Jean-Claude Juncker, Transcription du discours tenu lors du déjeuner-débat à la Maison de l'Europe, Paris

- Seul le discours prononcé fait foi -

Madame la Présidente,
Monsieur le Président, cher Jacques,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs, chers amis.

J’ai en effet l’intention de ne pas faire un long discours, car, un, ça risque de durer, deux, vous êtes, les uns plus que les autres, mais tous ensemble des spécialistes de la chose communautaire. Par conséquent, je peux faire l’économie des introductions pédagogiques. Et de trois, puisque vous êtes là et puisque se trouvent parmi nous des éminents spécialistes, pour avoir été leurs praticiens, de la chose communautaire, je voudrais que nous puissions discuter ensemble.

Madame Lalumière a dit que j’aimerais que vous me posiez des questions, ce qui n’est pas entièrement vrai. Je voudrais aussi apprendre quelques réponses aux questions que nous nous posons. Et par conséquent, je voudrais que notre échange soit vertueux et dans les deux sens.

Il est difficile de parler de l’Europe sur un ton badin parce que les circonstances sont assez affligeantes, sérieuses et désastreuses. Et par conséquent, je ne parlerai pas trop du projet de traité constitutionnel, puisque ces spéculations sur le devenir de l’aventure constitutionnelle risquent de nous mener trop loin dans le cadre de cette rencontre. Par conséquent, je serai assez discret sur cette affaire quitte à répondre aux questions intéressantes, puisque le sujet néanmoins m’intéresse !

Il est sage de partir du principe que le projet de traité n’entrera pas en vigueur dans les deux ou trois années à venir, et donc il faudra bien que nous nous posions la question de savoir sur quels domaines, sur quels axes, sur quelles avenues nous devons avancer d’ici l’entrée en vigueur de ce traité constitutionnel ou d’un autre traité, qui ne sera pas nécessairement constitutionnel, plutôt que de chercher à savoir pourquoi, la France, dans un geste de mauvaise humeur strictement inexplicable, mais bien compréhensible, l’a rejeté.

Ce traité n’était pas vraiment constitutionnel, ce qui me porte à dire qu’on n’aurait pas dû l’appeler ainsi. Parce que le terme de constitution est une notion de proximité. Nos citoyens comprennent par constitution un texte qui serait un régulateur des choses nationales et ils ne sont pas habitués à l’idée qu’un traité voulant avoir une ambition constitutionnelle puisse encadrer sur un plan qui dépasse le cadre national le comportement des hommes et des gouvernements.

Que faut-il faire maintenant ? Je crois qu’il faut d’abord faire une remarque de méthode, tout particulièrement destinée à la France. Moi, qui aime la France et qui suis, je dois dire au quotidien, l’actualité française, je n’étais pas surpris par tous les arguments de campagne qui ont été évoqués en France et pendant la campagne référendaire.

On a dit en France comme ailleurs, mais surtout en France, tant de mal de l’Europe et de ses institutions, qu’il ne faut pas paraître surpris lorsque le jour du scrutin les gens se souviennent de ce que leurs dirigeants ont dit pendant des années.

C’était à peu près la même chose aux Pays-Bas. Le gouvernement néerlandais - je préfère parler des Pays-Bas lorsque je suis à Paris, lorsque je suis à La Haye j’évoque le cas français avec plus d’intensité - mais le gouvernement néerlandais, a pendant 10 ans expliqué aux Néerlandais qu’ils payaient beaucoup trop pour l’Union européenne.

Le soir où les Néerlandais ont dit non, j’étais alors Président de l’Union européenne, j’ai félicité le Premier Ministre néerlandais d’avoir été entendu par ses concitoyens. C’était une belle victoire de cette contre-propagande contre ce qui est essentiel en Europe.

Nous disons beaucoup de mal de l’Europe et nous présentons les débats européens et les échanges européens, et les prises de décisions européennes comme constituant pour les uns une victoire, et pour les autres une défaite. A chaque fois que les Premiers ministres, que les chefs d’États rentrent d’un Conseil européen, ils expliquent à leur opinion publique qu’ils ont gagné ; ils ont gagné parce qu’ils avaient les meilleurs arguments. Et lorsqu’ils ont perdu, ils ont perdu parce que le raisonnement de ceux qui étaient victorieux était défectueux.

Ce n’est pas comme cela qu’il faut présenter le devenir de l’Europe et la prise de décision en Europe. Nous devons expliquer à nos concitoyens que nous décidons des choses ensemble, et non pas les uns contre les autres. L’Europe est un grand enjeu, ce n’est pas un jeu. Et par conséquent, il faut cesser cette description désastreuse qui veut, qu’après un Conseil, l’Europe se subdivise toujours en deux camps, l’un des vaincus, l’autre des vainqueurs.

Pendant la semaine, nous trouvons à l’égard de l’Union européenne, mais surtout de ses institutions centrales, des propos ouvertement agressifs et nous demandons le dimanche, lors de l’expression du suffrage universel, le jour du référendum, de dire oui à la mariée dont nous avons dit tellement de mal en cours de semaine. Les gens ne suivent pas avec la célérité requise le changement de température que nous leur infligeons et donc il faut apprendre à parler de l’Europe correctement. Il ne faut pas appeler crise un débat, et il ne faut pas appeler victoire ou défaite une décision une fois prise.

Je crois que nous nous trouvons au milieu d’un débat déclenché par cette pause de réflexion que nous avons initiée. On voit d’ailleurs plus la pause que la réflexion, mais ça c’est un autre débat. Nous devons aménager cette phase de réflexion, non seulement par l’échange d’arguments juridico-constitutionnels, mais en nous préoccupant d’avantage des contenus de la politique européenne.

Je voudrais d’abord que nous réussissions ce que nous avons entrepris et ce que nous sommes en train de transformer plus concrètement en réalité chaque jour. Je veux parler de l’euro.

L’euro qui d’ailleurs est un bon exemple, pour démontrer que les Européens ne sont plus fiers de rien. C’est la principale maladie de l’Europe : nous avons perdu notre fierté en l’Europe.

Nous avons été capables, ce qui tout de même ne fût pas une petite chose, de garantir la paix en Europe depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, parce que pour la première fois dans l’histoire continentale, cette éternelle phrase d’après-guerre Plus jamais la guerre fût transformée, après être passée par le stade de la prière, en programme politique.

C’est énorme mais nous n’osons plus en parler parce que nous avons totalement perdu notre détermination à combattre les évidences par d’autres évidences. La paix aujourd’hui apparaît en Europe pour évidente, et non pas le danger de mort permanent auquel elle est soumis. Par conséquent il faut de temps à autre revenir aux explications fondamentales de la construction européenne.

Nous avons, sous l’impulsion de Jacques Delors, fait le marché unique, le grand marché, comme il disait ; celui-ci reste lacunaire, il connaît ses déficits. Mais d’avoir su abolir toutes ces entraves techniques, juridiques, fiscales et autres, qui empêchaient les Européens de commercer convenablement entre eux, est tout de même une grande réussite.

Et nous avons fait l’euro.

Lorsque, ensemble avec Jacques Delors, en 1991, sous ma présidence, pendant les premiers six mois, nous avons négocié ce qui allait devenir le traité de Maastricht, rares étaient ceux qui pensaient que nous pouvions réussir. Et lorsque le traité de Maastricht a été signé le 7 février dans la capitale du Limbourg néerlandais, nous pensions, si nous sommes honnêtes, que nous serions 5, au maximum 6, à remplir les critères d’adhésion à la zone monétaire de l’Euro avant le 1er janvier 1999. Aujourd’hui nous sommes 12.

Lorsque je voyageais à travers le monde, c’est-à-dire lorsque j’allais à Washington, et que nous parlions de l’euro, les plus hauts responsables des États-Unis se moquaient ouvertement des propos à leurs yeux fanatiques et inconsidérés que je pouvais avoir, quant à la faculté européenne de réaliser la monnaie unique.

Je me rappellerai toujours quand je rendais visite au Président Clinton, il me demandait, "alors parlez-moi un peu de l’Europe". Et je sortais mon grand numéro sur la monnaie unique, et après deux minutes il m’interrompait, "non, non, non, je voulais que vous parliez de la Turquie".

Avec le ministre des Finances américain : même réaction. Lui qui, comme les ministres des Finances comprennent tout de même un peu plus vite que les autres, - je suis resté ministre des Finances, je précise cet élément autobiographique, pour que vous puissiez saisir la portée exacte de mon propos - le ministre des Finances lui aussi m’interrompait. Mais il me téléphonait tout de même une année plus tard, lorsque j’étais de retour à Washington pour les réunions annuelles de Bretton Woods, pour me dire, "voilà, vous m’avez parlé là l’autre jour de l’euro. Est-ce que vous pourriez venir me voir ce soir, [nous étions un samedi], pour que nous reprenions la discussion". Conscient de l’importance momentanée qui m’était échue, je lui répondis que je n’avais pas le temps. Et donc nous devions prendre le petit déjeuner un dimanche matin à la Treasury, je me disais, si le ministre des Finances américain invite celui du Luxembourg à un petit déjeuner un dimanche matin, au moins les Américains ont compris ce que les Européens ne savent pas encore, c’est-à-dire que nous allons réussir.

Et nous n’avons tiré aucun motif de fierté de cette incroyable réussite que constitue ce partage en commun de la souveraineté monétaire continentale.

Tout comme nous ne sommes pas fiers de l’élargissement, de la façon dont nous avons su organiser les retrouvailles, comme disait Jacques Delors, entre la géographie et l’histoire européennes. Aucun motif de fierté, alors que tout aurait pu se passer différemment. Ceux en France, et chez nous d’ailleurs, puisque je sors d’une douloureuse campagne référendaire, qui n’ont pas compris l’élargissement, devraient s’imaginer l’état du continent européen, si l’élargissement et l’adhésion ne s’étaient pas faits. On voit les mérites, la beauté de l’élargissement lorsqu’on s’imagine l’Europe sans l’élargissement.

Si nous avions accepté de nous laisser aller à la dérive, tous ces nouveaux venus, sujets de droit international, qui avaient entre eux de graves problèmes de frontières et de minorités, qui n’avaient aucune conscience de la nécessité plus qu’intergouvernementale d’une chose, ces nations qui ont demandé à rejoindre l’Union européenne au lieu de se vautrer dans des nombrilismes nationaux, auxquels ils auraient pu laisser libre cours - tout cela a pu être fait d’une main de maître depuis le tout début par ceux qui avaient les plus hautes responsabilités en Europe. Et les Européens n’en sont pas fiers.

Je reviens d’Afrique, j’étais au Niger et au Mali. Mais qu’elle est belle l’Europe, lorsque vous la regardez de loin, avec les yeux de ceux qui la regardent de loin. Et que nous sommes grands, mêmes nous les plus petits, lorsque nous nous présentons en tant que représentants de l’Union européenne dans les autres parties du monde. Comment l’espoir des Africains et de tant d’autres est grand lorsqu’ils tournent les yeux vers l’Europe. Il ne faut pas croire que l’Europe serait un mécanisme d’autosatisfaction européenne. La demande et le besoin d’Europe dans le monde est ultra grand, mais nous ne savons pas répondre présent. Nous préférons laisser malheureux ceux qui mettent tout leur espoir dans le succès du projet européen, au lieu de prendre à bras ouverts les contraintes et les obligations qui se dégagent, des succès économiques que nous avons su, nous en Europe et grâce à nos méthodes, accumuler.

Alors, il faut d’abord réussir l’euro. J’étais avec Christian Sautter et avec Jacques Delors un jour, dans les instances du Conseil des ministres, donc l’Ecofin, devenu en plus restreint l’Eurogroupe, et, tout comme d’autres, nous avons toujours regretté ce sous-développement de l’axe et du pôle économique dans la construction monétaire de l’Europe. Nous avons formé l’Eurogroupe, qui est une instance informelle, qui aurait été formalisée par le traité constitutionnel, s’il avait pu être ratifié dans de bonnes conditions. Et là nous apprenons jour après jour que la coordination des politiques économiques ne donnent aucune satisfaction. Puisque la coordination des politiques est assez faible, la plupart des gouvernements, même ceux de la zone Euro, considèrent toujours que les politiques économiques sont d’abord des secteurs relevant de la responsabilité nationale.

L’intérêt commun auquel doivent être soumises les politiques économiques n’est pas perçu avec la même intensité par tous ceux qui sont en fait chargés de coordonner d’avantage les politiques économiques en Europe.

Ceci a un double désavantage, en dépit des progrès récents qui ont pu être accumulés. D’un côté, la Banque centrale européenne est le véritable maître du jeu des politiques non seulement monétaires, mais également économiques de l’Union européenne. Moi qui, ensemble avec d’autres avait beaucoup œuvré pour le principe de l’indépendance de la Banque centrale européenne, je me rappelle le directeur du Trésor français, qui par la suite a fait une belle carrière dans les Banques centrales européennes, auquel nous avons dû, en allemand et en français, expliquer les vertus d’une possible indépendance de l’autorité monétaire centrale en Europe. On ne peut pas dire que les banquiers centraux ne seraient pas vite à apprendre pour le reste. Enfin, la prédominance est avec la banque.

Et de l’autre côté, nous sommes incapables de décrire au monde le projet économique européen. La planète entière aujourd’hui est incapable de se faire une idée de la politique monétaire européenne. Personne, ni hors d’Europe, ni en Europe n'est capable de dresser le tableau de la politique économique européenne. C’est un sujet sur lequel nous devons travailler.

Et puis, je persiste à croire que nous avons commis des erreurs de pilotage qui furent pernicieuses d’abord et qui nous ont conduit au presque-échec par la suite. Je veux parler de la dimension sociale de l’Europe. Nous avons commis deux erreurs.

D’abord nous avons dit que l’Europe manquait cruellement de dimensions sociales, alors que ce n’est pas vrai. Parce que beaucoup a été fait en matière de politique sociale en Europe. On ne le dit pas assez souvent et si on le dit, on le dit insuffisamment. Nous avons fixé le principe qu’il faut commencer par la seule règle de droit du travail que nous avons pu fixer en Europe. Nous avons posé le principe que le contrat du travail partout en Europe doit être fait par écrit. Ce n’était pas le cas dans la moitié des États membres de l’Union européenne, donc une absence totale de sécurité juridique.

Toutes les politiques nationales qui ont été conduites en matière de discrimination et en matière d’égalité ont pour source, et pour source exclusive, le droit posé par l’Union européenne. Tout ce qui a été fait dans nos pays et surtout dans les nouveaux États membres, qui ont dû prendre faits et causes pour l’acquis communautaire en matière de santé et de sécurité au travail, a été fait dans la deuxième moitié des années 80 sous l’impulsion, là encore de Jacques Delors, dans le cadre de la dimension sociale du marché intérieur.

Tous les nouveaux États membres qui ont dû reprendre dans leur dispositif normatif national ces règles, n’auraient jamais connu un développement aussi intense des aspects de sécurité et de santé au travail, si l’Union européenne n’avait pas agi dans le domaine social. Nous avons dit qu’on n’a rien fait, mais beaucoup a été fait.

Et de deux, il y a d’énormes déficits qui restent. Et nous donnons, tant la Commission que le Conseil, cette impression en Europe, que l’Europe des travailleurs n’est pas un souci que nous pouvons avoir ou que nous devons avoir. L’impression ambiante et l’impression généralisée dans le monde du travail est que l’aventure européenne est devenue une manifestation qui n’a pas comme centre d’intérêt le bien-être de ceux qui sont au travail, et qui constituent le plus grand nombre des habitants d’Europe. Et cette vieille idée, si souvent caressée mais jamais mise en application, consistant à doter l’Europe d’un socle de droits sociaux minimaux, doit être reprise à tout prix pour redonner l’impression au monde du travail, que ses soucis, ses préoccupations, ses angoisses, ses inquiétudes nous intéressent au premier chef.

Et de trois, nous donnons souvent l’impression que l’Europe pourrait nous protéger, et nous nous étonnons souvent lorsque l’Europe est incapable de le faire. J’ai assisté hier à un débat au parlement luxembourgeois, ou je devais faire un discours, plus remarqué au Luxembourg qu’ayant apparu remarquable ailleurs, sur l’OPA de Mittal sur Arcelor. Il est tout de même attendrissant de voir les représentants de tous les groupes parlementaires s’adresser à la politique pour dire "voilà, l’Europe doit régler cette affaire".

Oui, je crois aussi que l’Europe, dont la politique industrielle est à mes yeux défectueuse, doit s’occuper de ces problèmes. Mais elle doit le faire dans le strict cadre des réglementations et des traités qui sont les siens. On ne peut donc pas trop attendre d’une Europe, à laquelle on n’a pas donné les moyens d’agir plus solidement. Si au parlement luxembourgeois, sur les cinq groupes parlementaires, les cinq présidents des groupes parlementaires disent, "l’Europe doit empêcher que cela se passe", et si cela devait tout de même se faire, l’Europe apparaîtra comme n’ayant pas été capable de résoudre ce problème dont la solution incombe d’abord, dans le cas qui nous occupe, aux actionnaires, et puis aux gouvernements qui sont actionnaires, c’est-à-dire au seul gouvernement luxembourgeois pour le reste.

Donc, susciter des attentes au niveau de l’action postule que l’Europe est une autre erreur que nous ne cessons de répéter. Comme nous sommes devenus, très souvent par notre propre volonté, impuissants comme État national, nous nous adressons à une Europe que nous n’avons pas armée pour prendre le relais des États membres devenus par leur propre volonté impuissants.

Quatrièmement, je crois que nous devons essayer de faire à nouveau rêver les européens d’Europe. Lorsque les Français avaient dit Non le 29 mai, de Bruxelles je disais aux Européens, "l’Europe ne fait plus rêver". Je crois que c’est un énorme problème. Moi, je suis a priori totalement opposé à tout ce qui est irrationnel. Tout de même, j’aime ma femme, c’est tout à fait irrationnel, je ne saurais vous expliquer pourquoi. Si le jour vient où vous savez expliquer pourquoi vous aimez, vous pouvez être sûr et certain que le jour précédent vous avez arrêté d’aimer. Ça ne se comprend pas.

Il y a dans la relation intime entre les Européens et l’Union européenne, qui doit devenir leur Union européenne, un élément irrationnel que nous n’alimentons pas et que nous ne nourrissons pas. Il faut le faire. Et il faut rendre les Européens fiers de l’Europe. Il faut les ramener vers l’amour de l’Europe. Et il faut l’expliquer aux Européens qui le demandent - je crois que l’Europe doit avoir non seulement des projets pour elle-même mais aussi des projets pour le monde. Plus vous voyagez, plus vous vous rendez compte quelles demandes d’Europe existent ailleurs sur tous les continents. Et notamment en Afrique d’où je reviens.

Il est tout de même incroyable que nous ayons été à même d’éradiquer l’esclavage au 19e siècle parce qu’on le voulait, et que nous abandonnons totalement cette ambition élémentaire, essentielle, vitale qui devrait être en tant qu’Europe d’être les moteurs de l’éradication de la pauvreté dans le monde pendant la première moitié de ce 21e siècle.

Vous savez, cela permettrait aux Européens de rêver de cette Europe généreuse et égoïste en même temps, puisque les politiques de coopération ne sont pas caritatives mais montent dans les deux directions. Cela permettrait aux Européens de tomber amoureux de cette Europe qui offre au monde un certain nombre de règles dont elle-même a su expérimenter la justification, et cela permettrait aux autres de nous voir non seulement avec espoir mais aussi avec le sentiment que l’Europe est là lorsque le monde s’adresse à elle.

J’espère tout cela et 36.000 autres choses. Il faudra que nous ne perdions jamais confiance, et que nous ne perdions pas la détermination qu’il faut pour cette patience et cette détermination qui font le propre des grandes ambitions et des longs trajets.

Merci.

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