens hésitent, les Européens pleurent sur leur sort, les Européens ont l’impression que rien ne va plus."

D’après Jean-Claude Juncker, cette "attitude larmoyante" n’aurait pas lieu d’être, car "nous avons toutes les raisons pour être fier de l’Europe".

La réussite européenne

Pour le Premier ministre, la paix est une des conséquences les plus importantes de la construction européenne. Aussi a-t-il déclaré que "nous avons été à même de nous donner tous les moyens pour faire en sorte que les Européens ne résolvent plus jamais leurs problèmes par le recours aux armes. Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, et pour la première fois dans l’histoire, la paix est un état permanent sur notre continent".

À cet égard, le Premier ministre a souligné qu’il faudrait entretenir le souvenir des tragédies qui ont dévasté le continent lors des deux guerres mondiales et qui ont finalement conduit à la construction de l’Union européenne. "Il faut en effet éviter que ceux qui gouverneront l’Europe dans quelques décennies ne gardent qu’un souvenir flou de Hitler et de Staline, comme les hommes de ma génération ont aujourd’hui un souvenir flou de Clemenceau ou d’autres personnages historiques: nous savons tous qu’ils existaient, mais nous savons très peu de choses sur ce qu’ils ont fait, sur ce qu’ils comptaient faire, sur ce qu’ils n’ont pas fait, sur les excès qui furent les leurs."

Jean-Claude Juncker a par ailleurs salué le marché intérieur, "le seul marché intérieur au monde qui unit 25 pays" et la monnaie unique "qui nous protège des chocs extérieurs mieux que même la plus forte monnaie nationale".

Il a rappelé dans ce contexte que personne n’aurait cru possible la mise en œuvre du marché intérieur et l’introduction de la monnaie unique dans les délais convenus, ce qui serait un motif de plus pour être fier de l’Union européenne.

De nouveaux défis

Pour ce qui est du traité constitutionnel, celui-ci serait une avancée importante de l’Europe qui montrerait que "les Européens sont à même de se mettre d’accord", a souligné Jean-Claude Juncker.

Le Premier ministre a toutefois exprimé son inquiétude par rapport aux procédures de ratification de la future Constitution européenne. "Chaque fois que la future commission Barroso lance des initiatives, un ou plusieurs chefs de gouvernement décident de les remettre à plus tard. Nous courons ainsi le risque de l’immobilisation totale!" a-t-il averti.

Jean-Claude Juncker a en outre évoqué certains défis de la future Présidence luxembourgeoise, notamment la réforme du pacte de stabilité et de croissance - "une nécessité absolue" - et l’élargissement de l’Union européenne. Sous réserve d’un feu vert du Conseil européen du 17 décembre 2004, il souhaite pouvoir lancer, sous Présidence luxembourgeoise, les négociations avec la Turquie dont l’issue devrait cependant être ouverte. Il faudrait surtout éviter de faire des promesses superficielles: "Si l’on respecte la Turquie, l’on doit négocier de façon sérieuse avec elle", a-t-il déclaré à ce sujet.

Le Premier ministre a achevé son discours en plaidant pour la réhabilitation de l’agenda de Lisbonne, qui serait méconnu par les citoyens alors qu’il assurera "une meilleure vie en Europe". Il ne serait en effet pas question de supprimer des acquis sociaux mais de rendre l’économie européenne plus compétitive, de réduire l’inflation et d’augmenter les offres d’emploi.

(communiqué par le Service information et presse)

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