Message de Koïchiro Matsuura à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement

L’importance croissante des régions polaires, en particulier si l’on considère le rôle crucial qu’elles jouent dans les systèmes terrestres et la façon dont elles affectent le changement climatique, a conduit le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) à choisir la "fonte des glaces" pour thème de la Journée mondiale de l’environnement en 2007. Cette année, la Journée mondiale de l’environnement appelle donc l’attention sur l’action entreprise dans le cadre de l’Année polaire internationale (2007-2008) pour faire face aux incidences tant scientifiques que sociétales des bouleversements intervenant dans les régions polaires. À notre époque, marquée par des changements du climat et de l’environnement planétaire, il est essentiel pour le bien-être de l’humanité et la préservation de la planète tout entière de se préoccuper des régions polaires et de chercher à mieux les connaître.

La hausse globale des températures rallonge la saison des fontes, provoquant le dégel des sols et la diminution des calottes et des glaciers polaires. Le recul des glaciers est un phénomène général déjà ancien, mais qui s’est accéléré ces dernières années. La fonte des glaciers dans toutes les régions du monde expose des millions de personnes à des risques d’inondations, de sécheresse, et de pénurie d’eau potable. Cette menace est particulièrement manifeste dans des régions telles que l’Asie et l’Amérique du Sud, où l’approvisionnement en eau de millions d’habitants et l’irrigation dépendent des écoulements de surface provenant des glaciers. Si ces derniers, qui fondent à grande vitesse, venaient à disparaître, il en résulterait de sérieuses pénuries d’eau, qui auraient de graves conséquences socioéconomiques et seraient une cause d’instabilité politique dans les régions où rivières et glaciers traversent les frontières nationales.

Les communautés vivant dans des environnements caractérisés par certaines conditions climatiques connaissent de profonds changements de l’équilibre écologique du fait de la fonte des glaciers. Ainsi, l’équilibre écologique des régions montagneuses, considérées par certains scientifiques comme le troisième pôle de la planète, de même que des terres arides, est particulièrement menacé, les régions polaires jouant un rôle important dans le maintien de l’équilibre thermique de la terre. À cela s’ajoutent des conséquences d’ordre socioéconomique, car la disparition de certaines ressources pourrait désorganiser les économies locales qui en sont tributaires, nécessitant l’adaptation des connaissances et des approches culturelles locales en matière de gestion des terres. La biodiversité et la relation entre l’homme et la nature en seront affectées et dépendent pour beaucoup de l’évolution des régions polaires dans les années et les siècles à venir.

L’Année polaire internationale lancée en mars 2007 sera consacrée à la surveillance des régions polaires, qui demeurent une zone d’ombre pour les scientifiques. En effet, ces derniers sont incapables de prévoir l’influence des modifications futures de la dynamique des flux glaciaires au Groenland et en Antarctique sur l’augmentation du niveau de la mer, ces mécanismes étant encore mal compris. L’Année polaire sera l’occasion de s’efforcer de combler en partie ces lacunes dans nos connaissances, tâche urgente si l’on songe que la dernière fois que la Terre a connu des températures polaires moyennes supérieures de 3 à 5° C à celles d’aujourd’hui, il y a quelque 125.000 ans selon les données recueillies au cœur des glaces, la réduction correspondante du volume des glaces polaires a entraîné une élévation de 4 à 6 m du niveau de la mer.

L’UNESCO est riche d’une longue tradition de programmes scientifiques offrant autant d’outils d’aide à la prise de décision, dans les domaines des océans, de l’eau, des écosystèmes, de l’énergie, des techniques de l’ingénieur ou de la gestion des catastrophes - pour n’en citer que quelques-uns. Ainsi, dans le cadre de l’Année polaire internationale, l’UNESCO a mis en place le projet Arctic-HYDRA, qui vise à étudier le cycle hydrologique arctique entre 2008 et 2013. Les programmes de l’UNESCO relevant de la sphère scientifique, ainsi que les programmes en rapport avec l’environnement qu’elle met en œuvre dans les domaines de l’éducation, de la culture et de la communication, constituent d’importants moyens de promouvoir la prise de conscience des bouleversements de notre planète et la recherche de solutions collectives aux changements néfastes et à leurs effets.

Seule une société bien informée sera en mesure de prendre des décisions responsables sur l’avenir de l’environnement et de notre planète; les Nations Unies ont un rôle important à jouer à cet égard. Je salue l’attachement du PNUE à la célébration de la Journée mondiale de l’environnement. L’UNESCO est prête à prendre part à cette initiative importante et afin qu’elle gagne encore en visibilité et en efficacité dans les années à venir.

(communiqué par le ministère de la Culture de l’Enseignement supérieur et de la Recherche / Commission nationale pour la Coopération avec l’Unesco)

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