Allocution de Jean Asselborn, Vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères et de l´Immigration, à la 33e session de la conférence générale de l'UNESCO à Paris

Monsieur le Président de la Conférence générale,
Monsieur le Président du Conseil exécutif,
Monsieur le Directeur général,
Excellences,
Honorables délégués,
Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi à mon tour, Monsieur le Président, de vous féliciter pour votre brillante élection à la tête de la 33e session de la Conférence générale de l’UNESCO. Je suis convaincu que vous saurez diriger les travaux de cette conférence avec le bon dosage d’autorité, de diplomatie et de sagesse.

Monsieur le Président,

C’est un grand honneur pour moi de prendre la parole aujourd'hui au nom du Gouvernement luxembourgeois dans ce contexte très particulier du soixantième anniversaire de notre Organisation.

L’UNESCO réunit les Nations de cette planète. Elle promeut l’entente entre les peuples, le partage et la diffusion du savoir et de la culture dans la perspective d’une globalisation maîtrisée au service d’un ordre mondial plus juste et plus stable. Elle est reconnue dans le monde entier et elle entend défendre les idéaux de paix, de liberté, de tolérance, de respect des droits de l’homme, et de dialogue des cultures.

Je viens de participer au Sommet de suivi du Millénaire duquel a émergé un nouvel agenda international. Parmi les piliers centraux des Nations Unies figurent le développement, la paix et les droits de l’homme, trois piliers vitaux pour l’humanité pour lesquels l’UNESCO a une compétence toute particulière à faire jouer. Cette Organisation entendra, j’en suis certain, faire sa part de l’important  travail qui nous attend. Je tiens à saluer dans ce contexte tout particulièrement l’émergence de la notion de "responsabilité de protéger", dont la reconnaissance dans le document final constitue, à mon sens, l’une des principales avancées du Sommet. 

Promouvoir l’éducation, la culture et les sciences sert le développement, et passe à travers le développement. L’un des rôles majeurs de notre Organisation est de veiller à lutter contre la pauvreté, et donc de répondre activement au défi de l’éducation dans le monde. En effet, l’année 2005 sera cruciale pour le programme "éducation pour tous" et pour l’action internationale en la matière. Le programme de Dakar nous indique la voie et il s’agit de la suivre avec ardeur. En tant que chef de file, l’UNESCO dispose d’un mandat précis pour rendre l’enseignement primaire universel d’ici à 2005, tel que le Sommet de suivi du Millénaire l’a clairement stipulé dans son document final. Elle ne doit pas échouer.

Il sera indispensable de souligner avec constance l’importance de la promotion de l’éducation de qualité, avec l’alphabétisation d’une part et l’éducation au développement durable d’autre part. Dans ce contexte, l’UNESCO doit se servir de tous les leviers à sa disposition, et ils sont légion.

Je citerai notamment le renforcement du réseau des écoles associées de l’UNESCO (réSEAU). Dans cette perspective, je tiens à souligner qu’en mai dernier la Commission nationale luxembourgeoise a organisé à Luxembourg, en collaboration avec le Secrétariat de l’UNESCO, une "Réunion régionale de l’Europe et de l’Amérique du Nord des Coordinateurs nationaux du Réseau des écoles associées de l’UNESCO", sur le thème général "Education à la paix et au développement durable". Les délégués d’une cinquantaine de pays ont fait un ensemble de propositions concrètes pour l’avenir du réseau. Ils ont également élaboré un projet de résolution visant à renforcer l’unité internationale de coordination au siège de l’UNESCO, notamment par une augmentation de ses ressources humaines et financières.

Je me rallie à la recommandation du rapport final de la Conférence de Luxembourg de développer une collaboration plus étroite entre les Commissions nationales, les ministères de l’Education et les écoles associées de l’UNESCO afin d’élaborer des plans d’action nationaux et régionaux. A cet effet, il conviendrait d’inclure également les activités du réSEAU dans les stratégies de l’Education pour tous (EPT) et dans les plans d’action nationaux, régionaux et internationaux de la Décennie de l’ONU de l’éducation en vue du développement durable.

L’éducation des femmes et des filles mérite absolument toute notre attention. Leur capacité de contribuer plus efficacement au développement de leur pays, peuples et communautés est largement inexploitée. Leur apport sera décisif et leur droit à l’éducation doit être pleinement respecté.

Le suivi de l’état des ressources en eau au niveau mondial constitue un autre domaine prioritaire.

La mise en place d’un véritable partenariat pour le développement doit cependant pouvoir reposer sur le partage des responsabilités entre les pays contributeurs et les pays en développement. N’appartiendra-t-il pas aussi à l’UNESCO de dégager la vision à faire partager au sein de la communauté internationale, vision basée sur l’étroite interaction entre acteurs en vue de permettre la durabilité de l’impact ? Le Luxembourg veille à demeurer au premier plan de cette coopération : il contribue aujourd'hui plus de 0,83% de son revenu national brut à l’aide publique au développement. Il vise 1% dans les toutes prochaines années.

Monsieur le Président,

Le dialogue des cultures, fondé sur l’égale dignité et le respect de la diversité, ainsi que sur la conscience de la fragilité de tant de situations, obtiendra un nouvel ancrage dans les relations internationales par l’adoption ces jours-ci, d’un nouvel instrument normatif en la matière, je veux parler de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.

Je me dois de féliciter tous les acteurs qui ont travaillé avec persévérance dans la pleine conscience de l’importance vitale et urgente de la tâche depuis la dernière Conférence générale pour permettre à cette Organisation et à la Communauté internationale de disposer d’un texte comportant des engagements en bonne et due forme. La Convention marquera une réelle volonté de mieux saisir les enjeux, d’accroître le respect mutuel et l’échange, de creuser le dialogue entre toutes les cultures et d’assurer leur développement, et enfin de partager des convictions profondes ancrées dans des valeurs communes. Le Luxembourg espère que le texte mis sur pied par les experts en juin dernier sera adopté par consensus au cours de cette session de la Conférence générale et qu’il sera rapidement ratifié par ses signataires en vue de permettre sa mise en vigueur dans un délai rapproché.

Deux autres instruments normatifs importants figurent au bilan récent de l’UNESCO et je m’en félicite. Je veux parler d’une part du projet de déclaration relative à des normes universelles en matière de bioéthique et d’autre part du projet de convention internationale contre le dopage dans le sport, deux documents qui exerceront une influence considérable et qui donneront un nouvel élan car ils touchent à la vie quotidienne de nous tous et en particulier des générations les plus jeunes. Je relève aussi que le Luxembourg est sur le point de ratifier la Convention sur le patrimoine immatériel.

Nous notons avec intérêt la création d’un instrument en vue de la promotion du patrimoine culturel en Afrique. 

Les défis qu’affronte l’UNESCO à l’aube du nouveau Millénaire sont considérables et les moyens dont nous disposons pour y faire face sont limités. Le programme de réformes entrepris par notre Directeur général depuis six ans doit être maintenu au cours de son nouveau mandat. Le Luxembourg compte lui apporter son plein appui en vue de la modernisation et de la rationalisation de notre Organisation. Son bilan et son engagement sont les gages d’un emploi efficace et efficient des moyens disponibles, et la condition même de la crédibilité et du rayonnement de notre Organisation à laquelle nous sommes tant attachés.

La tragédie survenue en début d’année en Asie, terrassée par un terrible tsunami, a démontré l’efficacité avec laquelle l’UNESCO peut fonctionner et réagir rapidement aux phénomènes les plus terribles de notre planète. Que cela nous donne l’espoir de voir notre Organisation prendre les devants dans les matières qui lui sont confiées par la communauté internationale.

Je n’oublie pas dans ce contexte le rôle prépondérant joué par les commissions nationales dans les pays membres respectifs et je ne peux que me réjouir de voir notre Organisation tendre à renforcer ses relations avec ses Instituts, ses centres d’excellence et ses nombreux partenaires de la société civile.

Monsieur le Président, 

Le Luxembourg cherche à rejoindre très prochainement le Conseil exécutif, pour la première fois de son histoire. En ligne avec son engagement pour le multilatéralisme, mon pays aspire à contribuer activement au développement de l’action de notre Organisation.

Les enjeux contemporains exigent une impulsion forte.

Le Luxembourg compte y œuvrer avec toutes les délégations, de manière constructive autant qu’engagée.  

Je vous remercie de votre attention.

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