Le ministre de l'Economie lors de l'ouverture officielle de la 84e Foire du printemps

Altesses Royales,

Par Votre présence Vous soulignez l’intérêt que Vous ne cessez de témoigner à l’économie du pays. Les entreprises, petites et grandes, vous savent gré de Votre engagement qui leur est un encouragement précieux. Les chefs d’entreprises et leurs collaborateurs apprécient à sa juste valeur l’aide que Vous ne cessez de leur apporter, que ce soit au plan national ou au plan international. Vous n’hésitez pas un seul instant pour Vous faire l’Ambassadeur de leurs intérêts et Vous ne cessez de les encourager, surtout par temps économiques plus difficiles, de persévérer dans leurs projets.

Soyez-en remerciés vivement.

Altesses Royales,

Excellences,

Mesdames, Messieurs,

La croissance du Produit Intérieur Brut au cours de l’année 2003 a été plus favorable que ce que la conjoncture internationale avait laissé entrevoir en automne dernier. La forte croissance de l’économie mondiale de près de 4% a permis de contrebalancer l’appréciation de l’euro. Au Luxembourg, malgré l’environnement morose, la croissance aura été de 2,1% en 2003. C’est un résultat satisfaisant, particulièrement si on le compare à celui de la zone euro qui a dû se contenter d’un petit demi-point de pourcentage.

Comparé au dernier épisode de ralentissement, celui de la période de 1992-1996, le ralentissement des trois années écoulées aura été plus prononcé. Il est vrai qu’à l’époque, le secteur financier qui progressait de 6,7% par an, avait protégé l’économie luxembourgeoise d’un retournement brutal de la conjoncture! Nous avons donc passé un cap difficile.

On est en droit de penser que la croissance est en passe de s’accélérer cette année et encore l’année prochaine. Tout en restant en dessous de son potentiel elle ne sera pas en mesure de stabiliser le taux de chômage, voire de le faire régresser.

La Commission européenne a d’ailleurs révisé à la hausse les prévisions de la croissance pour l’économie luxembourgeoise: elle table pour 2004 sur 2,4%. Cette prévision se situe entre celles du FMI de 2,3% et de l’OCDE de 2,6%. A la fin de ce mois, le STATEC va présenter le résultat de ses simulations pour l’année en cours et l’année prochaine. Je pense que le Service Central de la Statistique et des Etudes Economiques - qui avait fait preuve d’une grande prudence en se situant dans le bas de la fourchette d’estimation - va vraisemblablement réviser ses prévisions à la hausse.

En 2003, l’inflation est restée subjuguée en dessous de 2% alors que l’emploi a crû encore de 2%, ce qui est remarquable.

Cette révision ne change pourtant pas le jugement global porté sur l’économie luxembourgeoise. Certes, ces chiffres permettent de reconsidérer plus favorablement notre appréciation de l’évolution de la productivité du travail, un élément décisif de la compétitivité de l’économie luxembourgeoise. Mais cette embellie des chiffres ne doit pas cacher, au-delà des fluctuations conjoncturelles, certains problèmes structurels de la compétitivité des entreprises.

C’est la raison pour laquelle je vais m’attarder à présenter l’éventail très riche des mesures de politique structurelle que j’ai mis en place au cours de la législature et j’entends partager avec vous quelques propositions nouvelles pour préparer l’économie luxembourgeoise aux défis du 21e siècle.

Citons ainsi l’élargissement de l’Union Européenne par 10 nouveaux pays membres - à faibles coûts de main d’œuvre -, le déplacement des pôles de croissance vers l’Asie et l’ouverture de la quasi-totalité des marchés nationaux à la concurrence étrangère.

D’abord il m’incombe, en tant que Ministre de l’Economie, à replacer l’entreprise, - petite et grande -, au cœur de la création de richesse du pays.

Il n’y a de richesse économique qui ne vienne de l’entreprise.

Ainsi, la condition essentielle pour pouvoir garantir notre niveau de vie actuel et la politique sociale et redistributrice de l’Etat reste le renforcement de notre tissu économique national.

Ensuite, il convient de rappeler une autre donne essentielle de l’économie luxembourgeoise qui est son ouverture à l’extérieur et vers l’extérieur, et ainsi sa totale et immédiate dépendance de la compétitivité internationale de ses entreprises.

Dans ce contexte, le rôle de l’Etat est primordial. Il consiste à créer un environnement d’affaires hautement favorable au niveau international, augmentant ainsi la compétitivité des  entreprises résidentes: par des mesures fiscales, par l’amélioration des infrastructures et - dans le contexte actuel d’importants changements structurels - par l’encouragement d’un dialogue constructif et responsable entre partenaires sociaux.

Cette concertation constructive entre acteurs sociaux et économiques a été et restera essentielle pour le bien-être de notre économie. Je voudrais souligner ma volonté de parvenir à des accords basés sur un dialogue ouvert et réaliste. Je m’abstiendrai de tomber dans le piège de la démagogie facile qui nuit à une approche raisonnable, sereine et constructive de quelques dossiers difficiles, actuellement sur la table de négociation.

Originaire du Sud de notre pays, je me sens viscéralement attaché à la sidérurgie qui a fait la richesse de notre pays. Je partage la conviction de feu Carlo Hemmer qui soulignait en 1953 que «le Luxembourg est un don du fer, comme l’Egypte est un don du Nil». Avec toute la population du Bassin Minier, j’ai souffert des restructurations opérées dans la sidérurgie pour sauver l’essentiel. Et ce n’est pas de gaieté de cœur que je participe à une nouvelle restructuration qui risque de coûter quelque mille emplois alors que l’emploi salarié dans la sidérurgie a déjà diminué d’environ 2000 unités au cours de la période 1994 à 1999.

Toutes ces restructurations ont été négociées dans le cadre de la tripartite dans un esprit de coopération et de transparence, dans le souci de consolider sur le long terme la production d’acier au Luxembourg dans un contexte économique international en mutation profonde. Les investissements considérables de quelque 350 Mio EUR que le groupe Arcelor se propose de réaliser doivent contribuer à renforcer la compétitivité des usines luxembourgeoises et à pérenniser une activité industrielle importante dans l’acier à Luxembourg.

Ensemble avec le groupe Arcelor nous allons œuvrer pour implanter de nouvelles activités industrielles sur les sites sidérurgiques désaffectés, la priorité revenant aux localités les plus touchées par les restructurations en cours.

L’expérience d’Arcelor en France et en Wallonie, où le groupe fait appel à des sociétés spécialisées pour faciliter l’implantation d’entreprises nouvelles, pourrait servir d’exemple pour une démarche future au Luxembourg. Par ailleurs, je m’attends à ce qu’Arcelor facilite la réaffectation de friches sidérurgiques à des activités industrielles nouvelles.

L’infrastructure de transport détermine également la compétitivité d’une économie ouverte comme la nôtre, en assurant la connexion aux principaux pôles économiques européens.

Ainsi, des investissements conséquents seront engagés par le Gouvernement dans la modernisation des infrastructures de transport de biens, de personnes et d’informations. Rappelons ici: la connexion ferroviaire directe entre Luxembourg et le réseau de trains à grande vitesse (TGV) français, la modernisation de la ligne Luxembourg-Bruxelles, le développement des lignes ferroviaires en Grande Région, les investissements autoroutiers destinés à rendre le transport privé plus sûr et plus fluide ou encore la modernisation de l’aéroport de Luxembourg. 

Ces investissements devront également trouver une contrepartie dans les entreprises luxembourgeoises utilisant ces infrastructures. Votre serviteur recherchera de façon conséquente et proactive le dialogue social, tout en tenant compte des données économiques incontournables.

Ainsi, le Gouvernement continuera à favoriser l’évolution nécessaire des CFL, de la LUXAIR et de l’Entreprise des P&T, afin que ces entreprises stratégiques pour l’attractivité du Luxembourg continuent à se développer au sein d’un environnement européen de plus en plus ouvert et concurrentiel. Ici aussi, la concertation avec tous les partenaires sociaux responsables autour d’objectifs communs donnera à ces entreprises les moyens de maîtriser avec succès les défis qui se posent dans cette étape importante de leur évolution.

Au-delà de son souci pour les entreprises détenues en tout ou en partie par l’Etat, le Gouvernement a également su jouer le rôle de catalyseur dans le développement d’initiatives privées.

Ainsi, le Ministère a activement contribué à la prise de conscience et à la fédération d’entreprises faisant partie de grappes industrielles. Je voudrais citer ici comme exemple l’ILEA qui regroupe les industries sous-traitantes du secteur automobile. La proximité des instances politiques et administratives, et la flexibilité et la rapidité des chemins décisionnels au sein de l’Etat feront en sorte que l’efficacité de tels regroupements sera multipliée afin de répondre aux besoins spécifiques de ces secteurs.

Dans le contexte de la concurrence et du souci de durabilité, il importe aussi de souligner l’importance des petites entreprises à fort enracinement local, porteuses d’innovation et d’esprit d’entreprise, pour une économie diversifiée et structurellement saine. Un objectif prioritaire est et devra rester le renforcement conséquent de ces petites entreprises, face à une forte concurrence étrangère, par des mesures fiscales et réglementaires notamment.

Dans cet ordre d’idées, le Gouvernement a déjà abaissé l’impôt sur le revenu des collectivités de 37,5% à 30,4%, parallèlement à la baisse des impôts sur le revenu des personnes physiques et il envisage l’abrogation complète de l’impôt sur la fortune professionnelle et privée.

Je m’oppose par contre à une réduction généralisée du temps de travail, puisque celle-ci nuit à la compétitivité des entreprises, particulièrement des petites entreprises. Il s’agira plutôt de réfléchir au cas par cas à des modèles flexibles d’aménagement du temps de travail conciliant les objectifs d’entreprises individuelles et les intérêts des salariés. Le CES planche actuellement sur une formule de «comptes épargne temps» qui devrait être un outil idoine d’assouplissement du temps de travail

Finalement, le Gouvernement continuera à faciliter l’accès des entreprises aux services de l’Etat, notamment par l’instauration en cours d’un guichet unique physique et en ligne, et portera à l’avenir plus d’attention à simplifier les procédures d’autorisations administratives, en instaurant notamment un temps de réponse maximal.

Une autre priorité qui me tient particulièrement à cœur est l’adaptation des compétences des «ressources humaines» aux besoins d’une économie en pleine mutation. Le monde change à une vitesse grandissante et l’acquisition de compétences toujours plus spécialisées et poussées est une nécessité pour le maintien et le renforcement de la productivité et donc de la compétitivité nationale.

Le Ministre de l’Education, en coordination avec le Ministre de l’Economie, a su fédérer au sein de son programme ‘Life-long Learning’ de nombreuses initiatives publiques et privées qui visent à développer une véritable culture de la formation et de la mise à jour continuelle de compétences.

C’est également un des moyens les plus appropriés pour enrayer le développement du chômage, puisque de nombreuses analyses montrent que ce phénomène se caractérise au Luxembourg essentiellement par une inadéquation des profils des demandeurs d’emploi aux besoins des postes vacants.

Face donc à un environnement en forte mutation, vous aurez compris que le Ministre de l’Economie cherche avant tout à favoriser un environnement au sein duquel les entreprises, petites et grandes, trouvent une infrastructure physique et réglementaire compétitive, particulièrement en y associant les principaux acteurs économiques et sociaux dans un esprit de responsabilité, de concertation et de transparence.

Le potentiel de notre économie réside avant tout dans les services à haute valeur ajoutée: nous devons construire une véritable économie du savoir.

L’économie du savoir, c’est tout d’abord la qualité et l’efficacité de nos structures d’enseignement.

Les réformes de l’enseignement primaire et secondaire mises en œuvre au cours des 5 dernières années commencent à porter leurs fruits au fur et à mesure que les élèves évoluent dans leur carrière scolaire ou professionnelle: ces réformes ne sont pas des solutions «miracle » comme certains semblent le reprocher au Gouvernement, mais bien des réformes profondes apportant une amélioration durable et continue de notre enseignement. Ce qui me semble important dans cette démarche, c’est de construire un système qui encourage les jeunes à prendre des attitudes entrepreneuriales dès le plus jeune âge; c’est la notion de responsabilité individuelle qui doit devenir davantage un trait de caractère dans notre société et c’est par l’école que cela devra passer.

Aujourd’hui, parmi les forces vives de notre nation, nous comptons de nombreux dirigeants étrangers qui contribuent à maintenir et à développer notre richesse. Nous avons besoin d’eux, tout comme nous avons besoin de centaines de cadres étrangers de haut niveau pour assurer la compétitivité de notre économie.

Pour les attirer, nous devons veiller à ce que les infrastructures scolaires soient à la mesure des aspirations de leurs enfants. Ainsi le Gouvernement a financé la construction de l’International School of Luxembourg et entend soutenir le Lycée Vauban ou la St. George’s School.

La nouvelle loi sur le financement des écoles privées a concrétisé la volonté de faire de ces structures éducatives un élément d’attractivité pour les cadres étrangers dont notre économie a cruellement besoin.

L’Université du Luxembourg, qui rappelons-le, a été créée pendant cette législature, est amenée à devenir un moteur de l’innovation et de la recherche luxembourgeoise et sera sans doute un pilier indispensable de cette «économie du savoir» que nous voulons construire: de par sa place privilégiée dans l’infrastructure du savoir et du savoir-faire de notre pays, je la conçois comme un véritable moteur dans la création de capital humain. Et ce sont des projets européens de recherche et, surtout, de nouveaux modèles de coopération entre l’Université et le secteur privé en matière de recherche qui en seront le vecteur. C’est sur cette toile de fond que je m’engagerai pour l’augmentation des budgets de recherche publics dans l’esprit du processus de Lisbonne qui vise à faire de l’Europe l’économie de la connaissance la plus compétitive du monde.

L’«économie du savoir», c’est aussi la promotion de l’esprit d’entreprise, qui est et restera une préoccupation majeure du Ministre de l’Economie et des autres acteurs de la place, dont la Chambre de Commerce, la Fédération des Industriels ou encore le GIE Luxinnovation qui ont lancé, seuls ou ensemble, de nombreuses initiatives telles que la «Business Initiative».

Le récent projet de loi sur les SICAR, les Sociétés d’Investissement à Capital Risque, est l’un des nombreux résultats très concrets d’une démarche volontariste de développement économique. Dans ce contexte, ensemble avec les acteurs de la place financière, nous devons profiter de l’élan donné par ce véhicule très compétitif pour développer des fonds d’investissement en capital risque à Luxembourg. Mais nous devons aussi convaincre les acteurs du «private equity» d’établir une partie de leurs structures de gestion au Luxembourg.

Dans l’économie du 21ème siècle, le commerce électronique deviendra la plateforme d’échange privilégiée. C’est ainsi qu’ont été transposées en droit luxembourgeois les directives européennes sur le commerce électronique et la signature électronique. Le Ministère de l’Economie, en partenariat avec le secteur bancaire, a aussi mené à bien le projet d’étude en vue de créer une infrastructure à clé publique sous le label «LuxTrust».

Altesses Royales,

Excellences,

Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi un mot sur la politique de développement et de diversification économiques dont d’aucuns voudraient faire l’aune à laquelle on jugera de la compétence du Ministre de l’Economie.

Sachez que j’assume entièrement les résultats de la politique menée au cours des cinq dernières années. 58 entreprises ou activités nouvelles, 604 Mio € d’investissements et un potentiel de création d’emplois de plus de 1900 unités, voilà des chiffres qui ne mentent pas. Je ne voudrais pas ici m’étendre sur le fait que les grands blocs économiques – Etats-Unis, Japon – ont pendant cette période accusé un net ralentissement de leur croissance économique bridant les ambitions de leurs entreprises d’investir dans des capacités de production en Europe, alors que parallèlement la perspective d’une adhésion imminente à l’Union Européenne a renforcé l’attractivité des nouveaux pays pour des investisseurs étrangers qui y trouvent une main d’œuvre souvent bien formée et toujours bon marché.

Mais quoiqu’il en soit, nous devons persévérer dans nos efforts de diversification économique et industrielle. S’il est vrai que le constat de Paul Lenert dans son éditorial paru au Luxemburger Wort du 17 avril 2004 est pertinent, à savoir que: «die Ansiedlung von AOL & Co hat dem Luxemburger Haushalt auf einen Schlag und umweltschonend mehr Einnahmen zufliessen lassen als beispielsweise jemals die grösste Bank an Körperschaftssteuer in ihrem besten Jahr abgeführt hat» alors il faut certes s’en féliciter, et nous le faisons, mais il ne faut pas se laisser éblouir par ces montants.

Une économie structurellement saine et performante doit reposer également sur un pilier industriel largement diversifié et capable d’offrir des produits et services à forte valeur ajoutée. Au-delà de leur rôle de créateur de richesse et de pourvoyeur d’emplois qualifiés, l’industrie est également un vecteur de diffusion de technologies de pointe et de savoir-faire élaboré.

Par son appel à la sous-traitance, aux activités de services aux entreprises, l’industrie, plus que tout autre secteur, sert de point d’ancrage pour de multiples activités en amont et en aval de la production industrielle proprement dite.

Nous allons donc persévérer dans nos efforts pour implanter au Grand-Duché de nouvelles activités industrielles à forte intensité capitalistique et faisant appel des à technologies pointues.

Depuis samedi dernier, 10 nouveaux pays ont rejoint l’Union Européenne et pour nombreux de leurs fonctionnaires le Kirchberg et le Luxembourg sera leur nouvel environnement de travail et de vie familiale. Si nous pouvons certainement nous réjouir de cet élargissement, il faut cependant aussi nous préparer aux nouveaux défis qui en résultent. Ainsi, le différentiel salarial entre le Luxembourg et les nouveaux pays de l’Union Européenne ne peut plus se justifier simplement par le niveau INDIVIDUEL de compétence des travailleurs pris de façon isolée; aujourd’hui ce niveau est atteint, voire dépassé par d’autres. C’est plutôt par la combinaison de multiples éléments qui constituent notre société - infrastructures, institutions, paysage social, compétences et formations etc. - que nous pourrons rester compétitifs dans ce nouveau monde. L’interdisciplinarité de notre environnement nous montre la voie, car cette polyvalence est la caractéristique principale d’une société mature, mais dynamique. C’est une dynamique multidisciplinaire très complexe qui permet à une société d’assurer l’innovation, une notion qui prend toute son importance dans un monde dans lequel il faut être le «premier» à générer les produits et solutions, le «premier» à mettre les produits sur le marché, mais aussi le «premier» à adapter les produits aux changements constants de la demande; cette capacité d’être le «premier», cette longueur d’avance sur le marché, restera notre principal atout pour défendre notre niveau de vie élevé.

La politique de l’innovation sera la forme moderne de la politique économique.

Le Conseil économique et social, dans son avis annuel, a consacré quelques passages à la bonne gouvernance publique. Il recommande la création de mécanismes transversaux entre les différentes composantes de l’Etat pour assurer une veille efficace des opportunités créées par l’Union Européenne afin que de nouveaux défis ou opportunités soient «identifiés au stade le plus précoce possible».

Portons un regard au-delà des frontières, vers des pays européens qui se classent parmi les plus avant-gardistes en matière de politique de redéploiement économique. La Finlande s’est ainsi dotée de plusieurs plateformes transversales qui visent la gestion de l’innovation au sein de l’économie finlandaise. En Suisse, l’Académie suisse des sciences techniques recommande l’adoption de plusieurs éléments du modèle finlandais par la Confédération, dont la mise en place d’une plateforme transversale pour l’innovation dans l’industrie et les services. L’innovation devient ainsi un effort commun et coordonné entre Gouvernement, entreprises, universités et administration.

Cette transversalité entre composantes de l’Etat avec des acteurs privés de la place a déjà été testée avec un succès certain dans le cadre de la place financière avec l’instauration du CODEPLAFI – Comité pour le Développement de la Place Financière: la toute récente loi sur la titrisation est un excellent exemple des initiatives transversales qui peuvent être réalisées à travers une telle structure. 

Le Ministère de l’Economie qui pilote les travaux du Comité de développement économique et de l’Observatoire de la compétitivité dispose d’ores et déjà de deux instruments à vocation horizontale dont les missions et les travaux sont étroitement liés à nos objectifs et moyens en matière d’innovation et de développement.

Je me propose de fédérer ces deux entités sous une forme qui reste à définir mais qui servira de plate-forme à vocation délibérément transversale appelée à engager une réflexion de fond sur une «Innovationspolitik aus einem Guss» comme le disent si bien nos amis suisses.

Les voies à creuser sont multiples, je pense notamment à la veille juridique, avec un regard sur les directives européennes en gestation et les opportunités de développement économique qu’elles renferment, le cas échéant, mais également à l’évolution à donner à notre droit économique pour créer un environnement légal et régulatif favorisant l’éclosion d’activités économiques nouvelles.

Un autre axe de réflexion couvre les besoins en qualifications pour les métiers de la société de l’information ainsi que les infrastructures indispensables pour attirer et ancrer durablement les entreprises de l’économie du savoir. En effet, la disponibilité d’une infrastructure technique et d’une main-d’œuvre qualifiée seront indispensables pour nous démarquer de concurrents comme l’Irlande, la Suisse ou le Royaume-Uni.

 Altesses Royales,

Excellences,

Mesdames, Messieurs,

Que le Luxembourg est aujourd’hui déjà un espace attractif pour l’activité économique et la qualité de vie, nul ne le contestera. Impôt sur le revenu des collectivités et charges sociales patronales compétitifs, multilinguisme, accès direct et peu bureaucratique aux décideurs, programme d’aides étatiques sont des réalités qui plaident en faveur d’une implantation sur le sol luxembourgeois.

Cette attractivité se reflète dans un grand nombre d’études internationales portant et sur la compétitivité de l’économie luxembourgeoise et sur la qualité de vie locale.

Une simple recherche sur Internet suffit pour s’en convaincre. Permettez-moi ici de retenir à titre d’exemple une étude récente qui me semble très complète: l’UBS a en 2003 recueilli et analysé 35.000 données sur 70 agglomérations à travers le monde, en Asie, en Amérique et en Europe. En voici les résultats: Le Luxembourg se place au 8ème rang des salaires nets, en prenant en considération toutes les catégories professionnelles: employés, fonctionnaires, ouvriers, artisans, indépendants. Pour ce qui est du niveau des prix par contre, le Luxembourg se situe au 26ème rang en prenant en compte le prix des loyers, de l’alimentation, de l’habillement, de divers biens de consommation et des services.

En combinant ces deux données pour obtenir le pouvoir d’achat, la banque classe le Luxembourg au 3ème rang mondial. Ainsi, le Luxembourg est un pays à très fort pouvoir d’achat. Ce fait est renforcé par des charges d’impôt et de sécurité sociale très faibles, puisque dans cette catégorie, le Luxembourg se situe au 47ème rang, tout à fait en queue du peloton des pays développés.

D’autres analyses, comme celles de l’IMD ou d’EuroMoney confirment les bons résultats du Luxembourg en tant que pays où il fait bien vivre et investir.

Comprenez-moi bien, il n’est pas dans mon intention de vouloir masquer certains problèmes que notre économie connaît aujourd’hui et que j’ai déjà abordés préalablement. Mais j’aimerais remettre ici les choses en perspective et clamer haut et fort ce dont je suis convaincu: en l’occurrence que, même s’il y a toujours des opportunités pour mieux faire, le Luxembourg est aujourd’hui un espace économique porteur de croissance et créateur d’emploi, un pays qui offre un cadre et une qualité de vie exceptionnels à ses habitants.

Ce constat devrait nous inspirer dans nos démarches de promotion et de prospection à l’étranger. Prenons un cas comme l’Irlande: dans l’étude UBS précitée, comme dans d’autres, Dublin se classe bien moins favorablement que Luxembourg. Mais l’Irlande se vend fort bien. Au sein de son agence de promotion IDA, dotée d’un budget annuel de 200 Mio €, quelques 300 employés travaillent d’arrache-pied à Dublin mais également dans des succursales établies à travers le monde à promouvoir les atouts de l’île verte. Un travail de marketing en profondeur qui incontestablement porte ses fruits.

Sans vouloir préconiser l’instauration d’une structure similaire au Luxembourg, j’estime que nous pouvons apprendre de cette expérience. Aujourd’hui l’image de marque et les avantages d’un pays se vendent comme ceux d’une entreprise commerciale. Je n’ai aucun problème - et mon engagement de ces 5 dernières années l’a démontré - à prendre mon bâton de pèlerin et à aller personnellement démarcher des patrons étrangers.

L’effort de promotion du Luxembourg à l’étranger mérite donc une attention continue.

La collaboration entre le Ministère des Affaires Etrangères et nos ambassades, le réseau des consuls honoraires, le Board of Economic Development avec ses bureaux aux Etats-Unis, au Japon et en Corée et le Ministère en charge de la place financière, d’un côté, la Chambre de Commerce, la Fedil, l’ABBL, l’Alfi de l’autre côté, gagnera à être renforcée. L’expérience acquise lors de la mission économique à Milan où l’ensemble de l’économie luxembourgeoise s’est présenté de manière concertée en Votre présence, Altesses Royales, est des plus encourageantes.

Cet effort de promotion doit être poursuivi de façon active, systématique et concertée.

Altesses Royales,

Excellences,

Mesdames, Messieurs,

Les conditions pour aller de l’avant, nous les détenons entre nos mains. Il importera toutefois de ne pas commettre d’erreur d’aiguillage.

Je me permettrai de résumer comme suit mes convictions :

1) investir dans l’enseignement, la formation et la formation continue ;

2) favoriser la recherche et la recherche-développement ;

3) stimuler l’esprit d’entreprise ;

4) diversifier notre secteur industriel ;

5) renforcer par des mesures structurelles les PME;

6) soutenir activement la politique d’innovation ;

7) maintenir nos infrastructures à la pointe du progrès.

Il n’y a de richesse économique qui ne vienne de l’entreprise. A nous de veiller que cette vérité garde toute sa valeur.

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