Octavie Modert, Discours à l'occasion du vernissage de la micro-exposition "fragmenta ne pereant - la Bibliothèque d'Echternach revisitée", Luxembourg

Mesdames, Messieurs,

Je me réjouis de pouvoir inaugurer ce soir avec vous le cycle des "15-X de la Bibliothèque nationale" et en particulier cette première exposition consacrée à l’abbaye d’Echternach et à ses manuscrits conservés par notre Bibliothèque nationale.

Par ce cycle d’expositions, la Bibliothèque nationale met à juste titre en valeur

  • la grande richesse du patrimoine qu’elle détient
  • la diversité de ce patrimoine et par là la diversité de ses champs d’action.

Ce patrimoine, à l’évidence, n’est pas seulement celui d’une institution, à savoir la BnL. Au contraire, c’est celui de toute la nation! La Bibliothèque nationale a mandat de le garder et de le préserver pour les générations futures.

Notre Bibliothèque nationale et nos Archives nationales sont d’une importance toute particulière pour notre identité et notre souveraineté. Les Bibliothèques et les Archives nationales préservent la mémoire collective d’un pays. Elles sont le conservatoire non seulement de nos racines et de notre culture, mais aussi de notre histoire intellectuelle. Loquaces, elles sont détentrices d’une mémoire qui sait parler, qui sait raconter pour qui sait l’interroger: surtout l’historien, mais aussi le philologue, l’économiste, le juriste, le musicien, et bien sûr le grand public, nous tous.

Il m’importe de souligner que le patrimoine que présentera la BnL au cours du cycle d’expositions des "15-X" n’est pas seulement d’intérêt national : son intérêt transgresse les frontières – aussi le cycle d’expositions fait-il tout naturellement partie de la programmation de "Luxembourg et Grande Région, Capitale européenne de la Culture 2007" dont il épouse parfaitement tous les critères.

Car de nombreuses pièces, en particulier celles héritées des institutions de l’Ancien Régime, donc antérieures à la Révolution française, et en particulier les pièces venant de l’abbaye Echternach, présentent un intérêt scientifique d’ordre international.

Certes, les plus beaux manuscrits d’Echternach, ceux avec les belles enluminures, se trouvent aujourd’hui dans des bibliothèques étrangères, et notamment à la Bibliothèque nationale de France, depuis la Révolution française.

Mais il ne faut pas oublier qu’un manuscrit, un codex médiéval, est en tout premier lieu un support de textes. Textes qui sont les vecteurs privilégiés de la littérature, de la philosophie et des sciences de l’époque médiévale, mais qui sont aussi le trait d’union entre l’Antiquité et les Temps modernes.

A ce titre ils furent jadis les outils de travail des Humanistes et des historiens médiévistes d’aujourd’hui.

Et je me réjouis tout particulièrement que nous puissions aujourd’hui faire découvrir par le public le document connu le plus ancien conservé au Luxembourg, datant de la fin du 7e siècle après J.-C. Ce fragment de manuscrit de l’ancienne abbaye d’Echternach, totalement inconnu jusqu’ici!, a été découvert l’année passée par les experts et les collaborateurs de la Bibliothèque nationale. Bravo et merci!

L’exposition que nous inaugurons ce soir, met en évidence à quel point l’abbaye bénédictine d’Echternach a été l’objet d’influences européennes multiples et diverses :

  • migrations des hommes (ex. St Willibrod venu d’Irlande)
  • migrations des manuscrits
  • migrations des savoirs.

Ces migrations des hommes et des savoirs furent le ciment et le complément de l’Unicité intellectuelle de l’Europe. Ainsi le patrimoine de la Bn fait indubitablement aussi partie intégrante du patrimoine européen.

Nous sommes tous conscients que la construction européenne doit s’appuyer sur ces racines communes de notre continent. L’exposition de ce soir prouve que la citoyenneté européenne qui complétera la citoyenneté nationale n’est pas une invention de la 2e moitié du 20e siècle, mais une réalité enracinée profondément dans notre histoire européenne.

Je me félicite de l’effort de la Bibliothèque nationale pour mettre en valeur ces réalités de façon pédagogique et de faire partager ainsi ses découvertes avec le public.

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