Discours de Maggy Nagel à l'occasion de la conférence "Culture et développement : vers une approche plus stratégique des politiques culturelles dans les relations extérieures de l’UE"

"Écouter – entendre – comprendre"

©MC
Diego Marani, Walter Zampieri, Rafael Rodriguez-Ponga Salamanca, Christine Dahm, Marc Angel, Charles Goerens, Raymond Weber, Maggy Nagel

"Monsieur le Ministre,

Monsieur le Secrétaire d’Etat,

Messieurs les Députés,

Chers amis,

Comme annoncé hier: me revoilà ! Et me voilà avec la tâche pas évidente de conclure une conférence qui a été extrêmement riche en réflexions, très dense en enseignements et enthousiasmante en impressions.

Pour tout cela, tout d’abord, un tout grand merci !

Ce qui m’importait pendant cette conférence, comme je le disais, c’était d’écouter tous les sons de cloche et de les entendre – non seulement parce que l’entendement signifie qu’on prête attention à ce que dit l’autre, mais aussi parce que l’entendement implique la compréhension, autant intellectuelle qu’émotionnelle.

Écouter – entendre – comprendre. C’est un peu comme la trinité qu’a évoquée Monsieur le Ministre du Cap Vert Mário Lúcio de Sousa: la coopération, ce n’est pas de donner et de recevoir, mais de donner, de recevoir… et de partager. Partager étant un mot clé qui mène vers ce qui a également été évoqué plusieurs fois durant ces deux jours au sujet de la culture en tant que porteuse de valeurs et d’identités qu’il s’agit aussi de mettre en avant, de partager et, parfois, de défendre dans nos relations vers l’extérieur. Or, comme l’a remarqué Monsieur le Secrétaire d’Etat Jorge Barreto Xavier: avant que nous n’amenions la culture européenne hors des frontières de l’Union européenne, nous devons reconnaître qu’il s’agit d’une des plus grandes richesses de l’Europe, d’un élément qui nous distingue et, en même temps, nous unit.

"Culture is a hidden gem", a dit le Commissaire Navracsics, Mais tout joyau qu’elle soit, si la culture est cachée, n’est-ce pas là justement aussi une des raisons pour lesquelles elle a du mal à être prise en compte dans d’autres politiques ? Cela pourrait laisser conclure à la nécessité d’un certain déblayage du terrain pour en venir à l’essentiel, sachant qu’il a été évoqué la difficulté de définir la culture, resp. le besoin de clarifier ce qu’on entend par les notions telles que: culture et développement, coopération. 

Cependant, et face aussi aux frustrations que nous avons entendues, cela empêche-t-il vraiment qu’on définisse un certain nombre de messages ? Resp. devons-nous continuer à tourner autour de ces considérations, s’il y a en même temps une demande clairement formulée pour des réponses qui soient adaptées, d’un côté, aux défis sociétaux actuels et, de l’autre côté, adaptées à la diversité du secteur culturel et créatif, réponses fondées sur des valeurs partagées ? Cela revient in fine aussi à la question d’une intégration plus transversale de la culture, d’une coordination accrue avec d'autres politiques sectorielles et, par conséquent, de la cohérence entre ces politiques.

Mais comment le faire ? Nous nous sommes penchés sur le cas de la culture et du développement: le développement de stratégies holistiques et à long-terme sur la culture en tant que conducteur et facilitateur du développement durable a été thématisé. Tout comme le fait qu’il faut remettre une vision politique au cœur de la stratégie Culture et Développement en élaborant un consensus européen sur cette thématique ou sur Culture et relations extérieures. Et encore le besoin de systématiser la co-construction de stratégies et de programmes avec les partenaires et les bénéficiaires. Par rapport aux Objectifs du Développement durable, et bien que les vues divergent quelque peu sur la place concrète de la culture dans ceux-ci, il a été souligné notamment qu’il faudrait s’assurer que les Etats membres et l’Union européenne continuent d’améliorer la place de la culture dans l’agenda post-2015 et d’identifier des façons d’en assurer le suivi. Bref, les mots clés sont stratégie et cohérence.

Chers amis, j’ai dit hier que "it takes two to tango". Le tango, c’est une histoire de cœur et de passion. Ce que j’ai entendu et observé pendant ces deux jours m’amène à penser qu’entre culture et développement, c’est également une histoire de cœur et de passion. Bon – certains savent peut-être déjà mieux danser ce tango que d’autres, mais au moins, entre culture et développement, la danse est déjà engagée. Cela permet un certain optimisme, car "those who dance are considered insane by those who cannot hear the music." Nous avons en effet l’avantage que nous entendons la musique, et j’espère la même musique. Celle qui comprend la culture non seulement dans sa fonction utilitariste et d’instrument, mais également comme valeur et élément sur lesquels se fondent nos sociétés et l'Union européenne.

Écouter – entendre – comprendre.Et être reconnaissant à la culture qui, comme nous l’avons aussi entendu, peut vous changer une vie. Je suis non seulement reconnaissante à la culture, mais à vous tous d’avoir participé à la conférence, particulièrement aux interlocuteurs d’avoir partagé avec nous leur savoir et leurs visions, aux modérateurs, à Raymond Weber, Valeria Marcolin et Francisco d’Almeida de nous avoir accompagné, au staff fantastique du Trifolion et, évidemment, un grand merci aussi aux traducteurs de nous avoir suivi dans nos réflexions pendant ces deux jours.

J’espère aussi que vous ne vous en voudrez pas d’avoir parfois employé un peu de "soft power" pour rester dans un timing raisonnable. Cela restera une des frustrations éternelles des conférences qu’il n’y ait jamais assez de temps pour discuter de tout… ce pourquoi, d’ailleurs, je ne vais pas vraiment conclure non plus cette fois-ci. Car je considère que le débat doit continuer. Pour la Présidence en tout cas, ce sera le cas dans la mesure où nous le ramènerons avec nous à Bruxelles, en espérant pouvoir apporter notre petite pierre à l’édifice pour avancer sur cette voie.

Il ne me reste qu’à vous remercier encore une fois, à vous souhaiter un très bon retour chez vous, et à vous dire "Äddi", Aurevoir en Luxembourgeois."

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