Discours de Erna Hennicot-Schoepges à l'occasion du 40e anniversaire du traité de l'Elysée

Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le Bourgmestre,
Mesdames, Messieurs,

C’est avec une émotion toute particulière qu’en tant que Ministre luxembourgeois de la Culture, je participe aujourd’hui au quarantième anniversaire d’un des actes les plus importants pour l’édification d’une Europe unie et pacifique, le traité de l’Elysée. La commune de Schengen, dont le nom est devenu un symbole de l’unité européenne, nous accueille dans ce charmant paysage des bords de la Moselle.

En remontant le cours de la Moselle sur quelques kilomètres jusqu’à Thionville, il est possible de remonter le temps jusqu’au règne de Charlemagne, et de mesurer le chemin parcouru depuis le testament de l’Empereur le « diviso regnorum », rédigé à Thionville en 806. En décidant de partager son empire entre ses trois fils, Charlemagne ne pouvait imaginer qu’il faudrait plus de onze siècles pour ressouder ce qui avait été divisé et qu’enfin, à une quinzaine de kilomètres de là, soit signé le traité de Schengen. Plus de onze siècles pour parcourir une quinzaine de kilomètres! L’histoire emprunte parfois des chemins détournés, sinueux et douloureux. 

Le dernier épisode de cette sinistre saga qui a déchiré l’Europe, devrait rester comme celui qui aura illustré les deux acceptions du mot dernier. Ce qui est dernier, c’est à la fois ce qui est le plus récent et ce qui n’aura pas de suite. La dernière guerre sera donc la dernière. Et ceci grâce notamment à l’engagement visionnaire et courageux des deux hommes qui ont partagé cette célèbre poignée de main, inimaginable quelques années auparavant, j’ai nommé Charles de Gaulle et Konrad Adenauer. Certes, il leur avait fallu le courage de montrer au monde, encore traumatisé par la plus terrifiante des conflagrations qui ont déchiré l’Europe, leur désir d’enterrer les haines et les divisions du passé, mais surtout, ils avaient su dépasser cette simple évidence que seuls d’anciens ennemis peuvent faire la paix, pour décider de faire de leur réconciliation, une base de la construction européenne. De par sa situation géographique, linguistique et historique, le Grand-Duché ne pouvait rester indifférent à cette volonté.

Sorte de charnière naturelle entre ses deux grands voisins, le Luxembourg s’est retrouvé témoin, victime ou acteur de leurs rapports parfois conflictuels. Il a aussi été moteur de leur réconciliation, notamment en oeuvrant à l’édification d’une Europe Unie. Dès 1926, Émile Mayrisch avait souhaité développer la coopération franco-allemande, aussi bien en contribuant au rapprochement des industries métallurgiques, dont il ne savait que trop qu’elles peuvent aussi servir à fabriquer des canons, qu’en créant un Comité d’Information et de Documentation franco-allemand. Après sa disparition prématurée, son épouse poursuivra son oeuvre, en ouvrant largement les portes de sa demeure de Colpach à des écrivains, artistes et philosophes des deux pays.

Et c’est sur les ruines encore fumantes d’une Europe déchirée par la plus sanglante de toutes les guerres, que Robert Schuman, né à Luxembourg d’un père français et d’une mère luxembourgeoise, s’attacha à poser les premières pierres d’une nouvelle Europe, au sein de laquelle le couple franco-allemand devait jouer un rôle décisif.

Meine sehr geehrten Damen und Herren,

Luxemburg liegt an der Grenze von Romania und Germania. Will man aber nicht das Trennende, sondern das Verbindende, den Brückenschlag, betonen, spricht man vielleicht angemessener von Konfluenz. Denn in Luxemburg fließen wie in einem Schmelztiegel sui generis die zwei Kulturen zusammen, denen wir uns zugehörig fühlen, ohne dafür unsere Eigenart aufzugeben.

So war es für das Luxemburger Kulturministerium eine Selbstverständlichkeit, die Produktion des Theaterstücks Hugoethe von Jean-François Prévand zu fördern. Beide Schriftsteller, Victor Hugo und Johann Wolfgang Goethe, wurden durch die jeweiligen Wirren der europäischen Geschichte nach Luxemburg verschlagen, und an beider Aufenthalt mögen sich die Luxemburger als Teil der eigenen Geschichte erinnern. Das Stichwort Hugoethe wird somit geradezu zur Chiffre für unsere Zwischenposition, die zum Vermitteln qualifiziert und zum Bindeglied bestimmt. Was wir im deutsch-französischen Intervall als Fähigkeit erworben haben, lässt sich auf einen weiteren Rahmen übertragen, heute schon auf die Union mit ihren fünfzehn Mitgliedsstaaten, und in naher Zukunft erst recht auf das ehrgeizige Projekt einer erweiterten Gemeinschaft.

Aber nicht nur auf internationalem Parkett, sondern auch vor Ort lässt sich das Vermittlertum im Geist Colpachs mit Leben füllen. So entsteht in der früheren Abtei Neumünster im Luxemburger Stadtviertel Grund eine Internationale Begegnungsstätte. Es bleibt zu hoffen, dass das Programm des trinationalen Instituts den drei Kulturen, der deutschen, der französischen und der luxemburgischen, zu ihrem Recht verhilft, dass aber gleichzeitig durch den kulturellen und intellektuellen Austausch die Emergenz von gemeinsamen, grenzüberschreitenden Projekten und Initiativen gefördert wird. Denn nur so kann ein multilateraler, interkultureller öffentlicher Raum entstehen, der modellhaft dazu beiträgt, die Idee europäischer Kulturinstitute innerhalb und außerhalb der Union durchzusetzen.

Das trinationale Kulturinstitut, - und darüber freue ich mich ganz besonders -, wird den Namen jenes Staatsmannes tragen, der als Vertreter eines kleinen Landes in exemplarischer Weise eine große Rolle beim Aufbau Europas gespielt hat. Ich spreche von dem ehemaligen Luxemburger Staats- und Kulturminister Pierre Werner, dem Vater der europäischen Währungsunion und des Euro.

Exzellenzen, Herr Bürgermeister, liebe Gäste,

Sicher ist es ein gutes Omen, wenn Europa nicht nur eine wirtschaftliche, sondern auch eine kulturelle Dimension kennt. Aber bei der Feier zum 40-jährigen Elysée-Vertrag und angesichts der Freundschaft zwischen Deutschland und Frankreich, sollten wir nicht aus dem Auge verlieren, dass europäische Gemeinsamkeit auch europäische Friedenssicherung bedeutet. Eines sollten wir demnach nicht vergessen: Europa "bauen" heißt nie wieder Krieg führen.

Ich danke Ihnen für Ihre Aufmerksamkeit

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