Luc Frieden, Transcription de l'intervention à l'occasion de la conférence de presse de BGL BNP Paribas, Luxembourg

Mesdames et Messieurs Bonjour.

Les derniers jours ont été chargés, il y a eu beaucoup de stress, il y a eu des mouvements d’incertitude, mais il y a toujours eu une volonté très claire, pour le gouvernement luxembourgeois, comme pour tous les acteurs autour de la table. Et cette volonté a été d’assurer la solidité du système bancaire européen, et donc aussi luxembourgeois.

C’était d’assurer que les citoyens puissent avoir confiance dans leurs établissements bancaires, que leurs dépôts soient assurés, et au-delà que les nombreux emplois dans le secteur bancaire soient assurés.

Telle était notre motivation, tel était notre objectif, et je dois dire, que nous avons atteint cet objectif. Nous l’avons atteint de par la volonté gouvernementale, la volonté du gouvernement luxembourgeois qui s’est exercé en étroite concertation avec le gouvernement du Royaume de Belgique. Et je suis très reconnaissant pour l’excellente entente qui a existé tout au long de ces discussions avec le gouvernement belge, tout comme avec le gouvernement néerlandais au cours de cette semaine.

Mais en outre, nous avons eu la grande chance d’avoir eu au cours de cette semaine des discussions avec un partenaire bancaire de grande renommée et très professionnel, BNP Paribas. BNP Paribas était intéressée au groupe Fortis, et le Luxembourg était intéressé à soutenir le développement, à apporter une solidité supplémentaire à la Banque Fortis Luxembourg, et cherchait pour cela un partenaire bancaire international, qui avait une sensibilité pour la nature luxembourgeoise de la Banque, mais en même temps un réseau international, une réputation internationale qui permet à cette Banque, comme à la Banque belge, d’avoir accès au marché international, c’est à dire aux liquidités, puisque nous sommes dans une crise de confiance, dans laquelle est essentiel que on inspire confiance au marché en joignant les forces d’acteurs publiques et privés.

Nous sommes entrés dans cette logique de partenariat, et je peux vous dire, que tout au long des derniers jours, et en particulier au cours du week-end, où nous avons négocié sans interruption, que cet esprit de partenariat était visible, qu’on sentait que les deux partenaires, État luxembourgeois et BNP Paribas, étaient sur la même longueur d’ondes et on voulait aboutir.

Le fait qu’on ait pu aboutir en si peu de temps pour un projet commun, me donne beaucoup d’espoir pour l’avenir de cette banque.

Pour nous, gouvernement luxembourgeois, le ministre de l’économie et moi-même, ce qui était essentiel c’était que nous voulions que les très nombreux ménages du Luxembourg et la Grande région, qui utilisent cette banque pour déposer leur argent et pour gérer leur patrimoine, tout comme les nombreuses entreprises qui travaillent avec cette banque, puissent continuer à avoir confiance dans cette banque.

Pour ce faire, je crois que nous avons un projet sur table pour renforcer les activités de la banque, mais surtout pour rétablir la confiance dans la banque.

Le changement de nom s’inscrit dans cette perspective. Les Luxembourgeois et les gens de la Grande région connaissaient et aimaient la Banque générale du Luxembourg. En associant le nom BGL, qui reflète tant dans l’histoire de ce pays, au nom BNP Paribas, nous avons eu une combinaison intéressante entre ce que nous connaissons en tant que Luxembourgeois, et ce que nous aimons dans la finance internationale. Il faut combiner les deux.

Il importait pour nous que les dépôts de tous les épargnants soient assurés. Je peux dire aux Luxembourgeois et aux résidents de ce pays qui ont choisi cette banque, qu’à travers la transaction que nous avons conclue hier soir, ils n’ont pas besoin de retirer leur argent. Leur argent est entre de bonnes mains. BNP Paribas et le gouvernement assurent que cet argent sera encore là demain, et dans les années à venir.

Ce qui comptait aussi pour nous, c’était d’assurer que les très nombreux salariés de cette banque puissent continuer à travailler dans cette banque. C’est la raison pour la quelle nous avons demandé à ce que notre nouveau partenaire nous assure qu’il n’y aurait pas de plan social. Nous avons eu cet engagement, c’est un engagement important pour le gouvernement luxembourgeois. Nous savons que les salariés de cette banque n’ont rien à faire avec la crise financière internationale, qui a commencé aux États-Unis. Nous souhaitons qu’ils puissent continuer à travailler dans cette banque, et à gagner leur vie ici.

Le partenariat que nous avons fait est un partenariat dans lequel l’État continuera à jouer un rôle important. L’État aura 33,3% du capital de la banque luxembourgeoise. Nous avons veillé à ce que l’argent que nous avions promis à Fortis Banque Luxembourg le week-end dernier, reste dans la banque, parce que c’est important pour renforcer les fonds propres. En ayant donc 33% et en laissant dans la banque 2,5 milliards, nous obtiendrons 33% de BGL BNP Paribas et des actions d’une valeur de 800 millions d’euros de la maison mère BNP Paribas.

Il nous semblait aussi important d’avoir à l’avenir les plus fortes relations possibles avec le grand actionnaire que sera BNP Paribas. C’est la raison pour la quelle nous avons demandé à ce que la Banque luxembourgeoise dépend directement de la maison mère BNP Paribas en France, pour qu’il n’y ait pas de problèmes de communication. Je crois qu’il n’y en aura pas, mais en révisant les circuits de communication, je crois qu’on renforce encore la banque luxembourgeoise.

Ce qui vaut pour le personnel de cette banque, qui a eu des moments difficiles au cours des dernières semaines, vaut aussi que le management de cette banque. Nous avons voulu qu’il puisse continuer à faire son travail. C’est la raison pour la quelle nous sommes très heureux que le président du comité de direction de cette banque, monsieur Carlo Thill et son équipe puissent continuer à mener cette banque dans des moments difficiles dans cette phase de transition, et il est évident que cela rassure aussi les équipes qui son en dessous, parce que ce qui s’applique au management de la Banque et évidemment aussi au middle management, aux chefs de service qui n’ont pas démérité, bien au contraire. Nous sommes donc heureux que notre nouveau co-actionnaire de cette banque voie cela de la même façon.

Dans toute banque il y a ici ou là des changements, donc rien ne va rester toujours de la même façon, mais il n’y aura pas de grands bouleversements à la suite de l’accord que nous avons conclu hier.

Donc au nom du gouvernement luxembourgeois je peux vous dire que c’est une transaction qui reflète entièrement ce que nous avions dit il y a dix jours. Nous allons tout faire pour que la confiance soit rétablie. Cet accord est mieux, que ce que nous envisagions au début, dans la mesure où c’est non seulement l’État qui jouera un rôle important dans cette banque, qui aura une minorité de blocage dans cette banque, parce que 33% droits des sociétés luxembourgeois, c’est une minorité de blocage.

L’État y jouera un rôle fort, l’État exercera la présidence du conseil d’administration de cette banque. Mais pour montrer l’esprit de co-opération étroite, si la présidence du conseil sera exercée par un représentant de l’État luxembourgeois, il est évident que la vice-présidence du conseil sera exercée par un haut représentant du groupe BNP Paribas.

Nous sommes pleinement confiants que cette opération commune sera un grand succès, pour la banque, pour BNP Paribas, mais au-delà aussi un succès pour la place financière de Luxembourg, et un succès pour le système financier européen.

Nous n’aurions jamais fait cette transaction, si c’eut été uniquement pour aider un établissement bancaire privée. Nous l’avons fait pour prévenir une crise systémique.

C’est pour ça que nous avons fait une opération pour cette banque. C’est pour cela que nous sommes intervenus dans le dossier Dexia.

L’État doit jouer son rôle quand il y a des moments de grandes incertitudes, quand les marchés ne fonctionnent pas normalement. Ce n’est pas le rôle de l’État de rester banquier privé à tout jamais, mais nous resterons aussi longtemps que c’est nécessaire pour rassurer les épargnants, pour mener à bien ce projet que nous avons commencé dans des moments difficiles. Nous voyons déjà maintenant le bout du tunnel. Je crois qu’il y a un nouvel espoir qui est né de ce projet commun.

Et je dois vraiment remercier les dirigeants de BNP Paribas, à la fois monsieur Papiasse, avec lequel nous avons eu de longs entretiens au cours des derniers jours, tout comme la direction générale de BNP Paribas groupe, avec laquelle nous nous sommes entretenues pour que à tous les niveaux de ce groupe cet accord soit pleinement entériné.

Ce projet se fait en parallèle avec ce qui se fait en Belgique. Je crois que c’est aussi important, puisque évidemment il y a des liens très étroits entre les économies de nos deux pays.

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