Jeannot Krecké lors de la conférence "La créativité au service de l'innovation"

Mesdames, Messieurs,

Je suis très heureux de pouvoir vous adresser ces quelques mots introductifs à l’occasion de la conférence intitulée "La créativité au service de l’innovation". Ces deux sujets, créativité et innovation, me tiennent, en effet, particulièrement à coeur.

L’innovation, tout d’abord

L’innovation est, tout le monde en convient, une nécessité absolue dans une économie développée, telle que celle du Luxembourg. Par les temps actuels de concurrence accrue des pays à faible coût de main d’oeuvre, l’innovation est devenue un atout majeur de nos entreprises pour conserver (et développer) une longueur d’avance.

Quand on parle d’innovation, on pense souvent à l’innovation purement technologique, c’est-à-dire à des produits services ou procédés "révolutionnaires". Cette innovation-là, qui est habituellement le fruit d'efforts de recherche-développement, est bien entendu le but ultime à poursuivre au sein des entreprises, surtout celles affichant une certaine taille.

Le message que je voudrais cependant vous délivrer aujourd’hui, c’est que l’innovation n’est pas seulement cela. L’innovation, en effet, nous concerne tous, et en particulier nos PME, qui sont également sources d’emplois et de richesse futures. Pour une PME, l’innovation n’est pas forcément "révolutionnaire" et n’aboutit pas toujours directement à un nouveau produit pour un nouveau marché. Pour une PME, l’innovation est bien plus un état d’esprit qui se manifeste de manière continue.

Laissez-moi vous donner quelques exemples:

écouter régulièrement les doléances de ses clients et réagir rapidement par de petites améliorations sur les produits est une innovation, qui permettra à l’entreprise de se démarquer de la concurrence et de gagner des parts de marché.

Suivre, de façon structurée en exploitant les outils modernes d'information et de communication, les activités de ses concurrents permet d’éviter de se faire distancer.

Réfléchir, seul ou avec l’aide d’un consultant expérimenté, à de nouvelles façons d’organiser le travail au sein de l’entreprise peut également être une source importante d’innovations et de gains de productivité.

Encourager son personnel à proposer des pistes d’améliorations, enfin, va également dans le même sens.

Mesdames, Messieurs,

Il existe donc de nombreuses façons pour une entreprise d’être innovante. Au-delà de l’innovation technologique, l’innovation dite "organisationnelle", dont je viens de donner quelques exemples concrets, est un vaste sujet souvent encore trop peu exploré et exploité. L’importance de ces pratiques innovantes vient d’ailleurs d’être réaffirmée avec force par la Commission européenne dans son Livre Vert.

A niveau technologique égal, c’est l’innovation organisationnelle qui permet à une entreprise de se démarquer par rapport à l’autre. Pour une PME dite "traditionnelle", l’innovation organisationnelle est en outre un premier pas vers une innovation technologique ultérieure.

Je voudrais donc féliciter Luxinnovation d’avoir pris l’initiative d’organiser la manifestation d’aujourd’hui et, au-delà, d’avoir réfléchi à un programme plus vaste de sensibilisation dans le domaine des méthodes innovantes d’organisation des entreprises.

Mesdames, Messieurs,

Dire que l’innovation organisationnelle est importante et que les entreprises devraient s’intéresser à ce sujet conduit nécessairement à la question suivante: Comment, de quelle façon une entreprise, surtout une PME, peut-elle se lancer dans l’innovation organisationnelle?

La réponse à cette question se trouve dans les Techniques de Gestion de l’Innovation (TGI), en anglais "Innovation Management Techniques (IMT)". Sous cette terminologie, dont il existe probablement autant de définitions que d’auteurs ayant écrit à ce sujet, on regroupe communément un certain nombre de méthodes et de techniques de gestion permettant à une entreprise d’organiser sa démarche d'innovation de manière à la rendre plus performante économiquement parlant.

Les techniques promouvant la qualité, sujet qui, comme vous le savez, me tient à coeur, font par exemple partie de cette approche. Dans ce cadre, je voudrais d’ailleurs exprimer ma satisfaction de voir le Mouvement Luxembourgeois pour la Qualité (MLQ) - dont Luxinnovation est un des membres fondateurs - associé à cette conférence.

Les techniques de créativité font également partie des Techniques de Gestion de l’Innovation, ce qui nous mène à notre deuxième sujet d’aujourd’hui: la créativité.

Mesdames, Messieurs,

Luxinnovation a intitulé sa conférence "La créativité au service de l’innovation". Le lien entre les deux concepts me semble en effet incontestable. Si on définit l’innovation comme le fait d’amener un nouveau produit ou service sur le marché ou d'améliorer sensiblement son processus productif, il ne peut y avoir d’innovation sans qu’il n’y ait à la base de nouvelles idées. Et, il ne peut y avoir de nouvelles idées sans créativité. Or, il faut en générer beaucoup de nouvelles idées, pour en arriver à une seule innovation couronnée de succès !

La créativité, ou le pouvoir de création, est une qualité innée chez l’homme. Définissons-la comme la capacité ou l’aptitude à proposer des solutions inédites à un problème identifié. Si on observe un enfant ou un groupe d’enfants, on est à chaque fois frappé de voir à quel point ils sont créatifs, capables de laisser libre court à leurs pensées et débordent d’idées qui ne nous viendraient peut-être jamais à l’esprit, nous adultes! Il y a bien sûr des exceptions: il y a des personnes adultes très créatives, que ce soit dans le domaine artistique, scientifique ou économique.

Ces exceptions cachent cependant mal la "règle générale" qui veut qu’au fur et à mesure que nous devenons adultes et que nous entrons dans la vie active et responsable, notre créativité s’amenuise. Pourquoi? Une des raisons est sans doute très simple: la créativité n’est pas le talent que nous stimulons le plus dans nos écoles et dans nos entreprises. Ce qui compte le plus souvent, c’est d’aller à l’essentiel, au plus urgent, et de ne pas "divaguer" inutilement. Or c’est bien cette qualité-là, cette capacité à relier des choses qui n’ont a priori rien ou peu à voir ensemble, qui est source d’idées nouvelles et inédites.

C’est bien le fait de réfléchir, comme le disent les Anglo-Saxons, "outside of the box", qui a permis nombre d’innovations couronnées de considérables succès économiques et financiers. Je suis sûr que Monsieur Simon Jones du Media Lab du MIT nous fournira, dans son intervention, quelques exemples de ce que j’avance.

Mesdames, Messieurs,

Il faut donc bannir la critique et la censure des idées et cultiver autant que faire se peut cette faculté créative par tous les moyens et dans tous les environnements: à l’école, dans l’entreprise, dans la vie quotidienne et sociale,…

Prenons l’exemple de l’école: le fait de stimuler (ou plutôt dans ce cas, d’entretenir) la créativité innée des enfants nous permettra d’avoir dans quelques années des adultes plus "ouverts", plus aptes aussi à être source de nouvelles idées, à adopter une démarche proactive, à prendre des risques et finalement à oser s’engager dans de nouvelles voies.

Vous connaissez mon attachement à la culture entrepreneuriale: ici, le lien semble évident. Quand des adultes se lancent un jour dans la création de leur propre entreprise (et par là contribuent à la création d'emplois et de richesses dans notre pays) en disant "Ech traue mech" ("j’ose"), c’est notamment parce que l’école et leur environnement social leur auront permis de s’exprimer sans retenue ou autocensure, de développer leur esprit critique et créatif et de ne pas devoir se fier forcément toujours à la pensée unique, parce qu’ils leur auront laissé découvrir qu’il y a toujours plusieurs manières de penser et de faire sa vie.

Prenons un autre exemple plus proche de nos préoccupations immédiates: l’entreprise. Combien de chefs d’entreprises, débordés par toutes sortes de problèmes quotidiens, prennent le temps de réfléchir calmement et de prendre du recul par rapport à la situation, ou alors de s’inscrire à des cours de formation continue, ou encore de participer, ne serait-ce qu’une fois par mois, à une manifestation ou une conférence? Peu, me direz-vous, bien que la salle bien remplie d’aujourd’hui tendrait à prouver le contraire, ce dont je ne puis que me féliciter vivement! C'est peut être le signe d’une prise de conscience de l’importance des thématiques dont il est aujourd’hui question.

On pourrait multiplier ainsi les exemples. Je pense que ce qui est important, c’est que vous, responsables d’entreprises, chefs de projets, preniez en compte l’importance de la créativité, que vous cultiviez également cet état d’esprit au sein de vos équipes, à travers des activités relativement bien connues comme le "brainstorming" par exemple, mais également grâce à de nombreuses autres techniques plus élaborées qui vont être évoquées aujourd’hui. Je pense tout simplement que cette créativité est réellement au service de l’innovation et que l’innovation est indispensable pour votre entreprise. Les deux témoignages (IEE et Fours Hein) qui sont prévus aujourd’hui vous donneront sans doute des pistes concrètes à suivre.

Mesdames, Messieurs,

Avant de conclure et de laisser la place aux experts de la créativité, je voudrais vous rappeler que le Gouvernement est à votre disposition pour vous accompagner dans vos démarches d’innovation. Des aides financières existent dans ce domaine comme dans d’autres, que ce soit au sein de mon Ministère que de celui des Classes Moyennes, ou encore au niveau de la SNCI. Au-delà de ces aides financières, d’autres supports (de conseil et de recherche notamment) sont offerts. Parmi ceux-ci, Luxinnovation joue un rôle essentiel. Le slogan de l’Agence de l’Innovation est "Passez de l’idée à l’action", ce qui est tout à fait parlant. N’hésitez donc pas à contacter les conseillers de Luxinnovation: ils vous écouteront en tentant de cerner au mieux vos besoins et d’apporter un maximum de réponses.

Je vous remercie de votre attention.

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