Message de Koïchiro Matsuura, directeur général de l'UNESCO, à l'occasion de la Journée mondiale du sida 2006

Il y a vingt-cinq ans cette année, le monde entendait pour la première fois l’acronyme "sida". Depuis 1981, nous assistons à de grandes avancées dans la lutte contre l’épidémie - menée tant par les individus et les communautés locales qu’à l’échelle planétaire. De nombreuses parties prenantes d’horizons divers ont uni leurs forces pour relever ce défi commun. Des découvertes scientifiques importantes ont été faites (en particulier, la mise au point du traitement antirétroviral), des ressources d’un niveau sans précédent ont été mobilisées et des progrès ont été accomplis dans la coordination et l’amélioration de l’efficacité de la réponse.

Pourtant, en dépit de ces avancées, quelque 40 millions de personnes vivent actuellement avec le VIH, on estime que 8.500 personnes sont infectées chaque jour et seule une personne sur dix a accès à un traitement et à des services de prévention (y compris la prévention de la transmission mère-enfant et l’accès à la thérapie antirétrovirale). Les jeunes femmes et les filles sont exposées de manière disproportionnée au VIH du fait des inégalités entre les sexes et du rôle traditionnellement dévolu par la société aux hommes et aux femmes, les jeunes de 15 à 24 ans représentent 50% des nouvelles infections et les réponses apportées à l’échelle nationale laissent encore cruellement à l’écart les populations au cœur de la dynamique de la pandémie (professionnel(le)s du sexe, hommes ayant des relations homosexuelles et consommateurs de drogues injectables).

Le VIH et le sida n’autorisent aucune baisse de la vigilance. Il faut mener une action énergique, en particulier en développant massivement les efforts de prévention tout en prenant des mesures pour améliorer l’accès au traitement, à la prise en charge et au soutien, faute de quoi l’épidémie continuera de se propager et de mettre en péril les acquis difficilement obtenus en matière de développement et les perspectives de développement durable. Des réponses renforcées, plus stratégiques et coordonnées sont nécessaires si le monde veut enrayer la propagation du virus et protéger les individus, les familles, les communautés et les nations des effets du sida.

Cette année, la Journée mondiale du sida est consacrée au thème de la "responsabilité". C’est un thème qui englobe la responsabilité de chacun au regard de son propre comportement, la solidarité entre les individus et les groupes de différents pays et les engagements pris par les grandes organisations mondiales et les gouvernements nationaux. Dans de nombreux cas, la responsabilité se résume à la question de savoir si les engagements pris sont honorés et les promesses tenues. À cet égard, certains signes encourageants tendent à indiquer que le monde veut relever le défi toujours d’actualité que pose la pandémie. Lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies de 2001 consacrée au VIH et au sida, les gouvernements du monde entier se sont engagés à accélérer la lutte contre l’épidémie - engagement réaffirmé au Sommet mondial 2005 et, de nouveau, cette année, lors de la réunion de haut niveau sur le sida. Dans les années qui ont suivi la session extraordinaire de l’Assemblée générale, l’action a été renforcée à tous les niveaux, avec une autorité, une volonté et des ressources accrues et de meilleures services en termes de prévention du VIH, de traitement, de prise en charge et de soutien. Certains pays font également état de progrès en matière de défense des droits de l’homme au niveau national et associent la société civile à l’élaboration, à la mise en œuvre et à l’évaluation des réponses nationales.

Pour sa part, l’Unesco œuvre dans le cadre d’une action plus large organisée par l’Onusida qui vise à universaliser l’accès à la prévention, à la prise en charge, au traitements et au soutien. La priorité accordée par l’Organisation à l’éducation s’appuie sur des éléments tendant à démontrer que l’éducation contribue à l’acquisition du savoir et des compétences personnelles essentiels à la prévention du VIH, et qu’elle protège les individus, les familles, les communautés et les nations contre les effets du sida. L’éducation contribue à venir à bout des situations qui favorisent la propagation du virus, notamment la pauvreté, les mauvaises conditions sanitaires, la violence et les mauvais traitements, en particulier à l’encontre des filles et des femmes. Elle peut aussi créer le climat de compréhension et de tolérance propre à atténuer la stigmatisation et la discrimination dont sont victimes les personnes séropositives.

En 2004, l’Unesco a relevé son niveau d’engagement en se posant en chef de file de l’initiative mondiale sur le VIH/sida et l’éducation (Edusida), qui soutient des actions de grande envergure dans le secteur de l’éducation. Trente pays participent actuellement à Edusida et d’autres sont intéressés par cette initiative. En outre, tous les secteurs, instituts et bureaux hors siège de l’Unesco contribuent à l’action que mène l’Organisation dans le domaine du VIH et du sida et qui est de plus en plus soutenue et appréciée à sa juste valeur.

Pour tenir compte du caractère prioritaire de l’accès universel et du rôle de l’Unesco dans le cadre du programme Onusida, j’ai engagé au début de l’année une révision et une mise à jour de la stratégie de l’Unesco dans le domaine du VIH et du sida. Pour cela, une vaste consultation est actuellement menée dans l’ensemble de l’Organisation; elle s’achèvera à la fin de l’année et servira de cadre d’orientation pour nos actions dans les années à venir. La stratégie a toujours pour objectif primordial de faire en sorte que les États membres apportent la réponse la plus efficace au VIH et au sida dans tous les domaines de compétence de l’Unesco. La priorité est d’empêcher, grâce à l’éducation, la propagation du virus et de protéger les fonctions essentielles du système éducatif contre les pires effets de la pandémie, en tirant parti des atouts et des ressources de tous les secteurs de l’Organisation.

Outre ses activités de programme, l’Unesco a accompli des progrès considérables pour faire de l’Organisation un lieu de travail plus sûr et plus protecteur. Une politique de l’Unesco relative au VIH et au sida sur le lieu de travail récemment mise à jour préconise de sensibiliser en permanence le personnel de l’Organisation à ces questions par des sessions de formation. L’Unesco participe activement au programme commun des Nations unies "UN Cares", qui vise à fournir informations, prise en charge et soutien aux fonctionnaires des Nations unies partout dans le monde. De plus, des distributeurs de préservatifs seront installés au siège de l’Unesco avant la fin de l’année pour faciliter l’accès à ces articles qui peuvent sauver des vies.

Ce sont là quelques-uns des moyens mis en œuvre par l’Unesco pour relever les défis que représente l’épidémie de VIH et de sida. J’invite instamment chacun d’entre nous à saisir l’occasion offerte par la Journée mondiale du sida 2006 pour réitérer notre volonté collective de nous engager à faire en sorte que la réponse de l’Unesco au VIH et au sida porte ses fruits.

Koïchiro Matsuura

(communiqué par le ministère de la Culture, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche / Commission nationale pour la Coopération avec l’Unesco)

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