Message du directeur général de l'Unesco, Koïchiro Matsuura, à l'occasion de la Journée internationale de la paix le 21 septembre 2006

Le 21 septembre, le monde observe la Journée internationale de la paix. C’est en 1981 que l’Assemblée générale des Nations unies a pour la première fois proclamé cette Journée dans le but de célébrer et de renforcer les idéaux de paix. En 2001, elle a affiné cet objectif, déclarant qu’il s’agirait d’"une journée mondiale de cessez-le-feu et de non-violence, pendant la durée de laquelle toutes les nations et tous les peuples seront invités à cesser les hostilités".

Aujourd’hui, la paix est une nécessité qui semble plus sérieuse que jamais. Nous sommes presque quotidiennement assaillis d’informations faisant état d’actes de violence qui secouent telle ou telle région de notre planète mondialisée. Face à des événements de ce type - avec les souffrances, les destructions et les pertes en vies humaines qui en découlent - nous sommes dans l’obligation de redoubler d’efforts afin de rompre ce cycle de violence et d’hostilité. Nous devons aussi faire tout ce qui est en notre pouvoir pour veiller à ce que la douleur et le ressentiment causés par de tels événements ne mettent pas en péril notre action dont le but est de préserver un avenir de paix.

Ce défi est au cœur du mandat de l’UNESCO qui a été créée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale avec l’objectif proclamé dans son Acte constitutif d’"élever les défenses de la paix dans l’esprit des hommes". Le but de l’Organisation est de promouvoir la paix et la sécurité par la coopération internationale dans les domaines de l’éducation, de la culture, de la science et de la communication.

Comment donc allons-nous transformer une culture de la guerre et de la violence en une culture de la paix? La culture de la paix repose sur le respect des différences culturelles et religieuses et sur la reconnaissance du fait que ces différences reflètent la richesse et la diversité de l’humanité. Elle exige de ce fait un engagement en faveur du dialogue, de la connaissance réciproque et de la compréhension mutuelle entre les civilisations, les cultures et les peuples. La culture de la paix impose que les principes de la diversité et du dialogue soient profondément ancrés en chacun d’entre nous.

À cet égard, offrir une éducation de qualité pour tous est essentiel. L’éducation de qualité est l’un des moyens les plus efficaces de vaincre les fléaux de la haine et de l’ignorance et de promouvoir les valeurs de tolérance, de justice et d’égalité. Elle nous permet de mieux comprendre les autres civilisations et d’apprendre à respecter et apprécier nos différences culturelles et religieuses. Au lieu de résoudre les conflits par la violence, nous préférerons recourir au dialogue et à la négociation pacifique. L’éducation jouera un rôle particulièrement décisif dans la lutte contre l’augmentation de la violence chez les jeunes, une tendance qui menace la stabilité de diverses régions.

En coopération avec ses États membres, l’UNESCO œuvre à la promotion d’une éducation de qualité pour tous qui passe par le réexamen et la révision du contenu des enseignements et par la réorientation et la formation des enseignants de sorte que soient pris en compte tous les aspects du développement humain - y compris les valeurs, les connaissances, les attitudes et les compétences ainsi que les capacités nécessaires pour un règlement non violent des conflits. L’Organisation est également chef de file de la Décennie internationale de la promotion d'une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde (2001-2010), responsabilité spécifique assignée par l’Assemblée générale des Nations unies.

Dans le cadre de son action dans ce domaine, l’UNESCO a créé le Prix de l’éducation pour la paix. Le Prix 2006 sera décerné aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale de la paix, à M. Christopher Gregory Weeramantry (Sri Lanka), en reconnaissance de ses engagements constants pour la défense d’une pensée et d’une culture de paix. En tant que président du Weeramantry International Centre for Peace Education and Research (WICPER) qu’il a fondé en 2001, M. Weeramantry a apporté une précieuse contribution à la promotion de l’éducation pour la paix, des droits de l’homme, de l’éducation interculturelle, de l’intégration sociale, de la compréhension interreligieuse, de la protection de l’environnement, du droit international, du désarmement et du développement durable.

La Fundación para la Reconciliación (Colombie) recevra une mention spéciale du Prix pour son action d’alphabétisation fondée sur le concept d’"éducation aux émotions" comme moyen de promouvoir le pardon et la réconciliation, en particulier parmi les paysans des régions les plus pauvres de Colombie. Créée en 2001, la Fundación para la Reconciliación œuvre à l’élaboration d’une charte qui permettrait la mise en place d’un système de réconciliation de portée universelle.

Ce sont là deux exemples remarquables de personnes et d’institutions qui s’emploient à sensibiliser l’opinion publique et à mobiliser la conscience de l’humanité en faveur de la paix. Pour autant, nous ne devons pas perdre de vue que nous sommes tous des acteurs du pardon et de la réconciliation et qu’à ce titre nous avons tous un rôle important à jouer dans la construction et la préservation d’une culture de la paix. J’invite l’ensemble de la communauté de l’UNESCO - États membres, commissions nationales, organisations non gouvernementales, médias et membres du personnel - à saisir l’occasion de la Journée internationale de la paix pour prendre à nouveau l’engagement solennel de faire d’un monde en paix une réalité.

(communiqué par le ministère de la Culture de l'Enseignement supérieur et de la Recherche / Commission nationale pour la Coopération avec l'Unesco)

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