Lucien Lux, Discours à l'occasion de la 12e conférence de l'ONU sur le climat, Nairobi

- Seul le discours prononcé fait foi -

Monsieur le Président,

Le changement climatique est à la une, et ce n’est pas uniquement parce que nous sommes réunis à Nairobi ces jours-ci. Tout le monde en parle; lentement mais sûrement un consensus sur les causes s’établit; de plus en plus nombreux sont ceux qui prennent conscience qu’ils subiront eux aussi, tôt ou tard, les conséquences dévastatrices du réchauffement global. Nous leur devons une réponse, et surtout une action conséquente!!

Le temps presse: la conférence de Nairobi doit lancer un message clair que nous allons nous attaquer tous ensemble, de façon solidaire et selon nos responsabilités et moyens respectifs, à cet énorme défi qui nous est posé. Fixons-nous un objectif commun à atteindre! Mettons-nous d’accord sur la taille de l’effort global à fournir durant, par exemple, les prochaines 50 années!

L’Union européenne s’est dotée d’une telle "vision" à long terme, en se fixant comme objectif de limiter l’augmentation de la température globale à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Nous savons que cette "vision" ne pourra être réalisée que si nous parvenons à réduire les émissions au niveau mondial de manière substantielle, probablement de moitié, d’ici 2050.

Monsieur le Président,

Nous devons agir ensemble, maintenant, et nous y avons tous à gagner:

  • Le changement climatique ne fera qu’accentuer la désertification, la perte de biodiversité, le manque d’eau, les pertes agricoles, autant de facteurs entravant la lutte contre la pauvreté. Les progrès en matière d’adaptation accomplis à Nairobi, aussi louables et nécessaires qu’ils soient, s’avèreront vains si nous ne réussissons pas à remédier la source même du problème;
  • Mais aussi d’un point de vue économique les arguments sont convaincants: Sir Nicolas Stern vient de l’illustrer ce matin : prévenir le changement climatique n’est pas gratuit, mais tout retardement des efforts de réduction des émissions ne fera qu’augmenter les coûts globaux pour la société.

Monsieur le Président,

N’oublions pas non plus que la lutte contre le changement climatique présente aussi de nombreuses opportunités, notamment en termes d’emplois. Miser sur des technologies innovantes, la recherche d’une efficacité énergétique accrue ainsi que sur les énergies renouvelables s’avérera payant à terme. Nous devons créer des incitations pour encourager ce progrès technologique qui, sans régime multilatéral efficace, sans encadrement législatif approprié, se développera bien moins rapidement.

Le Luxembourg a la ferme volonté de continuer à aller de l’avant. À Kyoto, nous nous sommes engagés à réduire nos émissions de CO2 de 28 %. Objectif ambitieux et difficile à réaliser. Au niveau national, nous sommes en train de mettre en place une série de mesures supplémentaires; par exemple une restructuration de la taxe perçue sur les véhicules routiers qui, en application du principe pollueur – payeur, sera désormais calculée sur base des émissions de CO2. Les recettes supplémentaires ainsi générées, ainsi que celles en provenance d’un relèvement du taux des accises sur les carburants, seront affectées au fonds de financement des mécanismes de Kyoto que nous avons créé en 2004. Ce fonds, doté en 2007 de 100 millions d’Euros, aura à sa disposition près de 600 millions d’Euros sur la période 2007-2012 et nous permettra, à côté de nos efforts nationaux, de participer à des projets CDM et JI. Ces projets devront s’inscrire dans la logique de notre aide publique au développement, qui atteint actuellement 0,85% de notre PIB, et qui s’adresse en grande partie à des pays africains.

Monsieur le Président,

Nous devons éliminer le décalage qui existe toujours entre la parfaite connaissance de la problématique à laquelle nous sommes confrontés et notre disposition à agir ensemble et de manière conséquente.

L’avenir a déjà commencé; à nous d’en faire l’héritage d’une génération qui a su réagir à temps face à une menace sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

Je vous remercie.

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