François Biltgen à l'occasion de l'inauguration du forum "La science dans la cité" à Bruxelles

Monsieur le Commissaire,
Mesdames et Messieurs,

Je me félicite de pouvoir participer à cette inauguration du FORUM Science et Société qui accueille près d’un millier de participants. Ce succès énorme témoigne de l'intérêt croissant que le thème des relations entre science et société rencontre actuellement auprès du public européen.  Je félicite les organisateurs pour avoir choisi une forme si vivante pour le Forum.

Il y a lieu de constater qu’au fil du temps l'attitude de la société à l'égard de la science avait été sujette à un changement constant, passant d'une confiance illimitée à la méfiance, d'une admiration au dénigrement. Ce fait doit nous faire prendre conscience que la science est insérée dans un contexte social et que son développement est le résultat d'activités humaines qui peuvent et doivent être orientées. 

Je me permets de citer l’exemple de Hans Bethe, lauréat du prix Nobel décédé hier. Bien qu’il fût un des pères de la bombe atomique, il a développé au cours de sa longue carrière de scientifique une attitude plutôt critique envers la développement des technologies nucléaires qui a abouti à un appel adressé au président Bill Clinton à arrêter de s’engager dans le développement d’armes nucléaires.

On constate donc souvent un rapport conflictuel entre science et société qui ne peut se saisir sans souligner l'autonomie que la science a acquise au cours des siècles, devenant un système de connaissance marqué par la liberté cognitive. La science semble parfois avoir oublié qu'elle est une activité humaine débouchant sur l'action, ce qui réclame le respect d'autres valeurs.

On accuse souvent injustement la science du mauvais usage qu'est fait des connaissances qu'elle produit. En réalité, les problèmes moraux soulevés concernent davantage l'application des connaissances scientifiques. Voir l’exemple de Hans Bethe. Il faut que la science continue à être libre de produire de nouvelles découvertes, en même temps elle doit comprendre qu'elle est aussi un produit social. Inscrite dans un tel contexte, elle ne saurait refuser sa responsabilité ni ignorer ses fins, ses moyens, ses limites et les circonstances de son exercice. De ce fait, elle doit accepter une double responsabilité dans l'utilisation efficace des moyens qui lui sont octroyés et dans leur orientation vers les options fondamentales de la société dans laquelle elle opère.

Force est de reconnaître que nos sociétés sont de vastes systèmes complexes dont toutes les parties n'évoluent pas au même rythme, n'ont pas les mêmes constantes de temps. Très généralement, les faits économiques et techniques évoluent rapidement, les représentations et idéologies évoluent lentement, les grandes institutions évoluent plus lentement encore. De sorte que l'on pense souvent demain avec des idées forgées à partir des réalités d'hier.

D'où l'intérêt de réviser aujourd'hui, après les premiers trois années du Plan d’Action Science et Société, les buts et les conditions de l’alliance entre la science et la société.

Mesdames et Messieurs,

Qu’en est-il alors de la perception de la science auprès de notre société européenne ? Les études EUROBAROMETRE ont montré que si l’intérêt pour la science croît, le niveau d’intérêt atteint est encore décevant. Il faut en déduire qu’il est nécessaire que la Science devienne plus aisément accessible à l’individu désireux de s’épanouir.

D’où l’établissement du Plan d’Action Science et Société dont nous examinons aujourd’hui le bilan d’implémentation. Et d’après les actions présentées lors du FORUM, le Plan d’Action a incontestablement porté déjà ses fruits.

Des actions visant la popularisation de la science seront présentés et des débats ciblés s’adressant à divers groupes de société comme les femmes, les enfants et les jeunes chercheurs de toute l’Europe seront présentés  pendant trois jours ici à Bruxelles. 

Les résultats accomplis par le Plan d’Action sont très encourageants. Et je souhaite profiter de l’occasion pour remercier et féliciter ceux et celles qui ont contribué à ce succès. Mais, il s’agit maintenant de maintenir l’élan!

C’est dans cet esprit que la Présidence luxembourgeoise a décidé de mettre des thèmes porteurs d’avenir pour l’action Science et Société sur sa liste de priorités. En effet, seront sur l’agenda du prochain Conseil Compétitivité des actions relatives aux chercheurs et à leur mobilité, ainsi qu’à la participation renforcée des femmes aux activités scientifiques. L’Europe est appelée à offrir les moyens adéquats aux acteurs de la Science, hommes et femmes, pour s’investir avec élan dans le progrès scientifique et à garantir ainsi pour l’avenir la compétitivité de notre économie et la qualité de vie des citoyens européens.

Ainsi, le Luxembourg sera l’hôte de la manifestation de lancement de l’INITIATIVE "CHERCHEUR EN EUROPE 2005" en juin. Cette initiative consiste en une vaste campagne de sensibilisation de la société européenne destinée à valoriser la profession du chercheur et à attirer davantage de jeunes vers les filières et carrières scientifiques.

En parallèle, les Festivals des Sciences organisés partout en Europe représentent un excellent moyen pour amener le grand public à avoir un contact direct avec la science.

On a tous fait l’expérience que le petit enfant cherche à découvrir son monde: il touche à tout, il met tout dans sa bouche. Or, au fil de son développement et de son éducation, nous pouvons observer qu’il perd cet intérêt, cette curiosité. Incitons donc les enseignants et professeurs à garder cet enthousiasme pour la découverte dans la tête de nos jeunes !

Considérant l’évolution de notre société vers une société plus démocratique du point de vue genre, il est nécessaire de veiller à une participation plus démocratique des jeunes filles et femmes à la science. Ainsi, le rapport du groupe dit de Helsinki se penchant sur cette participation des femmes aux activités scientifiques, rapport soumis récemment aux instances du Conseil, a montré que des progrès ont certes eu lieu, mais que, par exemple, les femmes restent toujours sous-représentées dans les positions académiques élevées. 

Mesdames, Messieurs,

Nous vivons une époque qui est particulièrement axée sur l’avancement des connaissances, et la qualité de vie dans nos pays dépend en grande mesure de nos capacités d’innover tant en matière technologique que sociale.

Incitons donc auprès de l’ensemble des acteurs de la recherche l’enthousiasme à repousser les limites de la connaissance et donnons à la société les moyens de rester ouverte aux nouvelles connaissances et aux nouvelles idées qui souvent mettent en doute ce que nous pensions savoir !

Pensons à demain avec des idées de demain !

Je souhaite un grand succès au Forum.

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