Le Comité économique et social de la Grande Région pose les jalons pour l'avenir dans l'espace frontalier

Afin de surmonter les problèmes et obstacles auxquels sont confrontés les citoyens et les entreprises de la Grande Région, il est indispensable d’identifier des approches communes. Avec la crise actuelle, cette nécessité se trouve encore renforcée.

Organe central du dialogue social au sein de la Grande Région, le Comité économique et social de la Grande Région (CESGR) souhaite y apporter une contribution importante. Après 18 mois de présidence du sommet de la Grande Région assurée par le Grand-Duché de Luxembourg, le CESGR a présenté ses recommandations au XIe sommet des exécutifs des régions composantes de la Grande Région le 13 mai 2009 à la Chambre des métiers de Luxembourg. Par ailleurs, le CESGR a publié une nouvelle édition du rapport sur la situation économique et sociale de la Grande Région, établi en coopération avec le réseau des instituts spécialisés de l’Observatoire interrégional du marché de l’emploi.

Outre la crise économique et financière actuelle, la Grande Région se doit de relever le défi de la gestion des flux de frontaliers. Près de 143.000 personnes se rendent tous les jours à leur travail au Grand-Duché de Luxembourg. Les transports individuels représentent, avec 93%, le mode de locomotion privilégié. De l’avis du CESGR, les transports individuels ne pourront être réduits efficacement que si les transports en commun constituent une alternative attrayante pour les citoyens. Sous la présidence de Matthias Schwalbach, responsable de la promotion économique de la Chambre des métiers de Trèves, le groupe de travail "transports collectifs et infrastructures" a franchi des étapes décisives dans le cadre de cette présidence, à plusieurs égards. Suite au succès remarquable rencontré par la 2e conférence sur les transports dans la Grande Région avec la participation des ministres des Transports des onze collectivités territoriales de la Grande Région, le groupe de travail poursuit prioritairement le lancement d’une étude de faisabilité sur un rapprochement des différentes structures de transports en commun au sein de la Grande Région. La communauté des transports luxembourgeoise s’est déclarée disposée à en assurer le portage du projet. Le président du groupe de travail, Matthias Schwalbach, a souligné que "l’étude de faisabilité devait être basée sur une approche pragmatique et aboutir ainsi à la concrétisation d’une structure commune des transports dans la Grande Région. Il est encourageant de constater que presque toutes les composantes territoriales de la Grande Région se sont engagées à prendre part à ce projet".

Sous la présidence de Adalbert Ewen (membre du comité de direction de la Chambre du travail du Land de Sarre), un groupe de travail du CESGR s’est penché de plus près sur la situation des salariés et du marché de l’emploi transfrontalier de la Grande Région. Le CESGR recommande au sommet d’accorder, au cours de la prochaine présidence assurée par la Sarre, une attention particulière à l’impact transfrontalier de la crise financière et économique sur le marché de l’emploi de la Grande Région.

Si la mobilité transfrontalière prend une ampleur grandissante dans la Grande Région, bon nombre d’entreprises souhaitant franchir la frontière sont confrontées à une série d’obstacles. La situation s’est nettement améliorée au cours de ces dernières années et de nombreux obstacles administratifs ont pu être supprimés. Beaucoup d’entraves restent toutefois encore à surmonter. C’est ainsi que le CESGR a, fin 2008, sous la présidence d’Alexandra Rauchs, chargée de direction au ministère de l’Économie du Grand-Duché de Luxembourg, et en partenariat avec la CCI de Trèves, procédé à un nouvel inventaire des entraves au bon fonctionnement du marché dans la Grande Région, concernant notamment les prestations de services transfrontaliers et le détachement de travailleurs. "Les responsables politiques sont appelés à améliorer les conditions cadres permettant aux PME d’affirmer leur rôle en matière de création d’emploi et de la formation d’apprentis. Par ailleurs, il convient d’éliminer les distorsions existantes qui entravent le bon fonctionnement du marché en Grande Région. Plus qu’un marché transfrontalier, la Grande Région doit constituer un espace économique dans lequel il convient de consolider la cohésion économique entre les différentes régions et de créer des standards sociaux communs", souligne le président du CESGR Norbert Geisen.

Les petites et moyennes entreprises de la Grande Région ont souvent tendance à sous-estimer leurs atouts. Elles ne sont pas toujours disposées à procéder aux adaptations nécessaires, notamment en temps de crise économique, et manquent d’ouverture face à l’innovation et aux technologies nouvelles. C’est ainsi que le groupe de travail a également formulé des recommandations visant à supprimer ces freins à l’innovation.

"Toutes ces initiatives n'en sont toutefois encore qu’à leurs début. Malgré les progrès, d’importants efforts restent encore à accomplir", souligne Norbert Geisen. Le CESGR propose de mettre sur pied une plate-forme de communication, d’information et de coopération entre les autorités, administrations et chambres économiques de la Grande Région. "Je suis certain que l’initiative de la future Présidence sarroise du Sommet sur la création d’une Task Force nous fera avancer dans la bonne direction", poursuit-il.

Un échange régulier entre les responsables politiques en charge de l’économie dans les différentes composantes de la Grande Région est à ce titre primordial. "Je me félicite que le CESGR soit parvenu à poser les premiers jalons de cette coopération en réunissant pour la première fois, le 2 avril à la Chambre des métiers, les responsables politiques des PME issus de toutes les composantes territoriales de la Grande Région en vue de débattre des problèmes auxquels doivent faire face les petites et moyennes entreprises de la Grande Région prises dans la tourmente économique et financière."

Investir dans l’innovation et les nouvelles technologies est tout aussi important pour le maintien de la compétitivité que l’investissement dans les ressources humaines. Selon le CESGR, des efforts restent à entreprendre dans le domaine de la formation professionnelle au niveau transfrontalier, notamment en matière de reconnaissance mutuelle des diplômes de formation. En regard de cette situation, le CESGR souligne la nécessité d’une campagne de sensibilisation intense et précoce des jeunes et des entreprises au marché de la formation de la Grande Région et préconise l’intensification de l’apprentissage de la langue du voisin dans le cadre de la formation professionnelle. De l’avis du groupe de travail conduit par Maurice Grunwald (représentant de l’organisation patronale MEDEF), l’introduction du système européen de transfert de crédits pour la formation professionnelle ECVET (european credit system for vocational education and training), destiné à faciliter le transfert et la reconnaissance des acquis d’apprentissage, contribuera à améliorer considérablement la comparabilité des qualifications au sein de la Grande Région. Le CESGR recommande de développer les projets pilotes concernant l’expérimentation de ce système, lancés cette année avec succès.

Le Comité économique et social a en outre invité les chefs des exécutifs des régions composantes de la Grande Région à engager des mesures concrètes visant à ajuster le secteur de la santé aux besoins d’une société vieillissante dans la Grande Région. Sous la présidence de François Engels, conseiller de direction à la fédération des artisans du Grand-Duché de Luxembourg, le groupe de travail "santé" a élaboré des propositions visant à mieux prendre en compte les besoins spécifiques des personnes âgées et à exploiter au mieux, au sein de la Grande Région, les potentiels existants en matière d’emploi dans ce secteur. Dans sa prise de position, le CESGR attire l’attention sur le fait que la plupart des composantes territoriales de la Grande Région n’ont pas encore établi de planifications sur les besoins en matière de services aux personnes âgées, une démarche qui s’avère toutefois indispensable de l’avis du CESGR, notamment au vu de l'évolution démographique que connaît la Grande Région.

Par ailleurs, le CESGR a présenté son rapport sur la situation économique et sociale de la Grande Région, établi par le réseau de l’Observatoire interrégional du marché de l’emploi (OIE).

Le rapport que le CESGR soumettra également aux exécutifs de la Grande Région s’adresse non seulement aux responsables politiques et aux experts, mais aussi au grand public. Il a pour principal objet de fournir un tour d’horizon de la multitude de volets thématiques qui, en dehors de ce rapport, ne sont accessibles que de manière isolée, et vise à contribuer à une meilleure connaissance de l’espace de coopération situé entre la Sarre, la Moselle et la Meuse. L’établissement du rapport a été suivi par un groupe de travail du CESGR et évalué dans un avis.

Norbert Geisen s’est montré confiant au terme de son mandat: "Pendant la présidence luxembourgeoise, le CESGR a franchi des étapes décisives. Il importe maintenant de poursuivre ce chemin vers l’objectif commun qu’est le renforcement de l’espace de vie et espace économique Grande Région".

(communiqué par le Comité économique et social de la Grande Région)

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