Rapport national sur l'état du phénomène de la drogue au Grand-Duché de Luxembourg (RELIS - édition 2005)

Depuis sa création en 1994, le Point focal luxembourgeois de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) œuvre au développement d’un réseau national d'observation en matière de drogues et de toxicomanies, connu sous le nom de Réseau luxembourgeois d'information sur les stupéfiants et les toxicomanies (RELIS). Il publie annuellement le rapport national sur l’état du phénomène de la drogue au G.- D. de Luxembourg.

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Indicateurs et tendances récentes

A l’échelle mondiale quelques 200 millions de personnes, représentant 5% de la population mondiale âgée entre 15 à 64 ans, ont consommé des drogues au moins une fois pendant les 12 derniers mois. Ce nombre, représentant une augmentation de 15 millions de personnes comparé à l’estimation de l’année dernière, reste toutefois significativement inférieur au nombre de personnes ayant consommé des substances psychoactives licites. La consommation de cannabis, la drogue illicite la plus communément consommée dans le monde, affiche le taux de croissance le plus élevé. Au cours de la dernière décennie, les augmentations les plus importantes, après le cannabis, ont concerné les stimulants de type amphétamine (incluant l’ecstasy), suivis de la cocaïne et des opiacés. Une évolution similaire est observée au sein de l’UE et à l’échelle micro-géographique au Grand-Duché de Luxembourg, accompagnée toutefois de variations locales en matière de prévalence plus ou moins prononcées.

Une croissance décélérée non généralisée

On estime actuellement que le nombre d’usagers problématiques de drogues (UPDs) au Grand-Duché de Luxembourg se situe entre 2.500 et 2.800. L’usage intraveineux d’opiacés associé à une polyconsommation généralisée constitue de loin le comportement le plus fréquent parmi les UPDs répertoriés par le réseau institutionnel au niveau national.

Le nombre d’UPDs enregistrés par les institutions nationales en 2004 équivaut à 3.790 personnes (1994: 2.213) (comptages multiples inclus). On note depuis deux années une stabilisation des demandes de prise en charge au niveau des structures ambulatoires et une augmentation du nombre de demandes adressées aux structures thérapeutiques résidentielles et aux services de bas-seuil qui va de concert avec l’augmentation continue du nombre de seringues distribuées annuellement par les partenaires du programme d’échange de seringues.

D’importantes variations au niveau de l’évolution des quantités saisies s'observent depuis le début des années 90 et ceci pour presque tous les types de produits. Une analyse longitudinale indique une tendance générale à la baisse jusqu’en 2002 des quantités d’héroïne, de cocaïne et de cannabis. A partir de 2002 on observe à nouveau une hausse des quantités de drogues saisies, surtout prégnante pour l’héroïne.

Indépendamment des quantités saisies, on note une augmentation discontinue du nombre total de saisies à partir de 1993. On observe une hausse marquée du nombre de saisies de cannabis à partir de 2000 et d’héroïne et de cocaïne à partir de 2003.

Un profil de consommation en mutation

L’usage intraveineux d’opiacés et de cocaïne associé à une polyconsommation généralisée constitue de loin le comportement le plus fréquent parmi les UPDs répertoriés par le réseau institutionnel. Le passage à l’usage intraveineux s’effectue de plus en plus précocement. Le ratio entre usagers intraveineux et non-intraveineux s’est stabilisé à 2 :1.

La diminution de l’âge moyen d’initiation aux drogues illicites, la tendance générale à la poly-consommation, le passage plus précoce à l’usage intraveineux et l’accélération des carrières toxicomanes dans certains groupes de consommateurs ont contribué à accélérer et à accroître la dépendance sociale et financière de ces derniers. De concert avec d’autres facteurs moins apparents, cette évolution a contribué à ce que le problème de la marginalisation sociale, et en particulier celui des sans abri, est devenu indissociable des comportements d‘abus de drogues tout en s’entretenant mutuellement.

L'âge moyen des usagers recensés est passé de 28 ans et 4 mois en 1995 à 30 ans et 6 mois en 2004. L’écart entre les usagers les plus jeunes et les plus âgés continue à se creuser. On retiendra entre autres l’accroissement significatif de l’âge moyen des victimes de surdoses mortelles et une proportion élevée mais stable de mineurs parmi les prévenus pour infraction(s) à la loi modifiée du 19 février 1973.

Sur les dix dernières années, on constate que la proportion de ressortissants étrangers parmi les UPDs recensés affiche une tendance à la hausse. La population des non-luxembourgeois(es) est principalement composée de ressortissants portugais dont la proportion est toujours croissante et nettement supérieure à celle observée au niveau de la population générale.

Morbidité et mortalité liées à la consommation de drogues

Nombre de décès par surdose stabilisé à bas niveau mais prévalence élevée de l’hépatite C

En termes épidémiologiques les taux d’infection au HBV (hépatite B), la prévalence de l’HIV et des cas de SIDA déclarés au sein de la population nationale d’UPDs évolue peu. Cependant l’infection au HCV (hépatite C) a connu une nette progression au cours des dernières années et tend à se rapprocher de la moyenne européenne ce qui n’est nullement le cas pour le taux d’infection HIV et le nombre de cas de SIDA déclarés qui tous deux figurent parmi les plus bas au sein de l ‘UE en référence à la population d’UPDs et continuent d’accuser une tendance à la baisse.

La concrétisation du plan d’action 2000-2004 a été accompagnée d’une baisse significative du nombre de décès par surdosage au Grand-Duché de Luxembourg pour ensuite se stabiliser en 2003 et 2004 (13 cas). Exprimée en nombre de cas de surdose par rapport à la population générale du Grand-Duché de Luxembourg, cette proportion s’élevait à 2,88 décès par surdose pour 100.000 habitants en 2004. En 2000, ce même taux s’élevait à 5,9 cas par 100.000 habitants. Les données médico-légales de 2004 confirment que la quasi-totalité des décès impliquait la consommation d’héroïne s’inscrivant dans un contexte de polyconsommation.

Disponibilité et qualité des drogues illicites au niveau national

Disponibilité accrue à qualité et prix variables

La grande majorité des drogues illicites consommées au Grand-Duché de Luxembourg sont originaires des Pays-Bas suivis de la Belgique et du Maroc. L’héroïne consommée au Luxembourg est pour la plupart originaire de l’Afghanistan, du Laos et de Myanmar. La cocaïne distribuée sur le marché national trouve en majorité son origine au Brésil et les STA proviennent prioritairement des Pays-Bas suivis de la Pologne et de la République tchèque. La voie routière demeure prépondérante au niveau de l’acheminement des drogues destinées au marché national ou en transit. Depuis plusieurs années, on assiste au Luxembourg à l’expansion de réseaux de distribution plus structurés et à caractère purement commercial. Différents indicateurs suggèrent également que la disponibilité d’opiacés et de cocaïne sur le marché national s’est accrue.

Les prix moyens d'unités de consommation courantes de l’héroïne, de la cocaïne et des substances de type ecstasy ont diminué de 1996 à 2003 alors qu’on observe des marges de prix plus étendues et des maxima plus élevés pour l’héroïne et la cocaïne en 2004. Les produits dérivés du cannabis présentent une certaine stabilité depuis les dernières 4 années. En termes de pureté, on constate une augmentation du taux maximal de THC dans les produits dérivés du cannabis et une augmentation de la pureté de l’héroïne et une qualité assez stable pour la cocaïne. Pour les autres substances analysées, les tendances sont peu claires, sauf que l’on observe une pureté très faible d’MDMA dans les produits de type ecstasy.

Stratégie et plan d’action 2005-2009

Construire sur l’acquis du passé pour assurer une stratégie de la continuité

Suite aux élections législatives en 1999, le gouvernement a confié la coordination des actions de réduction de la demande et des risques associés à la drogue et aux toxicomanies au ministère de la Santé. Les jalons stratégiques en la matière furent posés par l’élaboration du plan d’action anti-drogues 2000-2004 par le bureau du coordinateur national "Drogues" mandaté par le ministre de la Santé.

Le programme gouvernemental présenté à la suite des élections législatives de juin 2004 n’introduit pas de changements en matière des compétences visées et a servi de cadre à l’élaboration de la stratégie et du plan d’action 2005-2009 en matière de lutte contre les drogues et les toxicomanies qui s’appuient par ailleurs sur les priorités fixées par le ministère de la Santé et sur une concertation soutenue avec les acteurs de terrain.

Afin d’optimiser son impact, le nouveau plan d’action a tenu compte des éléments pertinents issus des traités UE et CE, de la stratégie anti-drogues 2005-2012 et du plan d’action drogues 2005-2008 de l’UE qui a été approuvé sous présidence luxembourgeoise. L’objectif général de la stratégie et du plan d’action nationaux est de contribuer à atteindre un niveau élevé de protection en termes de Santé publique, de Sécurité publique et de cohésion sociale. Le plan d’action repose prioritairement sur deux piliers, à savoir la réduction de la demande et la réduction de l’offre ainsi que sur quatre axes transversaux : la réduction des risques, dommages et nuisances, la recherche et l’information, les relations internationales et finalement les mécanismes de coordination.

Le budget global du ministère de la Santé alloué aux services et programmes du domaine des drogues et des toxicomanies, est passé de 1.270.169 EUR en 1999 à 4.861.841 EUR en 2003 ce qui équivaut à un taux de progression de 283%. Le budget 2004 s’élevait à 5.770.643 EUR ce qui représente une croissance supplémentaire de 18,7% en référence à l’exercice 2003. En ce qui concerne le budget 2005, 6.195.518 EUR ont été alloué aux services concernés, ce qui représente une croissance de 7,4% par rapport à l’année budgétaire 2004.

(communiqué par le ministère de la Santé)

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