Proclamation du gouvernement luxembourgeois à l'occasion du 60e anniversaire de l'invasion nazie le 10 mai 1940

Les hasards du calendrier peuvent avoir une signification profonde. Le cinquantenaire du Plan Schuman coïncide et avec le 55e anniversaire de la capitulation de l'Allemagne nazie en mai 1945 et avec le 60e anniversaire de l'invasion de notre pays par l'Allemagne nazie: le 10 mai 1940 les troupes allemandes ont violé la neutralité du Luxembourg et l'ont occupé. Cinq ans plus tard les généraux nazis ont signé la capitulation. Qui alors aurait imaginé que seulement cinq ans plus tard, le 9 mai 1950, un ministre français des Affaires étrangères, d'origine luxembourgeoise de surcroît, lancerait un appel à la réconciliation franco-allemande, base indispensable de la construction européenne.

Pour nous Luxembourgeois, ces dates sont intimement liées. Le 10 mai 1940 a été pour le peuple luxembourgeois le début d'une période difficile. Pendant plus de quatre ans notre territoire était occupé et notre population a été soumise au joug de l'envahisseur brutal qui voulait lui ravir sa liberté et son identité. Au mépris du droit des gens, sa jeunesse a été enrôlée de force dans l'armée allemande. En lançant une grève générale, les Luxembourgeois ont permis à notre pays de se forger à tout jamais une place parmi les Nations qui ont havé le joug de l'occupation étrangère. Les Luxembourgeois ont su résister au chantage et aux pressions de l'occupant nazi. Nombreux ont été ceux qui l'ont fait au sacrifice de leur vie.

Libéré une première fois en septembre 1944, le Luxembourg a connu de nouveau les affres de la guerre pendant l'offensive des Ardennes. Pour de nombreux jeunes et pour les résistants dans les prisons et les camps de concentration le calvaire a duré jusqu'en mai 1945. Cette douloureuse épreuve a renforcé la solidarité et l'identité des Luxembourgeois ainsi que leur volonté d'indépendance.

En répondant positivement à l'appel de Robert Schuman, les Luxembourgeois ont accepté de renoncer au nom de l'Europe à une partie de leur souveraineté. Ils savaient que la construction européenne offrait à leur pays la meilleure garantie de survie politique. En entamant la voie de la réconciliation avec l'Allemagne, notre pays a montré qu'on peut se souvenir du passé sans en être le prisonnier.

L'Union européenne a donné à l'Europe occidentale la paix. Notre pays n'a jamais connu une période aussi heureuse qu'au cours des cinquante dernières années.

Voilà pourquoi la journée d'aujourd'hui permet à ceux qui vivent en sécurité, en liberté et dans le bien-être d'exprimer leur respect et leur gratitude à ceux qui ont souffert au cours de la guerre et qui ont reconstruit notre pays par après.

Le gouvernement s'incline aujourd'hui, soixante ans après le 10 mai 1940, devant les souffrances subies par notre peuple au cours de la guerre et salue sa contribution à la construction européenne. Sans le 10 mai 1940 et sans la guerre en Europe qui allait devenir une guerre mondiale, le Plan Schuman et par conséquent une Europe réunifiée et réconciliée n'aurait pas vu le jour: le Plan Schuman a été un plan contre la guerre et son origine, le nationalisme aveugle; l'Union européenne a toujours été un plan pour la paix. Afin que cette paix nous reste acquise, les générations d'aujourd'hui se doivent, en mémoire des sacrifices et du dévouement de leurs parents et grand-parents, de persévérer dans l'œuvre européenne.

Communiqué par le ministère d'Etat

(Publié le 10 mai 2000)

     

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