Le ministre des Affaires étrangères Lydie Polfer à l'occasion du 50e anniversaire d'Eurostat

Monsieur le Commissaire / Directeur général
Mesdames, Messieurs,

La tradition exige que les anniversaires soient fêtés dignement, mais rares sont les occasions où il nous est donné de rendre hommage à une création aussi impressionnante que celle qui est à l'honneur aujourd’hui.

En effet, au cours des 50 dernières années l'Office Statistique d'abord, Eurostat ensuite a su accompagner, orienter et évaluer l'approfondissement et la diversification des politiques communautaires. Afin de pouvoir prendre des décisions politiques ou analyser l’impact des politiques nationales ou communautaires en toute connaissance de cause, nous avons besoin d’informations statistiques incontestables, actuelles, cohérentes et comparables entre-elles. Le travail fourni par Eurostat, sa connaissance intime de la réalité de nos pays et de la vie de l'Union, nous sont par conséquent d'une valeur inestimable.

Avec plus de 730 collaborateurs hautement spécialisés, Eurostat n'est pas uniquement un instrument indispensable, pour les décideurs politiques, les dirigeants économiques ou encore les chercheurs universitaires dès lors qu'il s'agit de bien saisir la complexité des réalités de l'Union, d'orienter leurs choix ou d'évaluer les performances, dans un nombre croissant de domaines de l’économie aux  finances en passant par l’agriculture, l’industrie, le commerce, l'énergie, les sciences et la technologie aux conditions sociales de la population. (pour ne citer que les domaines les plus importants). Au fil des années, - grâce au dévouement et à l'esprit d'initiative de ses dirigeants et de son personnel, - Eurostat est devenu aussi l'organisme de référence pour les données statistiques harmonisées au niveau européen et un des grands acteurs, sinon le leader, dans son domaine au niveau mondial.

Nous mesurons aujourd'hui tout l’envol qu'a pris le Service Statistique de la Haute Autorité, composé de 7 pionniers lors de sa création fin 1952. La multitude des supports, publications et informations produits chaque jour, la consultation en ligne et la confection de statistiques sur mesure, ne peuvent se comparer à la publication du premier rapport sur la situation économique du charbon et de l’acier dans l’Europe des six, il y a 50 ans. Pourtant, ce fascicule constituait lui aussi une petite révolution à l'époque. Pour la première fois, une publication officielle établissait une base de comparaison fiable entre les performances et la situation de l'industrie sidérurgique dans les 6 pays de la CECA. Depuis, le goût de l'innovation et la passion des chiffres - mais surtout des réalités qu'ils révèlent - n'ont plus quitté tous ceux qui dans vos murs contribuent à cette vaste entreprise européenne et pour lesquels l'Europe et ses citoyens ne semblent pas avoir droit aux secrets.

Aujourd’hui, les bases de données macroéconomiques et sociales gérées par Eurostat contiennent plus de 270 millions de données différentes et couvrent l’ensemble de la réalité économique et sociale des pays de l’Union et des pays adhérents. Leur consultation permet aux responsables du monde politique ou économique, aux universitaires et aux médias ainsi qu'aux citoyens intéressés de se procurer toutes les informations nécessaires à la définition de leurs activités.

Ainsi, Eurostat nous apprend non seulement que le PIB de la zone euro était en hausse de 0,1% au cours du dernier trimestre de l'année écoulée, ou que la productivité de la main d’œuvre dans les services marchands est la plus forte au Luxembourg, en Suède, au Danemark et en Allemagne. Grâce à vos travaux nous savons aussi que les Irlandais vont trois fois plus souvent au cinéma que les Grecs ou les Finlandais, que 56% des jeunes européens de 15 à 24 ans ont visité au moins un autre pays de l’Union au cours des trois dernières années ou que 45% des jeunes de 15 à 24 ans ont déclaré avoir déjà consommé du cannabis au Danemark.

Cette foule d'information contribue à rendre l'Europe et sa complexité plus compréhensible et plus transparente pour le citoyen et à illustrer et documenter toute la richesse et la panoplie des réalités que constitue l'Union européenne et ses régions.

Il est cependant une question à laquelle les experts d'Eurostat n'ont pas trouvé de réponse en dépit du nombre écrasant d'informations stockées dans leurs ordinateurs.

Il s'agit du prix d'une heure de paix.

La question peut sembler surprenante. Dans le contexte européen, elle ne l'est pourtant pas. Chaque anniversaire européen que nous fêtons nous rappelle aussi que l'histoire de la construction européenne est avant tout l'épopée de la plus vaste initiative pour la paix jamais entreprise en Europe.

Par contre, le corollaire de cette victoire sur l'esprit de confrontation, les succès en matière de progrès économique et social qui ont accompagné l'unification de notre continent et qui profitent à l'ensemble des citoyens européens sont abondamment documentés dans les séries historiques d'Eurostat qui constituent une vraie caverne aux trésors pour tous les passionnés de l'histoire quantitative de nos pays.

Je suis fière que la mémoire et la compétence statistiques de l’Union ont choisi d'élire domicile à Luxembourg, qu'elles se sont développées ici et qu'elles nous ont gardé la  fidélité depuis maintenant un demi-siècle.

Aussi, je tiens à rendre hommage au travail remarquable accompli par Eurostat au cours de cette période. Notre tradition veut que les gouvernements successifs aient toujours fait de leur mieux pour répondre aux exigences liées à la croissance de l'Europe ou découlant de nos obligations comme la plus ancienne des villes siège de l'Union. Je peux donc vous assurer du plein appui du gouvernement luxembourgeois pour relever, conformément à votre tradition, les défis qui sont devant nous.

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