Erna Hennicot-Schoepges lors de la remise des diplômes au Centre universitaire de Luxembourg

Mes félicitations les plus chaleureuses, chers lauréats et chères lauréates, pour votre succès aux examens du Centre universitaire de Luxembourg.

Mon respect, mesdames et messieurs les professeurs, pour le travail accompli et pour la qualité de vos prestations.

Il est de coutume que, lors de cérémonies de ce genre, l’on s’attarde quelque peu sur la valeur des diplômes qui y sont remis. Trop souvent qui dit valeur entend valeur marchande. Tel n’est cependant pas mon propos. Je ferai plutôt quelques remarques sur la qualité inhérente aux enseignements qui ont précédé l’obtention de ces diplômes.

Le Centre universitaire, quoiqu’une institution relativement jeune, a une longue expérience lorsqu’il s’agit d’organiser la mobilité de ses étudiants, qui pour la plupart seront amenés à terminer leurs études auprès d’autres universités. Ce dispositif exige du Centre universitaire qu’il établisse des liens avec d’autres institutions et je me félicite des accords conclus avec les universités étrangères. Ces accords témoignent aussi de la confiance qu’ont ces universités dans les enseignements dispensés au sein de cette institution, enseignements qui sont donc reconnus comme étant des enseignements de qualité.

Cependant, n’oublions pas que le monde de l’université est un monde en pleine évolution où les règles de la concurrence font apparaître l’étudiant comme étant également un client de services éducatifs. Dans une Union européenne où les frontières nationales cessent d’exister, l’étudiant s’orientera vers les universités dont la renommée est bien établie. Dans ce contexte, je rappelle qu’un classement des universités fait dorénavant partie des mœurs anglo-saxonnes et que cette tendance se développe aussi dans nos pays voisins.

Par ailleurs, notons également que le Luxembourg est en train de devenir une terre d’accueil pour des établissements étrangers.

Toutes ces considérations font qu’il nous faudra reposer la question de la qualité des enseignements en d’autres termes et qu’il faudra adopter une démarche qui soit cohérente avec celle des autres pays de l’Union européenne. Il s’agit d’assurer la qualité des enseignements de façon transparente et de prévoir les structures d’accréditation nécessaires pour autoriser la mise en place de nouvelles formations. Lors de la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union en 1997, j’étais amenée à négocier une recommandation sur l’assurance de la qualité de l’enseignement supérieur. Cette recommandation définit les critères nécessaires pour une évaluation de la qualité et rend possible la mise en place d’un réseau européen d’agences nationales pour l’évaluation.

J’ai l’intention de faire en sorte que le Luxembourg puisse participer pleinement aux travaux de ce réseau et d’ailleurs le Livre blanc sur l’Enseignement supérieur reprend l’idée et en esquisse la démarche.

L’idée a également été reprise lors de l’interpellation de Monsieur le député Ben Fayot sur l’enseignement supérieur. Dans une motion présentée par le député en question, il invite le gouvernement (je cite) "à veiller en général à la qualité de l’enseignement supérieur initial et continu et à procéder, dans les meilleurs délais, à l’évaluation, par les étudiants du CUNLUX et de l’IST, de toutes les prestations d’enseignement". La Chambre a voté pour cette motion à l’unanimité et j’entends avancer en la matière.

Outre la notion de qualité, permettez-moi de faire quelques brèves remarques sur le concept de mobilité. Le fait de forcer les jeunes luxembourgeois à parfaire leurs études à l’étranger est traditionnellement perçu comme un des atouts du système luxembourgeois. Je partage cette opinion et la loi de 1996 a été conçue dans cet esprit.

Malgré tout je suis d’avis que nous exploitons mal cette mobilité, mobilité qui se traduit très souvent par la présence de luxembourgeois qui vivent et travaillent aux quatre coins du monde. N’oublions pas que ces jeunes étudiants ou diplômés sont aussi les ambassadeurs de leur pays. Ils contribuent à la visibilité et au rayonnement du Luxembourg. Or, généralement c’est par hasard que nous prenons connaissance de l’existence de ces Luxembourgeois qui font carrière à l’étranger. Ainsi, j’aimerais arriver à mettre en place un réseau de diplômés luxembourgeois qui ont décidé de mener leur projet de vie au-delà de nos frontières. Si d’aucuns considèrent ce phénomène comme une perte pour le pays, je suis plutôt d’avis qu’il s’agit d’une source de richesse que nous nous devons d’exploiter.

J’ai tenu ces propos devant vous, puisque vous, qui êtes les lauréats d’aujourd’hui, êtes susceptibles d’être les universitaires de demain et je souhaite que le jour où vous décidiez de mener une carrière professionnelle à l’étranger vous vous souveniez de mes propos d’aujourd’hui.

Dans ce sens, félicitations et bonne chance

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