Discours d'Anne Brasseur à l'occasion du 400ème anniversaire de l'Athénée

Altesses Royales,

Votre présence à cette cérémonie du quadricentenaire constitue une reconnaissance, un appui et un encouragement non seulement pour les responsables de l’Athénée, mais également pour tous ceux qui s’engagent pour préparer nos jeunes aux défis de demain.

Soyez-en remerciés de tout cœur.

Altesses Royales,
Excellences,
Chers élèves,
Mesdames, Messieurs,

Quand une personne ou une institution atteignent un âge canonique, elles inspirent le respect et elles nous incitent à être dignes d’elles.

Déjà Napoléon Bonaparte a su mettre à profit ces sentiments en haranguant son armée avant la bataille d’Egypte par ces mots devenus célèbres : "Soldats, songez que, du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent".

Certes, du haut de l’Athénée, seulement quatre siècles nous contemplent. Et pourtant, l’histoire qu’a vécue l’Athénée est riche en enseignements et constitue un bel encouragement pour la bataille - métaphorique bien-entendu - que nous devons mener pour offrir à nos jeunes, également à l’avenir, une éducation de qualité.

Je ne vais pas me pencher sur toutes les péripéties et tous les avatars que l’histoire mouvementée des quatre siècles passés a réservés à cette vénérable institution. Monsieur Armand Thill le fera tantôt et d’autres l’ont fait - d’ailleurs admirablement bien - comme en témoigne la publication magnifique "400 Joër Kolléisch".

Mais vous me permettrez d’essayer de tirer la quintessence des leçons que nous transmettent ces quatre cents ans d’enseignement.

L’Athénée – fidèle à son étymologie de "temple de Pallas Athéna", déesse de la sagesse, des arts et des sciences - a été durant des siècles le fer de lance de la tradition humaniste de l’enseignement luxembourgeois.

A travers les lettres grecques et latines, il a prôné la sagesse antique prenant pour fin la personne humaine et son épanouissement.

Il a su mettre l’accent sur la dignité de l’esprit humain, il a révélé aux élèves le monde des idées pures et leur a inculqué les valeurs éternellement vraies, telles qu’elles apparaissent dans les dialogues de Platon.

Mais ces valeurs humanistes, livrent-elles encore aujourd’hui les réponses que nous, les responsables actuels de l’éducation, devons trouver pour garantir à notre jeunesse un avenir plein d’espoir ?

Ces valeurs, suffisent-elles pour tenir compte de la diversité des besoins d’un public scolaire toujours plus hétérogène ?

Garantissent-elles une éducation incitant les jeunes à trouver un sens à la vie et à agir selon des normes éthiques qui inspirent le respect d’autrui et permettent une vie harmonieuse dans une société multiculturelle ?

Le seul message contenu dans les lettres grecques et latines – aussi riche qu’il fût - ne suffit plus.

Mais Athéna n’est-elle pas également la déesse des sciences et de tous les arts ? L’Athénée - comme l’a relevé d’ailleurs Monsieur le Directeur - a su s’adapter aux exigences scientifiques, linguistiques et artistiques d’un monde en évolution, fidèle en cela à sa devise "innovation comme tradition".

De surcroît, l’idée de l’humanisme renferme également le goût de l’effort, la rigueur dans le travail et la volonté de donner le meilleur de soi-même.

Ce sont ces qualités qui constituent la clé du succès.

Alliées à des connaissances de base solides et à un système de valeurs prônant la solidarité et la tolérance, elles préparent les jeunes à trouver leur place dans le monde concurrentiel d’aujourd’hui et à assumer pleinement leurs devoirs de citoyens.

Altesses Royales,
Mesdames, Messieurs,

Au fil des années, des milliers de jeunes ont trouvé à l’Athénée leur accès au savoir de base et à la culture, ce qui leur a permis de réaliser leurs aspirations et de se lancer dans des carrières souvent brillantes.

Je me dois d’apprécier à leur juste valeur les mérites des générations passées et présentes et, plus particulièrement, des directeurs et des professeurs qui, avec dévouement et engagement, ont permis à l’Athénée de réaliser sa noble mission.

Si vous me le permettez, chers élèves, un dernier mot à votre adresse : à l’entrée de votre établissement sont gravés au mur les mots grecs

"a éi menestós aiglé".

Comme vous l’avez remarqué à la prononciation, je n’ai jamais appris le grec. De mon temps les hommes veillaient presque jalousement à ce que ce volet de la sagesse d’Athéna reste réservé à la seule gent masculine. Ainsi l’accès à l’Athénée était refusé aux jeunes filles jusqu’en 1968.

 En traduction ces mots signifient: "pour toujours, souvenir de la brillance".

Chers élèves, laissez vous guider par ces mots, comme les générations avant vous, et songez aux quatre siècles qui, du haut de l’Athénée, vous contemplent.

A cette fin, mes meilleurs vœux vous accompagnent. Bonne chance, de tout cœur.    

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