Fernand Boden devant la commission de l'Agriculture et du Développement rural (AGRI) du Parlement européen à Bruxelles

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,

Mon ambition principale, telle qu'annoncée au début de la Présidence luxembourgeoise, était d'arriver pendant le premier semestre de 2005 à un accord sur la proposition de règlement concernant le soutien au développement rural pour la période 2007-2013. En effet, il était essentiel que le nouveau cadre législatif soit défini le plus tôt possible, parce qu'il constitue la base pour la préparation des autres éléments à mettre en place avant le début 2007, à savoir les orientations stratégiques de la Communauté, les plans stratégiques nationaux et les programmes de développement rural des Etats membres.

Six mois plus tard, je suis content de pouvoir vous dire que le Conseil a pu parvenir, lors de sa session des 20/21 juin derniers à Luxembourg, à un accord politique unanime sur la base de la proposition de la Commission et du compromis avancé par la Présidence en accord avec la Commission.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,

Cet accord politique a aussi pu être réalisé grâce à la très bonne collaboration entre notre Présidence et le Parlement européen, et notamment votre Commission (de l’Agriculture et du développement rural).

L’excellent travail que vous avez réalisé, notamment les auditions publiques sur le développement rural, l’énorme effort réalisé par Madame la rapportrice Agnès Schierhuber, dont le rapport final a été approuvé à la quasi-unanimité aussi bien dans votre Commission que par le Parlement européen en session plénière - et cela dans les meilleurs délais - ont grandement facilité mon travail de Président ; soyez-en vivement remerciés.

Le Conseil a d’ailleurs repris en grande partie vos suggestions, en ce qui concerne la proposition en question, mais aussi sur d’autres questions que j’aborderai un peu plus tard.

La seule incertitude qui existe encore est la dotation budgétaire communautaire disponible pour le développement rural pour la période 2007-2013, qui n'a pu être fixée définitivement en l'absence d'un accord sur le budget pluriannuel par les Chefs d'État et de Gouvernement. En attendant, nous avons inscrit provisoirement comme dotation celle initialement proposée par la Commission européenne, à savoir 88,75 milliards d'euros pour les sept ans, montant auquel s'ajouteront les fonds transférés au deuxième pilier par le biais de la modulation. Même si ce montant est retenu sans préjudice des décisions futures sur les perspectives financières 2007-2013, je le considère cependant comme un signal fort du Conseil "Agriculture et Pêche" vers ceux qui devront en décider.

Pour ce qui est du texte du règlement même, le compromis final approuvé le mois dernier à Luxembourg a apporté un certain nombre de modifications qui concernent notamment :

  • de légères diminutions des taux minima des financements du FEADER pour les différents axes, afin de donner plus de flexibilité aux Etats membres en ce qui concerne l’adaptation de leur politique de développement rural à leurs priorités nationales, comme vous l’avez d’ailleurs souhaité;
  • la suppression de la réserve Leader de 3%, comme vous l’avez également suggéré;
  • le relèvement de 40.000 à 55.000 Euros de la prime de première installation et le maintien pour les jeunes agriculteurs d'un délai de grâce de trois ans à compter de la date de leur installation pour se mettre en conformité avec les normes communautaires;
  • le maintien du régime actuel de soutien aux zones défavorisées, qui restera d'application jusqu'en 2010 ; d’ici à 2008, la Commission réalisera une étude approfondie prenant en compte tous les éléments afférents à une définition objective des zones défavorisées, notamment intermédiaires, ce qui lui permettra de présenter un rapport assorti d’une proposition de règlement du Conseil en vue d'une nouvelle délimitation des zones défavorisées; donc, en ce qui concerne cette question très importante, le Conseil est également allé dans le sens souhaité par le Parlement européen ;
  • la prolongation jusqu'en 2013 des mesures transitoires en faveur de l'agriculture de semi-subsistance et à la mise en place de groupements de producteurs dans les nouveaux Etats membres;
  • une légère augmentation de l'intensité de l'aide au boisement;
  • l’inclusion, au taux d’aide maximal, des entreprises de taille moyenne en ce qui concerne l’éligibilité pour des mesures ayant une valeur ajoutée pour les produits agricoles ; de plus, même les entreprises ne répondant pas aux critères des PME, mais qui ont soit moins de 750 employés, soit un chiffre d’affaire inférieur à 200 millions Euros, seront éligibles aux aides, mais avec un taux maximal d’aide réduit de moitié ;
  • l'éligibilité de la TVA au co-financement communautaire lorsqu'elle n'est pas récupérable par le bénéficiaire final.

Ainsi, après presque une année entière de discussions techniques et politiques intensives et une longue session finale du Conseil en juin dernier, le règlement concernant le soutien au développement rural par le FEADER sera prêt pour adoption définitive lors du Conseil "Agriculture et Pêche" du 18 juillet prochain.

La Commission a transmis, en mars 2005, un document exposant les grandes lignes et la toile de fond des futures orientations stratégiques de l'UE pour le développement rural au cours de la période 2007-2013.

Lors de sa session du 14 mars, le Conseil "Agriculture et Pêche" a eu un débat fructueux sur ce document, ce qui a permis à la Commission d'entendre les souhaits et suggestions des Etats membres. Ceux-ci ont en particulier mis l'accent sur la nécessité de respecter le principe de subsidiarité et de définir un cadre communautaire offrant la souplesse et la flexibilité nécessaires.

Les délégations se sont d’ailleurs majoritairement prononcées en faveur d’un texte court et fort, une sorte de charte, qui permette de communiquer en peu de mots au citoyen européen le pourquoi et le comment de notre politique de développement rural.

L'importance de faire le lien entre la politique rurale et les conclusions de Lisbonne et de Göteborg a été soulignée et le Conseil a demandé de mentionner, à côté des stratégies de Lisbonne et de Göteborg, également  la consolidation du modèle européen d’agriculture comme un des éléments de base intrinsèques de toute politique de développement rural. Je rappelle que le modèle européen d’agriculture, tel qu’il a été défini en 1997 sous la Présidence luxembourgeoise précédente, vise une agriculture compétitive, durable, multifonctionnelle et répartie sur tout le territoire de l’Union européenne, y compris les régions défavorisées.

La proposition de décision du Conseil relative aux orientations stratégiques de la Communauté pour le développement rural a d’ailleurs été adoptée par la Commission il y a une semaine et elle sera présentée au Conseil le 18 juillet 2005.

La Présidence s'était aussi assigné comme objectif prioritaire en matière agricole l'adoption du règlement relatif au financement de la PAC. Grâce à votre avis rendu en temps utile, j'ai eu le grand plaisir de voir cet objectif atteint également lors de la session du Conseil des  30/31 mai. Dans ce contexte, je tiens à faire relever le fait que le Conseil a respecté ici également, dans une large mesure, l’avis de votre institution émis en date du 26 mai 2005, en prenant en compte notamment les amendements 2, 3, 4, 5 et 7.

Permettez-moi de souligner au passage le souci de simplification souligné à maintes occasions par les instances administratives nationales ainsi que par les agriculteurs : et bien, je suis persuadé que le règlement que nous avons adopté et qui vise à mettre en place un cadre légal unique pour le financement de la PAC donne entière satisfaction à cette demande.

Pour clore le chapitre des aspects structurels de l'agriculture européenne, je voudrais rappeler que, lors de la session du Conseil "Agriculture et Pêche" de mars 2005, la Commissaire Mme Fischer Boel a présenté la communication relative à la gestion des risques et des crises dans le secteur agricole.

Le Conseil s'est penché sur ce sujet lors de sa session de mai 2005. Sur la base des échanges de vues entre les ministres, la Présidence a tiré des conclusions orales dans lesquelles elle a fait les constatations suivantes :

La majorité des délégations soutient la Commission dans le refus d'introduire de façon générale le principe d'un filet de sécurité dans les OCM, mais un examen au cas par cas de la nécessité d'un tel filet de sécurité, notamment en ce qui concerne les OCM vin respectivement fruits et légumes, a été retenu.

Les États membres ont des positions divergentes sur les nouvelles options présentées par la Commission, mais un consensus a été trouvé concernant les conditions que devraient remplir de nouveaux outils, notamment ne pas rendre plus difficile le fonctionnement des outils nationaux déjà existants, respecter les critères de la "boîte verte" telle que définie par l'OMC, et finalement prévoir une co-responsabilité des producteurs agricoles.

Permettez-moi maintenant d'aborder un tout autre thème: celui des perspectives des jeunes agriculteurs. Ceci a été en effet le sujet de discussion de l'habituelle rencontre dans un cadre informel de dialogue entre les ministres de l'agriculture de l'UE et la Commission. A cette réunion, tenue en mai à Luxembourg, ont participé activement, et cela constituait une première, les représentants du Conseil Européen des Jeunes Agriculteurs venant des différents Etats membres et des pays candidats.

Dans quatre groupes de travail, ministres et jeunes agriculteurs ont discuté de l’accès à l’activité agricole, de l’image de l’agriculture, de la formation et des échanges ainsi que de la relation entre les instruments de la PAC et les jeunes agriculteurs.

Les jeunes agriculteurs nous ont lancé des messages importants, soulignant leurs espérances, leur besoin de soutien et leur volonté de s'impliquer dans le dialogue avec la société civile sur le rôle économique et social de l'agriculture.

En ce qui concerne le dossier des forêts, je mentionnerai en premier lieu la cinquième session du FNUF (Forum des Nations unies sur les Forêts) qui a eu lieu du 16 au 27 mai au siège des Nations unies à New York, avec un segment ministériel auquel ont participé plusieurs ministres des Etats membres.

Le Conseil avait élaboré les bases d'une action prometteuse au sein du FNUF-5, en adoptant préalablement des conclusions définissant la position commune de l'Union européenne pour exiger un changement significatif de l’AIF (Arrangement International sur les Forêts). Il a mis l’accent sur la nécessité de fixer des objectifs clairs et ambitieux concernant la conservation et la gestion durable des forêts au niveau mondial et sur l’importance d’un instrument juridiquement contraignant dans la poursuite de ces objectifs.

Toutefois, au bout de deux semaines de négociations intensives, les membres du FNUF ne sont pas parvenus à un accord, bien que le texte de négociation établi à la fin des travaux sera le point de départ de la prochaine session du FNUF, qui se tiendra  en février 2006 de nouveau à New York.

Quant à la contribution de l'Union Européenne au FNUF-5, je pense pouvoir dire - malgré l'échec des négociations à New York  - qu'elle a été à la fois significative et constructive.

Les idées-clé de l'Union, notamment en ce qui concerne l'établissement d'objectifs quantitatifs dans le cadre de l'AIF et la nécessité d'élaborer un instrument international pour protéger les forêts du monde, ont été reprises dans la dernière version du texte de négociation. J'espère vivement que le FNUF-6 pourra arriver en février 2006 à un accord sur ce texte et que la tendance à la déforestation et à la dégradation des forêts dans le monde pourra enfin être inversée.

Quant au dossier FLEGT, le Conseil avait été saisi en 2004 d'une proposition de règlement concernant la mise en place d'un régime d'autorisation volontaire relatif aux importations de bois dans la Communauté européenne, ainsi que d'une recommandation visant à autoriser la Commission à entamer des négociations portant sur des accords de partenariat en vue de la mise en oeuvre du plan d'action FLEGT.

Sur ce dernier volet, les travaux au sein des instances préparatoires du Conseil ont bien avancé pendant notre Présidence, mais il reste quelques questions à résoudre, notamment le contournement en relation avec la notion d'origine du produit, la liste des produits et son champ d'application et la licence opérateur.

La Présidence britannique peut donc continuer sur base du travail réalisé et elle a indiqué qu’elle espère adopter le mandat ainsi que le règlement pendant sa Présidence.

Toujours dans le domaine forestier, je rappelle que la Commission a transmis au Conseil et au Parlement européen le 11 mars 2005, la communication et le rapport sur la mise en oeuvre de la stratégie forestière de l'Union européenne.

Nos collaborateurs du CSA ont mis au point des conclusions du Conseil à ce sujet. Ces conclusions adoptées, le 30 mai 2005, par le Conseil invitent notamment la Commission, en étroite coopération avec les Etats membres et en consultation avec les parties concernées, à élaborer une proposition de plan d'action qui devrait offrir un cadre cohérent pour la mise en oeuvre des actions relatives aux forêts au niveau de la Communauté et des États membres et servir d'instrument de coordination entre les différentes actions communautaires, ainsi qu'entre les actions communautaires et les politiques forestières des États membres. La Commission est invitée à présenter au Parlement européen et au Conseil un plan d'action d'ici la mi-2006.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Députés,

Je voudrais maintenant appeler votre attention sur le domaine des marchés.

Devant vous, le 19 janvier de cette année, j'avais évoqué en premier lieu le secteur du sucre.

Sur le plan réglementaire, la Présidence luxembourgeoise n'a pu activer les instances du Conseil, les propositions législatives n'ayant pu être adoptées par la Commission qu'il y a 20 jours.

Ceci naturellement répondait à la nécessité d'attendre le verdict final de l'OMC mettant en cause le régime communautaire du sucre. Il revient à la Présidence suivante de mener à bien ce dossier particulièrement sensible, avec la collaboration étroite de votre Parlement.

Par contre, conformément à l'engagement pris sous Présidence néerlandaise d'associer les pays ACP et PMA producteurs de sucre aux réflexions menées sur la réforme de l'OCM sucre, nous avons organisé une rencontre informelle avec les ministres de ces pays parallèlement au Conseil du 24 janvier 2005.

Les Commissaires Mme Fischer Boel, M. Michel et M. Mandelson ont participé activement à cette rencontre, en présentant notamment la proposition d'un Plan d'action en faveur des pays ACP afin d'atténuer, par des mesures d'accompagnement, le choc de cette réforme. La Présidence a pour sa part souligné l'engagement de la Communauté pour l'avancement des peuples de ces pays et le développement durable de ces derniers, tel qu’en témoignent l'ensemble de nos accords passés avec eux.

A l'issue de la réunion, la Présidence a en outre souligné que les points de vue exprimés par les pays ACP et PMA producteurs de sucre devraient être versés au dossier de la réforme lors de la présentation par la Commission de sa proposition législative.

Toujours dans le secteur du sucre, et pour passer au terrain des réalisations, je citerai le règlement que le Conseil a adopté le 28 février 2005 en vue de passer d'une importation illimitée en franchise de droits pour le sucre importé de plusieurs pays des Balkans à une admission sous forme de contingents tarifaires à droits nuls. Ce règlement, qui est entré en vigueur le 1er juillet, constitue une mesure commerciale importante, fortement réclamée et nécessaire pour la sauvegarde d'un flux correct d'échanges dans le secteur.

Des négociations avec la Croatie et l'ancienne République yougoslave de Macédoine en vue d'introduire des contingents tarifaires pour le sucre dans les accords bilatéraux avec ces deux pays, ont également été lancées.

Sur le plan international, je désire citer également les accords réalisés dans le secteur du riz au titre de l'article XXVIII du GATT.

Après les accords menés à bonne fin en juillet 2004, respectivement avec l'Inde et le Pakistan, le Conseil a adopté le 21 juin 2005 une décision concernant la conclusion d'un accord sous forme d'échange de lettres entre la CE et les États-Unis qui prévoit pour le riz décortiqué un droit de douane variable en fonction des volumes d'importation. Cette décision est valable jusqu'au 30 juin 2006 en attendant une réforme de l'OCM riz.

Les accords avec l'Inde et le Pakistan seront également d'application jusqu'au 30 juin 2006.

Il reste maintenant à poursuivre les négociations avec la Thaïlande. Après la conclusion de ce dernier accord, la Commission proposera l'adaptation attendue de l'OCM riz, de manière à tenir compte de l'ensemble du nouveau scénario en matière de droits consolidés applicables à l'importation de ce produit.

Dans le secteur du vin, la Présidence luxembourgeoise s'attendait en début du semestre à des avancées importantes dans les négociations avec l'Australie et les États-Unis en vue de la conclusion d'accords sur le commerce du vin. En effet, le Conseil a suivi avec grande attention le déroulement des travaux et je me réjouis de constater que, dans le cas de l'Australie, les négociations sont sur le point d'être finalisées. Le nouvel accord remplacerait celui existant depuis 1994.

Concernant les Etats-Unis, l'objectif est de conclure un accord dit de première phase avant la fin de l'année, étant donné que le 31 décembre expirent l'autorisation d'importer dans la Communauté des vins américains ayant fait l'objet de certaines pratiques œnologiques non prévues par les dispositions communautaires, et les dérogations relatives à la certification et à l'étiquetage des vins en provenance des USA.

Et enfin, last but not least, je rappellerai que notre Conseil a suivi avec grande attention les négociations agricoles en cours dans le cadre de l’OMC. Les Ministres ont eu à plusieurs reprises l'occasion d'entendre les analyses de la situation de la part de la Commission et de formuler des remarques concernant le déroulement de ce dossier essentiel pour l’avenir de l’agriculture européenne et mondiale.

Sur le plan interne, je citerai dans le domaine des marchés deux réalisations effectuées avec la collaboration de votre Parlement : le dossier de la fécule de pomme de terre (reconduction pour deux campagnes des contingents existants, y compris pour les six nouveaux États membres producteurs) et le dossier des œufs (autorisation aux Etats membres qui le souhaitent d'exempter, sous certaines conditions, les petits producteurs de l'obligation de marquage des œufs).

Nous avons également progressé sur un autre dossier technique, celui du tabac brut, à savoir une mise à jour de l'OCM sur certains points spécifiques suite à la réforme de 2004.

Ce dossier ne pose pas de problème particulier. Le Conseil procèdera donc ultérieurement à l'adoption du règlement à la lumière de l'avis qu'émettra votre Parlement, je crois savoir au mois de septembre.

Monsieur le Président, Honorables Parlementaires,

D'autres grands sujets ont été abordés sous Présidence luxembourgeoise : la sécurité alimentaire, la santé publique, la santé animale, le bien-être des animaux, la protection des végétaux.

Quant à la sécurité alimentaire, permettez-moi tout d'abord de souligner qu'elle ne peut être abordée qu’au niveau de la chaîne agro-alimentaire considérée dans son ensemble, l’agriculture n’étant qu’un maillon de cette chaîne. Il faut que l’ensemble des partenaires de la chaîne agro-alimentaire et les pouvoirs publics fassent les efforts nécessaires pour assurer un niveau de sécurité alimentaire élevé et pour communiquer efficacement avec les consommateurs sur ce terrain.

Dans cette optique, j'aborderai maintenant le domaine controversé de la commercialisation des aliments génétiquement modifiés.

Durant la Présidence luxembourgeoise, le Conseil a dû se prononcer sur huit propositions visant à obtenir la levée de mesures d'interdiction prises par cinq Etats membres à l'encontre de plusieurs variétés de maïs et de colza transgéniques.

La Commission considérait ces interdictions comme non justifiées mais n'avait pu obtenir le soutien du comité réglementaire compétent instauré auprès d'elle, pour les abroger.  Il revenait dès lors au Conseil de statuer sur cette affaire conformément à la procédure dite de "Comitologie".

Le Conseil, dans sa formation "Environnement", s'est opposé à l'adoption des huit propositions, estimant qu'il subsiste une certaine incertitude quant aux risques pour l'environnement et la santé publique qui justifient le maintien des mesures nationales incriminées.

Par ailleurs, le Conseil a porté toute son attention sur un cas de dissémination accidentelle d'une variété de maïs transgénique non autorisée : le BT 10.

A cette occasion, il a souligné avec fermeté que l'Union devait se doter de tous les moyens nécessaires pour qu'à l'avenir, de tels cas ne surviennent plus. Notamment,  a été mise en exergue la mise en place d'une banque de données contenant toutes les informations séquentielles disponibles et les matériaux de référence relatifs à tous les OGM qui sont créés.

Dans le domaine de la santé publique, le Conseil a été saisi, en codécision avec le Parlement européen, d'une proposition de règlement visant à modifier le règlement n° 999/2001 sur la prévention, le contrôle et l'éradication de certaines encéphalopathies spongiformes transmissibles.

Suite aux contacts pris dès le début de la Présidence luxembourgeoise avec les représentants du  Parlement européen, il est clairement apparu qu'un accord en première lecture sur l'ensemble de la proposition avant le 1er juillet, date d'expiration des mesures transitoires en vigueur, était impossible pour des raisons tant politiques que matérielles.

Dans le cadre d'un compromis global agréé par les représentants des trois institutions, il  a dès lors  été convenu de scinder la proposition de la Commission en deux et de prolonger jusqu'au 1er juillet 2007 les mesures transitoires. Le reste de la proposition, ainsi que la politique générale communautaire en matière d’ESB, feront encore l’objet de travaux approfondis sous les prochaines Présidences.

En matière de santé animale, je me dois de citer le dossier des mesures communautaires de lutte contre l'influenza aviaire.

Suite aux travaux préparatoires en mai et juin 2005, le Conseil des 20-21 juin a pu prendre acte des progrès techniques réalisés sous Présidence luxembourgeoise sur le texte de la proposition présentée par la Commission le 29 avril 2005.

A cette occasion, la Présidence a noté que l'ensemble des délégations avaient exprimé une approche positive à l'égard de la proposition de la Commission qui vise à actualiser les dispositions communautaires de lutte contre le virus de l'influenza aviaire "hautement pathogène" mais aussi contre le virus "faiblement pathogène". Les travaux sur cette proposition se poursuivront sous la Présidence du Royaume-Uni après l’avis du Parlement Européen.

Monsieur le Président, Honorables Parlementaires,

Pour conclure cet exposé sur le semestre luxembourgeois, je désire maintenant aborder certains aspects internationaux du domaine vétérinaire et phytosanitaire.

En premier lieu, je voudrais citer les résultats de la Session générale de l'OIE, l'organisation mondiale de la santé animale, tenue à Paris du 23 au 27 mai 2005 et qui a abouti à des avancées substantielles grâce notamment au rôle actif de la Communauté et à l'effort préalablement déployé à Bruxelles et sur place par nos Etats membres en vue d'aboutir à une position commune.

En particulier, en matière de normes du code sanitaire pour les animaux terrestres, la catégorisation des pays au regard du risque ESB a été simplifiée. Cette catégorisation sera désormais fondée sur une évaluation du risque et un programme de surveillance active et non plus seulement sur le nombre de cas répertoriés (incidence) et cette catégorisation pourra servir de base pour les futurs travaux communautaires.

Dans le domaine du bien-être animal, l'OIE a adopté les premières lignes directrices internationales relatives à plusieurs aspects de la protection des animaux (abattage, méthode de mise à mort, transports terrestres, transports par mer).

J'en viens enfin aux négociations avec la Fédération de Russie.

Dans le domaine de la protection des végétaux, un mémorandum a été conclu au mois de mars avec les autorités russes fixant les principes généraux ainsi que les règles de base à appliquer pour la certification phytosanitaire des plantes et produits végétaux exportés vers la Russie.

Depuis le 1er juillet 2005, les Etats membres utilisent, conformément à ce mémorandum, un certificat phytosanitaire harmonisé pour leurs exportations vers la Fédération de Russie.

Le mémorandum a permis d'éviter que ce pays mette à exécution sa menace de fermer, à partir du 1er avril 2005, ses frontières aux plantes et produits végétaux provenant de la Communauté.

Dans le domaine vétérinaire, je me limiterai à rappeler que, après l'introduction de nouveaux certificats vétérinaires communs pour nos exportations d'animaux et de produits d'origine animale vers la Russie, les travaux en vue de la conclusion d'un accord vétérinaire global entre la Communauté et la Fédération de Russie se poursuivent activement.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Députés,

Permettez-moi de signaler que, suite à la signature le 25 avril à Luxembourg des Traités d’Adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l’Union européenne, la Présidence a eu un échange de vues avec les délégations bulgares et roumaines, et que, le 26 avril, les Ministres de l’Agriculture bulgare et roumain ont pour la première fois participé à une session du Conseil (en tant qu’observateurs jusqu’au jour d’adhésion effective).

Je termine mon exposé sur le semestre luxembourgeois en vous remerciant de l'excellente collaboration que nos deux Institutions ont eue tout au long de cette période. Je crois que notre Présidence n'a pas ménagé ses efforts pour parvenir à des résultats satisfaisants pour l'agriculture européenne.

Avec une pointe d'orgueil, pour laquelle je réclame votre indulgence, je dirais que tous ensemble nous avons réalisé cet objectif, en particulier dans le domaine du développement rural. Je suis fier que dans une situation politique difficile, suite à l’échec du Conseil européen et à un moment où d’aucuns ont fortement mis en cause la politique agricole commune, le Conseil "Agriculture et Pêche" a réagi promptement par un accord politique unanime sur le règlement concernant le soutien au développement rural et démontré ainsi que l’Europe était encore capable de faire preuve de solidarité et de compréhension mutuelle et de prendre des décisions importantes dans l’intérêt des agriculteurs, des consommateurs et du monde rural.

Je vous remercie de votre attention.

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