Jeannot Krecké au colloque "A European policy in favour of the cultural industries"

À l’occasion du colloque "A European policy in favour of the cultural industries" qui a lieu les 20 et 21 avril à l’Abbaye de Neumünster, le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, Jeannot Krecké, a prononcé un discours sur les défis des industries culturelles dans l’Union européenne.

Après avoir fait le point sur l’état actuel de la stratégie de Lisbonne, le ministre a rappelé que celle-ci avait pour objectif de doter l’Union européenne d’une économie de la connaissance des plus performantes. Pour le ministre, "les industries culturelles ont un rôle important à jouer dans la réalisation de la société de la connaissance". Il a également insisté sur le fait que les industries culturelles représentent un secteur important de l’économie en Europe, car elles y représentent près de 5% du PNB. Le secteur musical occupe à lui seul environ 600.000 emplois dans l’Union européenne. Ces industries ont donc logiquement leur rôle à jouer dans l’essor de l’économie.

Les industries culturelles regroupent les secteurs qui conjuguent la création, la production et la commercialisation de biens et de services culturels. C’est une industrie qui relève presque entièrement du droit d’auteur et qui recouvre l’édition, le multimédia, le cinéma, l’audiovisuel, l’artisanat et le design.

Pour certains, les termes industrie et culture peuvent paraître quelque peu antinomiques. En effet, le ministre Krecké a souligné que "l’industrie culturelle comporte heureusement aussi des aspects non économiques! Ainsi, la beauté n’a pas de prix!" Il a également insisté sur le fait qu’il fallait soutenir le secteur dans les domaines où "une identité culturelle est en jeu".

Le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur a ensuite brossé un portrait de la situation au Luxembourg avant de parler de la situation mondiale. Le Luxembourg accueille depuis longtemps des entreprises participant à la diffusion des produits de l'industrie culturelle, tels que des radiodiffuseurs internationaux (RTL), des sociétés de satellites (SES) et, plus récemment, une entreprise offrant des services de téléchargement d'œuvres musicales (Apple, I Tunes). Des entreprises de commerce électronique comme AOL s’implantent également au Luxembourg. De plus, le pays dispose d'une production cinématographique importante. Cependant, près de 85% des films diffusés mondialement dans les salles sont produits à Hollywood. En effet, le ministre s’est inquiété de la situation globale qui est caractérisée par l’émergence de grands groupes mondiaux à forte intégration verticale depuis les années 1990 (le même groupe suit un produit de sa création et sa production à sa commercialisation, sans compter les produits dérivés, parcs d’attraction, etc.). Ainsi, dans l’industrie musicale, les quatre majors tiennent 80% du marché mondial.

Le ministre a reconnu que "Si, en théorie, les grands labels se nourrissent des productions indépendantes et que les deux sont donc complémentaires, dans les faits, la concentration nuit à la diversité des œuvres diffusées". Les PME ne peuvent pas lutter contre les produits distribués à bas prix par des groupes internationaux qui ont déjà couverts leurs frais de production par l’exploitation du produit dans leur pays d’origine. Cependant, le ministre Krecké a mis en garde les représentants de l’industrie culturelle: "Aujourd’hui, aucune entreprise, serait-ce une PME dans le domaine culturel, ne peut reposer uniquement sur des aides publiques!"

Ensuite, le ministre, qui a dans ses attributions la protection de la propriété intellectuelle, a noté que le secteur repose en grande partie sur le droit d’auteur. Il a justifié son action concernant la directive sur la brevetabilité des logiciels lors du Conseil "Compétitivité" du 7 mars. En effet, tout en étant conscient que les acteurs culturels ne s’intéressaient pas aux procédures, mais aux résultats, il a souligné que la situation institutionnelle ne lui avait pas permis d’agir autrement. Néanmoins, il avait ainsi pu débloquer la situation et il se montre confiant pour trouver une solution satisfaisante avec le Parlement européen très prochainement.

Il a aussi rappelé l’important problème lié au piratage et il a salué le lancement de Luxorr. Cet organisme de gestion collective de droits de propriété intellectuelle veillera désormais au respect de cette "monnaie de la société de la connaissance" que sont les droits d'auteur.

Le ministre a conclu en soulignant que, même en tant que petit secteur de l’économie luxembourgeoise, les industries culturelles avaient un rôle important à jouer.

(communiqué par le ministère de l'Économie et du Commerce extérieur)

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