Déclaration du gouvernement sur la situation économique, sociale et financière du pays 2015 (traduction française)

  1. ©SIP / Luc Deflorenne

    Déclaration de politique générale sur l'état de la nation du Premier ministre, ministre d’État, Xavier Bettel
  2. ©SIP / Luc Deflorenne

    Déclaration de politique générale sur l'état de la nation du Premier ministre, ministre d’État, Xavier Bettel
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    Déclaration de politique générale sur l'état de la nation du Premier ministre, ministre d’État, Xavier Bettel
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    Déclaration de politique générale sur l'état de la nation du Premier ministre, ministre d’État, Xavier Bettel

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Nous sommes sur la bonne voie.

Le Luxembourg est un pays qui, par le passé, a toujours su se renouveler, regarder en avant et sortir renforcé des crises qu’il a connues.

C’est là notre caractéristique, que nous devons conserver. Il est important aujourd’hui de prendre les bonnes décisions et de préparer l’avenir. Voilà l’objectif principal du gouvernement: préparer le pays au monde de demain.

Cet objectif concerne notre économie, les finances publiques, il concerne notre système social, notre environnement, l’enseignement, la société et aussi notre réputation et notre image à l’étranger.

Il y a un an, nous avons pris les premières initiatives pour rétablir l’équilibre budgétaire et, à l’automne dernier, le paquet d’avenir a déclenché un changement de mentalité. Nous pratiquons une gestion plus consciente et plus ciblée des moyens financiers dont nous disposons, notre objectif étant de sortir de la spirale de la dette. Aujourd’hui, de premiers indices laissent penser que nous y parviendrons. Nous sommes sur la bonne voie, ce que nous confirment d’ailleurs les institutions européennes, l’OCDE et le Fonds monétaire international.

La situation est aujourd’hui plus favorable qu’il y a un an et nous maîtrisons le budget. En 2014, l’excédent de l’ensemble des finances publiques était de 289 millions d’euros, soit 197 millions de plus que prévu. C’est une bonne nouvelle, qui, toutefois, ne doit pas nous faire oublier que l’année passée, le déficit de l’administration centrale restait supérieur à 502 millions d’euros. Or ce montant est de 120 millions d’euros inférieur au déficit escompté, ce qui montre que nous nous rapprochons de notre objectif de réduction du déficit.

Cette situation tient d’une part à une évolution des recettes plus favorable que les prévisions et, d’autre part, au fait que nous avons réduit les frais de fonctionnement.

Une politique budgétaire plus efficace se traduit non seulement par une réduction des dépenses. Elle implique également une affectation adéquate de nos moyens. C’est pourquoi nous continuons à investir dans l’avenir de notre pays. De 2013 à 2014, les investissements ont augmenté de plus de 12%, tout en continuant à augmenter rapidement. Le niveau des investissements est ainsi considérablement plus élevé au Luxembourg que chez nos voisins.

En effet, préparer l’avenir veut dire non seulement faire des économies, mais, surtout, opter pour les bons investissements ; de plus, préparer l’avenir veut dire se concentrer sur des réformes durables et veiller à préparer aussi les jeunes à ce qui nous attend. Dans ce contexte, l’enseignement est un facteur important, voire essentiel, ce qui le place au centre de la politique gouvernementale. Nous avons besoin d’un système d’enseignement tourné vers l’avenir et suffisamment flexible pour tenir compte des spécificités de notre pays.

Dans ce contexte, la création d’une école européenne publique à Differdange constitue un signal important. Il s’agit d’une offre qui s’adresse non seulement aux enfants de familles où on ne parle pas luxembourgeois à la maison, mais qui en vise aussi beaucoup d’autres, dont par exemple ceux qui veulent se préparer à des études dans le monde anglophone.

Afin de garantir une réelle autonomie scolaire, les lycées doivent pouvoir se donner un profil spécifique dans le domaine des langues. Toutefois, cela vaut aussi pour d’autres domaines, où des écoles peuvent et doivent se spécialiser. La semaine prochaine aura lieu la pose de la première pierre du lycée de Clervaux, école qui sera entièrement placée sous le signe des nouvelles technologies.

L’exemple de ces deux lycées – l’École européenne et le Lycée de Clervaux – permet d’identifier les défis : nous avons besoin de solutions dans un pays où il faut tenir compte de plusieurs langues. Nous avons besoin d’écoles qui répondent aux attentes de nos élèves et aux exigences du marché du travail, tout en tenant compte de la diversification de notre économie. Dans ce contexte, le secteur ICT est très certainement un pilier qui offre un potentiel important; or, les entreprises continuent à avoir du mal à trouver au Luxembourg ou dans la Grande Région des personnes formées. C’est là une situation que nous voulons changer et que nous changerons.

Dans deux semaines, la stratégie Digital for Education sera présentée, stratégie qui prévoit toute une série d’initiatives permettant de rapprocher les élèves de ce secteur, tout en renforçant leurs compétences numériques. Dans ce contexte, il s’agit également de développer et de valoriser des projets existants. Les écoles font en effet preuve d’un esprit d’innovation très prononcé, que le gouvernement veut soutenir et encadrer. Le développement de notre système scolaire doit commencer par le bas et, pour cette raison, nous travaillons avec l’ensemble de nos partenaires à une loi sur l’autonomie scolaire définissant, sur le plan du personnel, des finances et de l’approche pédagogique, le cadre à l’intérieur duquel les écoles pourront évoluer et s’épanouir librement. L’État doit fixer les objectifs de l’enseignement, alors que différentes voies pourront être adoptées pour les atteindre – les écoles, les élèves et les parents devront avoir le choix pour trouver leur voie. Tous les enfants ne sont pas pareils, toutefois, ils ont tous le même droit de bénéficier d’une formation et d’un soutien optimaux.

Les réformes de notre système scolaire seront poursuivies avec détermination et ensemble. Nous avons besoin du soutien des élèves, mais aussi de celui des parents et des enseignants. Dans l’enseignement, il faut que nous puissions nous concentrer sur ce qui est vraiment important, à savoir l’avenir des jeunes qui vont chaque jour à l’école et qu’on prépare à leur vie future.

Je suis content de l’accord intervenu hier entre le ministre de l’Éducation nationale et les syndicats. Les deux parties ont démontré la sincérité de leurs objectifs: assurer la qualité de l’enseignement et les chances d’avenir des élèves.

C’est dans nos écoles qu’on enseigne l’histoire du Luxembourg tout en préparant l’avenir. L’éducation est le fondement de tout ce que nous préparons aujourd’hui et que nous voulons réaliser demain. C’est pour cette raison que le gouvernement investit massivement dans l’enseignement supérieur et la recherche. Chaque année, quelque 300 millions d’euros sont prévus pour l’université, les différents instituts de recherche et le Fonds national de la recherche. Nous travaillons inlassablement pour positionner le Luxembourg comme pôle de recherche. Grâce à des efforts supplémentaires du gouvernement et un engagement de 140 millions d’euros destinés aux équipements, l’Université du Luxembourg pourra s’établir plus tôt que prévu à Esch-Belval, à savoir dès la prochaine rentrée à l’automne. Quelque 1.700 chercheurs, professeurs et chargés et 2.000 étudiants pourront alors insuffler une nouvelle vie à ce site, en apportant créativité et excellence à des lieux qui, des décennies durant, avaient vu fonctionner des hauts-fourneaux. Ces efforts permettront d’économiser en même temps des loyers de l’ordre de cinq millions d’euros, montant qui sera directement réaffecté à la recherche.

La présence de l’université et le travail précieux qui sera accompli dans les prochaines années sont un élément essentiel de nos efforts de diversification économique. Nous voulons veiller à ce que des entreprises étrangères connaissent le Luxembourg non seulement de nom, mais qu’elles s’implantent chez nous et créent des emplois. Là encore, nous sommes sur la bonne voie pour développer de nouvelles compétences et de nouveaux secteurs économiques.

C’est ainsi que nous sommes par exemple en train de faire des efforts dans le domaine de l’économie circulaire. À une époque caractérisée par la raréfaction et le renchérissement des matières premières et dans un pays plutôt pauvre en ressources naturelles, ce secteur revêt un intérêt particulier. Il s’agit d’isoler des éléments précieux de produits qui ne sont plus utilisés afin de les intégrer à nouveau dans un processus de production. C’est là un bel exemple montrant comment on peut combiner opportunités économiques et intérêts écologiques. Il existe un certain nombre d’entreprises qui ont compris le potentiel que présente ce type de modèle commercial et nous sommes en train de créer les conditions qui leur permettront de se développer au Luxembourg.

Le tourisme constitue également un domaine sur lequel nous nous sommes concentrés davantage ces derniers mois et sur lequel nous continuerons à nous concentrer. Dans ce secteur, nous constatons une évolution favorable: le nombre de personnes venant au Luxembourg en y passant une ou plusieurs nuits augmente. C’est un secteur dynamique de notre économie, qui crée des emplois également accessibles aux personnes peu qualifiées. Il en va de même pour le secteur de la logistique, qui devient de plus en plus un moteur de l’économie. Les anciens terrains de la WSA à Bettembourg/Dudelange connaissent une seconde vie et de nouvelles entreprises s’y sont entre-temps implantées. Hier matin encore, une grande société internationale a inauguré son centre logistique en lançant des activités sur plus de 26.000 m2.

Nous soutenons les entreprises dans leurs efforts de développement et de croissance. Cela vaut pour les grandes entreprises, mais aussi pour nos petites et moyennes entreprises qui ont une grande importance pour le marché du travail. Le quatrième Plan PME réunit des centaines de propositions visant à renforcer notre compétitivité, ses conclusions étant actuellement discutées avec les partenaires sociaux. Le but est de définir une base commune et des objectifs communs qui nous permettent de travailler.

Le dépôt du projet de loi sur la S.A.R.L. simplifiée constitue un autre signal important pour stimuler l’esprit d’entreprise au Luxembourg tout en réduisant la bureaucratie. De nouvelles possibilités s’offrent aux personnes qui ont le courage de se mettre à leur compte et dont l’activité nécessite peu de capital. Elles contribuent à faire avancer notre économie et à créer ainsi des emplois.

J’ai cité tout à l’heure le secteur des nouvelles technologies, où nous faisons également beaucoup d’efforts pour que les entreprises restent au Luxembourg bien que certains avantages fiscaux aient disparu. Toutefois, nos efforts visent surtout à attirer de nouvelles activités au Luxembourg et à développer les activités existantes. En tant que ministre des Médias, je suis souvent en contact avec des entreprises au Luxembourg et à l’étranger pour présenter nos atouts. Nous avons d’excellents arguments, dont, entre autres, une connectivité du plus haut niveau. De même, nous constatons que sur les autoroutes internationales de l’information, l’activité Internet des entreprises implantées chez nous connaît une croissance extrêmement importante. Récemment, LU-CIX, le carrefour de nos autoroutes de l’information, a enregistré un nouveau record du trafic. Ce sont des indices qui montrent que nous sommes sur la bonne voie et que nous disposons d’arguments qui permettent de construire notre avenir.

Si nous voulons que les entreprises s’implantent non seulement au Luxembourg et créent des emplois, mais qu’elles restent ici et se sentent à l’aise, il ne suffit pas de proposer un environnement économique et un encadrement adéquats. Il est également essentiel que les gens qui travaillent chez nous se sentent à l’aise, que non seulement les infrastructures, mais aussi la qualité de vie se situent à un niveau élevé. Il faut que notre pays dispose de réseaux efficaces, qu’on puisse se déplacer facilement et qu’on "avance" – sur le plan sociétal, mais aussi dans la vie concrète de tous les jours. Le gouvernement n’entend pas perdre de temps quand il s’agit d’investir dans les infrastructures pour les renouveler et les développer.

Le tram est un élément central du concept de transport du pays dans son ensemble, en décongestionnant les endroits qui en ont le plus besoin et qui accueillent et continueront à créer le plus d’emplois. Le calendrier de ce projet a été strictement respecté. Le Tramsschapp (centre de remisage et de maintenance) est en cours d’achèvement, le constructeur des rames sera choisi dans les semaines qui viennent et le premier tram sera livré en 2017, année au cours de laquelle le premier tronçon Luxexpo-Pont Grande-Duchesse Charlotte aura été mis en service ; jusqu’en 2021, la ligne sera prolongée en plusieurs étapes jusqu’à la Cloche d’Or et au Findel. Le tram n’est pas une fin en soi, mais un élément d’un concept combinant bus, train et trafic individuel. Toutefois, le tram est l’élément-clé permettant à ce concept de fonctionner et à notre pays de poursuivre son développement. De plus, il montre que le Luxembourg est un pays moderne avec une capitale dynamique, dont la physionomie est marquée par un moyen de transport écologique et efficace. Fonctionnant en partie sans caténaires, ce tram sera confortable et sûr tout en s’intégrant dans le patrimoine de la ville.

Le tram est ainsi un élément du nation branding, c’est-à-dire de la question de savoir comment nous entendons nous présenter comme un pays dont la mentalité et l’action sont tournées vers l’avenir.

Depuis quelques mois, nos efforts visant à entretenir et à promouvoir l’image de notre pays à l’étranger se heurte à un obstacle supplémentaire, que je ne veux pas minimiser, mais que je veux appeler par son nom. L’affaire Luxleaks a nui à l’image de notre pays, il faut un effort considérable pour réparer voire remplacer la casse. Le gouvernement fera les deux – réparer et remplacer: d’une part, il s’agit d’améliorer notre réputation en expliquant que le Luxembourg dispose d’atouts dépassant de loin la seule fiscalité. D’autre part, nous voulons également changer de politique en développant une approche nouvelle et plus transparente pour ce qui est de la fiscalité des entreprises qui s’implantent au Luxembourg. Ce point figure en tête de l’ordre du jour et dans le cadre des initiatives européennes, le Luxembourg jouera un rôle de leader. Nous voulons être en tête du peloton quand il s’agit de créer la transparence et de supprimer les abus. Nous sommes en train de disparaître des listes noires et grises, ce qui est juste et important pour notre secteur financier. En 2013 par exemple, le Forum mondial de l’OCDE nous a toujours qualifiés de non compliant ("non conformes") au niveau de l’échange d’informations. Nuisant non seulement à notre image et notre réputation, cette mesure risquait également d’exposer le Luxembourg à des sanctions. Or, en adaptant des lois et procédures, nous avons réussi en peu de temps à inverser la situation. Nous avons obtenu que le Luxembourg soit réévalué, et nous nous attendons avant la fin de l’année à un résultat positif et une nouvelle évaluation.

Toutefois, nous devons également veiller davantage à ce que nos efforts soient reconnus, entendus et compris correctement à l’étranger. Dans ce domaine, le gouvernement est actif à différents niveaux par une initiative plutôt axée sur le court terme et une initiative plus durable s’inscrivant plutôt dans le long terme.

Nous avons réagi très rapidement à l’affaire Luxleaks en nous repositionnant. Luxembourg for Finance, c’est-à-dire l’agence où le gouvernement et le secteur financier assurent ensemble la promotion du Luxembourg, a été chargé d’élaborer une stratégie de prévention et de communication de crise, de réparer aussi, avec l’aide d’acteurs externes, le dommage et d’empêcher de nouvelles attaques. Nous avons créé une cellule interministérielle permettant une coordination rapide et flexible entre les responsables de différents ministères afin d’organiser immédiatement les mesures nécessaires et d’assurer ainsi une meilleure protection de notre réputation. Cette cellule fonctionne actuellement en coordination permanente; de plus, on a élaboré de premiers plans visant à améliorer notre image. Il est évident que cette démarche ne sera fructueuse que si nous poursuivons avec détermination dans la voie de la transparence. Il faut qu’image et fond concordent. Communiquer de manière positive exige que nous agissions de manière positive.

À côté de cette initiative, c’est surtout celle du nation branding qui nous permet d’élaborer une définition plus durable de ce qui caractérise notre pays, de ce qui fait notre force et de ce qui nous distingue d’autres pays. N’ayant pas tardé à agir, nous avons procédé à une large consultation pour définir plus clairement le profil et, partant, les qualités du Luxembourg. On a réalisé des sondages auprès de résidents et de frontaliers et une plate-forme Internet où on pouvait faire des suggestions a été mise en place. Plus de 200 personnes issues des milieux économique, politique et culturel ainsi que de la société civile ont participé à des ateliers, les différentes contributions étant actuellement traitées. Nous sommes à présent en train d’identifier de premières pistes et de définir ce qui nous unit, ce qui fait notre identité et dès demain, les premières conclusions seront présentées.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Nous sommes donc sur la bonne voie également en ce qui concerne le travail sur notre image et notre réputation.

Notre marque reste à définir, toutefois, nous avons une définition solide de ce qui nous caractérise.

Nous avons notre propre langue, une langue dynamique. Nous avons notre identité vivante, notre culture, notre propre histoire et un avenir.

Nous sommes libres, souverains, indépendants et, partant, responsables de nous-mêmes.

Au cours de notre histoire, cette liberté de pouvoir définir nous-mêmes la manière dont nous entendons organiser notre avenir était plus d’une fois compromise.

Cette année, nous nous souvenons d’une époque où le Luxembourg s’est vu privé de sa liberté, qu’il a toutefois su reconquérir avec l’aide des Alliés. Après la douloureuse période de l’Occupation, après de longues années d’oppression et de misère, de sacrifice et de pertes, le Grand-Duché a retrouvé son indépendance il y a 70 ans. Ce fut une époque où de nombreux Luxembourgeois ont montré ce que courage veut vraiment dire. Nous nous souvenons d’un moment où le pays a été reconstruit, où il a dû se réorienter et se repositionner. Nous nous souvenons également d’une époque où il s’est avéré que le Luxembourg était un pays fort, une nation forte, composée de nombreux personnages forts, femmes et hommes.

C’est à ces femmes et hommes que nous devons notre liberté et notre indépendance. C’étaient des Luxembourgeois courageux qui se sont battus et se sont défendus activement. Une résistance claire et sensible s’opposait à un régime inhumain. Nous devons en être fiers et reconnaissants.

Or, il ne suffit pas aujourd’hui d’être reconnaissants et de se reposer sur les exploits des générations qui nous ont précédés. L’héritage de la liberté et de l’autonomie implique également une responsabilité – une responsabilité vis-à-vis de nous-mêmes et vis-à-vis de nos enfants.

C’est ainsi qu’il est de notre responsabilité de veiller aujourd’hui à ce que ces événements traumatiques ne se reproduisent pas. Le souvenir de la libération est en même temps le souvenir de l’Occupation, de ce sentiment d’oppression et d’impuissance vis-à-vis d’un régime qui est le symbole d’une misère inimaginable. C’étaient des êtres humains qui ont systématiquement torturé et tué d’autres êtres humains. Un tel crime contre l’humanité commis par des êtres humains ne doit pas se reproduire et c’est pour cette raison qu’il est important d’en garder vivant le souvenir. Il est également important de réfléchir à cette période difficile de notre passé et de faire la lumière sur les pages plus sombres de l’histoire du Luxembourg. C’est là une démarche que nous nous devons de faire et que nous devons surtout aux victimes de l’époque.

Le gouvernement est entièrement conscient de cette responsabilité et je suis heureux que la Chambre des députés soit décidée à soutenir notre démarche pour assumer ce qui doit l’être.

Le rapport de Vincent Artuso sur le rôle de la Commission administrative durant la Seconde Guerre mondiale est un pas important, toutefois, ce n’est certainement pas la réponse définitive. Nous devons continuer à poser des questions et à chercher des réponses pour dresser un tableau plus complet de ce qui s’est passé à l’époque – et de ce qui ne s’est pas passé. Grâce à ces recherches et à un travail approfondi sur des documents non utilisés jusqu’à ce jour, le souvenir de cette époque aura plus de poids.

Le gouvernement veut nous faire avancer dans ce domaine pour que nous assumions notre histoire – et aussi pour montrer aux jeunes qu’il faut prévoir les catastrophes à temps pour les éviter.

Après le rapport Artuso, nous aurons l’occasion de présenter le rapport sur les comptes dormants et nous envisageons de commander un rapport complémentaire sur la spoliation des biens juifs.

Le souvenir est important et il est également important qu’il reste un processus permanent et ne se limite pas à des événements ponctuels correspondant à la commémoration d’un anniversaire rond. L’effort requis pour garder vivant le souvenir est ainsi un effort continu, qui doit faire partie intégrante de notre manière de penser et de sentir, qui doit faire partie de nous-mêmes. Pour y parvenir, nous avons l’intention de regrouper au sein d’un seul organisme fort, au sein d’un comité de la mémoire, les différents comités et initiatives appelés à garder vivant le souvenir. Les négociations et consultations y relatives sont actuellement en cours et il existe un avant-projet de loi. Nous voulons que ce processus soit achevé avant la fin de l’année. Il en va de même d’un autre projet annoncé dans le programme gouvernemental et où nous avons fait beaucoup de progrès, à savoir l’institut d’histoire contemporaine. Il est également prévu d’y regrouper des ressources de différents instituts existants. Nous sommes dans la phase finale des travaux de préparation et le projet sera présenté dans les mois qui viennent. Toutefois, il est d’ores et déjà clair que nous voulons veiller à ce que cet institut bénéficie de l’indépendance dont il a besoin pour accomplir sa mission – pour travailler selon une démarche objective et critique et selon des critères scientifiques. C’est pourquoi le nouvel institut devra s’inscrire dans l’environnement universitaire. Ce choix permettra d’organiser l’échange entre les chercheurs de manière optimale et de profiter de structures et d’atouts communs. Il est important pour nous de garantir la visibilité de l’institut d’histoire contemporaine; de même, il faut faire en sorte qu’on puisse également bénéficier des résultats de recherche dans le domaine de l’éducation.

Or, le souvenir ne doit pas se limiter à notre propre histoire et, surtout, il ne doit pas se limiter aux années de la Seconde Guerre mondiale. Il y a un an, le gouvernement a décidé de mettre en veilleuse le projet d’une exposition sur la Première Guerre mondiale et de ne pas le réaliser sous la forme prévue. Entre-temps, nous avons élaboré avec l’université un nouveau projet qui va plus loin et qui tient également compte des résultats de recherche du projet initial. Notre objectif est de réaliser une exposition intéressante sur la Première Guerre mondiale qui ne se limite pas à un bâtiment de musée. Il s’agit d’une exposition numérique, interactive et dynamique. Ce nouveau projet pourra ainsi s’adresser à un public plus large – c’est-à-dire dépassant les frontières du Grand-Duché. C’est un projet de recherche qui revêt également un caractère pédagogique prononcé et qui doit pouvoir être utilisé par les écoles – tant au Luxembourg que dans la région frontalière.

Nous voulons respecter notre histoire tout comme notre patrimoine historique et culturel afin que ceux qui viennent après nous puissent eux aussi tirer leurs conclusions. Pour cette raison, il est également important de valoriser les archives et de reconnaître la valeur des documents actuellement conservés dans des caisses et des rayons. Aussi une loi sur les archives est-elle en cours d’élaboration avant d’être finalisée dans les mois à venir. L’objectif est de créer un cadre légal et de définir des règles claires pour la gestion des documents officiels de l’État. Dans ce contexte, la numérisation est un élément central dont la loi devra tenir compte.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Notre passé détermine notre avenir et les décennies passées ont clairement marqué et consolidé le caractère de notre pays. Nous sommes un pays qui se caractérise par sa capacité d’adaptation, dont la survie n’a été possible que grâce à sa volonté de s’adapter. Si notre pays a survécu et que nous avons su atteindre un niveau de prospérité élevé, c’est parce que nous n’avions pas peur de nous renouveler. Nous sommes devenus un pays caractérisé par le multilinguisme et la diversité. Nous sommes connus pour notre capacité à construire des ponts – des ponts entre nos voisins et des ponts entre les cultures. C’est là un atout énorme, qu’il convient de ne pas négliger.

Il s’agit de continuer à veiller ensemble à ce que nous ne perdions pas de vue ce qui nous caractérise. L’élaboration de la nouvelle constitution nous donne également l’occasion de réfléchir à la question de savoir dans quelle société nous voulons vivre à l’avenir. Le gouvernement est d’avis que les citoyens ne doivent pas être écartés de ce processus, mais que, pour des questions importantes de notre constitution, nous devons réfléchir, discuter et décider tous ensemble.

Dans un mois, les Luxembourgeois se prononceront sur trois questions centrales liées à notre vivre-ensemble et à l’organisation de la prise de décisions. Dans notre pays, le droit démocratique de se prononcer par référendum ne s’inscrit pas vraiment dans une tradition. Or, nous sommes d’avis qu’à partir de cette année, il devra être appliqué régulièrement. Le gouvernement devra demander l’avis des citoyens en les impliquant davantage dans la prise de décisions qui les concernent. Pour cette raison, il faut que le résultat du référendum soit contraignant et qu’il soit respecté.

Les trois partis de la coalition soutiennent un modèle de démocratie inclusive, où le citoyen, plutôt que d’être écarté de la prise de décisions, y est impliqué. C’est pourquoi le référendum montre, non seulement pour ces trois questions, mais aussi en tant que simple outil, que nous prenons au sérieux la volonté d’écouter les citoyens et de demander leur avis.

Or, nous sommes d’avis que cette participation ne doit pas seulement viser les titulaires d’un passeport luxembourgeois, mais aussi les personnes qui vivent, qui travaillent et qui habitent au Luxembourg. Le droit de vote des résidents n’enlèvera rien aux Luxembourgeois, il ne les privera d’aucun droit, leur voix ne sera pas affaiblie par l’implication d’un plus grand nombre de personnes.

Il n’est guère de pays au monde accueillant une telle proportion de résidents ayant une autre nationalité – c’est là une situation unique qui n’est pas comparable à celle des autres pays. C’est une chance pour le Luxembourg que de se faire remarquer comme le pays qui se distingue non seulement par la diversité et le multilinguisme, mais où les personnes qui ont une autre nationalité sont les bienvenues et sont invitées à participer. Le Luxembourg peut s’imposer comme une référence en Europe en matière d’intégration des personnes qui viennent chez nous pour travailler ici et payer leurs impôts, qui éduquent leurs enfants chez nous et participent à la vie culturelle. Nous pourrons nous prévaloir d’un atout qui sera également considéré comme important pour l’implantation d’activités économiques. Ce serait un atout qui nous distinguerait d’autres pays qui ont également de nombreux arguments convaincants pour amener les entreprises à investir et à créer des emplois.

De plus, ce modèle aura pour effet que nous nous engagerons tous ensemble pour notre avenir et que les étrangers qui vivent chez nous depuis longtemps s’engageront plus clairement et avec plus de détermination pour notre pays. Ils pourront s’engager pour le pays où ils vivent non seulement, mais où ils pourront également participer à la prise de décisions. Les partis de la coalition s’engagent en faveur de l’introduction d’un droit de vote actif qui ne soit pas lié à la nationalité. Par contre, pour être élu, pour faire des lois et les exécuter, il faudra toujours avoir la nationalité luxembourgeoise. Cependant, pour élire les personnes qui défendent les intérêts des citoyens à la Chambre des députés, il ne faut pas qu’on doive être Luxembourgeois, mais il faut se considérer comme faisant partie de notre pays et montrer qu’on veut s’engager. Grâce à la double condition d’une durée de résidence d’au moins dix ans et de la participation aux élections communales ou européennes, ce droit de vote ne sera accordé qu’aux résidents qui ont déjà montré qu’ils ne sont pas seulement venus visiter le pays, mais qu’ils veulent en faire partie.

Il est non seulement important d’impliquer dans la prise de décisions les résidents qui vivent depuis longtemps chez nous et qui s’intéressent aux processus politiques du pays, mais il faut, d’une manière générale, que les débats et les décisions s’appuient sur une base plus large. Nous sommes d’avis qu’il faut impliquer les jeunes et qu’ils doivent se sentir concernés lorsqu’on décide de leur avenir. Le droit de vote à partir de seize ans s’inscrit ainsi dans une démarche de pédagogie de la démocratie. Nous devons tout mettre en œuvre pour que les gens s’intéressent aux questions politiques et pour cette raison, les jeunes doivent avoir la possibilité de participer à la prise de décisions. Les partis de la coalition sont en faveur du droit de vote des jeunes qui veulent participer à la prise de décisions. La participation des jeunes à partir de seize ans n’empêchera pas les personnes de plus de dix-huit ans de se faire entendre – au contraire, il y aura ainsi plus de gens qui les écouteront.

On a tort de penser que les jeunes ne veulent pas de cette mesure ou qu’ils ne s’y intéressent pas. Au cours des derniers mois, je me suis rendu plusieurs fois dans les écoles pour discuter avec les jeunes, je suis régulièrement en contact avec la Conférence générale de la jeunesse du Luxembourg et, en partie, avec des gens très jeunes qui s’engagent activement au sein du Parlement des jeunes. J’ai vu des élèves et des étudiants avancer de bons arguments, qu’ils ont présentés avec intelligence, avec beaucoup d’énergie et avec compétence. Ce qui se passe autour d’eux ne les laisse pas indifférents et ils sont tout à fait capables de discuter avec leurs frères et sœurs aînés, leurs parents et leurs grands-parents sur des thèmes d’actualité et de défendre leur point de vue.

Grâce aux nouveaux médias et des informations plus interactives et multimédias, les jeunes ont en permanence accès à l’information. Cette situation présente l’avantage de permettre à la cour de récréation de devenir, plus que jamais, un lieu de discussion des thèmes d’actualité. Or, elle nous confronte également à de nouveaux défis dans le domaine de l’éducation. Savoir comprendre et analyser des informations est fondamental pour se faire une opinion. Nous voulons des citoyens informés et responsables, qui aient aussi une opinion. Ils doivent avoir confiance en eux-mêmes plutôt que de croire simplement tout ce qu’on leur dit. C’est là également un effort extrêmement important et précieux dans le contexte de la lutte contre les fanatismes et les extrémismes. C’est pourquoi le gouvernement est en train d’élaborer le concept d’un centre pour l’éducation politique. Ce centre devra permettre la collaboration des différents acteurs et la coordination de leurs engagements respectifs. Très fréquent à l’étranger, ce type d’institution est une nouveauté au Luxembourg, raison pour laquelle, elle sera dotée aux niveaux tant financier qu’organisationnel des moyens nécessaires pour assurer son fonctionnement de manière optimale.

Une démocratie présuppose la participation et une démocratie moderne a en plus besoin d’un renouvellement permanent pour se développer. Il faut que les citoyens s’intéressent non seulement à leur environnement et à l’avenir du pays où ils vivent, mais il faut également qu’ils soient davantage invités à apporter leur contribution et qu’ils aient la possibilité de le faire. Pour cette raison, les trois partis de la coalition plaident en faveur d’une limitation dans le temps des mandats ministériels. Une telle règle constitue un signal important pour l’ensemble du paysage politique luxembourgeois. Certes, il s’en suivra une certaine pression pour les partis politiques, qui seront forcés de changer de mentalité. Ce sera entre autres le cas lorsqu’il s’agit d’organiser les structures des différents partis et de choisir les responsables. Très concrètement, une telle règle aura pour effet que les gens estiment avoir plus de chances de pouvoir mettre en œuvre leurs idées s’ils s’engagent politiquement. Il ne s’agit pas de la question de savoir si, après avoir passé dix ans au gouvernement, un politique manque automatiquement de motivation ou n’est plus en mesure de consacrer toute son énergie à son travail. Le problème c’est que des mandats trop longs rendent plus difficiles une progression générale et, partant, le renouvellement. En limitant les mandats, nous veillons à ce qu’un aussi grand nombre d’idées que possible puissent être prises en compte à tous les niveaux de la démocratie participative et que les meilleures initiatives puissent également être mises en œuvre dans le cadre d’un mandat ministériel.

Dans ce contexte, permettez-moi de mettre en parallèle cette mesure avec l’approche décidée du gouvernement en matière de suppression de l’inégalité entre hommes et femmes dans le processus politique. Le gouvernement veut présenter avant la fin de l’année une loi visant à renforcer l’égalité des chances en ce qui concerne la formation des listes de candidats aux élections politiques. C’est ainsi que nous envisageons une solution où les partis qui déposeront des listes aussi paritaires que possible bénéficieront de mesures de financement plus favorables. Cette mesure n’aura certainement pas pour effet de transformer la Chambre des députés du jour au lendemain en une institution paritaire. Toutefois, elle amènera les partis à changer d’approche et à s’engager davantage en faveur d’une participation paritaire. Elle encouragera les femmes à s’engager davantage que par le passé, ce qui est une bonne chose pour notre démocratie. Comme dans le cas de la limitation des mandats, nous avons besoin aujourd’hui d’une telle initiative afin de disposer demain d’un système plus représentatif et plus proche du citoyen.

Participation veut dire non seulement apporter sa contribution, mais aussi avoir la possibilité de comprendre, de suivre et de vérifier ce qui se passe aux niveaux politique et administratif. C’est pourquoi, cet après-midi, j’ai déposé à la Chambre des députés une nouvelle loi sur l’accès à l’information. Il s’agit d’un nouveau texte qui vient remplacer le projet du gouvernement précédent. Nous proposons une approche entièrement nouvelle vis-à-vis du citoyen, qui prévoit que les gens n’auront pas besoin de faire d’abord une demande pour obtenir des informations, mais que nous leur offrirons une large panoplie d’informations en ligne qui seront disponibles et accessibles en permanence. Ce projet présente de nombreux points communs avec un autre projet de loi adopté la semaine passée par le Conseil de gouvernement et portant sur la réutilisation des données publiques. Il s’agit de l’idée de l’Open Governement, prévoyant l’introduction d’un système permettant le traitement numérique de toutes sortes de données et de les rendre accessibles sur un site spécial.

Notre objectif est de permettre aux citoyens et aux entreprises de notre pays d’accéder le plus facilement possible aux informations qui les concernent directement ou indirectement. Il s’agit là d’une politique nouvelle et d’un élément central d’un État moderne et transparent. En prenant cette mesure, le gouvernement met en œuvre un élément central du programme gouvernemental et nous œuvrons pour la suppression des obstacles qui séparent actuellement l’État des citoyens.

De plus, il ne faut pas que le quatrième pouvoir de toute démocratie, c’est-à-dire une presse libre et indépendante, bénéficie exclusivement d’un tel cadre légal pour remplir sa mission quotidienne de façon optimale. À côté des initiatives que le gouvernement a déjà prises pour mieux répondre aux demandes de la presse, nous voulons parvenir à une amélioration concrète des relations entre les administrations et les représentants de la presse. C’est dans ce sens que le Service information et presse sera réformé dans les mois à venir. L’objectif est de doter chaque ministère d’un contact presse compétent, disponible et responsable, dont la mission est d’être à la disposition de la presse et de lui transmettre effectivement l’ensemble des informations qui peuvent être communiquées.

La nouvelle définition de notre pays implique que nous nous ouvrons. Cela veut dire que les lourdes serrures, qui ont si longtemps fermé les portes de la transparence, seront forcées. Nous n’avons rien à cacher, ni au niveau politique, ni au niveau du pays dans son ensemble. Aujourd’hui, nous pouvons nous ouvrir et assumer nos idées et nos convictions avec fierté, avec courage et en ayant confiance en nous-mêmes. Nous devons dire ce que nous faisons et faire ce que nous disons. Nous sommes forts lorsque nous coopérons avec les autres, lorsque nous sommes médiateurs, lorsque nous jetons des ponts vers nos partenaires, nos voisins et des acteurs du monde entier.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Le 1er juillet commencera une période où nous pourrons tout particulièrement mettre en évidence ces atouts, où nous démontrerons que nous savons construire des ponts. Avec la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne, nous occuperons le devant de la scène. Nous aurons une grande responsabilité, mais ce sera en même temps une occasion unique de convaincre, de construire et de façonner.

Nous nous sommes fixé des objectifs clairs pour les six mois de juillet à décembre : nous voulons une présidence qui soit au service du citoyen, qui favorise la croissance et les investissements, l’innovation et le développement durable.

Les habitants des 28 pays membres, les plus de 500 millions d’Européens doivent passer au premier plan. Nous ne pouvons plus nous permettre de perdre l’intérêt et le soutien des gens, mais nous devons concentrer toute notre énergie pour renforcer à nouveau la confiance dans ce projet unique de paix qui, il y a plus de 60 ans, a vu le jour avec la participation du Luxembourg. En tant que membre fondateur de l’UE, nous avons un rôle particulier en ce qui concerne les valeurs qui nous unissent tous. Ce sont ces acquis que nous devons mettre au premier plan et nous voulons également profiter des six prochains mois pour redonner aux gens la garantie que l’Union européenne représente un progrès énorme. Cette communauté d’États est un projet auquel nous devons non seulement la liberté et la paix, mais encore protection, sécurité et droits.

Cependant, il s’agit aussi de redonner espoir à beaucoup de gens, à leur offrir des perspectives d’un avenir meilleur. À cet effet, nous avons besoin d’une relance de l’économie et d’une relance du marché du travail. C’est pourquoi, la lutte contre le chômage constitue l’un des défis majeurs. Or, la lutte contre le chômage, pour être efficace, exige la réalisation rapide de projets, la possibilité d’investir, la suppression de blocages, et ce sans compromettre ni notre environnement ni les principes fondamentaux de la cohésion sociale.

Sur le plan économique, la mise en œuvre de la "feuille de route" pour la compétitivité industrielle sera à l’ordre du jour pendant notre présidence. Nous assisterons à des débats entièrement nouveaux sur l’exploitation des ressources naturelles, il existe certains plans d’action concernant des secteurs comme la sidérurgie, où le Luxembourg aura à jouer un rôle actif pour renforcer la compétitivité européenne. Nous avons d’autres chantiers, comme le financement des P.M.E., l’avancement de la recherche et de l’innovation en Europe, notamment le programme Horizon 2020, qui devra assurer le financement de projets d’innovation. De plus, le secteur de l’industrie spatiale fera l’objet d’un débat plus approfondi au cours des prochains mois, débat où le Luxembourg, qui peut se prévaloir d’un passé unique dans le domaine de l’industrie des satellites, peut jouer un rôle moteur.

Sur le plan social, il s’agit de veiller dans les prochains mois à combler progressivement les fossés qui, au cours des dernières années, se sont creusés à de multiples niveaux. Dans ce contexte, nous soutenons l’idée de la Commission de veiller à ce que l’Europe obtienne et garde un "triple A social". Nous sommes confrontés au défi d’améliorer la transition entre école et vie professionnelle au niveau de l’UE et de simplifier l’accès des jeunes au marché du travail. Il faut lutter avec plus de détermination contre le dumping social au sein de l’Union européenne, nos initiatives et expériences dans le cadre du Benelux nous permettant de jouer un rôle constructif dans ce domaine.

De plus, le Luxembourg insistera pour que la Commission organise dans les mois à venir une conférence publique sur le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP). Nous voulons donner aux représentants nationaux des syndicats, des entreprises et de la société civile la possibilité d’échanger leurs points de vue sur l’accord prévu. Il faut que le TTIP sorte de l’obscurité afin qu’il puisse faire l’objet d’un débat plus large.

Enfin, nous avons une grande responsabilité en ce qui concerne la politique climatique. Pendant notre présidence se tiendra à Paris la COP21, la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, où les attentes sont très grandes – où elles doivent d’ailleurs être très grandes. Il s’agit de définir de nouveaux objectifs pour un développement durable après 2015. Ces objectifs ne sauraient être que des objectifs communs soutenus tant par les pays industrialisés que par les pays en voie de développement. Nous avons une mission extrêmement difficile et en même temps extrêmement importante au sein de l’Union européenne, que nous représenterons à Paris. Ensemble avec la Commission et le Parlement, on fait depuis des mois des efforts considérables pour parvenir en décembre à un engagement cohérent et ambitieux.

Outre ce programme déjà fixé de notre présidence, notre mission sera marquée au cours des six prochains mois par des sujets d’actualité, la problématique des réfugiés et la politique y relative constituant certainement un des défis à relever par la présidence luxembourgeoise. Le monde est actuellement secoué par un grand nombre de crises majeures, il y a des millions de personnes qui, après avoir vécu les expériences les plus horribles, se réfugient ailleurs, sont forcées de quitter leur patrie ou le font dans l’espoir de trouver une vie meilleure, souvent en risquant leur vie. Refusant de fuir notre responsabilité, nous voulons nous préparer à accueillir aussi chez nous des personnes qui ont besoin d’aide et de soutien. Cette mission ne concerne pas seulement le gouvernement – c’est une mission nationale, et je suis heureux que les communes sont en principe d’accord pour assumer leur part dans le cadre de cette mission. En même temps, nous renforçons nos efforts de prévention en contribuant à offrir chez eux des perspectives nouvelles à ces gens. Nous maintenons nos ambitieux objectifs en matière de politique de coopération et, forts de cette attitude, nous voulons convaincre nos partenaires internationaux à aider ceux qui ont un besoin urgent d’aide.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Les prochains mois seront très chargés sur le plan européen – et pourtant, nous n’avons pas de temps à perdre au niveau national, nous avons prévu des projets importants que nous voulons mettre en œuvre. Le gouvernement a pris ses fonctions en ayant pour objectif de réformer le pays, de le moderniser, de le préparer à l’avenir. C’est ce que nous continuerons à faire, ces réformes ne pouvant d’ailleurs plus attendre.

Dans le cadre de nos récents entretiens avec les partenaires sociaux, nous avons trouvé un accord sur la réforme du congé parental, le projet correspondant ayant entre-temps été présenté à la commission compétente de la Chambre des députés.

Le gouvernement veut renforcer la famille en permettant aux parents de combiner plus facilement vie professionnelle et vie familiale. Nous voulons soutenir un modèle qui ne désavantage pas les femmes ni ne force l’un des parents à abandonner complètement son activité professionnelle pour rester à la maison pendant une période prolongée. Le gouvernement place les enfants au cœur de sa démarche en facilitant aux parents la décision de passer le plus de temps possible avec leurs enfants.

Les réformes que nous envisageons actuellement rendent le congé parental plus intéressant pour les personnes à revenu moyen, tout en permettant à ceux qui ne peuvent travailler qu’à temps partiel ou qui ont plusieurs employeurs de profiter eux aussi de cette mesure de soutien. Dans bien des cas, il s’agit d’une aide directe si l’un des parents vit seul avec ses enfants et que, ne pouvant pas toujours se permettre de travailler à temps plein, il travaille quelques heures par semaine pour différents employeurs. Ces personnes-là ont elles aussi le droit de profiter de ces mois précieux qui suivent la naissance ou d’investir pendant les premières années plus de temps dans l’accompagnement de leurs enfants, et pour cette raison, elles sont également intégrées dans le système. C’est là une mesure de justice sociale qui s’inscrit dans la logique de la lutte contre la pauvreté des enfants.

La réforme du congé parental et les changements prévus en matière de garde des enfants sont des mesures qui changeront durablement le Luxembourg. Là encore, nous sommes sur la bonne voie en mettant en œuvre un système qui tient compte des exigences et des réalités que connaissent les parents.

Nous devons être conscients que la société a changé et qu’elle continuera de changer. La mission de la politique est de donner des réponses et de proposer des solutions dans les domaines où il existe un besoin urgent de solutions. Le gouvernement a encore renforcé ses efforts dans le domaine de la politique du logement et nous poursuivons avec détermination dans cette voie en augmentant l’offre et en proposant nous-mêmes des logements à des prix abordables. Grâce à la SNHBM et le Fonds du logement, l’État dispose des possibilités appropriées, cependant, il faut les exploiter pleinement. L’État doit aider à soulager le marché plutôt que de contribuer lui-même à faire monter les prix, situation fréquente ces dernières années. Citons le Fonds du Kirchberg comme exemple où nous avons mis fin à cette évolution. Pour deux projets prévus de construction de logements, on a décidé qu’un tiers des logements seraient réalisés par des promoteurs privés, mais qu’ils ne devraient pas être vendus à un prix supérieur à 4.200 euros par m2 en moyenne, soit un montant inférieur de plus de 40% au prix actuel du marché pour la zone en question. Les deux tiers restants seront construits par la SNHBM et vendus ensuite à un prix moyen de 3.250 euros – soit un montant inférieur de plus de 50 % au prix du marché. En contrepartie de ces prix intéressants, on fixera des règles destinées à empêcher que les logements en question ne fassent l’objet de spéculations. Les projets Réimerwee et John F. Kennedy seront présentés avant l’été et permettront la création de plus de 830 logements nouveaux. Ce sont là des actions concrètes et des projets concrets où le gouvernement a choisi une autre voie que ses prédécesseurs.

La semaine passée, le Conseil de gouvernement a adopté un autre projet aidant les membres plus faibles de notre société. Grâce à une nouvelle loi sur les subventions loyers destinées aux ménages à faible revenu, nous aidons ceux qui, malgré des efforts considérables, se trouvent dans une situation difficile. À court terme, nous devons également créer des possibilités permettant aux personnes à faible revenu de trouver et de louer un logement sur le marché privé. La nouvelle subvention loyer permet d’accorder à un ménage une aide comprise, selon la composition du ménage, entre 125 et 240 euros par mois. Cette mesure constitue une aide substantielle pour les personnes touchant le salaire social minimum. Dans un certain sens, il s’agit d’une nette augmentation du salaire social minimum sans que celle-ci se fasse aux dépens de nos entreprises ou de la compétitivité de notre pays. Il s’agit d’une aide directe, non d’une prestation en espèces, mais d’une prestation en nature – soit le modèle préféré du gouvernement.

Cependant, notre objectif principal doit être – et il l’est – d’offrir de nouvelles perspectives aux personnes qui se trouvent dans une situation plus difficile et de les aider à s’aider elles-mêmes. Voilà pourquoi la lutte contre le chômage est et restera au cœur de notre démarche. Dans ce contexte, le gouvernement travaille sur deux chantiers. Le premier est le chantier général, le plus utile à long terme, qui a pour objectif de créer des conditions optimales en vue de la création de nouveaux emplois. Là encore, nous sommes sur la bonne voie, notamment en ce qui concerne la diversification des activités implantées au Luxembourg.

Le second chantier de la lutte contre le chômage porte sur la mise en place d’une gestion efficace et d’un encadrement psychologique à l’intention des personnes qui se trouvent au chômage. Nous avons fait beaucoup d’efforts pour offrir notamment aux jeunes un accompagnement qui les aide vraiment et les invite à prendre activement des mesures pour construire leur avenir plutôt que de le compromettre. La mise en œuvre de la Garantie pour la jeunesse a été un pas important qui a eu pour effet que depuis juin, plus de 2.150 jeunes ont participé à l’ensemble de ce programme de quatre mois. Plus de 70% de ces personnes se sont vu proposer un emploi, un apprentissage ou une mesure pour l’emploi, ou bien on leur a donné la possibilité de réintégrer le système d’enseignement. La très grande majorité des personnes qui ne se sont pas encore vu proposer ce type d’offre, continuent à participer au programme où elles seront encadrées et accompagnées jusqu’à ce qu’une solution adéquate ait été trouvée pour elles aussi. On ne laissera tomber personne ! Cependant, les jeunes ne sont pas les seuls qui aient besoin de perspectives. Il faut en effet que les gens qui ont quitté la vie active il y a plus longtemps retrouvent une vie réglée avec un emploi qui leur permette d’avoir un quotidien normal. Avec un nouveau type d’encadrement plus personnalisé, l’ADEM fait des efforts très concrets pour permettre également un suivi individuel des demandeurs d’emploi. Pour les offres d’emplois, on accorde ainsi une plus grande attention au profil du client, si bien qu’il est plus probable que l’employeur trouve le demandeur d’emploi qu’il recherche et vice versa. Il faut que le lien entre les employeurs et les demandeurs d’emplois soit aussi simple et aussi efficace que possible. C’est également pour cette raison qu’un nouveau Portail de l’emploi sera mis en ligne en fin d’année afin de mettre en contact les deux parties de manière simple et sans formalités excessives.

Notre accord avec le patronat prévoit qu’au cours des trois prochaines années, 5.000 chômeurs supplémentaires trouveront un emploi. C’est là un objectif ambitieux et nous devons nous efforcer ensemble de le réaliser. La première pierre a été posée et là encore, nous sommes sur la bonne voie.

L’État social est l’un des grands acquis de nos ancêtres et actuellement, on y fait appel plus que jamais au cours des dernières décennies. Pour le gouvernement, un niveau élevé de protection sociale est le garant de la cohésion sociale tout en étant un symbole de la solidarité humaine. De plus, nous sommes conscients que la paix sociale est un atout important pour notre compétitivité. Il est important de pouvoir compter sur l’aide des autres, lorsque le sort personnel, la maladie ou l’invalidité empêchent une personne de subvenir elle-même à ses besoins ou à ceux de sa famille. C’est pourquoi notre société a besoin d’un système de solidarité qui soit toutefois efficace et durable. Pour garantir la stabilité du système, l’assurance dépendance sera elle aussi réformée. Un certain nombre de mesures ont été prises dans le cadre du paquet d’avenir et on constate les premiers résultats concluants – résultats qui n’ont pas été atteints aux dépens de l’aide accordée aux concernés.

L’État a une obligation envers les personnes qui ont besoin d’aide. Cela vaut pour le domaine social, le secteur des soins et les prestations de garde et d’encadrement, mais cela vaut aussi pour la vie quotidienne et des situations qui se produisent en permanence partout dans notre pays. En cas d’urgence, nous devons pouvoir garantir des interventions rapides et répondant à des critères de qualité élevés, ce qui veut dire que nous avons besoin de services de secours performants et modernes. À cet effet, nous créons actuellement un établissement public regroupant l’ensemble des services de secours. Poursuivant le même objectif, l’État et les communes organisent cette structure ensemble. Le projet de loi correspondant sera discuté et finalisé avec les différents acteurs avant la fin du mois.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Nous avons une grande responsabilité. Cela vaut non seulement pour le gouvernement, mais pour nous tous. Nous avons une responsabilité vis-à-vis de notre histoire et une grande responsabilité vis-à-vis de notre avenir. Nous avons l’obligation de créer pour nos enfants des conditions optimales qui leur permettent de décider eux-mêmes comment ils souhaitent organiser leur avenir. C’est pour cette raison que nous devons nous concentrer sur la conservation de ce qui doit être conservé tout en jetant de nouveaux fondements durables. Pour ce qui est de la conservation, celle-ci concerne bien sûr ce qui nous caractérise, notre patrimoine et notre culture. Cependant, elle concerne également nos acquis sociaux et elle concerne nos ressources naturelles, notre environnement et la nature. Là encore, le gouvernement veille à ne pas perdre de temps et au cours des derniers mois, nous avons pris des initiatives qui auraient dû être prises il y a longtemps. Cela vaut par exemple pour le domaine de la qualité des eaux, où on a tiré la sonnette d’alarme à l’automne dernier à cause de la présence de pesticides au niveau des nappes phréatiques. Le gouvernement a interdit l’utilisation de certains pesticides employés pour la culture du maïs et du colza et, après vingt années d’inaction, on a défini les premières zones de protection des eaux. De même, nous ne sommes plus la lanterne rouge européenne en ce qui concerne la transposition des directives concernant les questions écologiques. Nous sommes sur la bonne voie et une nouvelle loi sur la protection de la nature sera déposée avant la fin de l’année.

Le Luxembourg joue un rôle toujours plus proactif quand il s’agit de protéger notre patrimoine naturel et de pratiquer une gestion plus prudente de nos ressources. L’efficacité énergétique restera un sujet d’actualité et là encore, le gouvernement a pris de nouvelles initiatives. C’est ainsi que le ministère des Finances est en train d’élaborer le modèle d’une banque climatique qui aide notamment les particuliers investissant dans la construction ou la rénovation de leur maison selon des critères d’efficacité énergétique.

L’État lui-même doit également agir et servir d’exemple dans ce domaine. C’est ainsi que nous nous sommes donné un ambitieux programme de rénovation des bâtiments publics. Au cours des quatre prochaines années, plus de 225 millions d’euros seront investis dans la rénovation énergétique des bâtiments publics. Ce programme garantira une qualité plus élevée des bâtiments publics tout en nous permettant de réaliser à long terme d’importantes économies d’énergie. De plus, il constitue un élément de nos efforts dans le domaine de la Green Economy, de l’économie verte, permettant de garantir et de créer des milliers d’emplois dans le secteur de la construction et de l’artisanat et de soutenir massivement la croissance économique nationale.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Beaucoup reste à faire, mais nous allons dans la bonne direction et nous sommes confiants que nous parviendrons ensemble à préparer le pays à l’avenir. Le gouvernement ne le fait pas en solitaire, ni à huis clos. Au cours des derniers mois, nous avons réussi à relancer le dialogue social, à signer des accords avec les syndicats et le patronat et à réunir trois parties autour d’une table en parvenant à des résultats concrets qui modernisent le pays, renforcent notre compétitivité et garantissent la cohésion sociale. Nous voulons poursuivre cette politique avec détermination, la prochaine étape que nous devons franchir ensemble étant la réforme fiscale. Nous avons actuellement des entretiens et des consultations avec les différents partenaires. Le gouvernement s’efforcera d’élaborer une réforme qui aboutisse à un système fiscal simple et transparent qui tienne compte de la réalité sociale de notre pays tout comme des spécificités du Luxembourg en tant que lieu d’implantation d’activités économiques. Voilà notre objectif et la voie que nous suivons.

Le Luxembourg est un pays unique au monde. Nous avons notre propre histoire, notre culture et nos habitudes. Nous sommes un pays où un grand nombre de nationalités et de cultures existent les unes à côté des autres et les unes avec les autres. Nous savons créer des liens et unir, construire des ponts, et regarder en avant. Nous sommes un pays de renouvellement et nous avons surmonté des crises dont nous sommes sortis renforcés pour construire l’avenir. Voilà ce que nous sommes et si nous voulons rester ce que nous sommes, il faut nous engager ensemble pour atteindre cet objectif.

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