Le ministre de l'Economie Henri Grethen à l'occasion de la remise du prix de l'innovation industrielle de la FEDIL

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, chers étudiants de l'IST,

C'est avec un immense plaisir que j'assiste de nouveau à cette cérémonie de remise du prix de l'innovation industrielle.

Monsieur le Président,

Vous pouvez vous imaginer qu'en ma qualité de Ministre qui a dans ces attributions l'encouragement des activités de recherche et d'innovation de nos entreprises, je ne peux autrement qu'exprimer ma satisfaction devant la qualité des trois projets que vous primez aujourd'hui.

Je tiens donc à féliciter les représentants des sociétés GUDDLAND DIGITAL S.A., Fours HEIN S.à r.l. et CIRCUIT FOIL Luxembourg TRADING S.à r.l. pour la réussite de ces projets.

J'aimerais rajouter que je ne suis pas surpris des noms des lauréats et des projets primés, puisqu'il s'agit d'entreprises que mes services connaissent bien pour leurs efforts réguliers en matière de recherche et d'innovation. Je peux également vous révéler que le Ministère de l'Economie a encouragé la réalisation des trois projets R&D primés.

Preuve est donc faite, s'il en était encore besoin, que l'encouragement financier sur base de l'article 6 du Régime d'encouragement de la R&D de la loi de développement et de diversification économiques de 1993 contribue bel et bien à la genèse de nouveaux produits, procédés et services et donc à maintenir sinon accroître la renommée et la compétitivité de nos entreprises.

Or, si la renommée de CIRCUIT FOIL n'est certainement plus à faire, laissez-moi m'attarder un peu plus sur les deux autres lauréats qui illustrent à plusieurs titres et de façon exemplaire quelques-uns des objectifs de ma politique en faveur de l'innovation et de la création de nouvelles activités technologiques.

Ces entreprises ont toutes les deux l'habitude d'être discrètes sur leur succès et préfèrent plutôt œuvrer à la satisfaction de leurs clients plutôt que de briller dans des actions de relations publiques, du moins au niveau national. Qu'ils souffrent pour une fois que je ferai leur éloge pour illustrer mes propos!

Il y a maintenant une bonne dizaine d'années, le Ministère de l'Economie et la SNCI ont pour la première fois encouragé le développement du premier prototype d'un pupitre de commande de machinerie scénique. Avec cette innovation, la toute jeune entreprise de deux copains informaticiens non moins vieux essayait de se démarquer des autres sociétés de développement informatique. De par les enjeux technologiques et financiers de ce projet, on la qualifierait aujourd'hui, dans notre jargon moderne, de "start-up" technologique. Au fil des années et au prix d'efforts sans relâche en innovations et d'une politique intelligente d'alliances stratégiques, GUDDLAND DIGITAL s'est forgé une réputation jusqu'en Chine. Luxinnovation a régulièrement suivi et conseillé cette entreprise tout au long de sa démarche d'innovation. Aujourd'hui, ses systèmes de commandes gèrent les machines scéniques de quelques-uns des plus prestigieux théâtres d'Europe. Vous pourrez d'ailleurs vérifier mes propos lorsque le théâtre de la Ville de Luxembourg ouvrira de nouveau ses portes, puisque c'est un de ces derniers marchés.

L'entreprise Fours HEIN est pour sa part une illustration parfaite comment une entreprise de plus de 100 ans et d'origine artisanale peut encore de nos jours et grâce à des efforts constants d'innovation vendre ses fours pour pâtisseries artisanales et industrielles sur les cinq continents et même devenir leader en Europe.

Le projet primé fait également partie d'un nouveau programme ambitieux de recherche, le deuxième à la suite que le Ministère de l'Economie a été appelé à encourager dans les deux dernières années.

Monsieur le Président,

Vous m'accorderez que ces illustrations prouvent que je partage entièrement votre conviction que les efforts de recherche et d'innovation sont devenus des facteurs déterminants de la compétitivité de nos entreprises, grandes et petites, jeunes ou moins jeunes.

Vous avez également raison de relever que même dans la situation conjoncturelle actuelle, les entreprises ne devront pas réduire leurs efforts dans ce domaine. Je peux d'ailleurs vous rassurer que je n'ai pas l'intention de réduire mon effort d'encouragement des projets industriels de recherche-développement dans l'année budgétaire à venir.

Les réductions au niveau des dépenses pour la recherche scientifique et appliquée, que vous avez mentionnées, ne représentent en définitive que le report d'une année du démarrage de quelques nouveaux programmes de recherche publique financés par l'FNR.

Permettez-moi d'ailleurs de profiter de cette plate-forme pour démentir ceux qui estiment pouvoir déceler dans ma politique économique une tendance au "laisser-faire et au laisser-aller" et de tranquilliser ceux qui craignent que l'initiative ministérielle ne soit plus possible qu'au prix d'un appareil bureaucratique démesuré.

Quelques exemples pour montrer que mes initiatives lancées en début de la législature se portent bien et que, même avec la structure légère de mon Ministère de l'Economie, je suis à même d'en lancer de nouvelles:

Les projets primés aujourd'hui témoignent du savoir-faire de nous entreprises qui est parfois plus apprécié à l'étranger qu'il n'est reconnu au Luxembourg.

Vous avez évoqué l'initiative "cluster" d'incitation des entreprises à la collaboration technologique au niveau national pour stimuler le développement de nos pôles de compétences existants et pour en générer de nouveaux. Je viens de recevoir le premier rapport intermédiaire de l'animateur de cette initiative qu'est Luxinnovation. D'après une première évaluation sommaire, mes services me confirment l'intensité des échanges entre les membres. Les premiers pourparlers pour l'encadrement de plusieurs projets inter-entreprises ont déjà été engagés. Je projette de présenter au cours du premier trimestre 2003 l'évaluation complète de cette phase pilote qui s'achève et les conclusions qui s'imposent.

Au cours de la même période, je pense également pouvoir présenter au public intéressé le portail de l'innovation, un outil d'information et de communication que j'espère très utile pour l'ensemble de la communauté technologique et scientifique luxembourgeoise. Ce sera également une vitrine d'exposition des compétences de ces communautés.

L'observatoire de l'innovation, qui est une entreprise de plus longue haleine, s'apprête également à lancer l'une ou l'autre des ses études.

Voilà pour les initiatives engagées. Permettez-moi d'évoquer dans ce contexte également deux nouvelles initiatives qui s'intéressent plus particulièrement à la politique de la création d'entreprises technologiques.

Pas plus tard que ce matin, j'ai présenté à la presse les conclusions d'une étude réalisée par mes services avec le concours d'un bureau d'étude spécialisé. Cette étude à pour objet de définir le concept du Ministère de l'Economie pour la création de structures d'accueil des entreprises "start-up" sur les friches de Belval-Ouest. Ces structures sont prévues dans le contexte de la future Cité des Sciences, de la Recherche et de l'Innovation et de la Faculté des Sciences, de la Technologie et de la Communication de l'Université de Luxembourg. J'aimerais résumer comme suit le concept proposé par l'étude:

1.    Pour être attractif pour des créateurs, le positionnement technologique de ces structures et, par extension, de la Faculté devra prendre en compte les pôles de compétences qui existent déjà dans l'économie et l'environnement scientifique notamment celles qui font déjà l'objet de concertations au niveau des grappes technologiques, dont les nouveaux matériaux et procédés technologiques avancés) tout en restant ouvert à de nouvelles opportunités (telles que les biotechnologies par exemple).

2.    En découle logiquement, qu'à côté de surfaces bureau, il faut également prévoir des structures permettant l'accueil de laboratoires techniques et d'ateliers de premier prototypage et de petit usinage. La superficie requise serait de quelque 2.400 m2, dont 600 à réserver pour les ateliers.

3.    A côté de structures d'incubation, il s'agit également de prévoir des structures de relais modulables pour des entreprises qui se développent rapidement tout en restant financièrement trop vulnérables pour déjà investir dans l'immobilier.

Pour des raisons de flexibilité par rapport au modèle d'urbanisation qui est développé pour Belval-Ouest, l'étude propose de prévoir ces structures de relais dans la zone d'activités économiques que je projette d'aménager sur l'ancien Crassier d'Ehlerange d'une superficie exploitable totale de quelque 50 hectares. Ces structures pourraient progressivement évoluer vers une dizaine de bâtiments, de l'ordre de 3.000 à 3.500 m2 chacun avec des aires d'extensions, répartis sur une superficie totale de quelque 10 hectares.

4.    L'étude part d'une hypothèse, que je jugerais optimiste, de création maximale, par an et sur l'ensemble du territoire, de 6 à 8 entreprises de la haute technologie et de possibilités d'accueil à l'horizon 2012 d'une trentaine d'entreprises dans les structures évoquées.

Elle en conclut que le Gouvernement ne pourra justifier que le support d'une seule structure d'accueil dans le pays, du moins pour les entreprises industrielles et de service et préconise de répartir ces différentes fonctions sur les sites de Belval-Ouest et d'Ehlerange.

Si elle ne fait qu’esquisser une première ébauche d’un concept qu’il s’agira de concrétiser par la suite, je considère néanmoins que cette étude nous trace des pistes utiles que nous ne manquerons pas de creuser. J'en ai déjà saisi les organismes en charge de la valorisation des sites industriels et de la mise en œuvre du projet de la Cité des Sciences, que sont la société Agora et le Fonds Belval.

J'ai également proposé à Madame la Ministre de la Culture, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, qui attache également un intérêt légitime de voir de telles infrastructures se réaliser sur le site de la Cité des Sciences de la Recherche et de l'Innovation, que mes services de l'Economie continuent à préciser une offre intégrée de structures d'accueil et de services de support pour ce projet.

Il est évident qu'il nous importe déjà de prendre en compte les premiers enseignements de la phase pilote du Technoport Schlassgoart.

Ceux-ci confirment notamment que l'encadrement optimal de start-up technologiques requiert un ensemble complexe de compétences diverses et complémentaires qui ne peuvent toutefois être offertes par un acteur unique.

Bien entendu, les compétences technologiques (technologies de l'information et de communication, technologies industrielles et le conseil environnemental et en matière de veille technologique) sont des arguments d'attractivité importants du Technoport.

Mais il a également fallu se rendre à l'évidence que surtout dans la phase d'incubation et de lancement d'une nouvelle activité, l'accès à d'autres compétences dont notamment l'ingénierie financière et fiscale, le droit des sociétés, la gestion des ressources humaines, etc. est aussi sinon plus important que l'accès à des compétences de recherche.

Sauf pour le cas particulier d'activités nouvelles qui ne deviennent exploitables après solution dans l'immédiat d'un problème technologique incontournable, les créateurs d'entreprises même high-tech sont normalement plus accaparés par les problèmes de tout genre directement liés au lancement de leur activité. L'attrait des compétences de recherche augmente normalement au fur et à mesure que la survie de l'entreprise se confirme et que les ressources financières et humaines s'étoffent.

Il est vrai que Luxinnovation, en tant que facilitateur relationnel s'est déjà proposé dans la phase pilote pour assister les entreprises en question dans la mise en rapport avec d'autres acteurs externes au Schlassgoart, dont également le Ministère de l'Economie, la SNCI ou CD-PME.

Toujours est-il que beaucoup d'autres acteurs sont également appelés à soutenir ce mécanisme d'assistance et cela aussi bien dans l'immédiat (je pense par exemple aux Chambres au niveau de la formation) qu'à l'horizon du lancement de l'Université de Luxembourg.

N'oublions pas non plus que d'autres acteurs (notamment les deux autres CRP et plusieurs syndicats intercommunaux) ont également déjà exprimé leur intérêt pour de telles structures.

Il faut donc dès à présent essayer de fédérer les efforts existants ou à l'étude pour créer une offre cohérente et la plus compète possible dans une démarche commune.

Je pense qu'il appartient au Ministère de l'Economie, en raison de ses compétences et de ses instruments d'encadrement du Développement économique national, de relever le défi de coordonner et d'organiser cette offre intégrée de structures et de services de support.

Le besoin de telles structures se justifiant déjà actuellement pour relayer le Technoport Schlassgoart, j'ai fait acquérir par l'Etat et je suis en train d'aménager les quelque 3.000 m2 des anciens bâtiments Thomas&Betts pour y accueillir le projet "ECOSTART".

Cette structure aura la double fonction d'être à la fois un incubateur pour des entreprises démarrant leurs activités et une structure de relais pour héberger des entreprises en phase de développement, ainsi que pour des entreprises étrangères qui sont à la recherche d'un premier pied à terre au Luxembourg.

A terme cette fonction sera localisée dans la nouvelle zone d'Ehlerange.

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

J'ai noté avec satisfaction que la FEDIL est également prête à supporter le Ministre de l'Ecomomie dans cette démarche. Je sais que la création d'entreprise est un sujet qui vous tient à cœur, dont démontre la BUSINESS INITIATIVE et son concours "1,2.3 GO" que je soutiens également. Je considère que le modèle du coaching qui a été mis sur pied par cette initiative est appelé à prendre une place importante dans l'offre d'encadrement que je viens d'évoquer.

Je crois que nous avons encore beaucoup de matière à coopérer au profit de la compétitivité de nos entreprises.

Je vous remercie de votre attention.

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