Nicolas Schmit intervient à la 6e Conférence ministérielle de l'OMC à Hong Kong

Monsieur le Chef de l’exécutif de la Région administrative spéciale,
Monsieur le Président de la Conférence,
Monsieur le Directeur général,
Madame la Présidente du Conseil général,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,

Je voudrais à mon tour exprimer toute mon appréciation et ma reconnaissance aux autorités de Hong Kong Chine pour le chaleureux accueil et l’organisation parfaite de cette conférence. Je voudrais également remercier notre directeur général M. Pascal Lamy pour son engagement sans faille en vue de rapprocher les points de vues et de construire patiemment des compromis de progrès. De même voudrais-je rendre hommage à la présidente du Conseil général, l’ambassadeur Amina Mohamed du Kenya, qui a présidé les travaux préparatoires à Genève d’une main de maître.

L’organisation mondiale du commerce a eu dix ans cette année-ci. Depuis sa création en 1995, les rendez-vous ministériels à Singapour, Genève, Seattle, Doha, Cancun et maintenant à Hong Kong ont tous été des étapes importantes, parfois difficiles. Comme l’a souligné notre directeur général, des concepts, tels la transparence, la participation de tous, la prise en compte des intérêts de tout État membre quelque soit sa puissance commerciale, sa taille ou son niveau de développement inspirent de plus en plus son fonctionnement. Nous avons ainsi renforcé le système commercial multilatéral basé sur des règles qui favorisent la libéralisation des échanges tout en aidant les États les plus démunis à avancer sur la voie du développement économique durable.

C’est à Doha que nous nous sommes fixés ce double objectif ambitieux mais incontournable, puisqu’il est inadmissible qu’une partie croissante de l’humanité continue à être exclue du progrès économique et social. Le développement est ainsi au cœur de nos travaux. L’expansion des échanges, une meilleure intégration des pays en développement et tout particulièrement des pays les moins avances est un moyen nécessaire à l’essor économique et à l’éradication de la pauvreté.

La globalisation peut devenir une chance pour toutes les nations de participer équitablement à la création des richesses. Elle contribue ainsi à la prévention des conflits et à la paix et la sécurité internationales.

Le cycle de Doha s’inscrit parfaitement dans les objectifs du millénaire pour le développement et la réduction de la pauvreté. Nous partageons une énorme responsabilité pour contribuer à la réussite de cette grande ambition dont l’urgence est évidente.

C’est pour cette raison que nous devons donner, ici à Hong Kong, cité symbole d’un progrès fulgurant largement dû à l’ouverture sur le monde, un signal fort et concret en faveur des pays les moins avancés. Un accès généralisé en franchise de droits et de contingents aux marchés des pays industrialisés, à l’instar de l’initiative européenne "Tout sauf les armes" devrait être l’élément central d’un "paquet développement" agréé lors de cette conférence. D’autres pays pourront progressivement améliorer de cette manière l’accès à leurs marchés. Le cycle de Doha prendrait ainsi un nouvel élan. Grâce à une telle percée, sa conclusion, dans les meilleurs délais, serait d’autant mieux assurée.

Le renforcement de l’aide au commerce doit permettre aux pays les moins avancés de tirer pleinement avantage du système multilatéral et de ses règles. Les capacités institutionnelles de ces pays doivent être renforcées. Dans ce contexte, l’aide publique au développement tout comme l’assistance financière des organisations internationales devraient faciliter certains ajustements, dont ceux rendus nécessaires par l’érosion des préférences.

Mon pays pour sa part a sensiblement augmenté sa contribution au Fonds global d’affectation spéciale du programme de Doha pour le développement.

Je me limiterai à évoquer dans ce contexte deux autres points importants:

  • ¾ la nécessité de parvenir à un accord équilibré pour le commerce du coton afin que les pays en développement et parmi eux surtout les producteurs d’Afrique de l’Ouest ne soient plus pénalisés,
  • ¾ la mise en place d’un traitement spécial et différencié assurant les flexibilités dont les pays les moins avancés ont absolument besoin.

Si le Luxembourg attache une importance particulière aux questions du développement dans ces négociations, nous voulons, en tant que membre de l’Union européenne, arriver à un résultat global et équilibré dans le cycle de Doha. Un tel accord est possible, mais il ne peut se concrétiser que si chaque partie en tire un avantage. Nous devons dans les heures qui nous restent faire avancer une telle approche positive et réaliste afin que cette conférence pose des fondements solides sur lesquels nous pourrons construire ensemble un accord global.

L’agriculture constitue certainement un des grands sujets de cette négociation. L’Union européenne a présente une offre sérieuse et ambitieuse en matière à la fois de suppression des subventions à l’exportation et de réduction des droits de douane sur les produits agricoles. Ce serait une grande erreur de minimiser les progrès considérables qui pourront d’ores et déjà être obtenus, à condition que toutes les Parties prennent des engagements dans la clarté et la transparence.

De même devrons-nous parvenir à une réduction sensible et effective des tarifs douaniers pour les produits manufacturés (NAMA) en appliquant d’une manière ou d’une autre la "formule suisse".

Les pays dont les économies ont connu ces dernières années un essor et un développement particulièrement dynamiques doivent pleinement participer à ce nouveau démantèlement des obstacles aux échanges.

L’ouverture du secteur des services qui occupe une place de plus en plus importante dans les pays industrialisés comme dans les pays émergents doit également rester un des grands objectifs de ce cycle. Elle constitue un élément essentiel d’un accord équilibre générateur de croissance et d’emplois.

Monsieur le Président,
Chers délégués,

Cette conférence de Hong Kong peut marquer un réel tournant dans ces négociations commerciales ô combien importantes pour un développement plus équilibré de l’économie mondiale. En préparant leur réussite, nous pouvons ici et maintenant faire avancer la solidarité internationale et donner un nouveau cours à la globalisation. Ne ratons pas cette chance.

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