Allocution d´ouverture de Marie-Josée Jacobs, ministre de l'Égalité des chances, lors de la conférence Pékin +10

Chères/chers collègues,
Excellences,
Madame la Présidente de la Commission parlementaire des droits de la femme et de l’égalité des genres,
Madame le Directeur général de l’Emploi, des Affaires sociales et de l’Egalité des chances de la Commission européenne,
Mesdames, Messieurs les Député-e-s,
Mesdames les Conseillères d’Etat,
Mesdames, Messieurs,

C’est pour moi un immense plaisir de vous souhaiter au nom de la Présidence luxembourgeoise la bienvenue à Luxembourg. L’honneur nous revient de présider cette conférence organisée avec le soutien de la Commission européenne et en collaboration avec le Parlement européen et le Lobby européen des femmes.

Je suis particulièrement fière d’accueillir à cette conférence importante des invités de haute marque de tous les États membres de l’Union européenne, de l’AELE (pays EFTA: Liechtenstein, Norvège, Islande, Suisse) des Pays candidats à l’adhésion, des Institutions européennes, des Organisations internationales et nationales, des partenaires sociaux et des ONGs ainsi que des expertes et experts de marque qui ont accepté de nous accompagner, avec leur expertise dans nos débats.

Cette conférence se situe entre la conférence régionale de la Commission économique pour l’Europe de décembre 2004 et la 49e session de la Commission de la Condition de la femme qui se tiendra à New York du 28 février au 11 mars et durant laquelle l’Union européenne, représentée par la Présidence luxembourgeoise, devra intervenir.

Comme la session de la Commission de la Condition de la femme de cette année sera consacrée à la révision et à l’évaluation décennales de la mise en œuvre de la Plate-forme de Pékin, notre réunion ici à Luxembourg marque une étape importante. En effet elle permet aux États de l’Union européenne et à ses partenaires réunis ici, de renforcer leur cohérence afin de parler d’une même voix à New York et d’adopter une position commune. Il me paraît essentiel d’éviter à tout prix que durant la réunion à New York ni les objectifs de Pékin ni les avancées réalisées depuis 1995 ne soient remises en cause.

Notre message doit aller en faveur d’une réaffirmation positive de notre engagement et d’un renforcement des efforts en faveur de la mise en œuvre complète et efficace de la Déclaration et de la Plate-forme d’Action de Pékin. Il m’est particulièrement important de souligner les liens entre la révision de la plate-forme de Pékin et celle des objectifs de développement du Millénaire et il est de notre devoir d’insister sur le fait que l’égalité entre les femmes et les hommes et le renforcement du pouvoir d’action des femmes sont essentielles à la réalisation de tous les objectifs de développement du Millénaire.

Notre conférence a pour objectif d’analyser les mécanismes institutionnels et les instruments techniques permettant de concrétiser les engagements politiques.

Le sujet des mécanismes institutionnels sera également abordé lors de la 49e session de la Commission de la Condition de la femme (CSW). Le 28 février 2005 je participerai, au nom de l’Union européenne, à une table ronde de "haut niveau" sur "les innovations dans les arrangements institutionnels pour la promotion de l’égalité des sexes au niveau régional".

Le Programme d’action de Pékin a identifié la conception et l’amélioration des mécanismes institutionnels chargés de favoriser la promotion des femmes comme un des 12 domaines critiques imposant aux gouvernements de prendre des mesures. Il est indéniable que les mécanismes institutionnels sont indispensables à la mise en œuvre de la Plate-forme d’Action de Pékin et à la promotion de la politique d’égalité entre les femmes et les hommes.

L’Union européenne a joué un rôle pionnier dans le développement des mécanismes institutionnels. Le rapport de la Présidence qui a été finalisé par un groupe d’expertes internationales, fournit une analyse du développement institutionnel et notamment des mécanismes nationaux et autres organes gouvernementaux. Il examine également le développement des instruments et techniques qui sont nécessaires pour traduire les engagements politiques en réalité.

Malgré les progrès encourageants qui ont été accomplis en ce qui concerne la situation des femmes dans les Etats membres, le rapport nous confronte également aux obstacles qui empêchent la réalisation effective de l’égalité entre les femmes et les hommes et relève les défis majeurs qui restent.

Au cours de cette réunion, nous aurons l’occasion d’échanger nos expériences et d’identifier, à l’aide d’exemples concrets, les instruments et techniques les plus performants. Nous discuterons par la suite les défis les plus urgents à relever. Vos idées me sont précieuses et guideront la préparation de mon intervention à New York.

La conférence s’articulera autour des trois axes suivants : Législation, Evaluation et Responsabilisation.

La session d’aujourd’hui sera consacrée à la législation et à sa mise en œuvre. En juin 2000 une session extraordinaire de l’Assemblée générale a réexaminé la mise en œuvre du Programme d’action. Les gouvernements ont alors adopté un document final dans lequel ils se sont engagés à réviser leurs législations nationales en vue de s’efforcer à supprimer les dispositions discriminatoires "dès que possible, de préférence d’ici à 2005". Aujourd’hui nous aurons l’occasion de discuter les progrès réalisés tant au niveau communautaire qu’au niveau national.

Je me réjouis particulièrement que les interventions d’aujourd’hui feront le rapprochement entre la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) et la législation européenne. Très attachée à ce remarquable instrument des droits fondamentaux des femmes, je suis convaincue que la ratification et l’application de cette convention accéléreront la réalisation de l’égalité entre femmes et hommes. Lors de son entrée en fonctions en août 2004, le nouveau Gouvernement luxembourgeois a expressément confirmé son engagement en faveur de la Convention CEDAW dont la mise en œuvre constitue le cadre pour les actions en faveur de l’égalité entre femmes et hommes.

La journée de demain sera consacrée à la stratégie de l’approche intégrée de la dimension du genre, qui va de pair avec les actions spécifiques. Le Gouvernement luxembourgeois s’est prononcé, dans sa déclaration gouvernementale, pour le renforcement de ses mécanismes institutionnels et pour l’intégration du genre dans l’ensemble de ses actions et politiques.

Pour bien appliquer la stratégie du gender mainstreaming il est important de développer des mécanismes d’évaluation et de contrôle ainsi que de responsabilisation.

Je suis sûre que le rapport de la Présidence sur la mise en oeuvre du Programme d’action de Pékin, qui nous sera présenté par le groupe des expertes indépendantes, nous fournira des idées novatrices et susceptibles de clarifier et de perfectionner les instruments et outils à utiliser pour renforcer nos stratégies.

Nous aurons également l’occasion de discuter le bilan alternatif dressé par le Lobby Européen des Femmes sur la mise en œuvre de la Plate-forme de Pékin. Le dialogue avec la société civile est essentiel pour améliorer la transparence et la responsabilité des gouvernants vis-à-vis de leurs interlocuteurs.

L’association de la société civile et des partenaires sociaux à la mise en œuvre d’une politique d’égalité est indispensable.

Je suis curieuse d’ apprendre par quelles stratégies et techniques mes collègues de l’Espagne, de l’Irlande et de la Suède ont intégré la dimension du genre dans leurs politiques nationales et leurs processus budgétaires. J’espère que cette table-ronde, présidée par la Commission européenne, nous renseignera également sur leurs expériences avec l’utilisation d’indicateurs et de critères d’évaluation des performances dans l’élaboration et le suivi de l’évolution des objectifs stratégiques.

Les indicateurs jouent un rôle important dans l’évaluation à mi-parcours de la stratégie de Lisbonne à laquelle les États-membres vont procéder sous notre Présidence. L’ambition de l’Union européenne de développer un modèle social qui garantisse l’équilibre entre croissance économique, emploi et cohérence sociale doit se fonder sur l’égalité entre les femmes et les hommes. La Présidence luxembourgeoise veillera à ce que la dimension du genre ne soit pas sacrifiée aux impératifs économiques.

L’après-midi du jeudi nous donnera l’occasion de débattre le sujet des mécanismes qui permettent d’améliorer la transparence et d’accroître la responsabilité des gouvernants par rapport à leurs engagements.

Les intervenantes et intervenants aborderont surtout les sujets de la condition des femmes dans les situations d’après guerre, la traite des êtres humains ainsi que les politiques d’aide au développement.

Les stratégies utilisées pour promouvoir l’égalité des sexes et la démarginalisation des femmes dans les politiques d’aide au développement seront illustrées au moyen d’un pays en développement cible sur lequel le Luxembourg concentre sa coopération bilatérale.

Dans ce contexte je voudrais m’associer à toutes les voix qui ont rappelé que l'assistance humanitaire doit aussi comprendre la protection et la sécurité des femmes et des enfants, devenus particulièrement vulnérables dans les pays d'Asie dévastés par les tsunamis et déjà victimes selon plusieurs agences de l'ONU de viols, d'abus sexuels et de trafics.

Chers - chères collègues,
Mesdames, Messieurs,

Pour planifier notre action future nous devons mobiliser nos ressources collectives afin de pouvoir progresser dans tous les domaines critiques de la Plate-forme de Pékin.

Je suis convaincue que les contributions des intervenant-e-s et participant-e-s hautement qualifié-e-s encourageront et stimuleront un débat et un dialogue constructifs.

J’espère qu’à la fin de cette conférence nous serons en mesure de tirer des conclusions qui nous aideront à aller de l’avant et nous guideront dans le développement de nouvelles actions et stratégies. Il est impératif de trouver, pour les années à venir, des solutions concrètes pour instaurer l'égalité dans le quotidien.

Les conclusions de la conférence influeront dans la réunion ministérielle qui aura lieu le 4 février et durant laquelle une déclaration commune devra être adoptée par les ministres de l’Egalité entre les femmes et les hommes.

Je suis sûre que notre collaboration étroite contribuera de façon significative aux travaux et au succès final de la 49e session en faveur de l’égalité entre femmes et hommes et à la révision des objectifs de développement du Millénaire.

Je vous remercie d’être venu-e-s à Luxembourg et je vous souhaite un agréable séjour.

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