Marie-Josée Jacobs, Discours à la réunion ministérielle informelle des ministres de la Famille et de l'Égalité, Bad Pyrmont

- seul le discours prononcé fait foi -

Quelle alliance stratégique avec les entreprises ?

Madame la Ministre, Chers collègues,

En réponse à votre question comment la politique peut s’allier durablement avec les entreprises pour favoriser la vie familiale et l’égalité des chances, il faut, à mon avis, d’abord définir le type d’alliance.

Premièrement: L’alliance peut être un simple accord, une union bilatérale et bénévole, consentie entre parties ayant des intérêts communs. Au Luxembourg, le ministère de l’Egalité des chances et les entreprises du secteur privé concluent de telles alliances depuis 1998. Il s’agit du programme des actions positives pour les entreprises du secteur privé.

Des entreprises luxembourgeoises réalisent de leurs plein gré des actions pour favoriser l’égalité des femmes et des hommes. Le fait qu’il s’agit de leur propre initiative est une clé de réussite importante. Ce sont elles qui veulent démonter les attitudes stéréotypées imprégnant la culture de leur entreprise et éliminer les inégalités persistantes en matière de salaires, de formation professionnelle continue, de promotion et dans l’organisation de travail. C’est en fait la même approche que celle employée pour le management de la qualité de l’entreprise (appelée communément "EFQM").

Le ministère de l’Égalité des chances formalise pourtant l’engagement avec la direction en fixant notamment les objectifs, le plan de travail et la démarche de rapport et d’évaluation. D’autre part, l’entreprise doit procéder à une analyse détaillée de la situation du personnel et des processus de rémunération, de formation et de communication dans l’entreprise.

Deuxièmement: L’alliance peut aussi prendre la forme d’un véritable pacte ancré dans la législation.

Au Luxembourg, les conventions collectives conclues entre entreprises et partenaires sociaux traduisent cette alliance formelle.

Cependant, pour mettre en œuvre l’égalité des femmes et des hommes, ces pactes se limitent à une obligation de moyens et risquent de ne pas aboutir à des mesures concrètes, faute d’une obligation de résultats dans les négociations.

Le Luxembourg a adopté le plan d’action national d’égalité des femmes et des hommes qui se fixe des objectifs à atteindre. Les actions positives sont une des mesures de ce plan avec l’objectif de détecter des exemples de bonnes pratiques transférables à d’autres entreprises.

Vous souhaitez également connaître mon opinion sur le lien entre le partage équilibré des rôles au sein de la vie familiale et dans l’éducation des enfants, d’une part, et une meilleure égalité des salaires, d’autre part. Au Luxembourg, certaines entreprises ont réalisé des mesures de conciliation dont notamment l’adaptation des horaires de travail, une flexibilisation de l’organisation, l’installation de services de conciergerie ou la mise en place de crèches d’entreprise.

Ces mesures concrètes ont contribué à démonter les stéréotypes qui influencent la valorisation d’un travail, d’une fonction ou d’une tâche attribués traditionnellement à l’un ou à l’autre sexe et produisent donc un impact certain sur les salaires.

La législation interdit toute discrimination entre les sexes. Pourtant. L’inégalité de salaire subsiste. J’aimerais davantage d’informations sur les législations des Etats membres notamment en matière d’égalité de salaire, de l’obligation pour les employeurs de dresser un plan d’égalité et les sanctions dans le cas du non-respect de la législation.

Chers collègues, je me pose la question s’il faut davantage légiférer pour avancer concrètement et durablement vers une égalité des femmes et des hommes dans la vie professionnelle et privée.

Dernière mise à jour