Jean-Claude Juncker, "Le futur de l'euro", Transcription du discours, European Policy Center, Bruxelles

Mister chairman,
Ambassadors,
Ladies an Gentlemen,

Yesterday night, and I spent part of the night with some of the colleagues here, I was asked to deliver a speech and I was asked to deliver this speech in English. And I started by saying that I would be perfectly able to do so but that I didn’t want to express myself in English, because normally when we are trying to explain the European Union to our citizens, we are telling them that we are proud of the diversity of languages, of cultures and so on and so forth. And that all of us we are starting to speak in English. That’s the reason why I decided to deliver my speech in French. Although I could perhaps try to deliver it in English.

Nous devons donc, mes chers amis, parler - vous et moi, et moi d’abord, vous ensuite - du futur de la zone euro, de l’avenir de cette zone. J’ai plusieurs options devant moi. Je pourrais d’abord faire un long bilan sur les deux années que j’ai passé à la tête de l’Eurogroupe, vous expliquer les performances qui furent les nôtres et puis réserver une petite partie à l’avenir de la zone. J’aurais volontiers voulu faire cela, si seulement le bilan était tel qu’on pourrait l’expliquer longuement et largement. Or malheureusement tel n’est pas le cas. Je ferai donc un mixe que j’espère intelligent, de ce qui fut et ce qui sera, sans devoir trop parler de ce qui est.

Mais en fait, depuis que l’Eurogroupe existe sous sa forme actuelle, je veux dire avec une présidence stable de deux fois deux années, nous avons progressé sur un certain nombre de sujets. J’ai pu constater autour des 24 mois écoulés, que nous avons, réunion après réunion, élargi le champ de nos investigations. Parce que nous pensons tous, les 12, maintenant 13 ministres des Finances de la zone euro, qu’un rôle accru doit être réservé à ce qu’il est convenu d’appeler le pôle économique ou le pôle politique de l’Union économique et monétaire.

Vous connaissez la faiblesse du traité, dont vous n’êtes pas responsable, mais moi je le suis, parce que j’ai signé et négocié ce traité. Je suis d’ailleurs, je crois, le seul survivant, l’euro et moi, de ceux qui ont signé en 91-92, en fait le 7 février 92 le traité de Maastricht. Et nous avions déjà à l’époque cette impression, que le pôle monétaire était optimalement structuré, mais que le pôle économique comportait des faiblesses structurelles. Donc, nous essayons de faire en sorte que le pôle économique gagne en couleur réunion après réunion.

Je crois que l’essentiel pour les mois et les années à venir est constitué par ce groupe de considérations qui gravite autour de la notion de surveillance budgétaire et de guidage des politiques budgétaires. Nous avons réformé en mars 2005 le pacte de stabilité et de croissance, nous lui avons apporté des touches qui font du pacte aujourd’hui un instrument qui permet à la fois une bonne gestion monétaire de la zone, mais aussi une lecture économique qui doit sous-tendre les décisions monétaires que la Banque pourrait être amenée à prendre. Mais nous restons toujours sur le sentiment de l’inaccompli, puisque tous les travaux que nous avons consacrés au volet préventif du pacte peinent à se mettre en place avec une vigueur telle que se dégagerait à partir de là des vertus pédagogiques qu’on n’aurait plus à expliquer à ceux de nos États membres qui trouvent devant eux le problème de finances publiques non ajustées parce que ne correspondant pas aux règles de base qui sont celles de l’Union économique et monétaire.

Vous vous rappelez que lorsque nous avons réformé le pacte de stabilité, nous avions accordé beaucoup d’importance à ce volet préventif pour en fait nous obliger, et avec nous nos gouvernements, de faire un usage plus vertueux de ce qu’il est convenu d’appeler les good times. Si la conjoncture va bien, si l’économie tourne, pensons-nous, le moment est venu pour affecter les excédants de recettes que nous pourrions réaliser, suite à la bonne tenue de la conjoncture, exclusivement sinon prioritairement à la réduction des déficits et à la réduction des niveaux de dette publique. Le pacte, version originale, avait mis tout l’accent sur son volet correctif. Nous avons voulu, en le réformant, donner au pacte un rôle préventif à jouer. Nous sommes en train de nous en occuper très activement.

Il y a aujourd’hui, alors que tel ne fut pas le cas vers la fin des années 90, un consensus général, pour essayer un beau pléonasme, entre les 13 ministres des Finances de la zone, que ce volet préventif doit être pris au sérieux. Nous constatons depuis une année presque, que dans nos parlements - je veux dire les parlements nationaux, la même remarque s’appliquant d’ailleurs au Parlement européen qui nous accompagne de sa sage amitié - l’acceptation de cette règle que pendant les périodes de haute conjoncture des efforts d’assainissements solides doivent être entrepris et suivis. Vous vous rappelez de la fin des années 90, l’économie évoluait à une allure agréable et les gouvernements dépensaient toute leur énergie dans une recherche qui consistait à élucider les moyens qu’il pourrait y avoir pour affecter des éléments de cagnotte à différents compartiments de la dépense publique. Cette tentation permanente en politique de distribuer, de réorganiser une cagnotte, de réorienter les excédants budgétaires vers le consommateur final, c'est-à-dire l’électeur, aujourd’hui est devenue un réflexe heureusement sous-développé, ce qui me fait dire, que sur ce point la réforme du pacte a apporté des résultats considérables et que nous ne courons pas le risque de reproduire les erreurs qui furent les nôtres à la fin des année 90, où nous ne savions pas faire un bon usage des résultats positifs qui sur base d’une conjoncture ayant adoptée un profil de développement impressionnant. Nous ne referons pas cette erreur.

J’ai toujours estimé que le grand public, et je compte parmi le grand public également la Banque centrale européenne, sous-estimait cet aspect des choses, parce qu’il n’y avait aucune raison, pour m’exprimer dans la langue francfortoise, d’exprimer des serious concerns quant à la réforme du pacte puisqu’elle était sage dans toutes ses parties. Nous aurons donc pendant les mois à venir à nous occuper plus en avant des situations budgétaires en Allemagne, en France, en Italie, en Grèce et au Portugal, qui sont les pays qui posent le plus grand problème en termes d’assainissement budgétaire. Et les ministres de ces pays, et notamment le ministre des finances allemand, a publiquement et en privé réaffirmé son intention de continuer de poursuivre l’effort de consolidation en dépit du fait que l’Allemagne bientôt sortira des procédures de déficit excessif tout comme la France. Le fait de ne plus faire partie de ce club privilégié de ceux qui se voient être confrontés à des procédures en déficit excessif ne veut pas dire que les problèmes budgétaires dans ces pays-là auraient trouvé une réponse définitive.

Je voudrais sur ce point, puisque nous parlons de budget, vous rendre attentifs au fait que de plus en plus les débats et discussions et les décisions nationales qui sont prises dans une capitale ou une autre, commencent à largement influencer les décisions qui peuvent être prises dans d’autres capitales. La zone, du point de vue budgétaire, est devenue plus unique qu’elle ne l’était avant.

Je vous donne un exemple théorique : si un pays, mettons l’Italie, connaissait un lourd déficit et une dette publique élevée, et si ce pays, mu par de bonnes intentions, décidait de vouloir réduire à tout prix le niveau du déficit, mettons de 35 milliards d’euros, les autres diront bravo et puis constateraient par la suite que le gouvernement italien, pour prendre cet exemple-là, comme ça ne réduirait pas des 35 milliards, mais aurait décidé pendant son parcours budgétaire, de ne réduire que de 32 milliards, 33 ou 34. C’est des choses qui n’arrivent pas dans la vie, mais c’est un exemple. Dans d’autres pays vous auriez immédiatement la réaction qui consisterait à dire : mais nous qui avons un niveau d’endettement public moins élevé, qui avons des déficits moins larges, pourquoi est-ce que nous on devrait ajuster, je dirais intégralement, alors que d’autres qui sont dans une position qui est moins bonne que celle qui est la nôtre, ne se sentiraient plus obligés de ce faire ? Donc un débat à Rome peu influencer un débat à Luxembourg. Le Luxembourg qui a un déficit – les spires de la Commission sont là, donc il faut s’exprimer prudemment pour ne pas les amener à se lancer dans des recherches trop compliquées pour eux - disons 1,5%. Si vous avez un déficit de 1,5% et qu’un pays qui a un déficit de 6,2 n’agit pas conformément aux règles établies, vous n’arrivez pas à convaincre votre parlement que dans un pays à déficit exigu vous devez gouverner suivant les règles de l’art.

Donc la discussion budgétaire qui sera la nôtre au cours des mois à venir sera une discussion budgétaire plus horizontale. Nous comparerons au niveau de la zone nos performances budgétaires. Elle sera plus bilatérale, si j’ose dire, elle entrera plus dans le détail des opérations budgétaires des différents États membres pour les comparer, ces performances, les unes aux autres.

Donc nous aurons un travail sur l’aspect budgétaire des choses : surveillance budgétaire, examen horizontal et meilleure préparation des budgets nationaux, qui est insuffisamment horizontale dans la mesure où certains de nos États membres lorsqu’il s’agit de réunir les éléments sous-tendant le développement futur de leurs finances publiques on recours à des chiffres, dont on ne dirait pas, si on les compare entre eux, que nous relèverions de la même zone monétaire. Sur le taux de change entre le dollar et l’euro, vous avez dans les 13 budgets nationaux des chiffres parfois qui pourraient inviter à l’hilarité, si nous n’étions pas en Union monétaire. Il ne faut pas rire parce que ces chiffres sont tout à fait différents. Il y a des prévisions en matière d’évolution du prix du pétrole qui diffèrent d’un pays à l’autre. Par conséquent nous avons le besoin entre nous de nous mettre d’accord sur les mêmes chiffres sur lesquels doivent se fonder les différents projets de budgets nationaux.

Nous aurons à nous occuper plus intensément de la croissance économique en Europe. Nous savons qu’aujourd’hui nous évaluons à un rythme qui est satisfaisant, parce que proche du potentiel de croissance, nous dépassons même le potentiel de croissance. S’imaginer une Europe, une Union monétaire où le potentiel de croissance serait durablement établi à 2,5% est une façon d’accepter que nous ne serons pas à même d’assumer toutes les conséquences qui pour le financement de nos systèmes de sécurité sociale résultent du phénomène du vieillissement de nos populations. La démographie étant ce qu’elle est, comme elle est sur le court terme difficilement influençable, malgré les efforts surhumains de certains, il vaut mieux préparer les finances publiques à cet horizon qui ne tardera pas de nous gagner.

Donc l’important des réformes structurelles n’est plus à établir. Nous devons tous, même si nos finances publiques connaissent une situation satisfaisante, nous appliquer à mettre en œuvre les réformes de structure et notamment en matière de financement des systèmes de sécurité sociale qui sont ardemment exigés par l’évolution future dont on connaît exactement le profil. Par conséquent, nous devons nous entretenir au sein de l’eurozone de la bonne séquence entre les réformes structurelles. Vous connaissez tous le problème, les gouvernements savent en fait ce qu’il faut faire, quelles réformes structurelles doivent être mises en application, mais aucun gouvernement ne sait comment faire pour gagner les élections après avoir mis en œuvre ces réformes structurelles. Ce qui fait que les réformes structurelles tardent parfois être mis en place. Par conséquent nous devons discuter entre nous de la bonne séquence des réformes structurelles. Comment est-ce qu’on doit se laisser suivre les réformes concernant les marchés de produits, les marchés de travail, le secteur des services. Par où est-ce qu’il faut commencer ? Est-ce que nous ferons tous la même chose partout sur la zone monétaire en même temps, ou est-ce qu’il ne faudrait pas trouver entre nous une séquence agréée des réformes structurelles dans les différents pays membres de la zone de l’euro?

Nous aurons à nous entretenir du problème du différentiel de croissance de la zone euro. C’est un débat que nous avons entamé il y a plusieurs mois, qui fut d’ailleurs lancé par notre Banque centrale. Après avoir discuté du phénomène des différentiels de croissance, nous avons constaté qu’en fait ces différentiels de croissance n’étaient pas à ce point extraordinaires à les comparer avec d’autres zones monétaires et nous avons décidé que ce problème de différentiels de croissance n’était pas un problème que nous aurions à résoudre à très court terme. Toujours est-il que si les différentiels de croissance devaient s’agrandir et s’élargir, si les performances de croissance sur toute la zone devaient diverger au-delà de la zone actuelle, il se pourrait très bien que nous aurions à nous occuper du différentiel de croissance.

La même remarque s’appliquant en fait aux différentiels d’inflation que l’on peut constater sur la zone. C’est un débat que j’ai lancé, je crois, lundi passé. Est-ce qu’il faut parler en Europe, je veux parler de la zone, des méfaits ou des bienfaits de l’indexation automatique des salaires ? Je constatais, ce que je savais déjà, que la Belgique et le Luxembourg étaient les seuls pays connaissant toujours ce système que les esprits plus évolués que les conservateurs que moi considéraient un système pervers de l’indexation automatique des salaires. Les pays, et la Belgique et le Luxembourg, ont d’ailleurs aménagé le système d’indexation pour qu’ils puissent mieux tenir compte de l’environnement économique. Est-ce qu’il faut parler de ces règles ? Est-ce qu’il ne faut pas se poser la question, si ces règles existaient partout, quel serait sur l’ensemble de la zone l’influence que ces règles produiraient sur l’inflation moyenne de la zone ?

Je crois d’ailleurs que nous n’aurons pas un véritable débat sur l’indexation, puisque la Commission et la Banque sur une même lancée et emportées par le même élan d’analyse, pensent que les pays qui ont un système de l’indexation sont moins compétitifs que les autres. N’est-ce pas, en Europe, on ne trouve plus ces choses-là. On dit : c’est comme ça. Encore que je n’ai pas l’intention de devenir Verheugen-esque et d’inclure tout le monde dans une même critique. Mais il faut tout de même apprendre à prouver, lorsqu’on parle à des gens adultes, la justification de ce que l’on prétend. Parce que la Belgique et le Luxembourg ne seront pas les moins compétitifs en Europe si j’ai bien compris. J’aurais d’autres exemples à citer de l’autre côté de la route. Enfin il faudra parler de l’indexation automatique des salaires. Il faudra examiner de près le phénomène de l’inflation dans le secteur ultra-important des services. Et il faudra que nous nous occupions un peu plus en avant du secteur immobilier pour voir le premier en matière de formation des prix, le troisième en matière de risques assumés ou non assumés. Quelles peuvent être les conséquences qui pourraient se dégager du maintien en place de ce système ?

Nous allons nous occuper des déséquilibres de l’euro. Vous savez que le Fonds monétaire international vient de lancer une procédure de surveillance multilatérale, où le Fonds monétaire international a constitué un « panel », si j’ose dire, regroupant les plus grandes zones monétaires du globe, les États-Unis, la Chine, la zone euro, le yen et l’Arabie Saoudite, parce que le Fonds monétaire voulait inclure dans ce groupe d’analyse sur les équilibres du globe un pays producteur. C’est la première fois d’ailleurs que l’eurozone et l’Eurogroupe se voient être reconnus une dimension internationale au même degré que les autres devises des grandes zones économiques de la planète. […] La première fois, le Fonds monétaire international reconnaît à la zone une représentation qu’on avait refusée jusqu’à présent à cette zone, ce qui fait d’ailleurs, que certains n’aiment pas cet exercice de surveillance multilatérale du fonds monétaire international. Les Britanniques nous expliquant que non, non, non le G7 est l’enceinte où il faudra débattre de ces questions, les Canadiens les rejoignant sur ce point. Mais l’euro se voit être reconnu ce grand rôle qui est le sien, par le Fonds monétaire international. Je crois que sur cette affaire des déséquilibres globaux, l’Europe n’a aucun reproche à se faire et que nous devons résister à la tentation des autres grandes devises de voir l’euro devant assumer un rôle de rééquilibrage qui ne peut pas être le sien, puisque nous ne sommes pas à l’origine de ces déséquilibres globaux, par conséquent nous ne devons pas être les premiers à essayer de les désamorcer. C’est un grand débat que nous avant à l’intérieur de la zone et c’est un grand débat que bien sûr nous avons avec les quatre autres partenaires sélectionnés par le Fonds monétaire international.

Puisque je parle du Fonds monétaire international, peut-être un mot sur la représentation extérieure de la zone euro, qui est à la une, même avant que l’euro n’existait pas. Je me rappelle, lorsque j’étais tout jeune ministre des Finances, nous nous interrogions déjà sur la question de savoir s’il ne vaudrait pas mieux que l’Union européenne soit représentée dans les instances du Fonds monétaire international par une seule chaise. Curieusement lorsque nous avons lancé l’euro et curieusement le mieux l’euro il va, le moins ambitieux devient le débat sur la représentation extérieure de l’Union européenne ou de la zone euro. Moi je persiste à croire, parce que j’aime les idées simples lorsque les choses se compliquent, que le jour devra venir où la zone euro sera représentée d’une façon visible à Washington et qu’elle le soit par le biais d’une chaise unique, comme on dit vulgairement. Or il y a un certain nombre de pays qui n’admettent pas sur le moyen ou sur le long terme la disparition des constituencies, des constituantes nationales, dont ils sont le leader très souvent pour des raisons historiques. Nous avons discuté cette question lundi passé. A ce qu’il paraît, le gouvernement belge qui un moment fut hésitant sur cette affaire est pris d’une nouvelle ambition plus vertueuse, puisque nos collègues belges ne se sont plus exprimés dans le sens interdit, mais dans le sens souhaité. Mais la vertu bénéluxienne n’est pas encore entière jusqu’au point où le nord du Benelux se laisserait inspirer par les sages inspirations de l’axe sud du Benelux. Mais ça viendra plus tard. Mais nous sommes tombés d’accord pour voir la Commission être admise au G20, ce qui est déjà une bonne avancée. Nous pensons tous que la Commission européenne doit devenir observateur à l’International financial stability forum. Nous pensons que la zone euro doit mieux concerter et coordonner ses efforts à Washington en essayant de désigner parmi les directeurs exécutifs des différents pays membres de la zone euro, un directeur exécutif ayant en charge pour deux années la représentation des intérêts généraux de la zone et de mieux coordonner entre eux les différents directeurs exécutifs. Je crois que l’euro a vocation à connaître une représentation extérieure qui fasse de lui un interlocuteur évoluant d’une façon visible et pour les organisations de Bretton Woods et pour les autres grandes zones économiques du monde. Et je ne doute pas un seul instant que lorsque je serais doyen d’âge du parlement luxembourgeois, je verrai mes lointains successeurs se réoccuper d’une façon alors conclusive de cette question.

Je crois que nous aurons intérêt à ne pas brader au cours des mois à venir l’accès des nouveaux États membres à la zone euro. Il n’est pas vrai, comme le prétendent certains nouveaux États membres - je déteste l’expression, mais je l’emploie pour me faire comprendre - il n’est pas vrai que l’eurozone serait un club fermé. Nous venons d’accepter parmi nous, après de si nombreux efforts de ce pays-là, la Slovénie. Mais il n’est pas question et notamment sur le critère d’inflation, vous connaissez tous ce débat, que nous changerions l’interprétation que nous avons toujours apportée au critère d’inflation qui est un critère relevant du traité. Donc cette volonté politique d’élargir la zone, que je partage, puisque je voudrais que demain l’Union européenne tout entière puisse adopter la monnaie unique, n’est pas une raison suffisante pour réinterpréter les critères de façon à ce que la zone puisse s’élargir le plus rapidement possible.

Je crois pour le reste, parlant de la zone et de l’essai de rendre plus efficace les travaux de l’Eurogroupe, que nous aurons demain intérêt à dédier une plus grande partie des conclusions du Conseil européen consacré à l’agenda de Lisbonne, à la seule zone euro. Il n’est pas concevable que la zone euro ait le même niveau d’ambitions économiques que celui des autres États membres qui ne connaissent pas encore ce lien de solidarité et de discipline. Par conséquent il faudra consacrer des aspects plus spécifiques à la seule zone euro dans le cadre de la mise en place de toutes les décisions qui sont rendues nécessaires par l’agenda de Lisbonne. Il faudra le faire et il faudra à l’intérieur de ce chapitre spécifique de la zone euro, consacrer des recommandations particulières à certains États membres sur des points où ils accusent des différentiels trop prononcés par rapport à d’autres. Au lieu de faire de l’indexation des salaires, des problèmes immobiliers, de l’inflation dans le secteur des services une décision qui concernerait la seule zone euro, il vaudrait mieux, à l’intérieur des conclusions spécifiques adressées à la zone euro en rapport avec l’agenda de Lisbonne, pourvoir à ces recommandations nationales.

Voilà un certain nombre d’éléments de débat, de discussion, d’agenda que nous aurons au cours de mois à venir.

Je suis à votre entière disposition pour répondre aux questions que vous pourriez avoir. J’essayerai d’y répondre d’une façon qui ne vous oblige pas à interrompre notre petit-déjeuner, qui ne vous oblige pas à garder cet aspect et ces mines sérieuses que vous m’opposez depuis que je suis en train de parler. Merci.

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